Chapitre 4

Deux jours plus tard Milo était avec Hyoga sur cette plage. L'angoisse montait en lui au fur et à mesure des minutes qui passaient. Ils n'étaient pas seul, d'autre habitants venait profiter du doux soleil de septembre. Des familles étaient là avec leurs enfants. Son fils était à ses côté et commençait une sculpture de sable tout en scrutant les alentours.

Pourtant Milo fut le premier à voir l'homme arriver avec Shun à ses côtés. Celui-ci lâcha la main de l'adulte pour courir dans les bras du blond. À la manière dont l'enfant se précipita sur Hyoga pour le prendre et l'étreindre il n'y avait aucun doute possible sur leurs sentiments. Ils avaient beau être des enfants ils étaient déjà bien trop attachés l'un à l'autre. Les deux garçons semblaient être soulagés et heureux de se retrouver.

Milo vit alors l'inconnu s'avancer vers lui, tendant sa main. Milo hésita un instant avant de la lui serrer en guise de salutation. Il se savait tendu et avait peur que son interlocuteur s'en rende compte. Il avait l'impression qu'avec ce court contacte l'autre sentirait son rythme cardiaque anormalement élevé. Milo avait beaucoup de mal à se calmer et se dire que tous se passerait bien, il espérait que l'homme ne lui pose pas trop de questions sur sa vie personnelle et se contente d'une discutions cordiale.

Il nota tout de même que la peau de l'individu était fraîche, comme pouvait l'être celle de Camus malgré la chaleur, mais elle semblait aussi rêche. C'était un des inconvénients à vivre sur terre, la peau, et même leur corps s'asséchait plus rapidement au rayon du soleil et du vent pour les Atlantes. Il avait l'habitude de toucher celle de son compagnon pour savoir comprendre avec ce toucher que : oui, c'était bel et bien un Atlantes en face de lui.

« Je suis Kanon. Fit-il.

-Milo. »

Kanon fronça les sourcils et le regarda plus en détails. Milo se sentit déshabillé du regard, il n'aimait pas du tout ça. Il aurait dû inventer un autre nom... Pour lui Kanon n'était pas un prénom familier mais il devait le retenir et en parler avec Camus ce soir.

Ils avaient déjà prévu qu'il devait lui raconter de la journée complète dans les moindres détails. Cet homme qui, à le regarder de plus près, avait toutes les caractéristiques d'un Atlante. Ses yeux océan, cet accent dans la voix si particulier. Il avait aussi des cheveux et la peau très claire.

« Pas commun comme prénom. Dit Kanon.

-Ah bon vous trouvez ? Pourtant à l'université j'avais une fille qui avait exactement le même prénom que moi. »

C'était véridique, il y avait vraiment eu une femme au même prénom que lui. Ça n'avait duré qu'une seule année mais il en avait entendu parler. Mais à part elle, il n'y avait eu personne d'autre. Il espérait que l'homme, ou plutôt l'Atlante accepte cette explication. Après tout comment Kanon pourrait vérifier si c'était répandu ou non comme prénom ? Il ne savait pas si Camus avait parlé de lui, ou au moins mentionner son nom à ses proches, l'Atlante trouvait peut être juste son prénom étrange.

« C'est possible oui... la dernière fois que j'ai entendu ce nom c'était il y a douze ans, je dois confondre. Ajouta Kanon »

L'homme l'observait les sourcils froncés. Milo coupa sa respiration, Camus avait parlé de lui. Et si Kanon comprenait qui il était ? Déduire une telle chose d'un simple prénom c'était ridicule. N'importe qui pouvait s'appeler Milo ! Puis du Brésil en Grèce c'était une sacrée trotte. Aucune chance qu'il fasse le lien ! Son cœur battait bien trop vite à son goût et ses gestes semblaient bien trop faux. Il tenta de se calmer, rien n'était joué. Milo avait promis à son compagnon de ne rien faire de stupide et de protéger Hyoga, malheureusement il était très mauvais acteur, et menteur.

Il espérait que les questions s'arrêteraient là, mais il sentait bien que ce ne serait absolument pas le cas. Kanon semblait absolument vouloir avoir une conversation. Ça n'aurait pas dérangé Milo habituellement mais là il avait peur de dire ce qu'il ne fallait pas. Il fallait qui prenne le temps de réfléchir à chaque mot qu'il prononcerait.

« Et vous venez d'où Milo ?

-De Grèce justement. Je suis née à la frontière avec la Macédoine. Et vous ?

-D'un pays que personne ne connaît. Rigola Kanon. Vous êtes marié ?

-Non mais je suis en couple. »

Il ne fallait surtout pas qu'il en dise trop, ce n'était pas le moment de rompre sa promesse. Il sourit doucement à Kanon et lui retourna alors la question. Peut-être que s'ils conversaient tranquillement et retournait les questions bateaux tout irait bien.

Il apprit alors que l'Atlante était marié. Malgré son visage souriant, Milo n'eut pas de mal à entendre la colère dans sa voix. Il comprit rapidement que ce n'était donc pas un sujet plaisant pour l'homme. Il se retourna alors vers les deux enfants.

Il savait que là-bas c'était courant les mariages sans amours, mais Camus lui avait dit que tout le monde l'acceptait et que vue qu'ils tombaient rarement amoureux, il n'y avait pas de problème. Certain Atlante pouvait être assez mécontent de leur partenaire mais rien de plus. Est-ce que ses fils pourraient être mariés de force aussi s'ils venaient à vivre en Atlantide ? Il n'espérait pas, pour lui un mariage arrangé rimait souvent avec mariage forcé. Jamais il n'accepterait qu'on contraigne ses enfants pour quoi que ce soit. Il pourrait allez lui-même en Atlantide s'il le fallait. Ses fils devaient vivre libres et heureux, c'est tous ce que Milo et Camus voulaient pour eux.

Shun et Hyoga observaient un crabe avec fascination, du moins le blond était subjugué alors que le plus petit parlait en pointant du doigt certaine partie du crustacé. Milo trouvait ça attendrissant, ils étaient si innocents. Les deux garçons semblaient si bien s'entendre... Il tenta de se persuader qu'il s'agissait juste d'une forte amitié et qu'il n'y avait rien d'autre. Il aurait presque ri de sa bêtise mais tous ce qu'il voyait était son enfant qui endurerait beaucoup de souffrance dans un futur proche.

Camus lui avait raconté la lente agonie d'être loin de l'être aimé quand on était un Atlante, ils avaient une impression de vide, que leurs âmes n'étaient plus. Lui en tant qu'humain n'avait pas été autant touché, voire pas du tout mais Camus...

Milo s'était senti abandonné, seul... Il n'en avait jamais parlé à son compagnon mais il était sûr que ce n'était qu'un tiers de ce que ressentait les Atlantes. Est-ce que Hyoga en souffrirait autant ?

Hyoga n'avait que dix ans. C'était injuste. Milo avait bien compris que Shun devait sûrement déjà être promis à quelqu'un d'autre et non à Hyoga qui passait pour un humain. La majorité des mariages se décidait vers l'âge de dix, douze ans. Camus avait été promis à onze ans. Plusieurs familles s'étaient disputées pour sa main. Mais le roi, charmé par la voix de l'enfant avait coupé cours aux demandes, et les parents de Camus avaient accepté sans une once d'hésitation. Milo ne connaissait pas sa belle-famille qu'il les détestait.

Il avait presque envie de reprendre son fils maintenant et de ne jamais se retourner, d'un autre côté il voulait qu'il profite de tous les moments qu'il passerait avec Shun. Qu'il puisse vivre des instants de bonheur. Qu'il puisse faire ses propres choix.

« Vous avez combien d'enfants ? Demanda Kanon.

-Deux petits garçons, et vous ?

-Un seul.

-C'est Shun je suppose ?

-Non mais j'aurais préféré. »

C'était froid et directe. Milo se demandait comment on pouvait préférer un enfant au sien. Il était vrai que les atlantes n'avaient pas la même culture, pourtant il pouvait jurer que jamais Camus n'échangerait leurs fils. Kanon sembla comprendre le souci et sourit en lui assurant plaisanter, mais son regard n'amenait aucun rire. Milo en eut un frisson dans le dos. Il se concentra à nouveau sur les enfants de plus en plus mal à l'aise.

« Vous avez toujours vécu en Grèce je suppose ?

-Oui, plus ou moins. L'informa Milo. Nous habitions la Sibérie avant.

-Oh, un pays loin de toutes mers chaudes... »

La remarque de Kanon n'était pas anodine et Milo prit sur lui pour ne pas laisser une seule information de plus filtrer. Il haussa les épaules affirmant que sa femme avait des origines russes. Il était sûr que Camus ne lui en voudrait pas de l'avoir fait passer pour une dame. Il avait déjà prévu un petit mensonge sur sa soit disante femme. Elle s'appelait Natassia et était professeur pour les enfants, mais il n'eut rien à dire de ça car Kanon ne sembla pas du tout s'y intéresser.

« Vous êtes déjà allez au Brésil ?

-Jamais. Affirma-t-il un peu trop rapidement. Mais j'aimerais bien, il paraît que c'est un pays magnifique. »

Il sentait bien que son interlocuteur cherchait la moindre information. Il devait se tenir prêt à partir rapidement aussi. Si jamais Kanon comprenait ce qu'il lui cachait il devrait prendre Hyoga et se tirer d'ici. Ils feront leurs bagages et retourneront sans se retourner un seul instant, mais l'Altante ne rajouta pas un seul mot de l'après-midi. La tension entre eux était toujours palpable et Milo sentait bien que le doute sur son identité était encore bien présente dans l'esprit de son interlocuteur, voir même qu'il savait déjà qui il était.

Quand l'heure de partir arriva, Hyoga fit la tête mais accepta. Il leva tout de même la tête vers son père, les yeux humides et demanda s'il pourrait revoir Shun très vite. Milo avait envie de lui dire que c'était impossible, qu'il fallait qu'il se fasse une raison mais le regard de son enfant était déjà une torture... Comment expliquer à ce petit ange que pour sa sécurité, et celle de son frère qu'ils allaient vite devoir repartir ? Qu'il devrait sûrement dire adieu à Shun rapidement...

« La semaine prochaine à la même heure ? Fit Kanon.

-Merci ! S'enthousiasma Hyoga.

-Merci. Fit plus sobrement Milo.

-Ne me remerciez pas, j'ajoute une condition à ça. »

Milo releva son visage vers l'homme. Ses yeux étaient sévères et ses sourcils froncés. Il savait, c'était certain. Les deux enfants le regardaient avec appréhension alors que le grecque était tendu. Kanon avait levé légèrement le menton, comme pour affirmer sa position de force. Imperceptiblement Milo eut un mouvement de recul. Il savait pour eux... les questions de Kanon avaient été trop précise. Il n'avait pas posé les questions par intérêt mais juste pour analyser le comportement de Milo, et autant être honnête, le grecque avait été aussi lisible qu'un livre pour enfant. Il serra Hyoga contre lui, comme pour le protéger. Kanon le remarqua aux vues de ses yeux qui passèrent sur le petit blond.

« Je veux que Camus vienne, je veux qu'il s'explique. »

Milo voulut feindre l'incompréhension s'accrochant un espoir vain qu'il puisse duper l'homme face à lui. Avant qu'il puisse formuler un seul mot Kanon avait déjà lever la main pour qu'il se taise.

« Je ne suis pas idiot. De plus il est facile de connaître les origines de votre enfant.

Milo serra la mâchoire à cette annonce et tira un peu plus Hyoga vers lui. Son fils leva le visage vers lui ne comprenant pas ce qu'il se passait. Il serra son père un plus contre lui quand il remarqua son visage. Il n'aimait pas du tout l'expression qu'avait Milo. Elle était indéchiffrable mais le petit blond pouvait sentir la tension. L'adulte savait que ce qui allait être dit ensuite ne lui plairait pas. Il avait envie de hurler. Il voulait retourner en arrière et écouter ce que lui disait Camus, ne pas se moquer de ses insécurités et ses peurs. Comme d'habitude son compagnon avait eu raison...

« Et après ? Demanda-t-il d'une voix rauque.

-Et après je lui parlerais du bordel qu'il a laissé derrière lui, il faut qu'il sache. Et s'il tenait un tant soit peu à Aiolia il viendra. Et puis c'est soit il vient, soit votre fils ne reverra pas Shun, il doit savoir à quel point ce genre de séparation peut être horrible. Et même si votre fils est un métis rien ne dit que ce ne sera pas plus douloureux pour lui. »

Kanon prit la main de Shun et partit sans rien ajouter d'autre. Milo avait envie de le rattraper et lui coller son poing dans la figure pour oser lui faire un tel chantage. Bien sûr qu'il savait que c'était douloureux ce genre de séparation, lui aussi l'avait mal vécu... Un doute s'insinua en lui : et si c'était plus douloureux pour un métis ? Il posa son regard sur Hyoga.

Il remarqua alors le visage angoissé de son fils. Il était vrai que les trois derniers jours son fils avait été comme distant et absent. C'était un métis, il pourrait le vivre comme une véritable torture. Il le prit dans ses bras et Hyoga serra les siens autour de son cou comme si sa vie en dépendait. Ce fut dans une ambiance morose qu'ils rentrèrent à la maison.

Camus les attendait assit sur le fauteuil qui faisait face à l'entrée. Quand il vit les yeux de Milo le fuir, il ferma les siens. Quelque chose de mauvais s'était passé, tout dans l'attitude de son homme et de leur cadet le lui hurlait.

Milo posa leurs fils au sol et lui demanda gentiment d'aller dans sa chambre. Il fit signe à Isaak de suivre son petit frère. Le regard qu'il avait posé sur eux déchira le cœur de Camus. Milo partit alors s'installer sur le canapé dans un silence pensant. Aucun d'eux n'ouvrit la bouche pendant une bonne poignée de minutes. Finalement Milo parla.

« Il s'appelle Kanon. »

Camus se tendit. Il n'avait en aucun cas oublié Kanon. Il était fiancé à Rhadamanthe, peut-être marié aujourd'hui. Ils avaient été amis, Kanon avait plusieurs fois mentit pour couvrir Camus qui allait à la surface retrouver Milo, alors que même son frère faisait partie de la garde. Le jour où Camus lui avait enfin expliqué pourquoi il partait toujours à la surface Kanon avait refusé de l'aider à nouveau.

Camus ne lui en avait jamais voulu, il comprenait même son geste. Allez à la surface et jouir des joies humaines étaient une chose, trouvé son lié parmi les humains s'en était une autre. Kanon avait vu sa mère être gravement blessé par les « machines » humaines. Il les voyait comme des barbares cruels et égoïstes. Il avait pris les sentiments de Camus comme une trahison. Leur relation s'était vite faite distance et froide après ça.

« Il dit qu'il veut te parler, que tu t'expliques.

-Je n'ai rien à lui dire. Souffla Camus. J'ai choisi l'amour c'est tout. »

Milo se leva et s'assit sur l'accoudoir du fauteuil pour prendre son aimé dans ses bras. L'étreinte lui fut rendu. Il passa sa main dans les longs cheveux turquoise de son homme. Il avait envie de s'arrêter là. De faire comme s'il ne s'était jamais rien passé, comme s'il n'avait jamais rencontré Kanon ou Shun. Qu'ils n'aient jamais quitté la Sibérie.

« Que t'a-t-il dit d'autre ?

-Il a dit que si tu tenais vraiment à Aiolia tu viendrais et qu'il te parlera de ce qu'il s'est passé à ton départ. »

Il l'avait d'une voix douce mais Camus n'était pas dupe. Ce qu'il avait dû se passer à son départ avait dû foutre un sacré merdier... mais pourquoi lui parler d'Aiolia ? Il commença alors à avoir peur. Et si son ami avait payé pour ses crimes à lui ? Impossible ils avaient fait en sorte d'être discret. Il espérait que son ami soit toujours libre et qu'il puisse avoir sa vie avec son fiancé et leur enfant qui n'était même pas encore né à ce moment-là.

Le jour de sa fuite il n'avait pas pensé aux conséquences, ni au répercutions que cela pourrait avoir sur ses amis. Il avait juste pensé à Milo, à le retrouver, à faire sa vie avec et construire une famille tous les deux. Son ami Aiolia qui avait un lien avec Shura, un garde, avait alors compris sa détresse. Lui-même ne supportait que très peu d'être loin de son aimé, il avait alors aidé Camus à s'enfuir. L'annonce de sa grossesse par Mû avait tout accéléré et au bout de deux mois il avait remis les pieds sur la terre ferme.

Aiolia l'avait accompagné jusqu'aux abords de la cité de l'Atlantide. Ils s'étaient dit adieux et sans se retourner Camus était parti. Il pensait que Aiolia pourrait retourner chez lui sans se faire voir. Ils avaient été si discret et avaient pensé à tout... Et puis le blond avait son frère et son amant dans la garde.

Camus se leva de son fauteuil bousculant Milo sans le faire exprès. Et si son ami avait fini en prison ? Voir pire... Comment avait-il pu ne pas y penser ? Mû aussi les avait aidés, même s'il l'avait vu pour l'accouchement de ses enfants aucun d'eux n'avaient évoqué l'Atlantide. Ils n'avaient parlé que des enfants... Il devait parler à Kanon, il n'avait pas le choix. Il pourrait demander à Mû mais pourquoi il lui en parlerait maintenant ? Peut-être que ce dernier lui en voulait aussi quelque part et c'était pour ça qu'il n'avait rien dit sur Aiolia... Camus devait l'avouer, il était terrifié par ces nouvelles informations.

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