Je travaillais à la Taverne de Mins pour l’aider. J’avais entendu parlé de ce refuge qui avait brûlé et de la mort de Lily-Lise. Le roi avait finalement fait reconstruire un autre refuge dont il s’occupait personnellement avec Muglerina afin d’éviter une nouvelle tragédie.

- Bonjour.

La sonnette de la taverne retentit, signifiant qu’un client venait d'arriver. Je terminais de nettoyer un verre avant de poser mon chiffon et de lever le regard vers mon invité.

- Qu’est-ce que tu viens faire ici ?

Je tombais nez à nez avec Bel, qui semblait visiblement bien accompagné avec toutes ces femmes Alphas à son bras. Ce qui m'irrita quand je le savais intéressé par moi. Néanmoins, je ne montrais rien, je n’avais pas besoin qu'il lise mes sentiments.

Je ne voulais pas me faire de faux espoirs, Bel restait un Alpha. Un prédateur, un pervers qui vivait de sexe.

- Je suis venu voir mon Bêta préféré.

Quel hypocrite faisait-il. Il n’allait pas me faire croire d'aussi belles paroles. Je n’étais pas un Oméga, cette tactique de séduction ne me faisait aucun, enfin… en apparence.

- Vraiment ? Pourtant, tu sembles bien accompagné.
- Une pointe de jalousie ? Remarqua-t-il.

Quand il parlait ainsi, il était si sérieux. Il se donnait un air drôle derrière cette apparence pour masquer ses sentiments et ne rien laisser paraître aux yeux des autres. Il était mystérieux, il cachait une partie de lui secrète et j’étais curieux de la découvrir. Je voulais être le seul avec qui, il se dévoilerait.

Bordel, à quoi pensais-je ? Ce n’était clairement pas le moment d’avoir ça en tête…

- Les filles, pourriez vous nous laisser seuls un instant ?

Les deux Alphas au féminin n’opposèrent aucune résistance face à la voix si grave de Bel. Nous nous retrouvions l'un en face de l’autre, séparés par un simple comptoir en bois.

- Comment sais-tu que je travaille ici ?
- C'est simple. Je sais tout de toi.

Je levais les yeux vers lui en reprenant mon verre en main pour le nettoyer.

- Je n'en serais pas aussi certain, à ta place.

Pour réponse, il me lâcha un regard noir. Bel était sombre, très sombre. Un peu le genre d'Alpha narcissique qui faisait tomber les femmes une par une. La vie semblait sourire à cet homme qui pourtant, avait une carapace.

- Dans ce cas, je la briserai.
- Hm ? Soupira-t-il sans me comprendre.
- Ta carapace.

Cela le fit tiquer sur ma phrase, ce qui m’amusa.

- Tu joues à un jeu dangereux, Abell.

Je ris délicatement en guise de réponse également, me jouant à mon tour de ses réactions.

- Peut être qu’ainsi, tu feras plus attention à moi.

Surpris par ma réplique que je venais de lui lancer, il saisit l'occasion pour me prendre une main, pour la mettre dans la sienne.

- Tu me plais vraiment, Abell.

Je pouffais de rire en maintenant ce contact entre nous.

- Tu sais très bien que les Bêtas ne vous sont pas destinés, vous les Alphas.

À son tour, il éclata de rire en me dévorant des yeux.

- Si tu veux mon avis, c'est ta virginité qui te fait dire ça. Tu es beaucoup trop coincé.

Vexé par sa remarque, je tentai de dégager ma main. Au lieu de cela, il tira dessus pour me rapprocher de lui le plus près possible, nos corps séparés par le comptoir.

- Je vois que le sexe te fait déjà rougir alors que je ne t’ai encore rien fait, mon Bêta.

Le « encore » ne semblait pas avoir sa place dans sa phrase. Pourtant, je ne dis rien à ce sujet.

- Je te ferai craquer en même temps que tu brise ma barrière. Ainsi, nous serons quittes.

Ça ressemblait à l'un de ces jeux dangereux.

- L’amour est beau quand il est sincère.

Un Alpha qui séduisait un Bêta comme un Oméga, comme c’était naïf de sa part mais attentionné également. J’appréciais les deux.

- Tu es déjà tombé amoureux, n’est-ce pas ? Lui demandai-je.
- Non, au contraire. C’est un sentiment que je veux découvrir avec toi.

Il était si sérieux dans sa manière de le dire. Pas de trace de moquerie dans son regard, juste des paroles sincères. Si sincères qu'elles m'effrayent.

Pourtant, il éveilla un sentiment en moi, une sensation qui fit palpiter mon cœur contre ma poitrine.