A jamais

Ce jour-là je me suis réveillée avant même que le réveil ne sonne. J'avais tellement hâte de revoir mes amis. Et de me retrouver dans leur classe.
Je me suis dirigée dans ma salle de bain. J'ai mis de l'eau sur un gant de toilette propre, l'ai passé sur mon visage puis, je l'ai mis dans la panière de linges sales. Par la suite, j'ai brossé ma chevelure couleur caramel.
Après ça, je me suis dirigée vers les escaliers que j'ai descendus pour arriver à la cuisine. J'ai déjeuné comme à mon habitude: un verre de lait froid, une pomme, un gâteau sablé et un verre de jus d'orange. Ensuite je suis remontée dans ma chambre pour m'habiller. J'optais pour une mini-jupe moulante bleue et un t-shirt blanc uni. Je mis des ballerines blanches, un collier avec un cœur bleu ainsi qu'un serre-tête avec un gros noeud bleu pour aller avec mes vêtements.
Je me suis dirigée à nouveau vers ma salle de bain afin de me maquiller. Je mis du fard à paupière blanc, puis un trait de crayon noir à l'intérieur de mes yeux et enfin du mascara.
Je suis ensuite redescendue, puis j'ai pris mon sac à main qui me servait de sac de cours
Une fois dehors, je fermais soigneusement la porte d'entrée.
Je marchais ensuite dans l'allée en gravier blanc au milieu de la pelouse verte dans laquelle on pouvait apercevoir de nombreuses petites pâquerettes blanches.
Dès que j'eus passé le portail, je le fermais avec précaution puis, je partis en direction de mon lycée. Le trajet entre ma maison et mon établissement était plutôt court. En un quart d'heure tout au plus, à pied, j'y arrivais. Je n'étais pas encore arrivée que... Une fille me sauta au cou:

- Ah Marion je suis trop, trop, trop contente de te voir.
- Euh... Moi aussi... Mélissa ?
- Oui ! s'exclama-t-elle tout sourire. Je peux mourir en paix. La fille du lycée a prononcé mon prénom ! s'exclama-t-elle en insistant sur le "la".

C'est ainsi depuis que j'ai sept ans. Je suis apparemment "la plus belle", "la plus cool", "la plus gentille"... Sincèrement ça ne me déplais pas. Ça me fais même plaisir d'avoir autant d'amis sur qui compter mais parfois je sais pas... Je me demande pourquoi ils m'ont choisie moi... Suis-je vraiment si parfaite ?
Toujours est-il qu'après notre accolade tout le lycée à quelques exceptions près m'a salué. Même les secondes qui pourtant ne me connaissaient pas...

"Les éleves en classes de premières et terminales sont priés de se rendre sous le préau où ils seront appelés par ordre alphabétique et par classe. Les élèves de secondes peuvent quant à eux dors et déjà se rendre dans leur salle de cours." Annonça Mme. le proviseur.
Je me rendis donc sous le préau.

- C'est pas juste ! s'exclama une voix derrière moi. Marion s'appelle Sphixie. Elle va devoir attendre longtemps avant d'être appelée la pauvre. Il devrait commencer par la fin. La pauvre.
- Oui t'as trop raison ! s'exclama une fille.
- Euh mais... Vous savez ça ne me dérange pas d'attendre, déclarais-je en souriant.
- On reconnait bien notre Marion. T'es une vraie princesse. A partir de maintenant je t'appelle comme ça ! Ça te va ?
- Oui si tu veux, lui répondis-je.
- Cool. Merci Mar... Princesse !

Je ne pus m'empêcher de sourire en voyant dans quelle joie elle était de pouvoir m'appeler ainsi.
La secrétaire commença à énumérer chaque élève.

- Marion Sphixie, terminale-deux, déclara la secrétaire de l'établissement lorsque vint enfin mon tour.

J'entendis de nombreuses personnes souffler de déception. Mais également plusieurs élèves se réjouir.
La secrétaire attribua leur classe aux quelques élèves restant.

- Marion ? me demanda une voix masculine.
- Oh Vincent ! Ça va ?
Vincent c'est mon ami d'enfance. Il est brun aux yeux verts et a quelques tâches de rousseurs sur le visage.
- Ouais. Je me demandais... Tu voudrais pas te mettre à côté de moi en cours ?
- Euh oui si tu veux ! J'en serais ravie ! m'exclamais-je en lui sautant au cou.
- Cool, merci.
- De rien !

On commença à monter en classe. Une fois près de la porte les quelques élèves devant nous se sont poussés afin de me laisser la salle accessible.
Le professeur arriva et déverrouilla la porte.

- Où tu t'mets ? me demanda Vincent.
- Là vers le fond ! m'exclamais-je en désignant une table au dernier rang près de la fenêtre.
- D'ac.

On s'approcha de notre place. Puis tous les élèves entrèrent. Parmi eux une personne que je n'avais jamais vu était là. Elle s'installa au premier rang. Ce n'était pas la dernière à entrer cependant, personne ne vint à sa table.

«Elle doit être nouvelle.» me dis-je. «Il faudra quand même que je lui dise que venir avec des pansements sur les bras c'est pas vraiment à la mode.»

- Qu'est-ce que tu regarde ma belle ? me demanda Vincent.
- Rien. Je me demandais juste s'il y avait eu des nouveaux élèves cette année.
- Non pas à la connaissance.
- Ah d'accord. Merci quand même.
- Avec plaisir, me rétorqua-t-il avec un sourire éclatant.

Je ne prêtais aucune intention au cours. Tantôt je gribouillais sur mon cahier, tantôt je discutais avec Vincent, et, tantôt je la regardais.

«Tiens ! Qu'est-ce qu'elle a dans les cheveux ? C'est du papier ?» me demandais-je vers la fin du cours. «Oh ça doit être qu'elle n'avait pas d'élastique ce matin. Je connais très bien. M'enfin de là à mettre du papier ! Déjà s'attacher les cheveux avec un crayon ça craint -oui parce que certaines trouvent ça "stylé" de se faire un chignon avec un crayon à papier- mais du papier ! Il va vraiment falloir que je lui parle de la mode de chez nous ! En plus elle a de magnifique cheveux blonds ! Il faut vraiment qu'elle fasse attention à elle !»

La sonnerie retentit et, je n'eus pas le temps de ranger mes affaires qu'elle était déjà sortie.
Je me suis dirigée vers mon cours suivant. Elle n'était qu'à quelques pas de moi. Elle ne pouvait pas m'échapper. Sauf si évidement quelqu'un me barrait la route.

- Marion on peut se mettre à côté pour le français ? Je t'en supplie tu es trop forte ! Ça m'aiderait trop !
- Il faudrait voir avec Vincent. Il m'avait demandé si on pouvait se mettre à côté en cours...
- Mais t'es déjà à côté de lui en maths ! C'est pas juste !
- Désolé Clarisse mais, comme elle vient de te le dire, elle est prise ! s'exclama Vincent.
- C'est pas juste !
- C'est la loi de la jungle.

A ces mots Clarisse parti au fond du rang.

- Vincent, t'aurais au moins pu être gentil avec elle.
- Oui. Mais je l'ai pas fait.
- Pourquoi ?
- Pas envie...

On dirait vraiment un gamin parfois ! Il m'énerve tellement quand il se comporte comme ça... Mais c'est peut-être aussi ce que j'aime chez lui ?

Le reste de la journée se passa ainsi. Je fus monopolisée par Vincent et je n'ai pas pu m'approcher d'elle.

Je rentrais chez moi comme j'étais venue au lycée: seule et à pied. Pourtant cette solitude était agréable. Elle n'était pas malvenue. Elle était vraiment reposante.
J'arrivais rapidement devant le portail. Trop rapidement à mon goût.
Je l'ouvris puis je me suis assise dans la pelouse. J'en ai profité pour faire une couronne de fleurs. Ensuite j'ai commencé mes devoir. Toujours dans l'herbe.
Puis ma mère est arrivée. Elle m'a embrassé et m'a demandé comment c'était passé ma journée.

- C'était super !
- Contente pour toi ma chérie. T'es dans la classe de tes amis ?
- Ben pas tous puisque y'a pas assez de place dans une classe pour placer tous les terminales mais oui. Y'a même une fille un peu étrange... Elle s'habille bizarrement et elle s'attache les cheveux avec du papier !
- Quoi ?
- Je t'assure... C'est trop bizarre.
- Tu devrais faire attention, on ne sait jamais.
- Oui maman.

«Attention ? Attention à quoi ?»

Nous sommes rentrées dans la maison. Ma mère s'est affairée en cuisine et moi je me suis rendue dans ma chambre.
Là j'ai déposé ma couronne de fleurs sur mon bureau, puis je me suis dirigée dans ma salle de bain. Je me suis démaquillée, ai appliqué quelques produits sur ma peau, me suis lavée puis ai à nouveau appliqué une multitude de produits sur ma peau.
Je me suis ensuite habillée avec ma robe préférée. Elle était blanche et noire, avait un bustier à lacets et des bretelles épaisses.
Je descendis dans la salle à manger et je mis la table. Ma mère apportait le plat au même instant et, mon père, arriva alors que je m'apprêtais à commencer mon repas.
Ça avait toujours était ainsi avec lui. Il partait travailler tôt, rentrait tard et était souvent en déplacements.
C'était mon quotidien.
Le repas se déroula dans le calme.
A la fin de celui-ci j'ai débarrassé mes affaires puis suis montée dans ma chambre. Cette fois je me suis mise en pyjama et me suis couchée.

Ce matin-là, comme beaucoup d'autres, je me suis réveillée avant même que le réveil ne sonne.
Cela faisait déjà plusieurs semaines que la rentrée avait eu lieu. Je savais maintenant que la "nouvelle" s'appelait Flavie Preu.

Lorsque je suis arrivée au lycée Vincent m'aborda.
- Salut.
- Salut Vincent.
- Dis ma belle, ça te dirait pas de faire une...

Il fut interrompue par la sonnerie.

- Attends tu me dis en cours, lançais-je en me dirigeant vers le portant où se trouvait mon sac.

Lorsque le cours commença il demanda très sérieusement à nos voisins:

- Ça vous dirait de lui faire une farce ?

«Mais de qui parle-t-il ?»

- Oh oui ! s'exclamèrent-ils en chœur.
- Mais genre un truc dont elle se souviendra longtemps !

« Elle ? C'est une fille en plus ?»

- Trop !
- T'es de la partie Marion ?
- Mais, demandais-je, de qui parlez-vous ?

Il se plièrent en deux.
«Qu'ai-je dis de si drôle ?»

- T'es sérieuse là ?
- Oui. Et qu'est-ce que vois comptez lui faire ?
- Mais enfin, on parle de mettre le sac de Flavie dans...
- De Flavie ? Pourquoi ? Elle ne vous a rien fait. Elle ne vous a rien dit ! J'avoue avoir du mal à comprendre.
- C'est simple, elle ne mérite pas de vivre. En tant qu'humaine je parle. Un porc ou une chienne éventuellement lui correspondrait mieux. Et puis...

Je ne le laissais même pas finir que je me suis levée et l'ai giflé.

- Mademoiselle votre comp..., je ne laissais même pas le prof me réprimander que je sortis de la salle.

Je m'adossais contre le mur et commençais à pleurer.
«Mais qu'est-ce qui m'a pris ?»
Je suis restée assise un moment puis suis descendue à l'infirmerie.

- Tiens bonjour Marion. Qu'est-ce qui t'arrive tu pleures ?
- Oui... C'est la fatigue je pense... Je peux...
- Oui bien-sûr ! me coupa-t-elle.

Je m'installais sur l'un des lits et fermais les yeux.
« Pourquoi Vincent et tous les autres veulent-ils lui faire ça ? Et pourquoi cela semble-t-il être une habitude ?»
Sans m'en apercevoir je m'endormis.

J'étais là, invisible, impuissante mais je voyais tout ! Je la voyais recroquevillée sur elle-même, les cheveux emmêlés, ils étaient tous là, autour d'elle. Ils riaient à ses dépens, ils l'insultaient et lui... crachaient ? dessus !

Soudain je me réveillais de ce cauchemar qui m'appris tout ce que j'aurais dû voir, tout ce que j'aurais dû savoir ! Et ce depuis longtemps.

- Au revoir et merci, déclarais-je en sortant de l'infirmerie.
- Au revoir Marion à plus tard.

J'allumais mon téléphone afin de regarder l'heure. Le cours suivant avait déjà commencé.
Je montais récupérer mon sac et me rendis devant la salle de mon prochain cours. Je frappais.

- Bonjour jeune fille.
- Bonjour monsieur j'étais à l'infir...
- Oui, allé rentre, me coupa-t-il.

Il restait deux places: une à côté de Vincent et l'autre à côté de Flavie. Mon choix fût vite fait.

- Je peux m'assoir ici ?
- Hum... répondit Flavie sans me regarder.
- Merci. Fais attention, lui dis-je en m'asseyant. Ce matin, aujourd'hui, demain, tout le temps ! Fais attention à ton sac ! Garde le !
- Merci. Pourquoi...
- Parce qu'ils...
- Non, déclara-t-elle en me faisant face, me laissant apercevoir ses magnifiques yeux lagons. Pourquoi... Pourquoi tu fais ça... pour moi ?

Sa question me désarçonna. Comment ça "pourquoi" ?

- Euh... Je sais pas... C'est normal non ?

Elle ne répondit pas. En fait elle ne dit plus rien du cours.
Lorsque la sonnerie retentit elle s'empressa de ranger ses affaires, s'approcha de la sortie puis revient vers moi.

- Tu veux qu'on reste ensemble à partir de maintenant.
- Oui... s'il te plait.
- Merci, me répondit-elle avec un grand sourire.

«Merci ? Ce ne serait pas à moi de te remercier en théorie ?»
Mais avant même que je ne puisse dire quoi que ce soit elle m'aida à ranger mes affaires.
On s'assit contre le mur du gymnase. Elle avait son sac contre elle moi j'avais posé le mien sur les étagères prévues à cet effet.
On commença à discuter de nos goûts respectifs jusqu'à ce que je pose la question qui me titillait.

- Pourquoi... Comment... Depuis quand...
- Je me fais harceler ?
- Euh oui...
- Depuis que je suis toute petite. En primaire, au cours préparatoire, j'avais des lunettes... immondes. Je pense que tout est parti de là. J'avais un très gros problème de vue. Un jour un gars pour rigoler a voulu les essayer. Il les a mises mais, il n'y voyait rien ! Il a commencé à dire que j'étais une taupe. Les autres ont suivis. Puis les moqueries ont évoluées. En cinquième j'ai commencé à subir du harcèlement physique. En fait, jusqu'au début du lycée hormis mes harceleurs, personne ne remarquait ma présence... D'ailleurs je suis sûre que tu n'avais même pas remarqué qu'on était dans le même établissement depuis la sixième... M'enfin... Je ne t'en veux pas. Je suis si... Transparente... Mais pas assez pour qu'on me laisse tranquille !

Je l'écoutais des larmes plein les yeux.

- Mais ? Mais ! Mais c'est inhumain ce que tu subis ! Pourquoi... Comment peux-tu supporter ça ? C'est...
- J'ai appris à plus pu moins les ignorer...

Je la serrais fort dans mes bras

- Merci.
- De quoi ? lui demandais interloquée.
- De m'avoir écoutée. Ça fait du bien d'en parler. Ça fait du bien de sentir un peu de chaleur humaine, me dit-elle avec un magnifique sourire.

« Depuis le CP... Ça fait donc onze ans qu'elle subit ça ! La pauvre. Et moi qui ne voyait rien...»
La sonnerie interrompit notre étreinte.
Je lui dis d'aller en cours le temps que j'aille chercher mon sac.
Je me dirigeais vers les portants. Et il n'était pas là. Il n'y avait que deux de mes cahiers.
« Comment ça se fait ? Oh non !»
Je pris mes affaires et me dirigeai vers la poubelle la plus proche.
Il y avait ma trousse et un autre cahier.
Je fouillais les autres poubelles mais rien.
«Mais oui !»
Je couru vers les escaliers. Sous les marches se trouvait mon dernier cahier mais, toujours aucune trace de mon sac...
«Bon alors... Il doit être dans un endroit improbable mais logique en même temps...»
Je m'assis pendant une bonne minute quand soudain la solution me parut évidente. Je couru vers le portant des objets trouvés et le vis. Je le récupérai et mis mes affaires dedans.
Je n'avais plus que quelques minutes avant que le prof ne me refuse. Je me dépêchais de monter les escaliers.
Je frappais à la porte.

- Tiens, mademoiselle Fixie... Je vous rappelle que je ne prends pas les élèves qui ont vingt minutes de retard.
- Oui je suis désolée. Veuillez m'excuser pour mon retard. Ça ne se reproduira plus...
- J'ai déjà entendu ça quelque part...

J'entrais sans qu'il ne m'en donne l'autorisation et m'assis près de Flavie.
«Non mais oh ! Il abuse là ! J'avais seulement dix-huit minutes de retard. Et en plus c'était pas ma faute si ?»

- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? me demanda Flavie inquiète.
- Euh... Rien.

Je n'allais tout de même pas l'inquiéter elle penserait que ce serait de sa faute.

- Je suis désolée...
- Mais non ne t'inquiète pas pour moi ! Ça va. J'avais juste perdu mon sac.
- C'est de ma faute s'ils t'ont fait ça. Pardon.
- Mais non t'inquiète. J'aurais du garder mon sac avec moi. T'y es pour rien.

Elle me sourit mais ne répondit pas. Le cours ce passa dans le silence le plus complet entre nous. Ensuite c'était l'heure d'aller manger.
Nous sommes descendues dans le self. Là quelqu'un m'empoigna.

- Alors, t'as bien aimé notre petite blague ? me demanda une voix masculine.

Je n'eu même pas le temps de me retourner pour faire face à mon interlocuteur qu'il me poussa en avant. Je faillis m'étaler par terre mais je me suis heureusement rattrapée au dernier moment. Je rejoignis Flavie puis nous nous installâmes une fois nos repas respectifs choisis.
Pendant le repas je reçu de la purée dans les cheveux que j'enlevai dés que nous sommes remontées.

Dans l'après-midi nous reçûmes un petit bout de papier froissé sur la table. Je commençais à le déplier quand Flavie me l'arracha des mains et le mit dans la poubelle. Sans pour autant m'empêcher de lire les mots "salopes" et "chiennes". Ses mots résonnèrent en moi toute la journée.
Dès que la sonnerie finale retentit elle me fit la bise puis partit.
Quant à moi je rentrai comme j'étais arrivée: seule et à pied.
J'étais constamment en train de guetter le moindre bruit. Jamais je n'avais ressenti un si fort sentiment d'insécurité. Jamais je n'avais trouvé ce chemin si long. Jamais je ne m'étais sentie si seule. Jamais je n'avais eu si peur. Jamais je n'avais autant été sur mes gardes lorsque je traversais cette rue. Et pourtant jamais je ne m'étais sentie si... moi. La journée avec Flavie m'avait permis d'être moi-même, même si ça avait été la pire journée de ma vie.
Lorsque j'arrivai enfin chez moi, je montais directement dans ma chambre, pris une douche et revêtis un jogging.
Je commençai ensuite mes devoirs et ma mère arriva. Je descendis la saluer.

- Euh... Marion ? Qu'est-ce que c'est ?
- Un survêtement...
- Je vois bien merci. Mais pourquoi tu...

Je n'avais pas réfléchis j'avais pris ce qui me semblait être le plus... Enfin le moins...
«Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Voilà que je réagis bizarrement même chez moi !»

- Euh... J'avais les cheveux mouillés alors je ne voulais pas risquer de mouiller ma robe...
- Oh... Bien... Vas te changer maintenant.

Je m'exécutai et revêtis une robe couleur prune avec un leggings en dessous. Puis, je finis mes devoirs. Mon téléphone sonna. Je m'apprêtai à le regarder quand ma mère m'appela pour mettre le couvert.

Mon père arriva encore alors que nous mangions. Dès que j'eus finit mon assiette je montais dans ma chambre et me mis en pyjama. Je m'allongeais sur mon lit puis fermais les yeux quand je me souvins que j'avais reçu des messages un peu plus tôt.
Je me levai donc pour récupérer mon téléphone. Je n'avais jamais reçu autant de messages: "Sale chienne !"; "Tu mérite même pas d'être humaine"; "J'suis sûre que tu te fais payer par des hommes" étaient le genre de messages que j'avais reçu.
Je balançai mon téléphone à l'autre bout de ma chambre avant de me jeter sur mon lit. Je pleurais, longtemps. C'était donc ça mon nouveau quotidien ?
Soudain le sourire de Flavie m'apparut et me donna la force de m'endormir.

Pour la première fois depuis des jours, c'était le réveil qui m'arracha des bras de Morphée.
Cette journée-ci et toutes celles qui suivirent jusqu'aux vacances de Toussaint se déroulèrent de la même façon. Ils nous avaient même trouvé des surnoms. Le mien c'était "A" et celui de Flavie "Lé".
«Enfin. Plus qu'une heure de cours et adieux pour deux semaines le lycée et son ambiance.»
Lorsque la sonnerie de libération retentit nous nous sommes tous levés d'un bond sans que le prof ne nous y autorise et nous sommes sortis du lycée.

- Happy Halloween Marion !
- Ouais joyeux Halloween Flavie, répondis-je en l'enlaçant.

Elle me fit la bise puis parti rejoindre sa mère qui était venue la chercher.

Pendant les vacances elle était partie voir de la famille. Nous nous sommes donc parlé par messages. Mais quelques jours avant la rentrée elle ne me répondit pas...
«Elle doit être fatiguée... J'ai hâte de la revoir»
Je me couchais sereine. Prête à, à nouveau, affronter le lycée, à ses côtés.

Ce matin-là je me suis réveillée bien avant que le réveil ne sonne. J'avais tellement envie de la revoir ! Lui dire combien elle m'avait manquée ! Qu'elle m'explique en face ses vacances... Car des messages et des appels c'est bien mais la vraie c'est mieux !

J'étais la première arrivée au lycée. Je l'attendais près du portail. Je l'ai attendu jusqu'à ce que la sonnerie ne se fasse entendre mais, elle n'est jamais venue. Je suis rentrée dans l'établissement et ai commencé à la chercher.
Peut-être l'avais-je ratée ?
Je cherchais du regard son sac mais il n'était pas là.
Je partis me cacher dans un coin de la cour où personne ne me verrait. Je sortis mon téléphone et l'appelai.

"Le numéro que vous avez composé n'est pas attribué. Merci de..."
«Elle a changé de numéro ? Elle aurait pu me le dire quand même !»

J'appelais donc chez elle. Une femme décrocha dès la seconde sonnerie.

- Allô ? demanda-t-elle.
- Oui bonjour madame est-ce que Flavie...
- Ecoutez, je ne sais pas qui vous êtes mais je préviens vous allez devoir laisser ma fille tranquille !
- Non non madame c'est Marion, une...
- Ah Marion ! Je suis contente que tu appelle. Je ne savais pas comment te joindre. Je tiens à te remercier pour tout le bonheur aussi éphémère fut-il que tu as su prodiguer à ma fille.

Je ne compris pas de suite puis éclatai en sanglots.

- Non ! Non c'est impossible ! Comment ? Pourquoi ? Quand ? hurlais-je.
- Elle a été retrouvée noyée dans la piscine municipale vendredi.
- Est-ce que...
- Nul ne le sait... Mais il y a de fortes chances...

Je me mis à hurler et fondis à nouveau en larmes.

- Marion. Je... Je sais que ça ne se fait pas mais... Je suis sûre qu'elle aurait aimé que tu viennes... Vendredi... A quatorze heures...
- Je... Je verrais... Je... Au revoir madame.
- Au revoir Marion et merci d'avoir appelé.

Je raccrochais et recommençai à pleurer pendant quelques minutes.
Pourquoi ? Pourquoi Flavie ? Non je ne voulais pas ! Tu... Tu étais ma seule amie. Comment... Comment allais-je faire sans toi ? Ton sourire, tes yeux bleus, tes cheveux d'or, tout ce qui avait donné un sens à ma vie avait disparu !
Soudain l'un des surveillants arriva m'étant fin à mes songes.

- Alors Marion, on sèche les cours ? Oh mais tu pleure ! Qu'est-ce qui se passe.
- Rien. Je ne pleure pas et tout va mieux dans le meilleur des mondes.

Je me levais et partis en direction de mon cours mon sac sur l'épaule. Le surveillant m'emboîta le pas.
Lorsque nous sommes arrivés devant la salle il frappa à la porte.

- Tiens ! Encore en retard mademoiselle !

Je ne pris même pas la peine de me perdre en excuses que je m'assis à ma place.

- Alors asphyxie, t'es toute seule ? T'as perdu Lépreux ?

Je ne pris même pas la peine de réagir à cette provocation venant de Vincent.

Dès que l'ultime sonnerie retentit je rentrais chez moi en courant. Je déchirai une page d'un de mes cahiers et sortis un stylo de ma trousse. Je me dirigeais ensuite dans le garage et pris ce qu'il me fallait. Je fis un noeud et l'accrochai à la poutre du salon. Je griffonnais quelques mots sur la feuille:

"Bisous papa, bisous maman, je vous aime. Je suis désolée de vous quitter ainsi. Je pars la rejoindre. La ? C'est Flavie. Elle était ma seule amie. Vivre sans elle me semble impossible... Vous trouverez le numéro de sa mère dans mes contacts...
On se séparera vendredi à quatorze heures.
Bisous.
Désolée"

Je montais sur le tabouret, passai ma tête dans la corde. J'entendis la porte d'entrer s'ouvrir ce qui me fit sursauter. J'eus juste le temps d'entendre ma mère commencer à crier que je renversai le tabouret.
Il n'y avait plus que cette corde qui me retenait dans ce monde.

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