Chapitre 7 : Passé [Archiviste]
Désolée pour l'attente T^T...
***
« Noé, lis dans le passé d'Hortense ! » proposa Dominique dans une exclamation, un immense sourire aux lèvres.
Hortense se renfornia légèrement. Elle commença : « Je ne suis pas sûre que...
- Allez ! Tu vas voir, c'est incroyable ! » insista Dominique.
Louis pouffa discrètement avec nonchalance : « Mais c'est que tu ne prends même plus la peine de le cacher. »
Dominique vira au cramoisie en jetant un regard affolé à son frère, alors que Noé abordait un visage interrogateur. Hortense ne put s'empêcher de rire, malgré les yeux pleins de reproches qu'elle aurait voulu lancer à Louis.
Les quatre étaient couchés en cercle sur les deux matelas doubles qu'ils avaient installés à même le sol, leurs visages vers le centre, autour d'une bougie électrique. Le reste de la chambre de Louis, dans laquelle ils avaient fait campement, était plongée dans une obscurité épaisse et mystérieuse. Suite à la proposition de Noé, Hortense était restée dormir chez les de Sade ce vingt-sept décembre. Elle avait dû subir les clins d'oeil douteux de son père et les incitations de sa mère en essayant de ne pas rougir, ce qui s'était révélé impossible. Ses parents devenaient de plus en plus gênants. L'un pensait qu'elle était amoureuse du fils de Sade, l'autre aimerait qu'elle finisse par se marier avec lui afin de monter dans la société. Elle, amoureuse de Louis ? Absurde. Se marier avec lui ? Encore pire.
Dominique revint à la charge avec un nouveau sourire, plus gêné.
« Allez, Hortense. On l'a tous fait, ici présents. C'est comme un pacte du sang. »
Hortense se sentit profondément touchée par cette remarque. Elle était assez proche d'eux pour faire partie de ce pacte ? Hésitante, elle jeta un coup d'oeil à Louis, qui n'avait pas d'expression particulière derrière son sourire, puis à Noé, qui attendait sa réponse avec son habituel air naïf. Elle soupira, attendrie, puis tendit son bras : « D'accord...
- Je peux vraiment boire ton sang ? » demanda Noé.
Elle hocha la tête. Il saisit sa main et conduisit son bras à sa bouche. Il la mordit dans le poignet. Elle serra les dents et se crispa de douleur quand les crocs transpersèrent sa chaire. Puis elle sentit la langue de l'enfant glisser sur sa peau et la douleur s'estompa doucement. Il pompa une première goulée de sang. Hortense eut l'impression que son esprit était tiré par le courant de son inspiration.
Noé commença à voir les images défiler devant ses yeux, dans un ordre inversé à celui des événements vécus, d'abord lentement puis de plus en plus vite, comme une machine grinçante. Le père et la mère d'Hortense dansaient une valse. Le père d'Hortense lui tendant un paquet. Dominique qui lui souriait. Louis dans un fauteuil en train de lui parler. Louis qui lisait. Louis qui lui montrait comment s'y prendre avec une formule. Louis à table. Louis dans son costume de pirate. La mère d'Hortense assise dans une automobile. Le père d'Hortense qui revenait vers lui, un sourire soulagé aux lèvres. La mère d'Hortense qui le poussait hors de l'appartement, paniquée. Un homme en robe noire étalé sur la moquette brune, un trou béant dans le ventre. L'homme en noir se faisant transpercer par le bras de la mère d'Hortense. L'homme en noir qui les suivait dans la rue. L'homme noir qui le regardait droit dans les yeux, debout à côté d'un lampadaire. Noé ouvrit la bouche et arrêta de boire le sang de son amie, les yeux écarquillés. Il avait du mal à comprendre ce qu'il avait vu. La mère d'Hortense avait tué quelqu'un ? Était-ce pour cela qu'ils étaient venu habiter ici ?
Voyant son trouble, Hortense, la tête tournant à cause du sang en moins, fit un sourire gêné.
« Oui, ce n'est pas glorieux », dit-elle tristement.
Dominique et Louis avaient des visages dubitatifs face à cet échange silencieux.
« Hortense... » commença Noé.
Puis il baissa les yeux. Quand il les releva, tous les doutes qu'il avait avaient disparus de son expression. Il souriait.
« Il y a beaucoup de fois Louis dans tes souvenirs ! »
Hortense sentit ses joues brûler alors que Louis, à côté d'elle, la regardait avec insistance. Elle se fit violence pour ne pas répondre à son regard, afin qu'il ne perce rien de son malaise.
« Bon ! Je suis fatiguée ! Bonne nuit ! » dit-elle en enfouissant la tête dans son oreiller.
Elle ne bougea plus, faisant la morte. Mais elle ne dormit pas. Une heure après, elle entendit les trois autres se souhaiter bonne nuit. Noé ronflotta moins d'une minute plus tard. Elle entendit la respiration des deux autres ralentir en un peu plus de temps. Elle attendit encore un peu, avant de se tourner sur le dos, cherchant le plafond des yeux. On chuchota dans l'obscurité.
« Hortense. »
Elle se retourna d'un coup vers Louis. Elle ne voyait pas son visage dans l'obscurité, mais lui devinait un sourire en coin. Le sang lui monta au visage, et elle bénit l'obscurité.
« Je savais que tu ne dormais pas.
- Tu as fait semblant de dormir, toi aussi, remarqua-t-elle dans un souffle.
- Oui. »
Elle se tut. Que devait-elle dire maintenant ? Ce fut Louis qui prit les devant : « Qu'est-ce que Noé a vu toute à l'heure ? »
Hortense se tendit. Elle redoutait cette question. Elle hésita, mais elle avait déjà pris sa décision. Elle avait confiance en Louis, presque malgré elle. Elle soupira : « Mon passé.
- Je me doute. »
Il y eut un silence, avant qu'elle ne raconte : « Tout ça a commencé en août, deux mois et demi avant qu'on arrive ici. On se faisait suivre... dans la rue, et on nous observait même chez nous... par des chasseurs. Tu sais qui ils sont ?
- Non...
- Des prêtres pensant que les vampires sont les enfants du démon, les tuant sans pitier. Je ne sais pas comment, mais ils nous ont repérés et espionnés. Quand ils ont eu la confirmation sur notre nature, ils sont passé à l'attaque. Enfin, un extrémiste. Ma mère l'a tué. Nous sommes tout de suite parti avec le minimum, pour Altus. Là-bas, mon père a rencontré le marquis qui nous a invité à habiter ici le temps que cette affaire se tasse. »
Louis était resté silencieux tout le long du récit, mais attentif.
« Je comprends mieux pourquoi vous êtes arrivé aussi précipitamment... et dans cette maison que personne ne voulait avoir. »
Hortense l'avait oublié, mais elle s'était promis de faire des recherches à propos de l'ancien « maudit » propriétaire. Louis venait de le lui rappeler.
Il sourit.
« D'une certaine manière, nous ne nous serions jamais rencontrés sans cet événement. »
Hortense rougit, mais sourit à son tour.
« C'est vrai. On peut parfois trouver du bon dans le malheur », rit-elle légèrement.
Louis ne riait pas, mais elle savait qu'il souriait. Il souffla : « Oui, tu as raison... »
***
Maudit... maudit... maudit... Par quoi devait-elle commencer à chercher ? Hortense épluchait tous les titres de livre de la bibliothèque du marquis, sans rien trouver d'intéressant. Elle souffla avec déception. Elle ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi simple, mais venait de voir son maigre espoir réduit à néant. Maudit, maudit... Rien. Absolument aucun livre sur ce sujet. Hortense en était horriblement frustrée. C'était elle qui était maudite !
« Tu cherches quelque chose ? » demanda Louis en venant vers la bibliothèque, un sourcil haussé.
Hortense sursauta et se tourna vers lui, l'air le plus suspect qu'on pouvait trouver à quelqu'un.
« Non, rien ! Je regardais juste...
- Tu es sûre ?
- Oui, oui... »
Elle se demanda une seconde pourquoi elle cachait ses recherches à son ami, avant de se résigner.
« Dis, Louis... est-ce que tu as déjà entendu parler des maudits ? »
L'adolescent fronça les sourcils : « Comme dans le conte de Vanitas ?
- Hum... je ne sais pas vraiment...
- Pourquoi cherches-tu cela ?
- Je ne sais pas... ça m'intrigue... C'est un tabou, et personne ne veut m'expliquer de quoi il s'agit...
- Notre chère bonne société a tendance à mettre trop d'entraves à nos mots, soupira-t-il. Et pour les maudits... les seuls dont j'ai entendu parler sont dans ce conte, que tu dois connaître : des vampires...
- ... qui sont transformés en monstre par le livre de Vanitas lors des lunes bleus, je sais. Mais ça ne m'apprend rien, concrètement.
- Il faudra t'en contenter » sourit-il en haussant les épaules.
Mais Hortense était bien trop curieuse pour se satisfaire de cette maigre réponses, tirée d'une légende absurde. Et elle découvrirait ce qu'étaient les maudits, peu importe le moyen qu'elle devrait utiliser pour assouvir sa soif de savoir.
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