Chapitre 31

Jimin 

Et si je ne connaissais pas si bien Namjoon que ça ?

Personnellement, s'il met son poing dans la figure de Jungkook, je ne lui en tiendrai pas rigueur plus que ça. Mais si jamais il passe à tabacs un élève et que ça vient à se savoir, il perdra son travail et ça sera sûrement très mauvais pour sa carrière d'écrivain aussi. Je ne veux pas être responsable de ça.

Au lycée, j'avais sans arrêt peur que Jin fasse une connerie du genre, s'il venait à apprendre pour le harcèlement que je subissais. Il a toujours eu le sang chaud, mais ça n'est pas le cas de Namjoon qui contrôle ses émotions, un peu trop d'ailleurs. C'est peut-être pour ça que j'ai peur qu'il explose, ce n'est pas sain de tout garder à l'intérieur comme il le fait.

 Je décide d'aller vérifier par moi-même et saute hors de la décapotable pour rentrer à nouveau dans l'immeuble. Alors que je monte les marches à la va-vite, je croise Namjoon dans sa descente. Il a l'air calme, même si je vois la colère dans ses yeux.

Il s'arrête à mon niveau et me regarde curieusement, se demandant sûrement pourquoi je suis revenu. Et moi je le fixe comme un idiot, j'ai l'impression de le voir différemment après ma petite découverte, malgré moi. 

Je n'ai qu'une question en tête, est-ce qu'il a tabassé Jungkook ?

   - Tu avais oublié ça, dit-il en me tendant un téléphone.

Deux de tension, je finis par prendre l'appareil qu'il me tend en réalisant que c'est le mien, j'en profite pour jeter un œil à ses mains. Ses phalanges ne sont pas rouges, mais il aurait pu le frapper avec autre chose après tout.

   - Désolé, il est plutôt mal en point... s'excuse Namjoon.

   - Quoi ?!

   - Ton téléphone, l'écran est cassé, me fait-il remarquer.

Bordel, je suis un idiot. Je souffle, comme libéré d'un poids. Peu importe son passé, Namjoon reste Namjoon il faut que j'arrête de délirer.

Ce dernier me regarde avec un sourcil levé, légèrement amusé, je ne sais pas comment mais il a deviné le fil de mes pensées.

   - Je ne l'ai pas frappé, Jimin, me rassure-t-il.

   - Tu me le jure ? 

Il rigole et hausse les épaules.

   - Tu lui as déjà réglé son compte je crois, dit-il avec peut-être une pointe de fierté.

   - Merci, je réponds, pour le téléphone et pour ne pas t'être emporté.

Nous descendons et sortons à nouveau de l'immeuble, alors que Namjoon met le moteur en route, il reprend la conversation comme s'il y avait réfléchi entre temps.

   - Je ne dis pas que je ne l'aurais pas fait, si j'avais vu autre chose en rentrant dans l'appartement, avoue-t-il avec sérieux.

Son comportement protecteur me flatte et m'agace aussi, tout comme sa jalousie mal placée. S'il tient à moi, qu'il me le dise à la fin ! Je laisse un silence afin de me calmer, avant de lui demander ce qui me taraude.

   - Tu lui as dit quoi ?

   - On a simplement eu une discussion, et il en a conclu que ce serait dans son intérêt de garder ses distances avec toi à partir de maintenant, explique-t-il.

Quelque chose dans le ton de sa voix et son choix de mots me dit que Jungkook a eu de la chance ce soir, c'est sûrement ce qu'il a dû se dire après sa discussion avec son professeur d'ailleurs. Namjoon l'a probablement menacé, monsieur le roi du chantage.

Bon sang, il a dû en menacer des gens par le passé, pas étonnant qu'il soit aussi doué pour le faire. En soi, qu'il ait fait partie de la mafia ne change pas grand chose à mes yeux. Je sais d'expérience qu'on peut avoir fait de mauvaises choses pour de bonnes raisons, comme Jin. Mais je sais aussi que ça fera toujours parti de lui. 

Aujourd'hui, Namjoon est écrivain et prof de littérature, c'est donc la preuve que ce passé est derrière lui. Pourtant, il a une arme. Voilà le genre de réflexes que l'on en garde.

Je ne sais pas trop quoi en penser. Je suis peut-être encore une fois naïf de le penser, mais je ne crois pas que Namjoon soit une mauvaise personne. Mon radar à enfoiré est carrément nul je sais, j'en ai eu la preuve ce soir avec Jungkook, mais j'ai quand même envie de lui faire confiance.

Dans tous les cas, Jin ne m'aurait jamais envoyé chez quelqu'un en qui il n'a pas confiance. Je n'ai pas besoin d'en parler à Namjoon maintenant, de remuer un passé qui n'a peut-être pas besoin de l'être. 

J'avoue que je suis un peu déçu que personne ne m'en ai parlé quand même, ni lui ni mon frère. Je sais bien qu'on va devoir avoir une discussion là-dessus un jour ou l'autre, mais ça m'embête d'avouer que j'ai joué les fouineurs. 

Qui sait, il m'en parlera peut-être de lui-même un de ces jours ?

Je regarde le paysage défiler, la tête dans mes pensées qui finissent par dériver sur Jungkook à nouveau. J'ai du mal à réaliser ce qui s'est passé ce soir, je m'attendais à tout sauf à ça de sa part.

Est-ce que c'est moi qui l'ai détraqué ? C'est de ma faute s'il est comme ça ? Parce qu'il m'a aimé et que ce n'était pas réciproque ? Pourtant Namjoon n'est jamais devenu comme l'horrible personne que j'ai rencontrée ce soir.

 Le reste du trajet se fait dans le silence, mais je sais que mon conducteur est en train de ruminer une leçon de moral pour quand nous serons rentrés, j'en soupire d'avance. Je suis déjà fatigué rien que d'y penser.

Dès que nous franchissons le seuil du grand appartement, Namjoon part s'asseoir sur le canapé du salon et je sais déjà que prendre la fuite sera futile, autant en finir rapidement. Alors je vais m'asseoir en face de lui, attendant qu'il dise ce qu'il a à dire.

   - Tu veux bien me raconter ce qu'il s'est passé ? demande-t-il calmement.

Lui raconter que Jungkook m'a fait un massage pendant que je chialais parce que je pensais que Namjoon aimait toujours mon frère ? Bof.

   - Je préférerais aller me coucher... dis-je en baillant malgré moi.

Namjoon hoche la tête avec compréhension, mais ne lâche pas l'affaire pour autant.

   - Dans ce cas, plus vite tu répondras plus vite tu pourras y aller, ajoute-t-il sans pitié.

   - La compassion, tu connais ? j'ironise.

   - Tu as dit à Jungkook qu'il avait profité de toi alors que tu pleurais, continue-t-il pour essayer de me lancer.

   - J'ai pas envie d'en parler, je réponds un peu trop rapidement.

Namjoon soupire, mais n'insiste pas plus.

   - ... D'accord. Il ne t'a rien fait au moins ?

   - Non, je l'ai arrêté avant, je marmonne.

Je n'arrive toujours pas à réaliser qu'on parle de Jungkook là.

  - Tu m'as affirmé que tu le connaissais bien, tu ne devrais pas donner ta confiance aussi facilement, me réprimande-t-il.

La voilà, la fameuse leçon de morale. Il me semble que le fautif de cette histoire, c'est Jungkook. Mais bon, je veux bien avouer être naïf assez souvent.

   - Je le connais depuis le lycée, je pensais qu'il avait changé, dis-je un peu dégoûté.

   - Comment ça changé ? Ne me dis pas qu'il a déjà essayé un truc du genre ? me questionne Namjoon qui commence à s'énerver.

   - Non, mais... Tu vas encore plus penser que je suis con d'y être allé si je te le dis.

   - Raconte-moi, me demande-t-il d'une voix presque gentille qui ne lui ressemble pas.

   - Seulement si tu promets de ne pas me faire de leçon de moral pour une fois, je négocie.

Namjoon me regarde et prend une grande inspiration, on dirait que je lui demande un truc bien au dessus de ses forces.

   - Je vais essayer.

J'explique donc à Namjoon que Jungkook était mon meilleur ami en seconde, l'année avant qu'il n'arrive en tant que prof remplaçant. Qu'à l'époque, je pensais que c'était Jungkook qui avait trafiqué les fameuses photos avant de les publier, même si je ne comprenais pas pourquoi il avait fait ça. 

Alors quand je l'avais vu à l'université, je l'avais tout de suite évité évidemment, mais il n'arrêtait pas d'insister pour s'expliquer, donc j'avais fini par l'écouter. 

En réalité, il avait pris des photos de moi à mon insu parce qu'il était amoureux, selon lui. Il s'était ensuite fait hacker son ordinateur par une personne mal intentionnée à mon égard, visiblement, à moins que je ne sois juste un mec malchanceux. 

Après avoir retouché les photos, le hackeur avait publié les montages via le profil de Jungkook sur une page privée, un groupe qui constituait toute notre classe de seconde, accompagnés de mensonges à mon sujet.

Par la suite, les montages avaient circulé et fait un peu le tour du lycée alors que Jungkook avait lui disparu de la circulation, il n'avait pas voulu s'attirer des ennuis en avouant qu'il avait pris des photos de moi, qu'il m'avait suivi et observé à mon insu.

   - Et tu l'as cru ? demande Namjoon suspicieux.

   - Il avait l'air sincère, et je pense toujours qu'il l'était concernant les photos, dis-je en haussant les épaules.

   - Donc toi tu décides de redevenir ami avec un stalker ? Tu te rends compte que si tu en a bavé au lycée c'est à cause de lui, n'est-ce pas ? me fait-il remarquer.

   - Il ne pouvait pas deviner que quelqu'un le hackerait...

Namjoon me regarde droit dans les yeux, et je sais déjà que j'ai dit une connerie avant même qu'il n'ouvre la bouche.

   - Je n'ai pas dû bien entendre, j'ai cru pendant une seconde que tu défendais un mec qui n'a même pas essayé de t'aider ?

   - Non ! Non, je veux dire que ce n'est pas entièrement sa faute. Je sais bien qu'il aurait dû en parler quand s'est parti en vrille. C'est juste que ça fait 4 ans déjà, il m'a lui-même dit qu'il s'en voulait de n'avoir rien fait, il avait les larmes aux yeux...

   - Jimin... Tu avales toujours tout ce qu'on te dit ?

Cette remarque me fait particulièrement mal surtout parce qu'elle est assez vraie, j'ai tendance à prendre ce que les gens me disent pour argent comptant. J'ai cru cette fille quand elle a fait passer Namjoon pour un pervers manipulateur qui l'avait forcé à avoir des relations avec lui, et on dirait que je n'apprends pas de mes erreurs.

Pourtant cette fois, je suis à peu près certain que Jungkook ne m'a pas menti. J'ai toujours trouvé que ça n'avait pas de sens qu'il m'ait fait ça. Et même après ce qui s'est passé ce soir, je ne vois toujours pas de raison qui aurait pu le pousser à me faire ça. Au contraire, ça prouve qu'il était bien amoureux de moi.

   - On avait dit pas de leçons de moral, je le rappel à l'ordre.

   - Tu es un idiot. Ce n'est pas une leçon, c'est un fait, déclare-t-il.

J'encaisse, je ne fais que ça aujourd'hui, mais ça commence à bien faire. Je retiens la boule qui se forme dans ma gorge, il ne me fera pas pleurer deux fois dans la même journée !

   - Super. Tu as toujours les mots... mais jamais les bons, dis-je avec une pointe de déception.

Apparemment ça le tuerait d'être sympa pour une fois, ça n'a pas été une journée facile pour moi. Je me lève du canapé pour aller me coucher et en finir avec cette journée de merde. Je me retourne une dernière fois pour lui parler.

   - J'ai fait une erreur, je l'admets. Merci d'être venu me chercher, je bougonne.

J'entends Namjoon souffler depuis le canapé alors que je m'éloigne.

    - Attends, m'arrête-t-il. 

   - Quoi ?

   - Tu veux toujours voir le bien chez tout le monde, un jour ça te retomberas dessus comme cette nuit, explique-t-il.

C'est la meilleure, je devrais me méfier d'absolument tout le monde alors ? Être renfermé comme lui ? Ne jamais invité des gens chez moi ?

   - Je n'ai jamais essayé de voir le bien chez toi, je rétorque probablement parce que je suis toujours blessé.

Namjoon ricane d'un air triste qui me fait culpabiliser.

   - C'est peut-être parce qu'il n'y en a pas ?

Je réalise alors toute la profondeur de ce qu'il vient de dire, maintenant que je connais son petit secret. Qui sait les choses qu'il a fait et qui le hantent ? Peut-être qu'il pense être une personne horrible à cause de son passé. 

Peut-être qu'il se méfie de tout le monde parce qu'il a vu que les gens pouvaient être capables du pire parfois ?

Je décide de rendre la conversation plus légère, de le prendre à la rigolade comme je l'aurais fait si je n'avais rien su, mais je lui en veux toujours d'être un connard des fois.

   - Ce n'est pas vrai, tu as plein de bons côtés, dis-je comme si j'allais les lister, sauf que je n'en fais rien et laisse un long silence s'installer.

C'est vrai quoi, il n'a fait qu'être méchant avec moi aujourd'hui et en plus il faudrait que je le complimente ?

   - Mais tu ne mérites pas que je te les liste ce soir, dis-je avec un sourire mutin.

Les coins de ses lèvres s'étirent lentement en un petit sourire amusé à mes mots.

   - Que d'insolence M.Park, me répond-t-il en plissant les yeux.

Je vois que je ne suis pas le seul que cette nuit aura rendu nostalgique, parler du lycée m'a aussi rappelé l'étrange relation que nous avions à l'époque. Ces "M.Park" qui me glaçaient le sang aussi bien qu'ils faisaient battre mon cœur à tout rompre. Je ne savais jamais à quoi m'attendre quand je l'entendais dire ça.

Aujourd'hui, ça me fait sourire, Namjoon n'a rien d'effrayant quand on apprend à le connaître. Le comprendre, c'est une autre paire de manches, ça oui. 

   - Namjoon, la réponse à la question que j'ai posée après le cours... sur nous... enfin, elle est définitive ? je demande.

   - Il est tard, on devrait en parler une autre fois, esquive-t-il habilement.

C'est vrai que s'il compte me rejeter à nouveau, je préférerais espacer un peu avec le rejet de cette après-midi. Mais tout de même, j'aurais aimé avoir un semblant d'espoir ne serait-ce que pour pouvoir fermer l'œil cette nuit. Donc je fais que ce que je fais toujours, je m'énerve après lui.

   - Tu es l'homme le plus frustrant du monde, tu le sais ça ? Essayer d'avoir une conversation avec toi, c'est comme essayer de parler à une huître ! Tu t'ouvres de temps en temps ?

   - Tu viens de me comparer au mollusque avec le QI le plus bas ? demande-t-il en levant un sourcil outré.

   - Peut-être bien oui ! Tu m'as bien traiter de poisson rouge l'autre fois...

   - On n'as plus que quelques heures de sommeil Jimin, vas te coucher, insiste-t-il.

   - Comme si j'allais réussir à dormir... dis-je en croisant les bras, obstiné.

J'ai beau être crevé, je sais que je vais juste tourner dans mon lit en vain. Je me connais, j'ai toujours eu des insomnies quand le stress est trop présent.

Namjoon soupire, se lève et s'allume une clope près de la baie vitrée entrouverte du salon. On dirait que lui non plus ne comptait pas dormir beaucoup. Il gère son stress avec la nicotine, tandis que je me prive de sommeil malgré moi.

Pour une fois, c'est moi qui ai envie de faire face à un problème et lui qui semble prendre la fuite. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation que si je lui laisse le temps de se distancer de moi, ce sera fini pour de bon avant même d'avoir commencé.

Peut-être alors deviendrais-je un autre fantasme dans l'esprit de cet écrivain ? Un rêve d'encre qui ne se concrétise qu'entre les pages d'un roman, si réaliste et pourtant jamais assouvie. Comme ça il arrivera à m'oublier, à m'exorciser de son esprit comme il l'a fait avec Jin. Peut-être que le vrai problème ne venait pas de l'hétérosexualité de mon frère, tout compte fait.

Le vrai problème se cache dans cette huître bien fermée, qui n'a absolument pas envie qu'on vienne lui prendre sa perle.

   - Tu tiens à moi ? je demande de but en blanc, brisant le silence.

   - J'ai passé la soirée à m'inquiéter pour toi Jimin, pourquoi tu crois que je suis debout à cette heure-là ?

Ah, il s'est inquiété c'est vrai ? Je mentirais si je disais que ça ne me fait pas un peu plaisir.

   - Et tu t'inquiètes comme ça pour tous tes élèves, j'imagine, dis-je avec l'espoir qu'il avoue quelque chose.

   - Seulement ceux qui sont directement sous ma responsabilité.

Mes épaules s'affaissent sous le poids de la déception, je sais qu'il fait allusion à son accord avec mon frère de m'aider et de me loger, mais je ne compte pas le laisser s'en tirer pour autant. 

   - Je vois... M'embrasser fait partie de ta responsabilité aussi je suppose, dis-je avec un sarcasme dont je suis plutôt fière.

A ma grande satisfaction, le visage impassible de Namjoon se décompose, il prend une autre bouffée de poison comme pour se rendre plus insensible encore.

   - Tu l'aimes toujours, hein ? Jin je veux dire, dis-je pour mettre les pieds dans le plat.

Est-ce que ce serait la raison de son refus ? Si c'est le cas, j'aurais aimé qu'il s'en rende compte avant. J'arrivais bien à gérer mon attirance pour lui tant qu'elle ne semblait pas être réciproque, et surtout tant qu'il agissait en parfait connard. 

Maintenant c'est un peu plus compliqué, parce que Namjoon n'est pas celui qu'il semblait être, et l'attraction physique a évolué en quelque chose d'autre. 

A moins que... que ça n'ai jamais vraiment été réciproque.

   - Je peux le comprendre tu sais, mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi m'avoir embrassé si c'est le cas ? Je te fais penser à lui c'est ça, c'est l'air de famille qui te plaît peut-être ? je m'emporte.

   - Tu n'y es pas du tout...

   - C'est plus facile d'imaginer que je suis quelqu'un d'autre comme ça ?!

La ressemblance doit être drôlement pratique. Je suis qu'un pauvre con naïf, c'est ça la vérité n'est-ce pas ? C'est pas faute de me l'avoir répété, pourtant je me surprends encore.

   - Tu n'as rien à voir avec Jin, dit-il sèchement.

Je ne saurais décrire la sensation que ces quelques mots provoquent en moi. Colère ? Déception ? Douleur ? Jalousie ? 

En voyant ma tête, Namjoon comprend tout de suite qu'il a dit quelque chose de travers.

   - Je... ça n'était pas une insulte, bordel de... 

Il s'arrache presque les cheveux, frustré par sa propre incompétence et sûrement par le fait qu'il a bien failli jurer.

   - Je n'ai rien à voir avec l'homme de tes rêves, quel compliment ! je m'exclame, les larmes aux yeux et la voix fébrile.

Namjoon m'attrape par le bras avant que je n'ai le temps de partir dans ma chambre, si c'est pour continuer à en prendre plein la tronche, autant que j'aille me coucher.

   - Je suis désolé, je ne voulais pas dire ça comme ça, s'excuse-t-il d'une voix plus calme, presque douce.

Je le regarde droit dans les yeux avec colère, alors que les siens sont hésitants, sincères et un peu perdus. Ils me troublent profondément, au point que je lui pardonne sa maladresse presque aussitôt. Je vois si rarement ce côté vulnérable de Namjoon qu'il me désarme.

Je ne réponds rien et lui laisse le temps de s'exprimer, de trouver ses mots.

   - Je suis doué quand il s'agit d'écrire, les mots glissent de mon esprit jusqu'au papier sans problème... Mais quand il faut les dire, je suis...

   - Une huître ? Un manche à balai ? Une quiche ? je propose.

Namjoon lève les yeux au ciel en secouant la tête, il sait qu'il l'a bien mérité.

   - Si tu veux, accepte-t-il les dents serrées, comme pour me faire plaisir.

   - Alors n'utilise pas de mots, dis-je en haussant les épaules.

Je sais très bien que je vais sur une pente glissante, sur laquelle on pourrait bien déraper facilement, mais je m'en fiche. Mon entrevue avec Jungkook aura au moins eu le mérite de me faire réaliser quelque chose. Je suis irrémédiablement attiré par Namjoon.

Il comprend tout de suite l'invitation et me regarde comme si j'avais fait exactement ce qu'il espérait que je ne ferais pas : aller vers lui.

Il préférerait que je le déteste ? Que je m'énerve après lui ? Comme si j'allais le laisser se distancer sans même me donner d'explications. Comme si j'allais oublier la façon qu'il a de me regarder à chaque fois que ses lèvres vont se poser sur les miennes.

Je décide de lui accorder ma confiance, ma permission. S'il est si nul que ça pour dire les choses, j'aimerais qu'il puisse me les faire comprendre autrement.

   - Montre-moi plutôt.

Plus de mots, ces traitres qui ne font que nous embrouiller, nous blesser, qui nous font réfléchir avec notre tête dans les moments où on devrait plutôt agir avec notre cœur.

Alors montre-moi Namjoon, je suis quoi pour toi ?

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