Chapitre 22 - Tête à trois

Ibrahim Maalouf - True Sorry

Et au premier battement de ses paupières, je l'ai connue. C'était elle, l'inattendue et l'attendue (...). Albert Cohen.

Au secours.

Je suis en plein interrogatoire face à une Julia qui, se révèle, en réalité, être une sorte de fusion entre un membre du Mossad et un dirigeant du FBI.

Quand elle m'a dit qu'elle allait nous poser des questions, à Gauthier et moi, je me suis imaginé quelques petites questions sympathiques, rien de bien méchant.
Qui auraient pu s'avérer être, dans le pire des scénarios, des interrogations légèrement gênantes.
Mais celles-ci dépassent amplement le stade de la gêne en atteignant carrément le niveau de la mal aisance.

- Alors ? S'impatiente Julia.

- Non. Non Julia, nous ne sommes pas ensemble avec Margot. Explique calmement Gauthier qui est assis à ma gauche.

- Et qu'est-ce que vous attendez au juste ? Nous questionne t-elle.

- Tu me fatigues, cousine ! Lui répond-il en rigolant.

- D'accord, c'est bon j'ai compris. Arrête de me regarder comme ça ! S'exclame t-elle en levant les mains comme symbole d'abandon.

- Et toi, un garçon en vue Juju ? Lui riposte Gauthier en revers de médaille.

- Hm, quel beau temps le ciel nous donne aujourd'hui ! Plaisante t-elle.

- Tu vois, c'est gênant comme question ! Lui dis-je pour participer à la conversation après mes quelques instants d'absence.

J'étais en pleine observation et analyse des deux êtres humains partageant le même sang qui m'accompagnent ce midi.

Ils ont le même air désinvolte ; mi-nonchalant, mi-je-m'en-foutisme.
Air qui est renforcé à la fois par leurs yeux vifs et également par leurs sourires malicieux.
On peut lire sur leurs visages leur envie de réussite, d'aspiration au prestige et à la gloire. Seulement, ces désirs sont comme camouflés. Ils ne veulent pas ressembler à leurs parents, ce serait l'échec de leur vie ; ne pas réussir à concrétiser d'autres projets que ceux de leurs géniteurs.

Bien sûr, je ne suis pas venue à cette conclusion en seulement quelques minutes d'observation ; c'est une réflexion que je me suis faite tard la nuit dernière, en rentrant de cette soirée rocambolesque.

Les deux m'ont expliqué qu'ils avaient un lien bien particulier à eux.

Ceci explique cela.

Ils sont sûrement les seuls protagonistes de leur famille à ne pas vouloir être guidés par l'argent et les mondanités, qu'ils dénigrent.
Toutefois, on ne renie pas ses racines, elles restent ancrées et influencent leur devenir.
C'est pour cette raison qu'ils de comprennent mieux que personne, ils se savent cloisonnés dans un avenir, loin d'être à plaindre, ils le savent, mais qui est aux antipodes de leurs mentalités.
Bien évidemment, ils ne souhaitent pas devenir pauvres et vivre uniquement d'amour et d'eau fraîche en prônant la lutte des classe et l'abolition des privilèges pour l'élite française ainsi que la paix universelle car c'est cet environnement qui les a façonnés, mais il est clair que suivre les chemins que leurs bienfaisants parents ont tracé pour eux les ennuient.
Julia et Gauthier ont soif d'aventure, de découvertes, de dépaysement, de changements et de bouleversements.
Ils veulent servir à quelque chose, compter pour ceux qui ont besoin d'aide, être de ceux qui marquent les esprits mais non pas seulement car ils sont bien réputés dans un certain milieu social avec un patrimoine important faisant bousculer la balance mais parce qu'ils auront effectué quelque chose d'important, quelque chose qui compte.
Et au moment où l'esprit révolutionnaire des ces deux âmes me frappent, je ne sais pas encore que c'est le début d'une descente au fond des abysses d'un monde que je ne connais point.

- Margot, Houston à l'appareil, je souhaiterais avoir une réponse ? M'interroge Gauthier.

- Comment ? Excuse moi, j'étais partie ailleurs. Tu disais ?

- Tu veux un dessert, un café ? Quelque chose qui te ferait plaisir ? Me demande le beau brun.

- Ah, euh... Vous prenez quelque chose vous ?

- Un cappuccino vanille ! S'exclame Julia joyeuse.

- Et bien, va pour un americano pour ma part s'il te plaît. Dis-je à Gauthier.

- D'accord. Je vais directement commander au bar pour que ça aille plus vite. Tu dois rentrer tôt Margot.

- Ah oui, c'est vrai... Bonne mémoire Gaut' ! M'étonnais-je.

Il fila en vitesse vers le comptoir.

- Il te regarde avec des yeux, ma Julia ! Ça faisait longtemps que je ne l'avais pas vu ainsi. Avoua Julia.

- C'est-à-dire ?

- Généralement, mon cousin s'évade facilement dans ses pensées ou semble vite ennuyé quand les discussions sont portées sur lui ou en tout cas lorsqu'elles sont en rapport à sa personne. De plus, il déteste les questions. Et là, quand tu rentres dans la matrice, il est très présent. Me répondit-elle en souriant.

- C'est mignon. Lui dis-je, tentant de cacher que ce qu'elle vient de me dire m'a touchée.

- Je vous donne ma bénédiction les loulous, c'est vous qui êtes mignons.

- Oh, je...

Julia me tapa discrètement l'avant-bras en me chuchotant que Gauthier revenait dans notre direction.

Je tourne la tête et le vit effectivement, les trois différents cafés à la main s'avançant vers notre table.

- Tenez, mesdemoiselles ! Nous dit-il en plaçant le café nous correspondant sur notre set de table.

- Merci !

- Qu'est-ce que vous racontiez ? Nous demande t-il en voyant notre air suspect.

- Pas grand-chose de spécial. Au fait, tu viens aux noces d'or de grand-mère et grand-père à Vichy le week-end prochain ?

- Bordel, j'avais complètement zappé. On avait fait des plans avec un pote pour pouvoir aller faire un tour en Suisse.

Je tentais tant bien que mal de me raccrocher au fil conducteur de ce nouveau sujet de discussion.

- Et bien, tu annules ! Heureusement que je suis là pour te servir de mémoire vivante ! S'exclame Julia en levant les yeux, visiblement désespérée.

- Ok, y'a pas de soucis. On peut venir accompagné ?

- Aucune idée. Ne me dis pas que tu comptes amener ton pote ? S'offusquerais presque Julia.

- Enfin, s'il est mignon, ça peut passer. Rajoute-elle en rigolant.

- Je parlais de Margot, Julia.

Comment ? Quel événement ? De quelle fête parle t-il au juste ?

Malgré la dose de caféine que je suis actuellement en train d'absorber, ma fatigue due à hier soir commence à montrer ses effets.

- Ah, oui alors pas de soucis ! Appelle juste les grands-parents pour les prévenir et il n'y aura pas de soucis. Mamie sera ravie que tu lui présentes enfin une petite amie ! Annonce t-elle en accentuant fortement la prononciation des deux derniers mots de sa phrase. Margot, c'est bon pour toi, la semaine prochaine, samedi ?

- Oui, oui, sûrement ! Dis-je cependant sans aucune certitude valable.

- De une, oui ne t'inquiètes pas, j'appellerai chez eux dans la soirée.
Deuxièmement, Margot n'est pas ma petite amie.
Et dernièrement, merci Reine Margot, tu me sauves ! Y aller avec mes parents et leur situation, couplés avec Julia, t'imagines pas l'horreur.

Sa réponse irrita quelque peu Julia mais elle la fit également sourire. Au fond, elle savait qu'il n'avait pas tord.

Julia regarda sa montre.

- Je dois y aller. Je règle pour nous trois et non, pas d'opposition, ça me fait plaisir de vous inviter les amoureux. Annonce t-elle en se levant de table. Margot, ça ne dérangera pas tes parents si ce n'est pas moi qui te ramène ? M'interroge t-elle.
Sinon, je peux mais c'est maintenant, j'ai un rendez-vous très important cet après-midi concernant mon école.

- Non non c'est bon, ne t'inquiètes pas, je rentrerai à pied.

- Je vais te ramener moi, patate ! Dit Gauthier en se foutent de moi.

Suivant Julia, nous quittons tous les deux la table quelques instant plus tard.

Média : Ibrahim Maalouf - True Sorry

Tadaaam ! Voici le chapitre 22, j'espère qu'il vous a plu. N'hésitez pas à commenter pour exposer vos avis, qu'ils soient négatifs ou positifs ! Merci beaucoup, vous êtes les meilleurs ! :p

Julianne.

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