Riki et Aerin 2/2
Aerin m’avait escorté très loin du royaume pour me présenter à des personnes. Le voyage fut long. À plusieurs reprises, je m’étais endormi sur le cheval, tout contre mon compagnon qui contrôlait la bête.
Dans mes bras, je tenais notre fille. Ririna était très sage. Pour qu'elle ne m’échappe pas, nous avions lié mes vêtements à un tissu qui me servait à la garder contre moi. Et si pendant le trajet, je veillait sur elle, Aerin ne dit aucun moment. Il semblait concentré, plongé dans ses pensées les plus profondes. Même si cela faisait maintenant un certain temps que nous nous fréquentions tous les deux, il y avait tant de choses que j’ignorais à son sujet. Aerin restait un prince mystérieux, un prince venu des ténèbres.
Mais au bout d'un certain moment, nous arrivâmes. Aerin m'aida à descendre avec Ririna et s'assura que je prenne bien mes appuis avant de me lâcher. Une fois le sol gagnait, je regardais mon compagnon sans parvenir à capter son attention. L'espace d'une minute, il avait fui mon regard sans décrocher un mot. Alors silencieusement, je le suivais.
Nous marchions dans un vallon. Un impressionnant cours d'eau coulait entre les montagnes, se frayant un chemin dans cet espace naturel. Le vent frais se leva mais Ririna ne risquait rien tant que je la surveillais, et la tenais. Aerin se contenta de nous guider. Par moment, il m’aida à passer certain passage rocheux pour que je ne chute pas avec notre fille. Je ne connaissais pas cet endroit perdu du royaume. Et en regardant le paysage se perdre à perte de vue, je crus être dans un ailleurs paradisiaque. Je n’avais pas l’impression d’être à Fëanor’d, mais quelque part où les ténèbres n’existaient pas. Même s'il n'y avait pas âme qui vive, je sentais une aura protectrice veillait sur cet endroit.
Et si Aerin m’emmenait seulement maintenant ici, cela devait donc être un lieu important pour lui. Je respectais donc son silence et le suivis en faisant attention au chemin escarpé, aux sol incertain et au pierre du sol. Même si je savais qu’Aerin veillait sur moi. Il avait beau être devant moi, il m'attendait toujours, faisant en sorte de ne pas mettre de distance entre nous. Quand il se murait dans un calme aussi profond, c’était qu’il avait des choses importantes à me dire.
Et au fond de moi, je savais que rencontrer ces personnes bouleversait mon existence à tout jamais.
-Nous sommes arrivés.
-Euh ?
Aerin m'avait emmené face à deux pierres tombales. Mais le temps avait passé, et l’écriture sur les stèles s’était effacée. Pas complètement, mais suffisamment pour que personne ne puisse la lire. De toute évidence, je ne savais ni lire et écrire, alors cela n’avait pas d'impact sur moi. Je regardais simplement Aerin s’approcher des stèles et se mettre sur ses genoux face à elles. Je n’avais pas besoin qu'il me le dise pour en faire de même. Naturellement, je vins adopter la même position, mais tenais ma fille dans mes bras.
Elle pesait son poids et par moment, me faisait mal au dos. Et si cette petite faisait la fierté de son père, il n'avait encore pas serré contre lui. Depuis que nous avions décidé de son prénom, Aerin s’était montré distant avec elle. Mais ce n’était pas contre la petite. Aerin semblait encore avoir des choses à me dire et à se reprocher. Je le connaissais suffisamment bien pour savoir qu’il en avait sur la conscience. Alors pour le sortir de son silence, je glissais ma main la plus proche dans la sienne, posée sur son genou.
-Je vous écoute, Aerin. Lui dis-je en fermant les yeux.
Je ne le voyais mais je savais qu’il me regardait en cet instant.
-Riki, tu…
-Je sais parfaitement que vous ne m’avez pas emmené ici seulement pour me montrer ce paysage. Ces personnes sont importantes pour vous, n’est-ce pas ?
Il prit un instant pour réfléchir à ce qu’il allait le répondre. Puis il serra ses doigts autour des miens.
-En réalité, ces personnes sont chers à ton cœur, Riki.
Aerin réussit à me faire ouvrir les yeux et à attiser la curiosité. Je ne dis rien, lui laissant la parole. C’était à lui de parler et à moi d’écouter ce qu'il avait à me dire. Aerin jeta son regard sur les deux stèles, les cheveux dans le vent.
-Je te présente tes véritables parents : Arsan Fëanor’d et Ririna Elhía.
Je ne trouvais pas les mots pour répondre à Aerin. Je me souvins vaguement de mon enfance. D'Abell et de mes parents. Avant d’être lié à Albert et Lily, je vivais dans une famille que je croyais être mon véritable foyer. Un père violent qui abusait déjà de moi enfant, une mère jamais présente, acceptant le comportement de son mari, j'en avais voulu au destin pour m'avoir offert une telle famille. Mais maintenant, je savais qu'elle n’était que mensonge et que mes véritables parents reposaient ici.
Cette aura venait d'eux. C’était pourtant si évident. Abell avait la même bienveillance.
-Arsan était le frère de mon père, mais également ton père. Il avait un grand cœur et avait toujours eu de la pitié pour les Omégas comme Muglerina.
J’imaginais parfaitement mon père. Le même physique que le roi, mais des traits plus doux. Arthur n’était pas un sale type, il manquait seulement de finesse, voilà tout.
-Quant à ta mère, elle était la lumière de Fëanor’d. Une femme Oméga pleine de joie, mais à la santé fragile. Elle s’est sacrifiée pour te mettre au monde. Arsan était son âme-sœur et est mort juste après elle pour l’accompagner dans cet endroit que tu appelles le paradis.
Aerin me dit par la suite que je ressemblais à ma mère. Des traits fins, des cheveux et yeux roses, j'avais le caractère fort de mon père et le physique de ma défunte mère. Aujourd’hui, j’étais heureux d’être face à mes parents et espérais qu’ils soient fiers de moi. Mais j’avais un doute. Je n’avais pas été digne d’eux. Longtemps, je m’étais prostitué pour avoir une famille auprès de Lily et Mins. Mais j’avais eu tort. Et cela avait coûté la vie mon amie. Mais quelque part, sans leur sacrifice, je ne serais pas celui que j’étais aujourd’hui. Et peut-être même que je n'aurais jamais rencontré Aerin. Alors merci à eux de m’avoir offert cette chance de vivre.
Je m'inclinais en avant en joignant mes mains devant moi. Aerin me regarda faire. Je n'avais que ça pour remercier mes parents. Et tout ce temps, mon prince avait gardé cette histoire sur le cœur. Jamais je n’aurais pu le détester ou lui en vouloir pour me l’avoir caché aussi longtemps. Le connaissant, c’était pour me protéger, et il avait bien fait. Maintenant, j’étais différent mon passé avec Albert était derrière moi, et aujourd’hui, j’étais capable d’entendre la vérité sur mes origines.
-Pourquoi vous me dites tout ça, Aerin ?
-Parce que notre fille porte le même nom que ta mère. Je voulais que tu saches la vérité de ton vivant car ta vie est courte, mon Oméga. Et je t'ai promis de ne jamais te mentir. J'avais besoin que tu saches cette vérité.
-Merci de m'avoir raconté mon histoire, Aerin.
Aerin semblait bouleversé par cela. Décidément, il prenait les choses vraiment à cœur. Je n’étais pas triste au point d'en pleurer. J’étais même heureux de rencontrer mes vrais parents maintenant. Enfin, je comprenais le sens que j’avais donné à la vie. Je pouvais définitivement oublier mon enfance chaotique et cette histoire. Lily pouvait reposer en paix, jamais elle ne quitterait mon cœur. Sa place était tout aussi importante que celle d’Aerin. J’étais fier d’être l’âme-sœur destinée de mon amie. Mais encore plus fier d'aimer Aerin sans avoir besoin du destin.
-Ça fait de moi un prince alors ?
-N'abuse pas non plus, veux-tu ?
-Je plaisantais, Aerin.
Il se mit à sourire et je pus enfin relâcher la pression.
-Mais ça fait de moi votre cousin alors ?
-Vois les choses comme bon te semble, cela n'entrave pas l’amour que je te porte, petite rose. Je te regarderai toujours comme mon compagnon. Peu importe le sang qui coule dans nos veines.
Ses mots firent battre mon cœur.
Aerin glissa sa main sur mon visage et je pus enfin ressentir sa chaleur traverser mon être. Je compris maintenant pourquoi il avait été distant avec sa propre fille. Alors je décidai de la lui confier en la lui mettant dans les bras. Aerin se laissa faire et pour la première fois, il tint sa fille.
L’image de père lui allait à merveille. Et devant moi, j'avais enfin l’image de famille dont j’avais toujours rêvé.
Des parents qui s'aiment, et au milieu, leur enfant.
Il n'y avait pas plus grande fierté dans ce vaste monde que ce sentiment de bonheur en cet instant. Mon existence d’Oméga était courte certes.
Mais pleine de joie.
Je préférais vivre peu, mais heureux.
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