Chapitre 19 - Deux verres de blanc
Annie Lennox - I Put A Spell On U
Tout luxe corrompt, ou les mœurs ou le goût. Joseph Joubert
Gauthier et moi sommes debout dans le hall d'accueil de PG en attente d'être installés. Le jeune homme de l'accueil vérifie le registre des réservations afin de confirmer la notre.
Je prends le temps d'observer minutieusement le restaurant.
Il est composé de trois salles de restauration, séparées par de demi-murs graphiques de ton chocolat.
Les tables et leurs chaises possèdent elles aussi de nombreux tons gravitant autour du marron tels que l'ocre, l'orange, du noir et de multiples autres encore.
- Au nom de De Villiers, c'est ça, si j'ai bien entendu ? Demande le jeune homme visiblement perplexe.
Sa carte d'identité, accrochée au niveau de son cœur sur sa veste de costume, affiche le prénom Alex.
- Exactement. Réponds le grand garçon à mes côtés.
- Visiblement, votre nom est plus répandu qu'il n'y paraît ! Il y a deux réservations à ce nom de famille ce soir. Gauthier donc, je présume ?
- Oui. Comment ça, deux réservations ? A quel prénom est la deuxième ?
- Je n'ai pas le droit de vous transmettre cette information... euh, Monsieur. Précise Alex, visiblement gêné et s'ayant rendu compte de son erreur.
Derrière, lui arrive un homme d'âge mûr, que je devinerais comme étant son chef. Il fait un râle avec sa gorge, qui a le don de faire tourner la tête d'Alex de 180 degrés.
- Oui... Patron ?
- Erreur, Alex ! Tu as fais une grosse erreur, tu n'as pas le droit de divulguer de telles informations. Les clients nous paient assez cher pour qu'on leur assure une discrétion sans faille. Ne recommence pas ou c'est la porte. M'as-tu bien compris ? Lui glisse t-il à l'oreille, mais visiblement pas assez bas étant donné que j'ai tout entendu.
Alex hoche la tête, mal à l'aise.
- Veuillez me suivre, je vais vous conduire à votre table madame, monsieur, si vous le voulez bien. Nous annonce le chef.
J'arrive à percevoir son nom sur sa carte, qui est largement cachée par un foulard de soie rouge. Il se prénomme Christian-Martino. Prénom composé assez atypique, mais pourquoi pas.
Il nous fait traverser la première salle et nous désigne notre table, qui se trouve au centre de la deuxième.
- Voici. Veuillez m'excuser pour ce désagrément, Alex est notre tout dernier stagiaire, il vient de commencer.
Je remarque que Gauthier est plongé dans ces pensées, je réponds donc à sa place.
- Il n'y a pas de mal, ne vous inquiétez pas. Ce n'est pas grave. Le rassurais-je en souriant.
Le chef de salle me sourit, tire nos chaises une par une, puis s'en alla.
- Gauthier, ça va ? Tu as l'air perdu dans la quatrième dimension là ! Exclamais-je en rigolant.
- Ça me travaille cette deuxième réservation. Il y a très peu, voir même aucun autre De Villiers dans la capitale, mis à part ma mère, mon père et moi même. Me réponds t-il.
- Tes frères et sœurs ?
- Ils ne sont pas sur Paris en ce moment. C'est pas grave, le gars s'est peut-être planté, il avait l'air super stressé, le pauvre ! S'amuse t-il.
- Pire que ça ! La pression, sûrement !
Un serveur s'avance à notre table.
- Madame, monsieur, la carte des vins.
- Merci. Du rouge ou du blanc, Margot ?
- Du blanc, s'il te plait, mais après c'est comme tu veux.
- Va pour du blanc. Qu'avez vous donc à nous proposez, monsieur ? S'adresse Gauthier au serveur.
- La maison vous conseille un Foussy de 2007. Somptueux avec une note de fraîcheur, il est très léger en bouche. Il conquit tous nos clients.
- L'avez-vous goûter ? Lui demande De Villiers.
- Pardon, monsieur ? Demande le jeune homme vêtu d'un tablier, visiblement étonné de la question de Gauthier.
- Est-ce que vous, vous l'avez goûter ce blanc ?
- Non... Je n'en ai jamais eu la chance, monsieur.
- D'accord. Et bien, s'il vous plait, j'aimerais que vous nous choisissiez, à mon amie et moi-même, un vin que vous avez tester et savourer.
Mon regard et celui de Gauthier se croisent, ses yeux bleus d'acier me transpercent par sa détermination. Il se montre d'une gentillesse rare que je n'avais jamais vu auparavant. Ne joue pas à l'enfant pourri gâté qui ne veut que le meilleur pour lui, et de surcroît, qui se fiche du personnel qui se surpasse pour notre plaisir.
- Mais... Ce n'est pas dans mes fonctions. S'exclame t-il, confus.
- Peu importe, j'aimerais connaître votre propre avis et le suivre. Et non écouter les "on dit" des nombreux autres clients, que je ne connais pas. À moins que cela ne soit interdit par votre boss et que cela vous coûte votre place ? Si oui, je comprends tout à fait que vous ne vouliez pas vous exprimer et je m'excuse d'avance.
- Non, non, il n'y a aucun soucis au niveau de ça.
Je vois que les traits de notre serveur se détendre petit à petit. Et ses mains desserrent la carte, qu'elles commençait à abîmer.
- Personnellement, je suis plutôt un amateur de rouge mais en ce qui concerne le blanc j'ai une large préférence pour celui-ci. Qui à mon goût est l'un des plus exquis de France et peut-être même de l'Europe entière.
Il sourit, Gauthier fait de même et je rigole en voyant leur commun accord silencieux.
- Je vous écoute donc. Je commande celui-ci.
Gauthier lui tends la main en signe de contrat, que le serveur valide dans les secondes qui suivent.
Il dirige son regard vers moi et me sourit.
- Tu es très belle ce soir.
- Merci, t'es pas mal non plus.
- Je sais, je sais, merci ! Mais moi, c'est tous les jours ! Dit-il en faisant un clin d'œil.
- Dit aussi que je suis moche d'habitude, quoi.
- Le second degré, Van Dermulen.
- Haha.
-Tu es très jolie, mais ce soir, tu es...
- Magnifique ?
- Non !
- Ah...
Sympa le type, j'adore.
- Étincelante !
- Oh... Merci.
- Tu sais...
- Oui ?
Je m'attends à tout avec lui.
- Tu es sûrement l'une des filles les plus jolies de notre lycée. Que ce soit physiquement ou même mentalement ! Et j'en ai vu des avions de chasse pourtant, tu sais !
Toujours le bon mot quand il faut ce garçon, c'est fou !
Je souris.
- C'est mignon ce mensonge dit donc ! Tu as vu toutes les bombes qu'il y a à Saint-Charles ?
- Ouep. Elles sont peut-être belles mais pas toutes très futées. Enfin, techniquement si, vu la sélection qui est faite, mais leur intelligence sociale laisse à désirer.
Il a pas tord. Je ris.
- Et mais att...
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Gauthier fixe le fond de la salle, derrière moi.
- C'est mon père !
- Quoi ?
Je le regarde interloquée et me retourne pour chercher qui il regarde.
- Putain mais c'est mon père !! Au fond de la salle avec la vieille blonde là !
Je vois alors un homme châtain vêtu d'un costume gris clair attablé avec une femme d'à peu près le même âge, blonde et assez maquillée.
- Ton père ?! Mais où est ta mère ?
- Ce salaud a dit à ma mère qu'il allait chasser à la campagne avec un de ses vieux amis !
- Je ne...
- Et ma mère est à la maison à l'attendre jusqu'à demain soir tranquillement pendant qu'il l'a trompe avec une pute !
- Calme toi ! C'est peut-être un rendez-vous d'affaire !
- J'y crois pas ! Je vais le démonter.
- CALME TOI ! Criai-je aussi bas que possible. Calme toi, c'est peut-être une vieille tante, je sais pas.
Je lui attrape les mains et l'attire vers moi.
- Essaie d'être objectif ! Il ne se passe sûrement rien entre eux ! Ne t'imagines rien sans savoir !
- Margot, il lui caresse la main ! Tu caresses la main de tes collègues toi ? Non, je crois pas ! S'exclame t-il en dégageant ses mains.
Il se lève d'un bond, j'essaie alors de le retenir mais c'est un échec.
Je ne veux pas voir les dégâts et attends donc au moins vingt secondes avant de me retourner.
Média : Annie Lennox - I Put A Spell On You !
J'espère que ce chapitre vous aura beaucoup plus ! J'espère aussi avoir réussi à bien illustrer la scène, dites moi si vous trouvez qu'il manque quelques informations, je ne savais pas comment procéder !
Merci de votre lecture, n'hésitez pas à laisser des commentaires pour m'aiguiller et exprimer vos avis ! :)
Peace ! :)
Julianne.
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