Ses fleurs avaient poussé, gelées. Elle semblait distante, comme si elle était sur un bateau l'emmenant à des lieues de la réalité. Et aujourd'hui, on nous rendait nos copies d'examen. Je ravalai tant bien que mal la boule d'appréhension qui bloquait ma respiration.

Quelques heures plus tard, le professeur impassible déposait ma copie sur ma table sans même m'accorder un regard. Je l'avais raté. Encore...

  Tout n'était que fantasme et ignorance. Rien n'était réel n'est-ce pas ? Il était impossible que ça le soit. Étais-je vraiment en train d'échouer et de tout perdre ? Je ne savais même plus ce que c'était que de se lever sans cette morosité pesante. J'en avais assez, je n'arrivais plus à rien comme avant. Peut-être que je ne travaillais pas assez, peut-être que j'étais trop fainéant, peut-être que je n'étais pas assez fort, pas assez doué, ni rien du tout. Peut-être que je devrais partir. M'enfuir avant que tout s'empire.

  À quoi bon s'escrimer à vouloir s'envoler sous l'eau ? À quoi bon caresser le chat à rebrousse-poils ? J'aurais mieux fait d'être un renard et de me cacher dans un terrier. Ma seule priorité aurait été les poules.

   Tout est voué à disparaître, JE suis voué à disparaître. Pourquoi me battre contre une cause perdue, pourquoi me battre contre moi-même quand je peux m'accepter tel que je suis ?

  Sauvez-moi ! De quoi ? me diriez-vous. De moi.