[Teasing #2] Prologue du Spin-off de "B !"



SPOILER ALERT : La suite de ce segment contient des spoilers pour les lecteurs n'ayant pas encore lu le chapitre 48 de "Banale !". ⚠





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Youhouuuuu ! 🎉 Ça y est ! L'homosexualité de Mattéo est enfin officielle ! Je suis tellement contente d'être arrivée à ce stade de l'histoire ! 🥂

Et, du coup, je vais pouvoir vous poster en avant-première le prologue du spin-off, que j'ai écrit il y a loooongtemps mais que je ne pouvais pas vous partager tant que le secret de Mattéo n'était pas révélé. 

Bon le ton est un peu plus dramatique que pour "Banale !", mais ce ne sera pas le ton dominant du spin-off (on retrouvera rapidement un récit plus léger par la suite). J'espère que ça vous plaira tout de même ! 

(Note au niveau de la forme : même si j'ai fait un petit coup de RepetitionDetector, j'y ai passé moins de temps que d'habitude parce que bah, c'est juste un brouillon pour l'instant ! Je le modifierai sûrement d'ici à ce qu'il soit publié. Donc désolée si ce n'est pas parfait... Mais qu'est-ce que la perfection, au fond ? Vous avez trois heures. 👵)

Voilà, cela étant dit, je vous souhaite une bonne lecture, et n'hésitez pas à me donner votre avis ! 🤗


🌈🌈🌈


PROLOGUE :
"LES GARÇONS NE PLEURENT PAS"


Recroquevillé sur la dernière marche d'escalier, Mattéo retenait son souffle. Surtout, ne pas se faire remarquer.

L'adolescent savait qu'il n'était pas censé se trouver ici en cette heure tardive. Mais le sommeil le fuyait. Un pressentiment le taraudait : quelque chose se préparait. Quelque chose allait arriver, quelque chose de grave, quelque chose qui changerait sa vie pour toujours.

D'aussi loin que remontaient ses souvenirs, il n'avait jamais dormi paisiblement. A cause des cris. Ses parents se disputaient souvent au milieu de la nuit, quand ils le pensaient endormi.

La première fois que cela s'était produit, Mattéo était descendu, inquiet, les yeux encore embués de sommeil. Son irruption au sein de la cuisine avait mis fin à la dispute, de manière temporaire du moins. Si sa mère s'était empressée de le rassurer, son père, lui, était resté de marbre.

— Tu vois, avait-il grondé de sa grosse voix, c'est exactement ce dont je te parlais. Tu le maternes beaucoup trop. A huit ans, on a passé l'âge d'être bordé par sa mère au lit ! Continue comme ça et tu vas en faire une vraie tapette, de ce gosse !

— Tais-toi, pas devant lui.

— Ça suffit, je te dis ! Mattéo, retourne te coucher !

Il s'était saisi de son bras d'une force à vous broyer les os, arrachant une grimace à son fils.

— Lâche-le ! Tu lui fais mal...

— Je lui fais mal ? Moi ?

Resserrant sa prise, son paternel l'avait attiré à lui, si près que le garçon avait senti son haleine alcoolisée.

— Alors quoi ? T'as envie de chialer, maintenant ? Les vrais mecs pleurent pas, tu le sais pourtant, hein ?

Serrant les dents, l'enfant avait tenté de refouler les larmes qui affluaient au bord de ses yeux. Sauf que l'une d'entre elles, traîtresse, avait fini par rouler le long de sa joue.

— Pff, avait grogné son père d'un air méprisant. Qu'est-ce que je disais. Une vraie tapette.

Il avait fini par le relâcher sans ménagement, à tel point que le garçon en était tombé par terre.

— Mattéo ! s'était exclamée sa mère, faisant déjà un pas vers lui.

Mais il s'y était opposé, lui barrant le passage à l'aide de son bras.

— Laisse-le ! Faut qu'il s'endurcisse.

— Ce que tu peux être con, quand tu t'y mets, Hugo ! C'est juste un enfant sensible...

— Oui, autrement dit, une putain de tafiole.

Honteux, le garçon s'était bouché les oreilles afin de ne plus rien entendre. Puis il était remonté dans sa chambre, écrasant avec rage les larmes qui affluaient au bord de ses yeux.

Ce soir-là, il avait compris être la source de leurs disputes, et n'était jamais redescendu. Peu importait l'ampleur des cris, l'enfant se contentait de rester allongé sous sa couette, les yeux grands ouverts, les poings si serrés que ses ongles transpercaient ses paumes.

Pas ce soir-là, cela dit. Le garçon devenu adolescent attendait, ombre imperceptible en haut des escaliers ; il écoutait tout, absolument tout, ne voulant pas rater une miette. Les choses seraient différentes à présent.

Car Mattéo était allé trop loin. Il le savait. Tout le monde savait. Les larmes étaient là à nouveau. Au bord de ses yeux. L'adolescent tentait de les refouler. Encore.

Les garçons ne pleurent pas.

Sauf qu'aux yeux de son père, il n'était plus un garçon. Pas après ce qu'il s'était passé. Pas après qu'il les ai surpris, Raph et lui.

— J'élèverai pas une putain de tafiole, Emilie ! 

La voix le fit sursauter. Mattéo avait déjà envie de détaler, mais il se força à rester. Il ne pouvait plus fuir. Tout était de sa faute. Il savait pourtant, il savait ce que son paternel penserait de cela. Sauf que c'était trop tard, désormais. Le pas avait été franchi, leurs lèvres s'étaient entremêlées...

Tout le monde savait. Leur secret avait été dévoilé. La vérité, elle, révélée au grand jour. Sa vie était en train de s'écrouler. Sa famille se disloquait, là, en bas des marches. Ses repères volaient en éclats et il ne pouvait rien faire pour les rattraper. Si ce n'est se retenir de pleurer.

Car les garçons ne pleurent pas.

Plus rien ne serait comme avant. A cet instant, il aurait tout donné pour pouvoir remonter le temps, reprendre son baiser, ravaler ses mots, effacer ses sentiments. Devenir quelqu'un d'autre. Un vrai mec, comme disait son père.

Un fils qui, au jardin d'enfant, aurait joué aux voitures et non à la poupée. Un fils qui se serait bagarré avec les autres garçons au lieu de s'amuser à coiffer les cheveux des filles. Un fils un peu turbulent sur les bords, de préférence. Qui ne pleurerait pas pour un rien.

Pouvait-il encore changer ? Il n'avait que douze ans, après tout. Ce n'était peut-être pas trop tard. Peut-être lui était-il possible de devenir un garçon normal. Mattéo était prêt à essayer. Il sortirait avec des filles, il s'inscrirait au club de foot, il deviendrait ce fils tant désiré qui regarde des courses de voiture à la télé en compagnie de son père.

Rassemblant son courage, l'adolescent se redressa puis descendit les marches, déterminé. Comme quatre ans auparavant, il fit irruption dans la cuisine, interrompant la dispute de ses parents. Un silence aussi gêné que glacé l'accueillit.

— Mattéo..., bredouilla sa mère. Tu devrais... Retourner te coucher, mon chéri.

— Non, Em, la contredit son mari. En fait, c'est très bien qu'il soit là. Mattéo...

— Je regrette ! le coupa l'adolescent. Je suis désolé pour ce qui est arrivé. Je voulais pas... Je... Je... Je sais pas l'expliquer.

— Ah, vraiment ? rétorqua son paternel en croisant les bras. Moi, je sais l'expliquer. C'est très simple : ta mère a fait de toi une putain de pédale. Tu peux la remercier !

Mattéo serra les poings, refoulant encore ses larmes.

— Ça voulait rien dire ! C'est arrivé comme ça. C'était une erreur... Ça se reproduira plus, je le jure !

— Ah, ça, c'est sûr que ça se reproduira plus, puisque les parents de Raphaël ont décidé de déménager.

Le coeur de l'adolescent rata un battement en entendant la nouvelle. Alors, ils avaient pris la décision de les séparer pour de bon. Raph allait partir, loin de lui... Il ne le reverrait plus. Il allait disparaître, et il emporterait avec lui lui ses remarques cyniques, ses plaisanteries moqueuses, ce sourire en coin qu'il adorait tant...

Cette fois, Mattéo ne put empêcher la larme de rouler le long de sa joue. Or cela n'échappa pas à son père.

— Et toi aussi, poursuivit-il aussitôt.

— Moi... moi aussi ?

— Tu vas aller vivre chez tes grands-parents.

— Jusque... Jusqu'à quand ? souffla l'adolescent.

Nouvelle larme.

— Jusqu'à ce qu'on trouve un pensionnat pour les... gens comme toi, répondit son paternel en haussant les épaules avec nonchalance.

— Les gens comme moi ? Vous êtes sérieux ?

Le regard de Mattéo, affolé, se posa sur sa mère.

— Maman ?

Sauf qu'elle détourna le regard.

— Maman ! Faîtes pas ça, s'il vous plaît... Je vous promets de changer. Je ferai des efforts, je...

A ces mots, elle s'effondra. Le visage caché à l'intérieur de ses mains, ses épaules tressautèrent au rythme de ses sanglots.

— Emilie..., soupira son père en allant la réconforter. Tu vois ce que tu fais à ta mère, Matt ? Les gens comme toi sont des abominations. Vous détruisez tout ce que vous touchez. Mais ça va aller, Em, car bientôt, il sera parti. On pourra recommencer. Repartir de zéro. Ses valises sont déjà prêtes, il va disparaître pour toujours de notre vie.

— Ça... ça suffit, hoqueta-t-elle en le repoussant avec fermeté. Arrête de dire des conneries ! Il s'agit de ton fils, bon sang !

Mon fils ? Non. Ce pédé n'est pas et ne sera jamais mon fils. Em, on en a déjà parlé, on était d'accord... Il doit partir. C'est lui ou c'est moi.

Elle secoua la tête vivement.

— Non, t'as raison, on était d'accord. Tout-à-fait d'accord. Mattéo doit partir. Pour son propre bien.

Elle avala sa salive puis articula la phrase suivante de manière bien distincte :

— Et je l'accompagne.

Son époux la dévisagea d'un air interloqué.

— Comment ça, tu l'accompagnes ? Tu songes quand même pas à...

— Bien sûr que si. Tu pensais réellement qu'en me posant ce genre d'ultimatum, tu serais gagnant ? C'est mon fils, Hugo. Mon fils. Je l'ai porté neuf putain de mois dans mon ventre, on a dû m'ouvrir en deux pour l'en faire sortir car ce petit con a voulu mourir le jour de sa naissance... Et je ne te permettrai plus de lui manquer de respect !

C'était la première fois qu'Emilie Belcore tenait tête à son mari, or elle en fut tout aussi surprise que lui. Ni l'un ni l'autre ne comprirent vraiment la scène qui se passa ensuite ; Hugo se mit d'abord à vociférer, à menacer, puis à la supplier... Pourtant la mère de Mattéo resta sourde à ses complaintes tandis qu'elle empaquetait sa valise.

Il finit par la laisser faire, déclarant d'un air narquois qu'elle finirait bien par revenir en rampant, comme elle l'avait toujours fait.

Plus tard, l'adolescent se demanda si à ce moment-là, son père n'avait pas dit ça dans le seul but de garder la tête haute... Car à ses yeux à lui, il était évident que la décision prise par sa mère n'était pas de celles sur lesquelles on revenait.

La détermination qu'elle avait dans le regard ne laissait aucune place au doute. Emilie Belcore savait qu'elle faisait ce qui était juste, or cette idée suffisait à l'emplir de calme et de sérénité.

A l'intérieur de la voiture qui les conduisaient chez ses grands-parents, le silence régnait depuis un moment lorsque Mattéo demanda :

— C'est vrai ce que t'as dit ? Que j'ai voulu mourir le jour de ma naissance ?

Emilie laissa échapper un petit rire.

— Oui, c'est vrai. T'es né avec une circulaire du cordon. Ça veut dire que tu avais le cordon autour du cou. C'est très rare... Et très dangereux. J'ai cru te perdre, ce jour-là. Du coup, quand je t'ai enfin tenu dans mes bras... J'ai su que je ne te lâcherai jamais. Peu importe ce qui arriverait.

L'adolescent avala sa salive.

— J'aurais... J'aurais pu changer, maman, murmura-t-il. J'aurais pu essayer... D'être normal. Vous rendre fiers... Tous les deux.

— Mattéo, l'interrompit-elle. Tu es normal. Et tu me rends déjà fière. La personne que tu embrasses n'y changera rien, crois-moi. Ton père... Ton père t'a aimé. A sa façon. Sauf que c'était un idiot. On n'a pas besoin de lui. On s'en sortira, d'accord ?

Il hocha la tête avec gravité avant d'écraser les larmes qui roulaient sur ses joues d'un geste machinal.

— Arrête, lui intima sa mère. Laisse-les couler.

— Mais il dit tout le temps que les garçons sont pas censés pleurer...

— Oublie ça. Ce ne sont pas les garçons mais les glaçons qui pleurent pas, oui. Ton père en était un, ça, c'est sûr. Pas une larme. Jamais. Seulement toi, tu tiens de moi, et ta mère est une vraie chialeuse, crois-moi. Donc inutile de les refouler.

Resserrant sa prise sur la volant, elle déglutit avant de poursuivre :

— Si t'as besoin de pleurer, pleure. Les larmes sont là pour évacuer notre peine, la bannir de notre corps une fois pour toutes. Les retenir ne fait pas de toi quelqu'un de fort ou de courageux... Tout ce que t'y gagneras, c'est que ta souffrance grandira jusqu'à te ronger de l'intérieur. Alors pleure, mon fils. Libère ton chagrin une fois pour toutes. Et laissons le passé derrière nous.

Pour la première fois depuis longtemps, les larmes roulèrent sur ses joues sans qu'il ne s'en sente coupable. Au début, ce ne fut que de minuscules gouttelettes ; puis elles finirent par déborder, prenant d'assaut son visage tel un torrent. Cela dit, ce soir-là, et pour le restant de son existence, Mattéo s'en ficha.

Lorsque sa mère alluma l'autoradio, les notes de Feeling good retentirent dans la voiture. Ce n'était pas la version originale de Nina Simone, mais la reprise de Muse. Emilie échangea un regard avec son fils, un sourire plein de sous-entendus aux lèvres.

Puis leurs yeux se tournèrent à nouveau vers la route, fixés droit devant eux. Aucun demi-tour n'était possible.

Le soleil, qui émergeait doucement à l'horizon, teintait le ciel d'un dégradé de couleurs pâles. La voix de Matthew Bellamy apaisait leurs coeurs. Tous deux se sentaient désormais... libres.


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https://youtu.be/CmwRQqJsegw

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