Chapitre 12 - Une douce matinée
Voilà à quoi tient parfois une destinée : à un regard qui s'attarde, à un battement de paupières, au frôlement [d'une épaule...] - Guillaume Musso.
Mes paupières sont lourdes lorsque j'entre-ouvre les yeux...
La lumière du soleil baignant dans la chambre m'aveugle, à tel point que je dois les refermer presque immédiatement.
Je dirige mon regard vers la gauche du lit et vois Gauthier. Il est près de moi, tellement près de moi que je peux entendre sa respiration saccadée et son doux souffle.
Il dort "comme un bébé" pourrait-on dire. Je l'analyse dans tous les détails, mais cette fois-ci avec une vision beaucoup moins objective que ce à quoi je m'attendais.
J'observe ses quelques grains de beauté qui parsèment son visage, ses pommettes hautes, ses sourcils châtains plus foncés que sa base capillaire, sa moue dédaigneuse et puis je me fige sur une petit cicatrice qu'il a sur le front, cette dernière est toute petite et ovale.
Tout comme la mienne au même endroit.
C'est marrant cette coïncidence.
Je remarque que je souris en le regardant, je m'arrête instantanément et me lève.
Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, mais l'aube se dissipant à l'horizon m'informe qu'il est encore assez tôt.
Je voulu appeler le room-service mais je me rappelle au même moment que nous ne sommes pas dans la suite d'un hôtel, mais dans sa chambre.
Elle ressemble étrangement à la chambre d'un cinq étoiles. Ses murs blancs et ses meubles noirs enlèvent toute touche chaleureuse qu'il pourrait y avoir dans une chambre. Elle n'est dotée d'aucun objet personnel si ce n'est de quelques cadres - le représentant petit à côté d'un immense voilier - et de ses légers déboires de joints et de cigarettes.
Le parquet au sol grince sous la pression de mes pieds, je tourne doucement tout en longeant les murs. Je ne sais même pas s'il y a quelqu'un dans l'appartement. J'effleure son armoire et l'imagine en pleine réflexion devant cette dernière en réfléchissant à comment il va s'habiller pour cette nouvelle journée qui débute. Puis mes pensées se détournent vers ce petit garçon tout souriant sur les photographies accrochées au mur.
Il était vraiment mignon, du genre à faire les pires bêtises dans le dos de ses parents et à revenir avec une auréole sur la tête pour s'excuser devant eux. Il n'as pas changé, l'air rusé qu'il arborait est toujours présent.
Ce fut une nuit incroyable.
Mentalement ou physiquement parlant.
Nous avons passé une grande partie de la soirée à regarder de vieux dessins animés et à rigoler comme des démesurés. Nous avons parlé de nos familles, partagé nos anecdotes et nos habitudes, débattu sur des sujets véritablement futiles et nous avons finalement refait le monde avec une cigarette et un verre de vodka-citron.
Puis nous avons découvert l'intimité de l'autre dans le plus grand des bonheurs et des plaisirs. Ce fut réellement incroyable.
J'hésite entre aller me glisser dans ses bras ou aller admirer la vue donnant sur les quais.
Le choix est vite fait.
Les quais, malgré l'heure matinale sont déjà enjambés par des dizaine de passants. Pressés, concentrés ou dans la lune, choisissez le terme qui vous conviendra.
Une femme et un homme d'un certain âge sont assis sur un banc, en face du quais de l'Horloge, ils admirent le peu de bateaux qui passent. Ils sont beaux, si c'est pour ne pas dire très mignons. Enlacés, l'homme caresse de la main le haut du dos de sa conjointe, douce attention.
Tellement romantique, tellement Paris, tellement trop, pour moi.
J'aime l'idée que ce sera peut-être moi, accompagnée de mon mari, dans plusieurs longues années plus tard. Mais je dois avouer que je n'ai jamais adoré les preuves d'amour, et surtout pas en public qui plus est.
Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée.
C'est comme ci, selon moi, montrer son amour à l'égard de l'autre devant le monde entier était un besoin éprouvant de reconnaissance. Du genre « Vous voyez, j'ai réussi à trouver quelqu'un ! Nous allons bien ensemble, non ? Alors que toi, tu es tout seul. Allez tiens, ramasse ça dans la figure et va déprimer pendant que moi et ma moitié nous récoltons des éloges et des regards envieux. »
J'ai toujours haï cela. Non pas que je n'aime pas l'amour, en lui même c'est très beau, mais devoir l'afficher en public me répugne. Je comprends ces quelques petites affections avec d'autres autour, mais par pitié pas à outrance. Je vous en prie.
Alors que je m'égare dans mes réflexions.
J'entends, toujours plantée devant la fenêtre.
- Bonjour reine Margot.
Je me retourne et lui souris légèrement avant de m'avancer lentement jusqu'à la limite du lit.
- Ça va ? me demande t-il.
- Oui très bien, et toi aussi je suppose. Lève toi, je ne peux pas descendre au rez-de-chaussée sans toi ! Et je dois partir ! exigeais-je presque en rigolant.
- Minute papillon, laisse moi le tem...
Je le secoue vivement avant qu'il ne parvienne à finir sa phrase.
- Ok ok, je me réveille.
Il se lève tant bien que moi, mets une chemise - utilité 0 je l'avoue moi-même - et ouvre la porte de sa chambre.
- Après vous reine Margot.
Je traverse la porte et essaie de faire le moins de bruit sur le sol grinçant.
- Pas besoin de tout ce cinéma, il n'y a personne à la maison. Ma mère est en Italie. me dit-il simplement en haussant les épaules.
- Tu te fou de moi ?! J'ai att...
Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase, il me pousse pendant que nous sommes dans l'escalier.
- Hééééé ! Arrête ça !
- Arrête de pleurnicher dès le matin s'il te plait ! Tu me donnes mal au crâne. m'avoue t-il en se grattant la tête.
- Va te faire voir. criai-je en sortant par la porte d'entrée.
- Avec toi ? Avec plaisir. répondit-il, un sourire aux lèvres.
Tss, je ne me donne pas la peine de me retourner et lui fait un doigt d'honneur.
Je l'entends rire puis claquer la porte.
Il faut vraiment que je raconte ça à Colombe, pensais-je en hélant un taxi passant dans la rue.
Et vite.
Douzième chapiiiiitre !
Julianne
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