XXXIV.
Toujours avec mon frère, je lui devais certaines explications. Pendant une longue période de sa vie, je n’avais pas été présent.
- Parle moi de père et de mère, Abell.
Je ne savais par où commencer. Je n’avais pas été proche de mes parents, enfin de mon père qui n'avait pas su accepter ma nature de Bêta.
- Tu ressembles à mère. Elle avait de magnifiques et longs cheveux roses. Même si tu as hérité de ses traits fins, je peux t'assurer que tu as le caractère d'Arsan.
Ritsuki remarqua tout de suite l’appellation que je venais d’employer pour notre père. Malheureusement, je ne l'avais pas vraiment porté dans mon cœur à cause de rien. En y repensant, c’était ridicule de se déchirer pour si peu. Mais les choses étaient ainsi et rien ne pouvaient effacer nos erreurs. Mais aujourd’hui, j’en étais pleinement conscient et je pouvais faire en sorte de ne pas reproduire ce même schéma. Et cela commença par tout dire à mon jeune frère.
- Mère avait une personne joyeuse, mais terriblement faible physiquement. Te mettre au monde lui a pris la vie, mais c’était son souhait, sa dernière volonté. Malheureusement, je n'ai pas su immédiatement ta venue. Pendant longtemps, je croyais ne plus avoir de famille, mais un jour…
Je me souvins du jour où j'ai vu Ritsuki pour la première fois.
- On s'est croisé à cette fête et j’ai tout de suite compris que tu étais mon frère.
- Pourtant, ce jour-là tu paraissais déjà me connaître.
- Eh bien, plus ou moins. Malheureusement, tu as une réputation dans les quartiers chauds de la ville, et comme je travaille pour Mins, j’ai appris ton existence là-bas.
Malheureusement, trop tard. Ritsuki avait déjà vécu l’enfer d’Albert dans cette maison de prostitution. Si j’avais le pouvoir de changer certaines choses, alors j’aurais fait en sorte que Ritsuki ne connaisse pas toute cette souffrance. Mais d'un autre côté, il n’aurait probablement jamais rencontré Aerin, notre cousin. Aussi surprenant que soient les choses, Arsan et Arthur étaient frère. Notre père était mort en rejoignant sa compagne au paradis, après l’accouchement. Tout ce que je savais, c’était qu’il avait confié mon frère à une famille d'accueil. Mais en réalisant à quel point il était beau, ses parents adoptifs avaient fait le choix de l’exploiter en le présentant à Albert. Le Duc n’avait pas su résister aux charmes de Ritsuki et l’avait violé pour lui prendre sa première fois.
À côté, je m’en sortais mieux. Même si mon père ne m’avait pas reconnu comme son fils, je n’avais pas autant subi.
- Merci de m’avoir expliqué, Abell. Je sais que tu n’as jamais souhaité que les choses soient ainsi, dit-il en me prenant par la main. Mais je n’ai aucun regret. Enfin si. Un seul.
Puis il se leva du lit pour tourner sur lui-même, avant de me tourner le dos pour cacher ses premières larmes.
- J’aurais aimé rencontrer père et mère au moins une fois.
Toute sa vie, Ritsuki avait vécu sans jamais avoir de personnes vers qui se tourner. Je savais bien qu'il avait préservé Mins et Lily-Lise de certaines choses en ne leur révélant rien. Mais aujourd’hui, j’étais là. Et je comptais bien prendre mon rôle d’aîné à cœur.
En réalité, il était un enfant comme un autre, seulement en manque d'une affection familiale. Mais je ne pouvais l'aimer qu'en tant que frère, pas en tant que parent. Et même pour nous, tout restait à faire. Nous devions apprendre à nous connaître tous les deux car j'ignorais tant de choses à propos de lui.
- Je serais toujours de ton côté, petit frère.
Je le laissais pleurer en restant silencieux. Derrière lui, je vins seulement poser une main sur le haut de sa tête pour lui témoigner ma présence.
***
Bel était toujours enfermé dans la salle du trône avec le roi. Ritsuki avait rejoint Aerin après avoir longuement pleuré. Me retrouvant seul, je décidai de me promener dans le jardin, en plein cœur de la nuit. Le soir, des petites lumières naturelles sortaient du sol pour illuminer cet espace extérieur. Elles étaient de la même couleur que Bel, et je finis par m’allonger en plein milieu de l’herbe, où fleurissaient de magnifiques fleurs blanches. Le roi les avaient planté exprès pour son compagnon. Muglerina avait de magnifiques cheveux argentés et yeux clairs. À sa manière, il lui exprimait son amour.
Seul, je regardais le ciel avant d'assister à une merveilleuse pluie d’étoiles. Elles défilaient à une vitesse impressionnante. Si je n’avais jamais fait de vœux au cour de mon existence, c’était le moment de le faire. Je joignis mes deux mains pour me mettre à penser fort. Mais je ne savais quoi souhaiter pour moi en cet instant. Mais je devais prendre une décision avant que la pluie ne s’arrête Alors ma prière allait être pour Bel. Entouré de milliers de lumières, je me mis à faire mon vœu. Je souhaitais que Bel trouve enfin le chemin du bonheur. Qu'il n’ait plus à sortir les armes pour défendre une cause.
Et je serai là pour l’aider.
- Te voilà, Abell.
La voix de Bel m'extirpa de mes pensées et me redresser sans me lever pour le regarder. Je tournai la tête pour le voir arriver dans mon dos et il ressemblait à un véritable ange de lumière. Les couleurs de Bel se mélangeaient parfaitement avec ces éclats lumineux, mais il était encore plus beau que ce magnifique spectacle.
Bel se joignit à moi et vint s’asseoir sur le sol pour regarder à son tour la traversée de ces milliers d’étoiles dans le ciel.
- Tu as fait un vœu ? Me demanda-t-il.
Je me mis à rougir inconsciemment. Ma nature d’Omega me poussait à faire des choses vraiment embarrassantes. Si j’étais un Bêta, je ne crois pas que je me serais arrêté pour faire un vœu. Cette prise de conscience me fit comprendre à quel je l’aimais encore plus qu’avant.
- Ça ne te regarde pas… la magie n’opère que si je garde le silence.
- Ah, je vois. Dans ce cas, moi aussi je vais faire un vœu.
À l'inverse de moi, Bel ne joignit pas ses mains. Il ferma seulement ses yeux en levant la tête en direction du ciel pour penser très fort. Subjugué, je le regardais, incapable de détourner mon regard de l'image qu'il renvoyait.
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