Chapitre 5

- Enfin Tiana, il n'y a pas de raison de paniquer comme ça.

La jeune femme avait la tête enfouie dans les bras de ma mère qui lui caressait doucement les cheveux. Ses yeux étaient humides.

- Mais enfin maman, j'ai eu tellement peur... ! J'ai vraiment cru que tu avais fait une bêtise ou qu'il t'était arrivé quelque chose !

- Les médecins ont simplement dit que j'avais des chutes de tension, tout va bien se passer, avait tenté de la rassurer sa mère. La secrétaire te l'aurait dit si tu ne lui avais pas raccroché au nez pour courir jusqu'ici comme une furie.

- Et j'aurais dû faire quoi exactement ? On sait très bien toutes les deux que tu es tombé à court de tes... De tes pilules ce matin. Je le savais, j'aurais dû aller t'en chercher à la pharmacie, je n'aurais pas dû te laisser partir comme ça...

- Tiana, avait repris plus fermement sa mère en la saisissant par les épaules. Ça suffit. Tu n'es pas responsable de moi, tu n'as pas besoin de t'accabler comme ça. Ils vont me garder en observation quelques jours le temps de comprendre ce que j'ai. Tout va bien se passer d'accord ?

Séchant ses larmes, Tiana avait acquiescé. Sa mère l'avait prise de nouveau contre elle. La vérité, c'était que Tiana était terrifiée à l'idée de la perdre. Elle ne connaissait ni ses grands-parents, ni son père, ni personne d'autre de sa famille. Il n'y avait toujours eu que sa mère.

- Tu as envie de quelque chose ? avait demandé doucement la jeune femme en plongeant son regard dans celui de sa mère.

Cette dernière l'avait regardée avec un sourire complice, ses yeux pétillants et pleins de vie la rassurèrent un peu. Quelques ridules vinrent se former aux coins de ses yeux rieurs – mais dont les cernes rappelaient à sa fille son état.

- Si tu veux tout savoir, j'ai une envie dévorante de fraise tagada. Et je crois que le distributeur au bout du couloir en vend.

Tiana lui avait souri en retour et déposé un baiser sur la joue. Puis après une dernière étreinte, elle était sortie de la chambre pour se mettre en quête des douceurs rouges enrobées de sucre. Colin s'était levé de sa chaise en la voyant sortir.

- Comment elle va ? avait-il demandé avec sollicitude.

- Ça va. Elle a fait un malaise au bureau, mais les médecins ne savent pas vraiment pourquoi. Ils pensent qu'elle a fait une chute soudaine de tension. Ils vont la garder quelques jours le temps de vérifier que tout va bien... Elle m'a demandé d'aller lui chercher des tagadas.

Son meilleur ami avait souri à ma dernière phrase. La mère de Tiana avait toujours eu des fringales de sucre. Et Colin ne ratait d'ailleurs jamais une occasion de se faire bien voir en lui achetant des confiseries lorsqu'il venait à la maison.

- Et toi comment tu vas ?

La jeune femme avait haussé les épaules.

- Comme à chaque fois qu'elle finit à l'hôpital, lui avait-elle souri. J'ai soudain l'impression d'être à la fois déjà adulte et encore une petite fille qui a besoin de sa mère.

Il l'avait prise près de lui et l'avait étreint à son tour.

- Tu veux sortir ce soir ? lui avait-il demandé. On n'est pas obligé de raconter ce qu'il s'est passé aux autres, si tu ne veux pas. Mais ça te fera du bien de penser à autre chose.

- Je ne sais pas Colin... Peut-être qu'il vaudrait mieux que je reste avec ma mère.

- C'est comme tu le sens, avait-il dit avec un clin d'œil. En tous cas si tu veux venir dormir à la maison en attendant que ta mère aille mieux, tu sais que tu es toujours la bienvenue.

- Merci mais il me semble qu'Octave est censé venir cette semaine chez toi aussi non ? Je n'ai pas très envie de tenir la chandelle entre toi et ton copain.

Colin avait éclaté de rire.

- Je pense que Octave comprendra si je lui dis que c'est pas la joie pour toi et que tu as besoin que je sois là. Alors ne te défile pas : demande-moi si tu as besoin d'aide. Moi ou n'importe qui, tu sais que tout le groupe sera là pour toi si tu le demandes.

- Merci, avait murmuré Tiana en souriant.

Ça doit être un peu vrai ce qu'on dit. Les amis, c'est vraiment la famille que l'on se choisit.

Tiana n'était pas sortie ce soir-là. Elle était restée avec sa mère dans sa chambre d'hôpital aussi longtemps qu'elle le pouvait. Puis, elle était rentrée avec le dernier bus. Elle avait soupiré pour la troisième fois en redécouvrant l'état de son jardin. Ça lui était déjà sorti de l'esprit. Elle se promit d'essayer de lui redonner un semblant de charme demain soir après les cours.

La jeune femme s'était trainée jusqu'à la douche. Il était déjà tard et elle n'aspirait qu'à aller se coucher – si c'était possible qu'elle ne ressemble à un zombie le lendemain en amphi, elle ne s'en plaindrait pas. En revenant dans sa chambre, elle se surprit à fixer son mur, se remémorant encore la manière dont cette étrange jeune femme en était sortie.

Elle avait passé doucement sa paume contre la surface bien solide du mur, continuant de se demander si elle n'avait pas été victime d'une hallucination. Amèrement, elle se fit la réflexion que si elle avait des pouvoirs surnaturels comme dans les romans, elle pourrait peut-être fixer tous ses problèmes d'un coup de baguette magique. Pouf, disparus les problèmes de sa mère. Pouf, disparues ses angoisses. Pouf, disparus les devoirs en retard et les contraintes de la vie de tous les jours.

Son portable avait vibré. C'était Colin qui lui envoyait une vidéo de tous leurs amis communs qui lui passaient le bonjour avec bonne humeur, espérant la voir bientôt. Elle avait souri. Tiana n'avait peut-être pas de pouvoir surnaturels, mais elle se disait à cet instant précis qu'elle avait vraiment des amis magiques.

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