Chapitre 8 - Dans les rangs

Le rivage est plus sûr, mais j'aime me battre avec les flots.
Emily Dickinson

Nous sommes lundi, c'est le jour de la rentrée de la Toussaint.

Je suis devant les grilles de Saint-Charles de Quintrec, CDQ pour les intimes ou encore St-Charles mais on préfère CDQ, pour le jeu de mot facile.

Chaque élève est vêtu de l'uniforme présentant les emblèmes du lycée. Deux épées croisées vers le bas, sur fond bleu et or.

L'uniforme est bleu roi, couleur plutôt jolie d'ailleurs. Une jupe et un foulard sont exigés pour les filles et un pantalon de costume et une cravate pour les garçons. L'uniforme est censé montrer qu'il n'y a aucune distinction sociale, économique et tout le tralala entre chaque élève.

Assez tardé, je vais rejoindre ma classe, 1ère ES-1 qui se trouve au deuxième étage, à droite du premier couloir. C'est assez cool cette année. Je suis en classe avec Colombe, Victoire et d'autres filles très sympas comme Fleur et Marie. Mais Victoire va changer de classe il me semble, elle souhaite change de filière après réflexion et aller en L.

Compréhensible, il faut dire, elle est très douée en langues et en lettres, sa mère est philosophe et son père est metteur en scène.

Arrivée au bout du couloir, Colombe se précipite jusqu'a moi et me saute dessus.

- Hey Margotte ! Tu faisais quoi, tu t'étais perdue en chemin ou quoi ? Ça sonne dans cinq minutes ! hurle t-elle dans mes oreilles.

Je vous jure, je vais faire une crise cardiaque, un jour et par sa faute.

Je vois arriver Victoire tout doucement, souriant de ses dents impeccablement blanches.

- Coucou Margot ! Prononce t-elle d'une voix calme.

Ah, un peu de douceur pour mes oreilles.

Je rejoins les autres. On parle de nos vacances, de nos soirées et de nos amours de vacances bien évidemment.

Marie a passé ses vacances à la campagne, Garance est restée sur Paris et a revu son ex mais ce fut une grave erreur selon elle. Fleur est allée au Japon, elle y a rencontré un garçon qui est « l'homme de sa vie » même si elle n'a ni son numéro, ni ses réseaux sociaux, du coup nous la charions pendant deux minutes jusqu'à ce que la cloche sonne et indique le début des cours.

Économie et sciences ont rythmé nos deux premières heures de cours et place à la pause de quinze minutes chrono.

C'est à ce moment que Colombe me rappelle que nous devons faire visiter l'enceinte de l'établissement à Gauthier De Villiers, par demande de son oncle. Mais elle rajoute qu'on ne le fera pas, parce que, je cite « déjà c'est un terminale et puis, bon, ils va nous prendre pour des meufs fans de lui. »

Ainsi soit-il, ça m'arrange.

En parlant du loup, il se trouve au fond du couloir que nous traversons, à discuter avec d'autres terminales, très mignons d'ailleurs. Je pense qu'il n'aura aucun souci d'intégration.

L'avantage de ce lycée, c'est que nous croisons facilement les autres, le bâtiment est grand mais seule une partie est accessible aux lycéens. Étant donné qu'une partie est dédiée au collège et une autre aux classes préparatoires. Ce qui fait que nous voyons tous les jours au moins chaque personne de notre niveau dans les couloirs.

Nous passons devant lui, j'évite de le regarder car en plus la gêne doit se lire sur mon visage.

- Van Dermeulen, je rêve pas, il t'a matée de haut en bas quand on est passé ! M'indique ma meilleure amie.

Je ne sais pas si je dois la croire, Colombe en rajoute un peu trop parfois.

- Elle a raison Margot, et avec un petit sourire en coin en plus de ça. Rajoute Victoire.

Je me retourne pour pouvoir l'apercevoir dans le croisement des trois couloirs du premier étage. Il ne me regarde pas - ou plus du moins. - Et, oh bordel, la couleur de l'uniforme met incroyablement en valeur ses yeux, c'est juste...

- Alors comment ça va les gonzesses aujourd'hui ?

Sixtine me sort de mes pensées qui divaguantes.

Je retourne mon attention devant moi et la vois affublée d'une tonne de cahiers : mathématiques, sciences de la vie et de la terre, chimie, histoire et j'en passe.

- Comment ça va la scientifique ?demandais-je.

- Bien, très bien même ! Mais écoutez, j'ai une nouvelle à vous annoncer... dit elle en murmurant de plus en plus.

- Balance ! exige Coco.

- Bon alors, je ne suis plus avec Charles... On s'est séparé à ma fête, enfin je l'ai quitté. Et ça fait un bien fou ! dit-elle joyeusement.

- T'as quitté Charles ?! Mais pourquoi ? Vous vous entendiez super bien, et ça marchait non ? Déclare Vic, visiblement choquée.

- Ouais je sais, ça se passait bien... Mais ces derniers temps, il m'étouffait. Genre, j'avais le droit de rien faire. Et puis ça allait faire trois ans, il faut bien passer à autre chose à un moment donné ! J'ai envie de découvrir de nouvelles aventures ! S'exclame t-elle en souriant.

- Ouais mais là... Je suis choquée. Et dis plutôt de nouveaux garçons oui ! dit Vic, sidérée.

Moi aussi je suis surprise, mais d'un côté je m'y attendais. Il la couvait beaucoup trop et Sixtine est du genre à aimer l'indépendance, alors...

- Bon aller, à plus les filles ! On se reparle bientôt ! dit-elle en continuant son chemin et en rigolant.

- Je m'y attendais vraiment pas... Ils étaient mignons quand même, vous trouvez pas ? nous interroge Victoire.

- Si. Mais bon c'est le cours de la vie hein, on n'y peut rien et puis 3 ans en même temps ça fait long ! répond Colombe à sa question.

- Ouais... Bon venez on va prendre un chocolat chaud ! proposais-je.

- Yes ! Avec plaisir. Acquiesça ma meilleure amie. 

Ensuite, deux heures de sport.
Athlétisme, pour changer.

Toutes les filles de la classe sont plutôt fortes, en même temps après 5 ans d'athlé chaque année on s'habitue. Sauf quelques unes, mais c'est plutôt un manque de motivation dû à la rentrée ça.

Du coup, nos têtes au déjeuner ne sont pas les meilleures. Mais tant pis, pas le temps pour la mise en beauté, je meurs de faim.

Au réfectoire, nous passons chacun à la ligne, en prenant chacun notre mal en patience.

Je passe ma carte de self au distributeur quand soudain une voix m'appelant parviens jusqu'à mes oreilles.

- On a faim dis donc, mademoiselle.

Je connais cette voix.

De Villiers.

- Oui, on vient d'avoir sport. répondis-je d'un ton voulu le plus espiègle possible.

- Je sais, je t'ai vu courir. Tu pourrais aller largement plus vite d'ailleurs ! Tu te traines un peu.

Je me retourne et l'aperçois à la table juste à côté, entouré de ses amis terminales, qui eux aussi, rigolent.

Très malin dit donc.

- Je sais, bon excuse moi mais je vais manger. Alors salut. annonçais-je d'une traite avec Victoire qui tape légèrement sur mon coude pour m'indiquer qu'il me parlait encore ou alors pour que je me dépêche, je ne sais pas trop. 

- Passe une bonne journée Van Der-meu-len. prononce t-il en accentuant sur mon nom de famille. On se voit bientôt.

Ça lui fait vraiment un air niais, ce sourire. Et pourquoi il m'appelle par mon nom de famille lui ? Seulement mes amis m'appellent comme ça. Après, je préfère encore ça que « mademoiselle » que je lui ai demande d'éviter. Je ne réfléchis pas plus à la question et m'installe à une table au fond de la cantine.

Le repas et les cours de l'après-midi passèrent vite.

J'attends Arthur, mon chauffeur, avec quelques filles devant les grilles.

Chacune d'entre elles partent petit à petit, me laissant au final, seule.

Mais que fait dont Arthur ?

- Tu attends ton prince ? Demande une voix en rigolant.

- Très drôle, Nathanaël. Arthur est en retard.

- Tu veux que je te ramène ?

Je tourne ma tête à gauche pour pouvoir le regarder.

Sa chemise ressort de son pantalon bleu et sa cravate est très mal nouée, n'empêche qu'il n'en reste pas moins très beau.

- Non c'est bon t'inquiètes pas, ça ira. le rassurais-je en souriant.

- Hey Gauthier ! Ça va mec ? Dit-il joyeusement en faisait un tcheck à mon « superbe ami » qui vient d'arriver.

Et également à un autre garçon qui ne me dit rien mais je crois qu'il était sur la table de Gauthier ce midi.

- Yes et toi ? Tu t'en vas ?

- Ouais. Petite partie ce soir ?

- Bien sûr, à toute !

Conversation très instructive, à ce que je vois.

Nathanaël me dit au revoir de la main et se rapproche de son vespa.

- Allez, moi aussi je dois y aller poto, à d'main ! balance l'inconnu, qui part lui aussi finalement.

- Ouais pas de soucis, à demain ! réponds De Villiers.

Super, me voilà donc à côté de De Villiers. Tous les deux, tout seuls devant les anciennes portes du lycée.

On a pas l'air bête à ne pas se parler.

- Comment t'as connu Nathanaël ? demandais-je pour briser le silence que je ne supporte pas.

- C'est un des meilleurs amis de mon cousin de base puis depuis mon retour, on traine ensemble.

- Ah d'accord. Et c'était bien l'Angleterre ?

- Ouais ça va, c'était cool.

Ok merci pour cette réponse très développée, ça fait toujours plaisir.  

Arthur arrive, je salue à haute voix Gauthier qui me répond inaudiblement et puis je monte dans l'Audi.

En admirant les rues de Paris, je pense au fait que Gauthier n'a aucun mal à me parler en public et d'ailleurs à me rabaisser, mais que quand nous sommes que tous les deux, il m'ignore et ne m'adresse pas la parole.
Et surtout ne me descends pas.

Il est bizarre, enfin comme chacun de nous à vrai dire.

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