Chapitre 22

De retour à l'université, je décide de tenter d'aller parler à celui que j'aime appeler mon problème n°2, même si en réalité, il a été le premier, j'ai nommé Jungkook !

Je sais que je devrais m'estimer heureux qu'il m'évite après tout ce qu'il m'a fait, mais je ne peux me sortir de la tête les larmes qu'il avait aux yeux la dernière fois. Il y a anguille sous roche comme on dit. 

Et pourtant, je n'arrête pas de penser à Namjoon la plupart du temps, et ça commence à me gonfler. J'ai l'air d'un sacré bipolaire.

Un coup je me rappelle de comment il ne rate pas une occasion de se foutre de ma gueule, ce qui ne manque pas de me mettre en colère. Ensuite, je souris comme un bêta quand je le revois manger son omelette tel un gosse, puis je rougie comme une collégienne en me remémorant des passages de ses livres, pour au final me tirer les cheveux en espérant arrêter de penser à lui.

Mais m'arracher les cheveux ne fonctionne qu'un temps, on dirait que le nombre de mes pensées liées à Namjoon est égale aux tifs que j'ai sur le crâne, et ça devient inquiétant.

Du coup, j'ai presque envie d'aller parler à Jungkook, c'est dire ! Et ça tombe bien parce que ce dernier n'arrête pas de me jeter des regards, qui sont loin d'être discrets dans presque tous les cours qu'on a en commun. 

Pourtant, il détourne le regard dès que je le prends sur le fait et réussi même a prendre la fuite après les cours. On dirait moi, seulement Jungkook n'a jamais été comme ça. C'était le mec plein de confiance, qui faisait face à tout et tout le monde.

Jungkook mange seul, ça aussi ce n'est pas normal, à l'époque du lycée sa table aurait été blindée de gens. Des amis de son équipe de baseball, des filles en transes et évidemment moi qui ne le lâchais jamais d'une semelle. Je pensais qu'il m'aimait bien, jusqu'à ce jour.

Maintenant soit il mange seul, ou avec son ami aux drôles de cheveux qui n'est pas là aujourd'hui. Yoongi, il me semble. 

Je m'assois en face de lui sans rien dire, épris d'une soudaine pitié que je sais pourtant qu'il ne mérite pas. En voyant ma tête, il regarde immédiatement son assiette et se met a jouer avec sa fourchette sans vraiment manger.

   - Je t'écoute cette fois, je l'encourage.

   - J-je... Je ne suis pas d'humeur, dit-il après avoir fait une grimace comme si bégayer l'énervait.

Je lève les yeux au ciel, bon sang je suis aussi énervant que ça aussi quand je fuis mes problèmes ? Namjoon a peut-être de la patience tout compte fait.

   - Je pense que tu me dois bien des explications, non ? je lui fais remarquer, ce qui semble le convaincre finalement.

   - C-ce n'est p-pas moi qui ai fait l-les montages sur t-toi... commence t-il, mais il se tait après ça et souffle. C'est comme s'il avait peur de sa propre bouche. 

   - Ce n'était pas toi ? je demande confus.

Mais qui alors ?

   - N-non. Bordel... s'exclame t-il en jetant sa fourchette sur son plateau, frustrer. 

   - Excuse-moi mais, pourquoi tu bégayes comme ça ? je lui demande, décidant de mettre les pieds dans le plat comme toujours.

   - Vas-y, moque-toi s-si tu veux, répond t-il avec amertume. 

Il me prend pour qui ?

   - Je me fiche que tu bégayes, et je ne me moquerai pas de toi. Je sais trop bien ce que ça fait... je lui rappelle. 

J'ai été moqué toute ma scolarité pour être un pervers gay, mais je ne me suis jamais abaissé au niveau de ceux qui me harcelaient.

   - Désolé... dit-il en baissant la tête comme s'il avait honte. 

Il dit qu'il n'a pas fait les montages, mais il a le comportement de quelqu'un de coupable...

   - C'étaient bien des photos à moi, en fait de nous deux, c-c'était moi le pervers... avoue t-il à voix basse en secouant la tête. 

Qu'est-ce qu'il me raconte ?

   - J'avais pris des photos de toi à ton insu, mais quelqu'un m'a hacké, a modifié les photos et les a publiées avec mes réseaux, explique t-il sans bégayer, comme si le fait de savoir que je ne me moquerai pas l'aidait.

Alors là, j'en reste bouche bée. Qui s'amuse à faire ce genre de choses ? Et attend, il prenait des photos... de moi ?

   - Ah, j-je pensais que j'étais prêt à tout t'expliquer, m-mais c'est difficile... avoue t-il en voyant ma tête.

   - Je suis sensé croire que quelqu'un que je ne connais pas à fait tout ça sans raison, juste pour le fun ? je le questionne.

Il existe vraiment des gens si mauvais qu'ils font le mal partout où ils passent, même a des inconnus, ou est-ce que Jungkook est en train de me raconter le plus gros mensonge de sa carrière ?

   - C'est pour ça que je n'ai pas essayé de m'innocenter, j-je savais que personne ne croirait ça. M-même mon ami d'enfance Yoongi n'y a pas cru, soupire t-il.

Yoongi ? Le mec chelou aux cheveux bleus ? Je ne savais pas que c'était son ami d'enfance.

   - Tu aurais pu aller voir la police, je lui fais remarquer.

   - J-j'aurais pu faire plein de choses. J-j'aurais pu essayer de te parler, t-te demander ton accord pour montrer les photos à la police. Mais j'avais peur, je s-suis tellement désolé. On m'avait hacké, le mec savait tout sur moi, j'ai même reçu des menaces...

Pourquoi est-ce que quand je demande des explications aux gens, je suis encore plus perdu qu'avant. A chaque réponse, j'ai le double de questions. Il devait bien y avoir quelqu'un qui me détestait assez pour faire ça, mais je ne vois pas trop qui. Ce serait vraiment un parfait inconnu ? J'ai si peu de chance ?

Peut-être Jungkook et sa famille ont-ils déménagés à cause des menaces ?

Je lui en veux de n'avoir rien fait quand même, mais en même temps je préfère ça, plutôt que l'enfoiré que je pensais qu'il était.

   - Ok, imaginons. Pourquoi t'avais pris ses photos de moi au juste alors ? je demande avec un air de Sherlock Holmes. 

Je ne me ferais plus avoir par des mensonges comme un bleu. S'il ne comptait pas faire de montages, pourquoi prendre des photos de moi, dans les vestiaires qui plus est.

   - Je s-suppose que tu me détestes déjà alors, foutu pour foutu. J-je faisais une f-fixette sur toi, Jimin, j'étais a-amoureux, bégaye t-il.

Le souvenir du jour où il m'avait embrassé me reviens en tête, jusque là j'avais pensé que c'était une machination pour me faire plus de mal, au vu de ce qui s'était passé après. 

Je m'étais dit qu'il avait fait ça pour voir ma réaction, peut-être pour vérifier si j'étais gay, avoir des preuves, je ne sais pas moi. Sinon, pourquoi faire une chose aussi horrible derrière ? Mais si cette histoire de hack est vraie, alors cette version tient debout aussi.

Le mec le plus cool du lycée faisait une fixette sur moi ? J'essaye de me concentrer sur la conversation pour éviter de rougir, mais ça me flatte.

   - J-j'ai pas fait les montages et je n'ai rien posté, mais je n'aurais pas dû prendre des photos de toi comme ça. Je n'aurais pas dû fuir n-non plus, j'aurais d-dû t'aider... Pour ça je suis désolé, ça a dû être une s-scolarité de merde. S-si ça peut te rassurer, le k-karma s'est occupé de-de mon cas haha, rigole t-il, mais c'est un rire ironique évidemment.

   - Comment ça ?

   - Tu as dû remarquer que je bégaye ? ironise t-il. J'ai été blessé p-pendant un match de baseball il y a un peu moins de 3 ans, j-je me suis pris une balle en pleine gor-rge. J'aurais dû perdre ma v-voix, mais avec la rééd-ducation, j'ai réussi à re-reparler. Sauf que je vais b-bégayer toute ma vie il parait, me raconte t-il avec une moue triste.

Bégayer sur le mot bégayer, c'est vraiment un comble, mais je me garde bien de le lui dire. Je suis sûr qu'il en a autant bavé que moi au lycée. Je ne savais pas que ce genre de blessures étaient possibles en jouant au baseball, il a dû énormément souffrir physiquement, et mentalement. C'est pour ça qu'il parlait de karma... 

Mais alors ça explique ce qu'il fout en fac de littérature, alors qu'il voulait une carrière sportive. Je suppose qu'après ça, il avait peur de la balle, ce qui est normal. Et merde, maintenant je compatis avec lui.

Je n'arrive pas à lui en vouloir en sachant qu'il a déjà traverser l'enfer, comme moi. Sauf que moi, je n'en garde pas des séquelles à vie et j'ai toujours mon rêve.

Jungkook refuse de me regarder et se contente de manger son assiette sans grand enthousiasme. Je décide de briser le silence.

   - Je suis content qu'on ait parlé finalement. On devrait, euh, manger ensemble de temps en temps, je propose timidement.

   - Ne me prend pas en pitié, s'il te plaît... me supplie t-il.

Il pense que je dis ça pour qu'il se sente mieux sûrement, c'est vrai que j'ai eu pitié de lui mais ce n'est pas pour ça que je propose qu'on passe du temps ensemble. On avait une belle amitié, et je ne sais pas si on peut la réparer, mais j'ai envie d'essayer !

   - C'est pas ça, je ne sais pas si je peux te pardonner pour l'instant. Mais je ne te déteste pas, ok ? Alors ne m'évite plus, je lui demande, mais ça sonne comme un ordre.

Ma parole, on dirait Namjoon ! Il déteint sur moi... 

   - J-je suis gay, tu sais... me rappelle t-il.

   - Et alors ?

Depuis quand l'orientation sexuelle des gens les empêchent d'être amis. Moi je suis bi, ça pourrait le rassurer de le savoir, mais je vais garder ça pour moi pour l'instant, je n'ai pas assez confiance.

   - J-je veux dire j'avais des sentiments pour toi, tu trouves pas ça bizarre ?

Cette histoire fait étrangement écho avec celle de Namjoon et Jin. Et si je faisais plus de mal que de bien à Jungkook en le gardant dans mon cercle d'amis ? Et s'il avait encore des sentiments pour moi ? Des sentiments que je sais ne seront jamais réciproques. Dans ce cas, mieux vaut qu'il fasse comme il le sente.

S'il préfère qu'on s'ignore...

   - C'est toi qui vois, moi de mon côté ça ne me dérange pas. Tant que tu ne prends pas de photos chelou bien sûr ! je blague pour détendre l'atmosphère, comme on avait si bien l'habitude le faire avant.

Jungkook voit mon sourire complice et finit par me le rendre, à mon grand soulagement.

   - Je ne p-peux rien promettre, rigole t-il à son tour.

Nous ne sommes plus des ados après tout, mais des adultes. Ses épreuves nous ont rendu plus forts et plus matures aussi. 

Je vais donc partir du principe qu'il a dit la vérité, mais s'il s'avère que non et qu'il tente à nouveau de me faire du mal, les choses ne se passeront pas comme au lycée.

Je suis moins naïf qu'avant, et je ne me laisse plus marcher sur les pieds. Plus jamais, c'est la promesse que je me suis faite après que les photos aient enfin disparu de la circulation, il y a de ça 3 ans.

D'ailleurs, je ne sais toujours pas par quel miracle, ni pourquoi le pote de Taehyung s'est fait tabassé un peu avant. Je demanderai à Jungkook la prochaine fois, mais je doute qu'il sache grand chose. Namjoon en revanche en sait peut-être plus en tant qu'ancien prof remplaçant.

Finalement la journée touche à sa fin, et pour une fois je m'endors en ayant l'impression d'avoir réglé un problème, plutôt que de m'en être attiré.



Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top