Lorsque tout s'écroule
Dix-huit. Ce mot résonnait dans ma tête à chaque instant. Dix-huit. Cela faisait maintenant exactement dix-huit mois que moi, Kary, j'étais en couple avec Léon. Et dans quelques heures à peine, nous allions voir mon paternel pour lui parler de nos projets ! Ma mère étant décédée elle ne pourra pas nous donner son accord mais, elle aurait de toutes évidence accorder sa bénédiction à notre union.
J'attendais avec impatience sa venue, nerveuse. Tantôt j'étais assise sur le canapé, quelques temps après on me voyait affairée dans la cuisine, l'instant suivant me voilà à dresser la table, une fois chose faite je traversais en loin en large et en travers notre maison dans l'espoir qu'il arrive vite.
Les secondes passèrent, les minutes s'écoulèrent et les heures défilèrent longuement avant qu'il ne sonne à la porte. Je sursautais avant d'hurler en me précipitant vers la porte:
- Je vais ouvrir !
- Je sais. Et t'es pas obligée de crier !
- Oui papa... Pardon...
Je recoiffais mes cheveux bruns d'un geste de la main puis déverrouillai la porte et lâchais un petit cris de joie en le voyant sur le perron.
- Bonsoir chérie, dit-il de sa voix de velours en déposant ses lèvres sur les miennes.
- Bonsoir mon cœur, murmurais-je contre ses lèvres.
Notre baiser fut bref mais plein de passion, d'amour et d'angoisse.
- Entre, lâchais-je finalement.
Nous nous dirigeâmes sans bruit vers la salle à manger. Nous nous installâmes l'un en face de l'autre et mon père, entre nous, au bout de la table.
- Monsieur Clauwn, engagea Léon.
- Kary va chercher la bouffe ! s'exclama mon -très- délicat père.
Je m'exécutais sans bruit. Ou du moins c'est ce que je fis croire. Dès que j'arrivais dans la cuisine je me suis collée au mur pour entendre leur discussion sans être vue.
- Monsieur Clauwn, reprit mon amoureux. J'ai une chose importante dont j'aimerais vous faire part...
- Je sais ! s'exclama mon père. Je sais.
Léon devait être aussi surpris que moi puisqu'il ne réagit pas.
- Tu veux épouser ma Kary c'est ça ?
- Oui, répondit mon cher et tendre.
J'étais aux anges. Il était donc au courant ! Il allait donc dire...
- Et ben c'est non ! s'exclama mon père en m'arrachant à mes rêveries.
- Quoi ? m'exclamais-je en sortant de ma cachette.
- Pardon ? demanda mon amoureux en même temps que moi.
- J'ai dit non !
- Mais enfin pourquoi papa ? Pourquoi refuses-tu ceci ? Pourquoi refuses-tu mon bonheur...
Il me coupa d'un geste de la main.
- Tu vas te marier avec le fils du notaire.
- Pardon ?! demandais-je sous le choc. Mais depuis quand ? Et pourquoi ? Comment ça se fait ?
- Depuis hier car avec le notaire on pense que vous pourrez avoir pas mal de gosses et car je l'ai décidé ! Je n'ai pas à me justifier devant ma propre fille et son copain crasseux ! Copain qui va d'ailleurs dégager !
- Papa ! m'époumonais-je.
Il me regarda avec son regard plus noir que le charbon. Il posa ensuite son regard sur Léon. Un Léon que je n'avais jamais vu: triste, en état de choc, abasourdit et surtout blessé. Mon père désigna la porte et Léon se dirigea vers celle-ci. Je m'apprêtais à le suivre mais mon père me rattrapa.
- Non papa laisse-moi, murmurais-je au bord des larmes.
Il resserra sa poigne à mon poignet pour seul réponse.
- Lâche-moi ! hurlais-je.
Sur ces mots il s'exécuta. J'étais tellement surprise qu'avant d'en ressentir la douleur je n'avais pas réalisé qu'il venait de m'assener une gifle.
Je lui jetais un regard mauvais et courus vers la porte enlaçant pour la dernière fois Léon, le seul et l'unique, mon Léon.
Mon père approcha de la porte alors je montais aussitôt dans ma chambre et m'y enfermais.
C'était donc fini ? Mon amour avec Léon avait pris fin en quelques secondes ? Nos projets communs allaient laisser place à un mariage forcé avec un homme que je ne connaissais pas... A bien y réfléchir que je n'avais jamais vu ! Non ! Ce n'était pas possible ! Je ne pouvais pas laisser faire cela ! Et si je n'avais pas le choix ?
- Non ! Je trouverais une autre solution ! m'exclamais-je les larmes aux yeux.
A mesure que je réfléchissais je sentais les larmes chaudes rouler sur mon visages, et mon cœur se serrait. J'avais envie de vomir, j'avais mal à la tête, j'étais dénuée de toute émotion positive comme si tous les maux du monde me tombaient dessus.
- Je trouverais une solution... décrétais-je dans un murmure.
Les jours passèrent et se ressemblèrent. J'avais beau tout essayer mon père ne céda jamais. Si bien que sans m'en rendre compte j'étais déjà devant l'autel. En blanc. Prête à épouser contre mon gré un parfait inconnu d'un instant à l'autre.
Le silence se fit dans la salle. Je ne me retournais même pas un instant pour toiser mon futur époux. Mon père lâcha ma main et passa ses doigts dans mes cheveux en me serrant fort contre lui... Comme pour montrer une douloureuse séparation... Quel hypocrite !
Je fixais le sol tout au long de la cérémonie sans prêter attention à ce qui se disait excepté lorsque l'on nous demandait de nous lever ou de nous rasseoir. Le seul moment où je regardais le maître de cérémonie fut l'instant si redouté où je dus prononcer ces mots normalement si magiques, si attendus, si prometteurs. Je n'arrivais pas à les prononcer. La moindre pensé de leur signification faisait avoir des ratés à mon pauvre cœur si fragile. Les larmes me montaient aux yeux lorsque pour la première fois je me tournais vers mon, bientôt, mari.
Je fixais ses mains et plaçais les miennes sur ses doigts fins. Je remontais doucement vers le visage de mon promis. Mon cœur s'accéléra d'un coup. Mais je me sentais folle de pouvoir penser dire une chose pareil ! Je fermais délicatement mes paupières et pensais à Léon.
- Je le veux.
Se fut ensuite à lui de prononcer ses vœux. Je ne me rendis compte que je ne pensais encore qu'à mon ancien petit-ami et que mes yeux étaient toujours clos seulement lorsqu'il déposa ses lèvres sur les miennes. J'ouvris machinalement mes yeux et étonnamment je lui rendis son baiser. Il faut dire qu'il sait s'y prendre.
Mais que m'arrivait-il ? Je devrais être dégoûtée ! Comment arrivais-je à oublier aussi simplement mon tourment datant de seulement quelques instants ?
Ah je sais, ça doit être dû à sa façon de faire valser nos langues. Non stop ! Il fallait que je me ressaisisse, et vite. Je mis fin plutôt brutalement à notre baiser qui scellait notre union puis sortis de la salle à son bras.
Lors de la réception il fut plutôt aimable avec tout le monde. «J'aurais pu tomber sur pire» pensais-je.
Au moment d'aller nous coucher, il me fit entrer selon la tradition et me déposa sur le lit délicatement.
Je ne bougeais pas. Je contemplais notre petite chambre décorée de papiers peints noir avec des formes géométriques blanches rondes dessus. Je l'entendis enlever sa chemise alors je me couchais instinctivement sur le côté, lui montrant ainsi mon dos. Je l'entendis défaire sa ceinture. Il passa sa main sur ma hanche et remonta jusqu'à mon cou avant de murmurer:
- Déshabille-toi.
Il avait la voix si douce. Mais je ne pouvais décemment pas lui obéir.
- Non, murmurais-je à mon tour.
- Si, m'ordonna-t-il toujours en murmurant.
- Non, répétais-je en me tournant pour lui faire face.
Il avait une main derrière son dos et l'autre qui caressait de manière délicate mon visage.
Il ramena sa seconde main près de son corps avant de sortir sa ceinture de derrière son dos. C'est donc cela qu'il cachait ?
- J'ai dit... Déshabille-toi ! s'exclama-t-il sur un ton sans appel.
Voyant que je ne réagis pas il fit la grimace et me fouetta au visage avec sa ceinture en cuir. Je n'eus pas le temps de porter ma main à ma joue ou même de pousser un cris qu'il s'approcha de mon visage et saisi mon menton de ses doigts. Je n'arrivais plus à bouger ma tête comme si il pressai mon menton dans un étau. Il appuya ses lèvres sur les miennes mais pas comme précédemment. Cette fois je ressentais de la colère, à moins qu'il ne s'agisse de rage et de haine ?
Il frappa mon ventre avec sa ceinture avant de m'attacher les mains avec celle-ci et d'assouvir ses désirs d'homme en manque sur mon corps sans défense.
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