Chapitre 25 - Virée nocturne
Charlie Puth - How Long
Il y a bien les souvenirs, mais quelqu'un les a électrifiés et connectés à nos cils, dès qu'on y pense, on a les yeux qui brûlent. - Mathias Malzieu
Finalement, plutôt que d'hiverner sous ma couette en me gavant de chocolats telle une Bridget Jones parisienne, j'ai décidé de transformer ma déprime passagère en productivité.
Je suis rentrée et me suis mise à travailler assidûment sur toutes mes matières scolaires.
J'ai classé mes cours, les ai travaillés et ai même pris de l'avance.
Je ferme donc mon sac de cours prêt pour demain quand mon portable vibre.
C'est un message de Paul.
Je me demande pourquoi il m'en envoie un, ce n'est pas trop son genre de prendre des nouvelles, même si je sais qu'il pense à ses amis, il est plutôt du genre indépendant.
Paul : Je suis sur Paris ce soir. Ça te dit une petite virée nocturne ?
Un message bref et concis, du Paul tout craché. Jamais de "Hey, ça fait longtemps !" ou de "Bisous."
Je suis partante mais il faut que je réfléchisse à un plan logistique pour ne pas me faire griller par mes parents.
Ils sont contre toute sortie en semaine. En plus, en ce moment, ils deviennent de plus en plus stricts. Auparavant, mes sorties étaient le cadet de leur soucis mais depuis qu'une fille de leurs amis a fini en garde à vue pour infraction après une soirée très arrosée, ils sont méfiants.
Il va falloir que je me la joue fine, que ma démarche soit subtile.
Quand ma sœur Éléonore faisait le mur, je lui servais de couverture. Elle venait me voir dans ma chambre et me demandait d'accaparer toute l'attention de mes parents jusqu'à ce que, exténués de fatigue, je les relâche. Ils allaient se coucher directement après sans dire bonne nuit à ma sœur, jugeant qu'elle dormait sûrement et qu'il ne fallait pas la réveiller.
Sauf que moi, je ne peux pas impliquer Edgar dans le coup.
Alor, à table, j'ai dit que j'étais fatiguée et mes parents ont constaté là grandeur de mes cernes. Je peux donc dire que je vais me coucher.
Disons donc que le cas de mes parents est réglé, mais il reste juste un détail : le bruit.
Mon escalier est en marbre donc il ne fera pas de bruit mais notre lourde porte d'entrée en bois, elle, si. Je vais devoir l'ouvrir minutieusement.
Je sors sur palier de ma porte et interpelle mes parents en leur indiquant que je vais me coucher.
- D'accord, bonne nuit Margot et repose toi bien. En forme pour demain ! lancent-ils du salon.
Je réponds au SMS de Paul et lui demande vers quelle heure il peut venir me chercher.
En attendant sa réponse, je troque mon pyjama pour une tenue de ville. Simple mais élégante. Un jean noir, un tee-shirt blanc col en V et un blazer noir également et accompagnés de baskets blanches.
Je détache mes cheveux, qui sont ondulés à cause des vestiges de mon chignon. Je me maquille légèrement et sort une pochette Fendi.
Mon portable vibre.
Paul : Je suis au bout de ta rue, le scooter noir.
Il a récupéré son Vespa ! Son sacré Vespa.
Ce scooter porte en lui des milliers souvenirs. Ça faisait longtemps qu'il l'avait remplacé par des berlines de luxe et des jets apprêtés.
Je prends mon gros manteau Balmain et sors en catimini.
Il pleut encore un peu, je vois le deux roues sur le bas-côté et Paul, debout à côté.
Mon dieu, qu'est-ce qu'il est beau même avec ses cheveux bruns trempés. Il est tellement élégant, même en baskets, ça relève du divin.
Je me mets à courir vers lui et le serre dans mes bras quand j'arrive à sa hauteur.
- Tu m'as tellement manqué ! Je lui crie presque.
- Ça ne fait que deux-trois semaines qu'on s'est pas vus tu sais, on a déjà connu pire. Rigole t-il.
Il me donne son deuxième casque noir et on monte sur son scooter.
Je lui demande où on va avant qu'il ne démarre.
- Dans un bar, histoire que tu te détendes un peu. Nathanaël m'a dit que t'étais un peu tendue en ce moment.
Je souris quand il me dit ça, Nathanaël prend toujours soin de moi... Même dans l'ombre.
Vingt minutes plus tard, nous entrons dans un bar du 11ème arrondissement.
- Alors comme ça, on a rencontré un garçon et on ne le dit même pas à son meilleur ami Paul ?
- Oui... Enfin c'est terminé. C'est Nath qui t'a dit ça ?
- Oui. Je l'ai appelé ce midi quand je suis arrivé chez moi et il m'a parlé de toi, il se demande comment tu vas, mais tu le connais, il a peur de te déranger en te le demandant.
- Il sait qu'il ne me dérangera jamais ! Mais oui je le connais, et pour Gauthier, je préfère ne pas en parler, il m'a laissée tomber.
- Oh je vois. J'ai entendu parlé de la soirée de dimanche. C'est qu'un con, il ne sait pas ce qu'il rate.
- T'es mignon. Et toi alors, une fille en vue ?
- Oui, une fille m'intéresse. Mais sans plus.
Je connais la raison de ce « sans plus ».
- Tu as essayé de prendre des nouvelles ? je lui demande.
- Non. Mais je le ferais, un jour...
- C'était son choix, de ne pas le garder... Vous étiez jeunes Paul, c'est compréhensible.
- Je sais mais j'étais là pour elle, j'aurais accepté n'importe quelle décision. J'ai respecté son choix et elle n'a même pas voulu que je sois là pour elle... J'étais fou d'elle.
- Je sais...
Je le suis toujours, je donnerais tout pour une minute d'attention de sa part, je vendrais corps et âme pour revoir, même pour quelques secondes, son visage, Margot. Me coupe t-il.
- Je sais que c'est pour ça que tu es parti de Paris. Tu as soif d'aventure certes, mais toi aussi tu as voulu fuir. Je suis heureuse pour toi que cette nouvelle vie te plaise mais comprends la, tu as finalement fait pareil.
- Je ne pouvais pas rester à Saint-Charles. Partout dans les couloirs, je voyais nos fantômes. Et quand je voyais les collégiens... Je la connais depuis toujours, on a grandi ensemble et... elle m'a laissé tomber. Je ne lui en veux pas, mais on aurait pu surmonter cette épreuve ensemble. Tu comprends ?
- Oui, je te comprends. Mais elle a eu peur, à 16 ans Paul, imagine ! Ça ne faisait même pas un an que vous étiez ensemble ! Et si son père l'avait apprit, imagine le scandale.
- Mais on se connaît depuis toujours et quand on était ensemble, il n'y avait que nous, on était tous les deux contre le reste du monde. Je n'avais d'yeux que pour elle, j'aurais pu mourir pour elle je te le jure, et encore aujourd'hui. Si elle m'appelle demain, je prends le premier billet direction Canberra. C'était la femme de ma vie, je te promets et je ne dis pas ça comme une parole en l'air. J'ai mûri depuis cet été, en travaillant avec mon père. Il m'a dit que j'étais devenu un homme. J'aurais pu l'assumer cet enfant, ce n'était pas l'argent qui me manquait, ni même l'amour pour Mathilde. J'ai compris son choix, c'était sûrement le plus adéquat vu notre situation bien sûr, mais partir à l'autre bout de monde putain ! Merde quoi, elle est partie sans me dire au revoir ! Elle aurait pu rester en France, avec moi, avec toi, avec ses amis. Non ?
- Elle t'aime encore j'en suis sûre mais rester à Paris, elle n'en était pas capable. Elle craignait que son père l'apprenne et elle n'arrivait pas à lui mentir tous les jours en cachant ce qui lui était arrivé.
- J'en sais rien. Enfin. Bref, protège toi Margot, l'amour peut briser et j'en suis le premier témoin. J'adore ma vie depuis juin, mais je sais que je fuis. Je travaille sans arrêt pour effacer l'image de son visage dans ma tête. Je fais preuve de performances incroyables au boulot, mon père est fier de moi mais je ne peux pas m'empêcher de me rappeler l'origine de tous ces efforts pratiquement constamment... Mais bon, ça finira par passer avec le temps, comme tout. Fais juste attention à toi. Ok ?
- Oui, pas de problème.
Je ne sais pas trop quoi dire de plus. Il vient de me déballer ce qu'il a sur le coeur. Et je ne sais pas quoi dire.
Un sourire vient fendre son visage dur.
Paul a toujours été là pour moi, c'est mon grand frère de coeur.
Je regarde l'heure. Merde, vingt-trois heures quarante-cinq !
Paul est venu me chercher il y a déjà deux heures.
- Il faut que je rentre Paul ! J'ai cours demain et si mes parents m'entendent rentrer je suis foutue !
- Il est quelle heure ?
Je lui montre l'écran de mon portable.
- Ah oui quand même. Je te ramène.
Je me suis installée dans mon lit sans problème, j'ai su être discrète, mes parents ne m'ont pas entendue.
Lorsque je m'endors, je ressasse tous les souvenirs de l'année dernière et me demande comment Mathilde va. Elle me manque. J'espère que tout se passe bien pour elle.
Merci à tous pour votre lecture, n'hésitez pas à me donner vos avis constructifs !
Julianne :)
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