Chapitre 2 - Le gratin parisien

La réalité est simplement une illusion, quoique persistante. Albert Einstein

Paris, Ô mon joli Paris, que j'admire à travers la fenêtre de l'Audi de mes parents, mon cher Paris, toi et tes immeubles de marbre légèrement mais tellement chaleureux quand on les retrouve, retour à la réalité. Retour au Beau Monde. Ces vacances furent reposantes, plus besoin de mentir, quoique rien qu'un peu, plus besoin non plus de sauver les apparences, plus la peine de faire semblant d'apprécier un tant soi peu les personnes que nous côtoyons, plus l'intérêt d'être dirigé par l'argent et le pouvoir.

Quel bonheur ce fut, Ô mon majestueux Paris...

- Edgar, ne fait pas de grimaces aux autres conducteurs s'il te plaît ! Enfin, pour qui allons-nous donc passer ? Edgar Van Dermeulen, arrête ça de suite, je te prie ! s'écrie ma mère se trouvant à coté de la vitre teintée gauche de la voiture. Elle souffle et les mèches de sa frange effilée se soulèvent. Je n'ai pas entendu ma mère souffler une seule fois pendant les vacances. Il a suffit de 45 minutes à Paris pour lui faire rendre les armes.

Mon père ne dit rien, il est scotché à son téléphone. Il n'entend plus le monde autour.

Le petit pirate du haut de ses 8 ans - qui me sert de petit frère à l'occasion - est assis entre nous deux ne fait que de faire le pitre. Je crois qu'il est vraiment content de rentrer à la maison, ces deux semaines loin de ces amis, dans l'océan Indien, et loin de notre chien Ulysse et de son hamster Hercule, l'ont rendu un peu triste.

J'aperçois le bout du XVIe arrondissement.

C'est notre arrondissement, notre quartier général, enfin notre fief, pour faire court.

Arrivés au bout de la 11ème rue, je vois notre immeuble, la voiture s'arrête et Arthur s'occupe de nos valises. Ed court jusqu'à la porte et compose le code tant bien que mal - un peu difficile d'atteindre le cadran de sécurité avec sa taille ! - J'en rigole, il est vraiment pressé de rentrer, je crois. Papa est encore au téléphone, avec le père de Sixtine d'ailleurs, ils sont sur un "gros contrat" d'après ce que j'entends.

Mon père travaille dans les affaires, l'économie mondiale, la bourse et tout ce qui va avec. Enfin, vous connaissez. Pour résumer simplement, il gère l'entrée en bourse de PME.

Je rentre dans le hall et m'insère de justesse dans l'ascenseur avant qu'il ne se referme. Décidément le jeune pirate est rapide aujourd'hui. L'ascenseur arrive directement dans notre entrée, nous sommes accueillis par Geneviève, la bonne de maison. Elle nous demande si nous avons fait bon voyage. Edgar lui fait un gros câlin, et moi je me contente de lui rendre une réponse positive et de lui sourire, je suis vraiment trop fatiguée pour m'exprimer davantage.

Je gravis les escaliers à pas lourds, la porte de ma chambre étant au bout du couloir, les dernières enjambées se font gravement sentir.

Je retrouve ma chambre adorée et mon lit chéri. Je n'ai pas le temps de réfléchir plus, je m'affale - si puis-je dire - sur le king bed et le sommeil me gagne petit à petit.

Je me réveille en sursaut et regarde l'heure sur mon réveil : 14h56.

La première pensée qui me vient à l'esprit est pour Colombe. Nous étions censées nous rejoindre à Place Vendôme à quatorze heures, elle va me tuer, c'est certain. J'ose prendre le risque de regarder mon téléphone mais finalement elle ne m'a envoyé qu'un message m'avertissant qu'elle aussi serait en retard. Ouf, sauvée. Moins de dix minutes plus tard, je suis dehors à héler un taxi.

Arrivée du côté ouest de la place, j'aperçois la courte chevelure blonde de Colombe au loin.
Je m'avance rapidement pour l'interpeller car avec tous ces passants je peux très vite la perdre, cette place est très convoitée, enfin c'est compréhensible étant donné tous les magasins qui s'y trouvent.

- Margotttte ! crie t-elle en m'apercevant.
Tu as une sale mine Van Dermeulen, t'as pas dormi durant ces deux semaines ou quoi ?

Ne m'étant pas regardée dans le miroir avant de partir - très mauvais réflexe que ma mère me répète à chaque fois - je ne peux que mesurer ses propos et lui donner raison jusqu'à ce que je l'entende dire :

- Et tes habits ? Je sais que ton tee-shirt est sentimental, on l'a acheté ensemble l'année dernière mais quand même ! Avec ton legging et tes baskets de sport, tu ressembles à une fille qui sort de prison !

Colombe est, comment dire... une belle blonde qui porte beaucoup d'attention à ce qu'elle appelle « le beau ».

Je réplique que je m'en contre-fiche et que je ne vais pas à un défilé de mode.

Elle me coupe avant que je ne puisse finir ma phrase.

- Oui, enfin il y a des limites, Van Der ! Enfin bref, on commence par quelle boutique ? Il faut absolument que je trouve une petite jupe noire fendue pour ce soir c'est im-pé-ra-tif  ! annonce t-elle avec une voix aiguë et énervante à un point inexprimable.

J'adore Colombe. C'est ma meilleure amie, elle est très intelligente, a une culture à revendre, des passions multiples mais parfois, qu'est-ce qu'elle peut être superficielle.

Ça me rend folle.

Me revoilà donc officiellement dans le gratin parisien.

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