Chapitre 13
NDA : l'auteur informe qu'il y a dans ce chapitre un personnage se genrant au neutre. Elle invite les personnes que cela dérangerait à quitter son histoire et de manière général, à se désabonner, à quitter tout réseau social, et à faire une retraite spirituelle dans un monastère pour réfléchir au concept de « tolérance » afin de revenir l'âme apaisée et en ayant compris que les choix personnels des autres n'ont foutrement aucun impact sur leur vie privée.
Si Tiana adorait trainer au lit, ce n'était pas le cas de Johanna. Aussi, la jeune femme ne fut pas étonnée le lendemain en se levant, les yeux encore embrumés par la fatigue, de la trouver déjà aux fourneaux à s'activer dans tous les sens. Tiana avait souri faiblement à ce spectacle. C'était pas mal, c'est vrai, de ne pas être seule quand tout allait de travers. C'était même plaisant d'avoir quelqu'un à la maison au levé, et de ne pas avoir à se préoccuper du petit déjeuner.
Une douce odeur de pain grillé et de café flottait dans l'air. Des assiettes finement ciselées trônaient déjà sur la table, encadré par des couverts polis qui luisaient dans les premiers rayons du jour. Dans un coin, l'ordinateur de Jo diffusait une musique qui fit froncer le nez de Tiana.
- Encore ton foutu jazz dès le matin ! avait-elle dit d'une voix enrouée, le sourire aux lèvres.
- Eh ! Ce n'est pas ma faute si ton oreille n'entend pas tout le potentiel de ce genre ! Comment tu veux avoir de l'énergie et être de bonne humeur si tu n'as pas ta dose de jazz quotidienne ? Ça, c'est meilleur qu'un matcha ou un café, ma chère ! C'est la quintessence de ce qu'à l'humanité à offrir.
Les dernières phrases avaient été dites sur un ton si exagérément enthousiaste qu'elles avaient fait pouffer Tiana sous le regard bienveillant de Johanna. Cette dernière s'était donnée pour mission de lui faire oublier les évènements de la veille, ne serait qu'un peu, et elle se donnait à fond dans cette tâche. Pour illustrer ses précédents propos, elle avait entamé un déhanché quelque peu ridicule, en rythme avec la musique. Tiana avait ri de nouveau, plus franchement cette fois, et c'était plaisant de voir son visage encore rougi par les larmes, s'illuminer encore un peu plus.
- Je vois que ma fille est déjà en plein show dès le matin.
C'était l'autre parent de Jo qui venait de prononcer ces mots. Iel se tenait nonchalamment dans l'encadrement de la porte, son journal du matin coincé sous son bras. Si Adrienne ressemblait à une danseuse échappée de Broadway avec ses tenues aux couleurs flashy, couvertes de plumes, de fausse fourrure et de motifs, Charlie, iel, semblait plutôt sortir d'un film noir des années 50. Quasiment toujours en chemise, toujours habillé « à la garçonne », iel arborait aujourd'hui en plus un pantalon à pince en flanelle grise et des bretelles noires parfaitement ajustée. A son oreille droite pendait une chaîne qui reliait le pavillon de son oreille à son lobe. C'était le seul enjolivement qui réhaussait cette tenue sobre : iel ne portait jamais ni maquillage, ni d'autres bijoux – à part son alliance, portée à la main droite.
- Salut mom's ! l'avait salué Jo. Ce matin, c'est pancakes et toast bacon œuf !
- Comme tous les matins ma chérie, avait répondu Charlie en s'avançant pour déposer un baiser sur son front.
Sans trop rien dire de plus, iel était parti s'installer à l'immense table en bois de la salle à manger familiale et avait déplié son immense journal. Tiana ne doutait pas qu'iel savait déjà ce qui était arrivé à sa mère, mais elle appréciait sa délicate intention de ne pas en faire mention.
- Mom's nous emmène ce matin au fait, donc pas besoin de te presser, avait repris Jo.
- Mais ton campus est à l'opposé complet du mien ! avait protesté Tiana. Je peux prendre le bus, vous n'habitez pas si loin...
- Pas la peine d'insister, c'est décidé, c'est pas grave si j'arrive un peu en retard, avait rétorqué Jo sur un ton qui n'appelait pas à réponse.
- Tu devrais savoir qu'elle a toujours raison, comme sa mère, avait dit Charlie sur un ton égal. Iel n'avait pas levé les yeux de son journal, mais Tiana lea devinait en train de sourire rien qu'au ton de sa voix.
- Bien sûr que j'ai toujours raison.
C'était autour d'Adrienne d'apparaître, emmitouflée dans un peignoir rose bonbon, ses cheveux blonds encore emmêlés dans des bigoudis qui lui permettaient d'avoir tous les jours de magnifiques boucles. Elle avait étouffé un bâillement.
- Bonjour ma chérie, tu es bien matinale, l'avait salué Charlie en se levant pour l'embrasser.
- Eh, même si je suis en télétravail, il faut bien que je me lève, lui avait souri Adrienne. Heureusement d'ailleurs que je n'ai pas à me déplacer. Hein Jo.
Tiana n'arrivait pas à décrypter son regard, mais il lui semblait qu'il lançait tout de même encore quelques éclairs. Adrienne devait attendre qu'elle soit partie pour passer de nouveau un savon à son amie à propos de l'accident d'hier.
- Mon amour, avait repris Charlie, je suis sûre que notre fille a fait de son mieux, pas la peine de l'agresser dès le matin. De toute façon, elle a déjà proposé de renoncer à son salaire des six prochains mois pour nous aider à te repayer une voiture rapidement. Pas vrai ?
Charlie avait lancé une œillade à Jo qui lui signifiait bien qu'iel ne lui laissait pas le choix. Jo avait soupiré en levant les bras au ciel. Elle s'était rapprochée de Tia.
- Eh dis, on devrait peut-être aller voir ta sorcière pour lui faire payer les réparations, avait-elle dit.
Tiana savait qu'elle plaisantait, mais penser à Amalia ne fit que rembrunir son visage.
- C'est pas drôle Jo.
- Oh allez quoi, elle nous a sauvée hier face à ce drôle de type.
Tiana n'avait pas répondu, souhaitant sincèrement que l'on changea de sujet. Jo avait esquissé un sourire gêné, et ne sachant pas trop quoi ajouter, elle était retournée en dansant vers sa poêle où cuisait les œufs. Tiana était troublée par son propre comportement. Pourquoi dès que l'on en venait à Amalia, elle ne pouvait s'empêcher d'être désagréable ? Elle chassât ces pensées de son esprit. Ce qui arrivait à sa mère devait altérer son humeur.
Pour se faire pardonner, elle s'approcha à son tour des fourneaux pour aider Johanna.
- Tu veux bien nous presser deux jus d'orange ? lui avait souri Johanna en devinant les intentions de son amie.
Bientôt, tout le monde était attablé, prêt à savourer ensemble ce premier moment de partage qu'était le petit déjeuner. Tiana y prenait part du mieux qu'elle pouvait, résistant faiblement aux assauts d'Adrienne qui insistait pour qu'elle reprenne de tout, dans des quantités astronomiques. Autour de la table de bois vernie, nulle mauvaise humeur n'était admise. Tiana avait pour la première fois depuis longtemps, l'impression de partager un vrai moment familial.
Qu'est ce qu'elle aurait aimé que sa mère soit là pour en profiter elle aussi. Dès qu'elle se réveillerait, dès qu'elle pourrait de nouveau se voir, Tiana le promettait, elle lui ferait revivre ce moment. Elle lui cuisinerait tout ce dont elle aurait envie, et même plus encore. Elle se lèverait un peu plus tôt pour que sa mère n'ait à se soucier de rien, et elles aussi bavarderaient joyeusement de tout et de rien.
Tout irait bien. Il fallait garder espoir.
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