Chapitre 7 - Manteau à découvert et mal de tête
Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit. Mark Twain
J'ouvre les yeux.
Merde, où suis-je ?
Je me trouve dans un gigantesque lit, avec de beaux draps blancs.
La suite de l'hôtel Monceau.
Devant moi, se dresse une vue spectaculaire. Je me lève pour admirer le spectacle qui s'offre à moi. L'Arc de Triomphe qui se dresse à quelques pas de moi, sans circulation et sans klaxons. Il doit être tard... ou tôt.
Tout simplement magnifique.
C'est à ce moment même que je remarque que je suis simplement vêtue d'une chemise blanche et d'une culotte noire.
Je cherche mon téléphone : 5h37.
Re merde.
Premier réflexe, essayer de se souvenir des vestiges du début de la nuit.
Sans succès.
Deuxième réflexe, regardez l'étiquette du haut que je porte.
Elle indique Hugo Boss, hum Paul.
C'est assez simple en fait.
La marque préférée de Paul ? Hugo Boss.
Son parfum préféré ? Hugo Boss.
Et son auteur préféré ? Hugo Boss.
Quelqu'un toque à la porte. La porte s'ouvre, c'est le room-service. Un homme d'âge moyen, habillé d'un costume noir et d'un nœud papillon, dépose sur la table basse centrale un plateau de fruits, un thé, un café et une multitudes de viennoiseries. Il me fait signe de la tête, je le lui retourne. Comment il sait que je suis réveillée ?
Puis la porte de la salle de bains s'ouvre.
- Déjà réveillée Cendrillon ? Matinale dit donc. Je me suis permis de commander le petit déjeuner. Je dois partir bientôt. Tu as faim j'espère ? demanda t-il visiblement de bonne humeur.
- Hum ouais. Mais euh... dit moi Paul on a rien fait hier soir, pas vrai ? le questionnais-je inquiète.
- T'es folle, bien sur que non ! Depuis le temps qu'on se connait, ce serait bien plus que dégueulasse. Par contre, je t'ai vue en sous-vêtements pour pouvoir te changer étant donné que tu n'étais pas en état de le faire toi-même, et pas mal du tout j'avoue. Dit-il en rigolant et en me regardant de haut en bas.
Je rigole en lui jetant un coussin se trouvant à proximité de moi.
- T'es vraiment pas croyable ! Allez, petit déjeunons, j'ai une faim de loup ! Prononçais-je presque comme un ordre.
- À vos ordres, Van Dermeulen ! rigole t-il.
Pendant qu'il buvait son café face à l'énorme vitre et sa vue spectaculaire, je l'observe.
Paul est mignon, enfin si on aime le genre "homme de pub pour après-rasage". Mais ce que j'ai toujours aimé chez lui, c'est son éternel charisme et sa confiance en soi inébranlable. Il m'a toujours impressionnée. Que ce soit par son aisance en public ou par sa présence que l'on remarque dès qu'il rentre dans une pièce. Son visage est doux, enfin je trouve, malgré qu'en costume il fasse très strict. Du genre Jordan Belfort. Ses pommettes saillantes lui font et feront toujours une petite tête de bébé. Enfin, ce n'est pas vraiment objectif, surtout que les adjectifs "saillant" et "bébé" sont rarement associés dans la même phrase.
Mais Paul fait beaucoup plus que son âge, les gens de l'extérieur lui en donne facilement vingt-quatre, vingt-cinq ans, alors qu'en réalité il n'en a que dix-sept. Je sais qu'il ne retournera pas au lycée, il n'a jamais aimé ça.
Ce qu'il aime lui, c'est les affaires, le business et tout ce qui gravite autour.
Je suis heureuse pour lui qu'il réussisse. Cependant, j'éprouve aussi une petite mélancolie car je sais que je ne le reverrai plus beaucoup dans le futur. Sûrement toujours entre deux voyages d'affaires, quelques rendez-vous et un dîner mondain.
Je passe faire un tour dans la salle de bain, histoire de me rafraîchir.
- Paul, elle est où ma robe ? demandais-je.
Ma question rompit le silence paisible qui nous entourait encore quelques instants plus tôt.
- Je l'ai envoyée au pressing, elle était tachée de caviar et de chardonnays. Me répondit-il simplement.
- D'accord, je vais juste mettre mon manteau alors. Je vais y aller, bisous mon business man et prends soin de toi.
- Tu ne restes pas plus longtemps ? Le temps d'un café au moins ?
- Bon, d'accord. En plus, il est super tôt, je ne sais pas pourquoi je m'empresse.
- Pour faire croire à tes parents que tu as dormi chez toi peut-être ? Rigole Paul.
- Sûrement. Et donc du coup tu pars tôt ? Quelle est ta prochaine étape ?
- Pas trop loin, Berlin, pour deux semaines. Rejoins moi si tu veux, je te ferais tester les meilleures soirées électro à l'occasion.
- J'ai cours moi, monsieur. Je ne peux pas.
- Ah oui, c'est vrai... Les cours, quelle drôle d'idée.
On reste parler ensemble pendant encore une heure, jusqu'à ce qu'il soit temps pour lui de partir.
Alors, nous partons en même temps. Moi avec sa chemise sur le dos et mon manteau. Lui, en costume 3 pièces. On se sépare à la sortie de l'ascenseur. Je lui fais la bise.
- Oh, et pour ta chemise...
- Garde la Van Dermeulen, elle te fera un souvenir de moi si l'on ne se revoit pas de si tôt. Me rassura t-il en m'embrassant sur le front, tout en laissant échapper un doux rire.
- Ne m'oublie pas, quand tu iras au quatre coins du monde surtout ! Lui rappelais-je en ne riant qu'à moitié.
- T'oublier ma princesse ? Impossible ! ironisa t-il en s'éloignant, le claquement de ses pas résonne sur le marbre.
Je sais que je ne le reverrais pas avant longtemps.
Je m'approche de l'entrée, un tapis rouge accueille les séjournants et un garde du corps est prostré à l'entrée pour s'assurer du bon fonctionnement de l'hôtel.
Je marche un peu et m'allume une cigarette. Il est près de sept du matin maintenant, il me semble. Mes parents n'ont sans doute pas remarquer mon absence ou pense alors que j'ai passé la nuit chez Colombe. Il faut que je rentre chez moi mais avant je vais m'arrêter prendre un capuccino dans un café.
Je viens de penser que je suis pratiquement nue sous mon manteau, ça me fait rire. Cela me fait penser à tous ces films où la femme est nue sous son long manteau et qu'elle va voir son amant, qui est le plus souvent dans une chambre d'hôtel. Et où, également la plupart du temps, cela tourne au vinaigre.
Nous sommes dimanche, la rentrée d'automne est demain. Première économique et sociale, c'est beau, c'est bien mais je ne sais pas quoi faire après.
Je pense sérieusement à partir à l'étranger, j'aime assez l'idée de devenir trader.
Être à Wall Street, vendre des actions, gagner de l'argent et le renchérir. C'est un univers impitoyable, mais c'est ça le plus excitant n'est-ce-pas ?
Enfin c'est beau de rêver. Parce qu'en réalité, rien ne me passionne réellement.
Huit heures d'après l'ancienne horloge se trouvant en haut du mur qui est face de moi. Je vais rentrer.
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