Chapitre 3 - Tout droit sorti de l'ordinaire


J'aime les grandes fêtes. Elles sont si intimes. Dans les soirées où il y a peu de monde, on n'a aucune intimité. Francis Scott Fitzgerald - Gatsby Le Magnifique

Je suis actuellement assise sur un des somptueux canapés en cuir de chez Balenciaga.

Coco recherche un sac beige bien spécial pour l'anniversaire de Sixtine, qui est dans quelques heures. Et même si parfois je me moque d'elle - et voir même de nous-mêmes - je dois bien avouer que j'adore faire du shopping moi aussi.

J'ai d'ailleurs trouvé une somptueuse robe, couleur bleu roi, ornée de roses rouges et blanches griffée Kenzo que j'accompagnerai de sandales du même bleu de chez Dior. J'en suis amoureuse.

Colombe, elle, a opté pour un haut blanc court et un pantalon beige assortis, du créateur Giorgio Armani.

Nous ne connaissons pas le thème de l'anniversaire de notre amie mais ça reste assez passe-partout donc c'est « so perfect » comme dirait la grande blonde m'accompagnant, qui est en pleine quête de son futur sac beige.

Environ une heure plus tard, nous sommes fin prêtes. Nous sommes rentrées chez Colombe, qui habite près de la maison de Sixtine. Il n'est que dix-huit heures, alors nous en profitons pour que Colombe me raconte les derniers potins datant de mon absence et également pour nous faire un petit apéritif car, malgré notre jeune âge, nos parents nous laissent boire comme nous le souhaitons. Si nous nous apprêtons toujours bien en public et que nous ne faisons pas de frasques, nous ne courrons aucun risque de représailles de la part de nos géniteurs.

Ce qui se passe en privé est moins joli à voir que la couverture, il est vrai.

20h45. Nous arrivons chez Sixtine légèrement éméchées, juste ce qu'il faut. C'est l'hôte elle-même qui nous ouvre, pas plus fraîche que nous non plus d'ailleurs, elle nous accueille avec chaleurosité.

- Hello les filles ! Good eveniiiing, oh Margot tu es rentrée ? demande t-elle tant bien que mal.
J'étais pas tout à fait sûre de quand tu rentrais alors je t'ai pas tenu au courant, tu ne m'en tiens pas rigueur, dis ? Ça me fait tellement plaisir de vous voir ! Vous êtes géniales les copines...

Elle se fait couper par son petit copain, Charles - la gentillesse incarnée ce garçon -.

- Hum, Six, je crois que tu n'es pas très bien, laisse les filles rentrer et va, toi aussi, à l'intérieur.

Oui, parce qu'en fait, nous sommes encore sur le palier de la grande maison.

- Nous aussi on t'adore Six, à tout à l'heure ! répondit vivement mon accolyte.

Nous entrons dans son majestueux salon, qui a été redécoré spécialement pour son anniversaire, et Colombe me murmure assez fort pour que j'entende - Regarde ces bombes là-bas ! C'est qui ? On les connaît pas eux. Ils sont incroyablement sexys. Oh, il faut que j'aille les voir tout de suite ! Tu viens ? me questionne t-elle.

Hum, j'avoue qu'ils sont plutôt canons. D'ailleurs, un des jeunes hommes présents dans le groupe m'a directement tapé dans l'œil. Et je dois avouer que son regard bleu foncé me fait presque frissonner. Mais Colombe a beaucoup trop bu, nous ne pouvons pas aller les voir dans cet état. Et puis nous ne sommes pas en chasse, enfin.

Mais je n'ai pas eu le temps de formuler ma pensée à haute voix qu'elle m'entraîne déjà en direction du petit groupe.

- Bonsoir les garçons, nous cherchions un peu de compagnie pour danser car les personnes de sexe opposé se trouvant à l'autre bout de la pièce semblent légèrement coincées. Cela ne vous dérangerait pas de vous dévouer à leurs places ? déclara la grande blonde sans aucune gène apparente.

Elle est vraiment trop forte, directement un des beaux garçons l'entraîna sur la piste de danse. Je l'observe tout en regardant du coin de l'œil le jeune homme qui m'a directement plu. Mais il a l'air lui-même plus absorbé par une petit brune aguicheuse, juchée sur des talons de quinze centimètres qui se dandine.

J'accepte alors lorsque l'un de ses amis m'invite timidement à danser.

Cela faisais bientôt deux, voir trois heures, que je me déhanche sur le dance floor, tout en enchaînant les mojito fraise.
Par conséquent, après tant de temps à m'être dépensée, je commence à avoir mal aux pieds et à être fatiguée.

C'est donc comme cela que je me suis retrouvée sur la terrasse de la propriété des de Villeneuve, à admirer la beauté de leur jardin divulguée par la nuit claire.

Je suis subjuguée.

Le jour, Paris est déjà magnifique. Mais la nuit, il est éblouissant. Les centaines de lumières éclairant les immeubles Haussman, me laisse sans voix.

D'ailleurs, une, comme tapissée dans la nuit me fait sortir de ma rêverie.

- Ce n'est pas très prudent d'être seule durant la nuit, mademoiselle.

C'est une voix suave, toutefois, avec un ton faussement dur. Je me retourne vivement et aperçois - grâce à l'éclairage des lumières provenant de l'intérieur - le garçon pour qui j'ai eu un coup de cœur en début de soirée. Ses cheveux blonds cendrés sont ébouriffés et semblent davantage bruns. Je ne sais pas si c'est la fatigue ou la faible luminosité, mais je le trouve encore plus séduisant qu'il y a quelques heures.

- Ne vous inquiétez pas, je saurais me défendre en cas de problèmes, monsieur. Lui répondis-je avec conviction. Et ce n'est pas comme si on était juste sur une terrasse.

- Ah oui ? J'aimerais bien voir ça. Et le danger peut être partout, mademoiselle.

- Vous insinuez vouloir me voir en danger ? Et arrêtez de m'appeler mademoiselle.

- Bien évidemment que non, je ne suis pas un être horrible. Et d'accord, si tu le souhaites.

- Qu'est-ce qui me le prouve ? demandais-je voix basse.

Je frissonne, il est bientôt une heure du matin et malgré le temps agréable qu'il y a encore en automne, ma robe légère et mon petit gilet ne me protège pas vraiment de la fraîcheur de la nuit.

- Tiens ma veste, me dit l'inconnu sans prénom en me la tendant.

- Non merci. Et la technique de la veste, ce n'est pas du vu et du revu ? répliquais-je avec un ton plus espiègle que ce que celui que j'aurai voulu.

- D'accord, si tu veux la jouer ainsi. Et sache que ce n'est pas une technique de drague, mademoiselle. C'est tout simplement que tu frissonnes. La prochaine fois, habille toi, ça m'évitera de me sentir obligé de devoir prêter ma veste à une fille que je connais pas et qui ne sait visiblement pas se couvrir.

Et sur ce, il tourna les talons et passa la porte ancienne donnant sur l'arrière-salon.

Sur le coup, je me suis sentie comme une vraie idiote. Comment et surtout pourquoi ai-je sorti cette phrase au seul garçon qui m'intéressait à cette soirée ?

Je me reprends, il a l'air enfin, il est insupportable de prime abord. Je n'ai pas perdu grand chose.

Tant pis, je ressors par la même porte par laquelle est parti mon Dom Juan d'un soir pour retourner à cette fête.

Et m'éclater jusqu'au bout de la nuit.

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