Chapitre 1
Milo posait le dernier carton dans la cuisine. Cette maison était immense, peut-être un peu trop pour lui et sa petite famille. D'un autre côté il était heureux d'avoir la possibilité d'offrir un si grand espace à ses enfants. Il entendit d'ailleurs leurs pas dans le couloir. Ils semblaient courir dans sa direction. Le plus âgés des deux avait douze ans. Il souriait à pleine dent.
« Papa, on peut aller à la plage s'il te plaît ?
-Est-ce que vous avez fini de défaire vos cartons ? »
Le garçon grimaça légèrement. Milo soupira doucement, ils avaient passé un long moment sur la route. Les garçons devaient en avoir marre de rester à ne rien faire. Et puis ils avaient toujours vécu en Sibérie, les plages n'étaient pas les mêmes. Maintenant qu'ils étaient en Grèce, dans un pays chaud où la plage n'était faite que de sable fin et d'une eau plus tempérée, ils avaient sûrement très envie d'y faire un saut.
Il regarda par la fenêtre du salon ouverte, où on pouvait voir un bout de la mer, il faisait encore jour et le temps était clame. Il se tourna à nouveau vers ses fils. Il leurs faisait confiance pour ne pas faire de bêtise, ils étaient plus matures que la plupart des enfants. Leurs yeux pleins d'étoiles finis par le convaincre.
« Très bien, mais pas de baignade aujourd'hui, vous trempez juste les pieds et Isaak tu surveilles ton petit frère.
-Je suis assez grand pour me surveiller tout seul. Bouda le plus jeune.
-Hyoga tu obéis à ton frère. Somma Milo. Et je vous veux de retour à l'heure pour le dîner.
-Oui pa' ! Répondirent-ils en cœur.
-Et Isaak, si tu as mal, vous rentrez ! »
Le plus âgé avait de temps à autre mal à ses jambes, attribué à sa croissance un peu trop rapide d'après les médecins. Ce n'était pas très grave mais parfois la douleur l'empêchait de marcher, alors nager... Milo ferma les yeux ne voulant pas imaginer le pire.
Les enfants sortirent tous deux de la maison et à peine les pieds dehors qu'Isaak ordonna à son frère de lui prendre la main pour aller jusqu'au banc de sable. Milo sourit, ses fils étaient vraiment de très bons garçons. Il était fier d'eux. Isaak était le plus impétueux mais il était toujours là pour le plus jeune. Hyoga avait dix ans et était un enfant calme, il était aussi très obéissant. Il se retourna vers son carton pour finalement commencer à ranger ce qu'il se trouvait à l'intérieure quand il sentit des mains lui caresser les épaules.
Il se retourna pour tomber dans les orbes bleus de l'homme avec qui il partageait sa vie. Ce dernier l'embrassa furtivement avant de s'éloigner un peu.
« Nous devrions avoir fini de tous ranger avant le dîner je pense. Fit-il. Que dit tu d'une simple salade ce soir ?
-Parfait. »
Les deux enfants étaient enfin arrivés sur place. L'eau était claire mais pas limpide. Le sable était chaud et leur brûlait presque les pieds. Hyoga aurait voulu se jeter à la mer mais son aîné lui rappela que leur père le leur avait interdit. Il bouda un peu mais Isaak proposa d'au moins se tremper les pieds. L'eau était plus froide qu'il n'y paraissait mais ça n'empêcha pas les deux garçons d'apprécier l'assaut des vagues sur leurs mollets. Ils aimaient la mer, et ils avaient toujours voulut s'y baigner. Malheureusement celle de Sibérie était gelé, personne n'osait si aventurer. Puis ils craignaient l'eau froide.
« Regarde Hyoga il y a plein de jolis coquillages. On devrait en ramasser quelques-uns pour les parents. »
Le petit blond acquiesça, cherchant les plus beaux coquillages possibles. La majorité était cassé ou tout petit. Il ne s'avoua pas vaincue et s'éloigna un peu. Il en trouva alors un qui faisait presque la taille de sa paume avec un jolie dégrader de rose orange. Il allait le prendre quand une petite main se posa dessus à son tour. Il releva son visage pour rencontrer les émeraudes les plus magnifiques de sa vie. Le garçon devait avoir son âge à peu près, il était légèrement plus petit que lui.
Celui-ci baissa rapidement les yeux pour serrer le coquillage contre lui avant de le tendre à Hyoga. Il avait le rouge aux joues et le blond revint difficilement sur terre pour récupérer l'objet des mains délicate du garçon.
« Merci, dit-il, mais tu ne le voulais pas ? »
Le plus petit secoua la tête de manière négative mais ne releva pas le visage pour autant. Hyoga trouvait ça un peu dommage. Il voulait revoir ses yeux verts. Il trouvait cette couleur magnifique. Le garçon en face de lui avait l'air d'une poupée. Il avait envie de sourire et de le voir sourire.
« Je m'appelle Hyoga.
-Shun. Murmura le garçon.
-Dis tu sais où je pourrais trouver de plus gros coquillages ? »
Shun hocha la tête et pointa du doigt un endroit un peu plus loin. Il y avait une sorte de petite grotte dans la roche. Hyoga jeta un coup d'œil derrière lui. Isaak était toujours au même endroit, de tout manière le blond ne comptait pas s'absenter bien longtemps. Il prit alors la main du vert et partit dans la direction que lui avait montré son nouvel ami.
Arrivé devant il remarqua qu'elle semblait très éclairée. Il voulut alors y entrer mais fut retenu par la main de Shun. Ce dernier semblait un peu apeuré. Il regardait l'endroit avec un peu d'appréhension et serra un peu plus la main du blond. Hyoga fut pris d'un remord, il aurait peut-être dû lui demander son avis avant.
« Ne t'inquiète pas, dit-il, je suis là ! Je vais rester à côté de toi. »
Shun le regarda de ses grands yeux verts. Il semblait se plonger dans ceux du blond. Il finit par acquiescer timidement, au plus grand plaisir de Hyoga. Finalement ils rentrèrent tous les deux dans la grotte. Ils se mirent à chercher les plus beaux coquillages qu'ils pouvaient trouver quand le blond se stoppa dans ses mouvements en entendant son ami chanter.
Il avait une voix magnifique. Hyoga en était hypnotisé. Il se sentit bercé par la chanson, elle lui semblait légèrement familière, il avait dû l'entendre à la radio, ou peut être que son père l'avait déjà joué. Il ferma les yeux pour mieux écouter la douce voix de son nouvel ami. Il commença lui-même à fredonner, coupant alors Shun dans sa chanson. Le blond se tourna alors vers lui pour comprendre. Le garçon avait les mains plaquées sur sa bouche, les yeux écarquillés par la terreur.
« Tout vas bien Shun ?
-Je n'ai pas le droit de chanter... Chuchota-t-il.
-Ah ? Pourquoi tu as une voix magnifique. Le complimenta Hyoga. Tu devrais pas gâcher ça ! Un de mes papas a une voix magnifique lui aussi, et il chante toujours pour nous. J'adore l'écouter chanter. »
Hyoga aimait parler de Camus et de sa voix. Il ne chantait jamais en dehors du cercle familiale et un jour il avait demandé à Milo pourquoi. Son père lui avait rétorqué que son compagnon était timide et que malgré tout il avait ainsi l'impression d'être privilégié de pouvoir garder la voix de Camus rien que pour lui. Le blond n'était pas sûr de comprendre mais il avait souri à l'air complice de son père et avait accepté le câlin de ce dernier. L'adulte avait aussi rajouté, sous le ton de la confidence, que lui et Isaak partageaient le même talent que Camus pour le chant.
« Et puis chanter ne m'apporte que des ennuis... Souffla Shun.
-À bon ? Si tu veux ça peut rester un secret entre nous ! »
Si Hyoga semblait excité ce ne fut pas le cas de son ami qui se tassa sur lui-même. Il commença même à sangloter. Le blond se tut il ne savait pas vraiment quoi faire. Il se rappela ce que faisait ses parents quand lui ou Isaak pleuraient. Il se rapprocha de Shun et posa une main sur sa tête et commença à la passer gentiment dans les cheveux du garçon. Il ne comprenait pas vraiment la réaction du garçon, on aurait dit que toute la misère du monde s'était déposée sur ses épaules.
« Shun. Tenta Hyoga.
-Hyoga ! »
Les deux enfants sursautèrent. Ils se tournèrent vers l'entrée de la grotte pour voir Isaak l'air furibond. Il avait l'air essoufflé et pour cause : quand il s'était retourné pour chercher son petit frère et rentrer, ce dernier avait disparu. Il avait paniqué. Il avait pensé au pire. Il avait recherché une tête blonde dans l'eau mais rien. Il n'y avait pas grand monde sur la plage mais aucune trace de Hyoga. Il avait eu les larmes eux yeux, son petit frère avait disparu. Il avait alors couru dans tous les sens puis avait atterrit dans la grotte.
Son angoisse se transforma en colère. Il attrapa la main du blond et le tira vers la sortie, tout en séchant ses larmes. De plus sa douleur aux jambes se réveillait d'avoir couru partout et Hyoga qui tirait sur son bras, ne l'aidant pas à se clamer.
« Attend Isaak ! Protesta-t-il.
-Non on rentre à la maison, papa a dit que tu devais m'obéir !
-Mais Isaak, Shun est...
-Je veux pas savoir, tu as disparu sans me le dire ! Tu n'as pas le droit de faire ça Hyoga ! »
Son frère s'était stoppé et tourné vers lui avec colère. Le blond se ratatina sur lui-même comprenant qu'il avait fait une grosse bêtise. Il baissa la tête penaud et s'excusa. Isaak soupira, il savait que le plus jeune ne l'avait pas fait exprès, mais il était énervé, il avait eu tellement peur. Il remarqua enfin l'autre enfant qui semblait terrorisé. Il sécha ses dernières larmes et lança un nouveau regard vers son petit frère qui semblait sur le point de pleurer à son tour.
« Tu peux dire au revoir à ton ami, mais on rentre. Dit-il d'une voix ferme.
-D'accord. »
Hyoga retourna vers son ami et l'aida à se lever. Il lui frotta à nouveau la tête et lui sourit. Shun était un peu perdu mais était soulagé que le blond soit revenu seul vers lui. Il lançait tout de même des regards apeurés vers l'autre garçon. S'il avait pleinement confiance au blond ce n'était pas pareil pour l'autre. Il lui avait fait peur avec son visage renfrogné, alors que Hyoga lui avait un visage tout souriant qui l'apaisait.
« Ça va aller Shun pour rentrer chez toi ?
-Oui. Dit-il timidement.
-Tu seras là demain ? »
Le plus petit hocha la tête. Hyoga sourit encore plus largement et lui promit alors de venir le voir encore. Il le salua avec beaucoup d'enthousiasme avant de rejoindre son frère. Il ne vit pas Shun s'accroupir à nouveau les larmes pleins les yeux murmurant le prénom « Ikki ».
De retour à la maison Isaak semblait toujours fâché et Hyoga se faisait très discret à ses côtés. Camus fronça les sourcils à leurs comportements. Il les arrêta alors avant qu'ils ne retournent chacun dans leurs chambres. Il avait pleinement confiance en eux mais il aimait savoir ce qu'il se passait entre quand il y avait une tension. Il n'aimait pas voir ses fils ainsi.
Isaak regarda son petit frère, il avait peur qu'il se fasse punir mais il ne pouvait rien cacher à leurs parents. Finalement Hyoga ne se fit pas sanctionner mais Camus lui demanda de répéter pourquoi il avait mal agi. Milo qui était dans la cuisine n'intervint pas, il était d'accord avec son homme, punir le blond n'aurait pas été productif.
Il sourit en voyant la tête un peu penaud du plus jeune et celle légèrement coupable d'Isaak. Ses enfants étaient très complices malgré quelques disputes. Les deux garçons partirent se changer et revinrent rapidement pour le dîner. Tous assis les discutions commencèrent dans la joie.
« Au fait Hyoga tu t'es fait un nouvel ami c'est ça ? Demanda Milo.
-Oui ! C'est Shun. Il a une très jolie voix quand il chante !
-Oh vraiment ? Sourit son père. Une plus belle voix que papa ?
-Je... je ne sais pas. »
Hyoga pris une petite pause et fronça les sourcils, il semblait prendre la question très au sérieux. Milo pouffa en voyant la réflexion intense de son fils. Il regarda son homme lui disant de faire attention car il avait apparemment de la concurrence. Camus leva les yeux au ciel mais ne put s'empêcher de regarder son fils avec amusement. Il tourna alors le regarda vers son aîné pour voir une grimace sur le visage de celui-ci.
« Tous va bien Isaak ?
-Juste mal aux jambes. »
Son père se leva pour prendre des anti-douleurs et lui tendit. L'enfant les prit avec empressement et le repas finit sur une touche un peu plus légère d'un petit Hyoga qui ventait la voix de son ami et des jolis coquillages qu'il avait trouvé avec lui. Comme à leurs habitudes les enfants s'installèrent entre leurs parents sur le canapé. Isaak était collé à Camus alors que le plus jeune était à moitié sur les genoux de Milo. C'était un petit rituel qu'ils avaient avant d'être border et mit au lit.
« Papa, fit Isaak, tu nous chantes une chanson s'il te plaît ?
-Est-ce que nos petits monstres ont été assez sages pour qu'il vous chante quelque chose ?
-Bien sûr ! Firent les deux garçons en cœur. »
Leurs réactions firent rire les deux adultes. Milo lança un regard en coin à son homme et lui fit un clin d'œil. Camus se cala un peu mieux dans le canapé et ferma les yeux. Il chercha dans sa mémoire une des chansons qu'il connaissait par cœur. Il commença alors à fredonner sous le regard amoureux de son amant et ceux admiratifs de ses enfants. Isaak se colla encore plus à lui se laissant bercer par la mélodie. Sa voix était d'une grande douceur.Elle dansait en rythme avec le bruits des vagues au loin.
Hyoga était droit comme un piquet sur les genoux de son père. Ses yeux s'étaient d'un coup remplis d'étoile. Il se tourna alors vers Milo en pointant son autre parent du doigt avec excitation. L'adulte sur qui il était assis haussa les sourcils sans comprendre ce que son fils voulait lui dire, mais il avait tout de même un grand sourire.
« C'est la chanson que chantait Shun cette après-midi ! Dit-il.
-Ah oui et qui des deux la chante mieux ? »
Une nouvelle fois il vit les petits sourcils blonds se froncer sous l'intense réflexion. Il allait en rire quand il remarqua que Camus avait cessé de chanter. Il se tourna vers lui et remarqua le regard confus qu'il jetait à Hyoga.
« Hyoga, fit Camus, es-tu sûr et certain que c'était la même chanson qu'il chantait ?
-Oui, je savais bien que j'avais déjà entendu sa chanson quelque part. Dit-il fier de lui. »
Milo remarqua tout de suite que les yeux de son compagnon semblaient alors être perdu dans le vide. Il était préoccupé. Les enfants ne semblèrent pas comprendre mais Milo fit vite le lien. Il envoya rapidement ses enfants au lit avec toute la bonne humeur dont il était possible. Si le petit blond sembla ne pas se rendre compte du problème, ce ne fut pas le cas d'Isaak. Avant de partir dans le couloir il jeta un dernier coup d'œil à Camus. Il se laissa border et aurait bien tenté de ses relevés mais la fatigue fut plus forte.
Milo rejoignit alors son compagnon sur le balcon. Les yeux cyan de Camus, étaient plongé dans la nuit profonde. Il se maintenait à la rambarde, respirant lentement. Il était perdu dans ses pensées. Le regard qu'il avait et son attitude inquiétèrent Milo. Il posa une main sur celle de son amant qui sursauta presque imperceptiblement.
« Camus, tout va bien ?
-Cette chanson... Milo cet enfant n'est pas censé la connaître.
-C'est peut-être un simple hasard. Tenta Milo.
-Ne raconte pas n'importe quoi. S'emporta légèrement Camus. Cette chanson est particulière.
-Camus tout ira bien, je suis sûr que ce n'est rien du tout.
-Tu n'en sais rien Milo...
-Ça fait douze, voir treize ans maintenant, ils ont dû passer à autre chose.
-Et pour les enfants ? Tu y as pensé ?
-Ils ne sont pas au courant et ils n'ont encore jamais manifesté leurs différences. Camus s'il te plaît, relaxe.
-C'était ton idée de venir vivre ici, quand ils nous auront pris nos enfants, voir pire, ne vient pas t'excuser. Dit-il de manière sèche. »
Milo comprenait que son compagnon soit stressé mais il n'avait pas besoin d'être aussi négatif. Camus le laissa seul sur le balcon. Il inspira profondément cherchant à détendre ses muscles le plus possibles. Il devait avoir la tête sur les épaules, il devait être celui sur qui sa famille pourrait se reposer. En douze ans, leur vie avait été tranquille et remplie de bonheur, il n'allait pas lâcher maintenant.
Il n'y avait aucune preuve d'une des origines de leurs enfants, à part les paroles du médecin qui était venue à leur naissance... Peut-être que Mû s'était trompé, tout simplement. Certes Isaak pouvait rester plus longtemps sous l'eau sans gêne comparé à un enfant de son âge, mais rien de dramatique.
Il retourna à l'intérieure et partit se mettre au lit. Camus tournait le dos à la porte, il ne dormait pas, Milo en était certain mais il ne lui adressait pas un mot. Il connaissait son compagnon par cœur, quand ce dernier était contrarié il ne ferait pas le premier pas, persuadé d'avoir raison.
Milo se glissa à son tour sous les draps et n'hésita pas à passer un bras autour des hanches de son aimé. Il le serra contre son torse et fut tout de même soulagé de n'avoir aucun rejet de sa part. Il lui glissa des mots d'amour à l'oreille avant de lui souhaiter une bonne nuit.
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