Chapitre 11 - Une nuit étoilée

L'amour court les rues.

Samedi soir, c'est la dérive dans notre chère capitale. Le nombre de jeunes tombant, criant, chantant, rigolant et décuvant dans les rues est incomptable et en même temps si devinable.

J'ai passé la journée à tourner et virer dans Paris, pour diverses raisons et multiples missions.

Alors quand j'ai reçu ce message de Colombe me disant de passer faire un tour dans une brasserie pour s'amuser et faire la fête, je me suis dis que le timing était plus que parfait.

Malgré le fait que je ne sois pas des plus belles ce soir - ceci dû à ma course de la journée - je les rejoins par envie de m'amuser.

J'arrive dans le fameux bar et aperçois Raphaël - du déjeuner au "Très Honoré" - me saluant.

- Comment va ma jolie Margot en cette magnifique soirée ? demande t-il.

Jolie, permettez moi d'en douter, m'enfin passons.

- Bien et toi mon petit Raph' ? Lui répondis-je.

- Petit ? Je fais bien une tête de plus que toi minus ! Allez, viens nous rejoindre, on est sur la terrasse. À l'extérieur.

Je rejoins la table et salue tout le monde. Nous sommes une bonne quinzaine voir une vingtaine, on est toute notre bande du lycée avec en plus quelques personnes du lycée et peut être d'autres de l'extérieur je ne sais pas vraiment car faute de lumières très éclairantes, ma vue n'est pas exacte. Mais, malgré tous mes efforts pour les éviter cette semaine, Nathanaël est là ainsi que Gauthier, assis à la table du fond. Je dis bonsoir de loin.

- Vous avez déjà commandé ?
demandais-je à l'assemblée.

- Non non, on t'attendait.

- C'est ma tournée les gars, vous voulez quoi ? demande Karl à notre attention.

- Un whisky s'il te plait Karl. lui répondit Léo, directement, visiblement pressé d'avoir son verre.

- Ouais, pareil que Léo.

- Ok donc combien de whisky ? Trois c'est ça avec moi ? Que veux-tu mon rayon de soleil ? demande Karl à ma meilleure amie.

Non sérieusement, « mon rayon de soleil » ? Il n'était pas sérieux là ?

- Un mojito, comme Vic, Six et Garance non ?

Cette dernière fit un signe de la tête pour confirmer la proposition.

- Et toi Margot, tu veux quoi ?

- Un martini, ça m'ira très bien. Dis-je en m'asseyant après être passée dire bonsoir à toute l'assemblée.

- Ok donc au total trois whiskys, trois mojitos, un martini ? Et pour ceux qui n'ont pas répondu vous irez chercher au bar les gars. S'exclame Karl en haussant la voix pour sa dernière phrase.

- Un whisky-citron mon ange, tu seras le meilleur ! Crie Côme en rigolant à l'égard de Karl.

Ce dernier lui lance un regard faussement mauvais avant de lui faire un signe de pouce en guise de réponse.

Les discutions fusent, les rires montent et les heures passent à pleine vitesse.

Mon portable affiche vingt-trois heures.

Ça passe encore mais plusieurs d'entre nous sont sur le point de rentrer car ils vont à un brunch demain midi.

Personnellement ce n'est pas mon cas cette fois-ci, donc je décide de prolonger la soirée.

Nous sommes encore cinq il me semble. Il reste Colombe, Karl, Raphaël, Gauthier et moi-même.

Cette fois, c'est Raph qui s'occupe de la tournée, nous abordons plusieurs sujet de discussions et bientôt C&K ou encore CK - petite référence à la très grande marque connue - nous quittent.

Pour le moment je n'ai pas encore décidé du surnom que je donnerais à ces derniers, Colombe et Karl, mais je sais une chose : ces deux-là sont ensemble.

Ça se voit à des kilomètres malgré leur envie de nous le cacher.

Puis finalement, ils se ravisent et nous proposent de faire un tour avec eux, ce que nous acceptons avec plaisir, dès que l'on peut s'inviter, on ne se le refuse pas.

Ces deux-la marchent quelques mètres devant nous, enlacés. Faut-il avouer qu'ils sont plutôt mignons.

Raphaël quant à lui essaie tant bien que mal de nous faire des blagues, Gauthier et moi rigolons, non pas pour ces dernières mais pour son incapacité à les raconter et surtout à les prononcer correctement.

Puis il finit par partir draguer des filles marchant dans la rue, très intelligent me direz-vous.

- Tu en veux une ? me propose Gauthier en me montrant son paquet de cigarettes.

- Avec plaisir, merci. lui répondis-je.

Nous marchons en silence sur le Trocadéro, savourant cet instant.

- Tu vois la Grande Ours ?

Sa voix résonne à quelques mètres derrière moi.

- Oui, qu'est-ce qu'elle a ? m'étonnais-je.

- Et bien, j'ai lu dans un article qu'elle est plus claire cette nuit que toutes les précédentes et qu'également toutes celles à venir.

- Je le savais pas, comment ça se fait ?

- Ne te pose pas de questions. Admire la simplement. M'indique t-il.

Je décide de suivre son conseil et l'examine avec plus de précision.

Il est vrai qu'elle était plus éclairée et plus jolie qu'ordinaire.

Enfin, je la trouve juste plus jolie parce qu'il m'a donné cette information. Pour dire la vérité, je ne l'aurais sûrement pas remarqué autrement.

- On les a perdus je crois. fis-je remarquer en dirigeant mon regard en direction de la place

- Ah ouais. Karl et Colombe s'en sortiront très bien à mon avis. Ironise t-il. Par contre, Raphaël, c'est une tout autre affaire.

Je rigole avec un soupçon d'inquiétude malgré tout.

Comme si Gauthier lisait dans mes pensées, il me rassure.

- Ne t'inquiète pas pour lui, c'est un grand garçon.

- Ouais, t'as sûrement raison.

- C'est pas sûrement, c'est même sûr.

- Quoi ? demandais-je sans avoir compris sa réponse. Sauf qu'au moment même où je formule ma question, je la comprends.

- C'est sûr, j'ai tout le temps raison. As-tu donc oublié ? Me répondit-il, un sourire narquois plaqué sur ses lèvres.

- Ah oui. Au temps pour moi.

- Je t'en veux pas, tu n'es pas vraiment en position de comprendre. Rigole t-il, moqueur.

- Et mais je t'emmerde, monsieur Je-Suis-Supérieur-À-Tout-Le-Monde ! m'exclamais-je, une pointe vexée par ses paroles.

Puis, comme affublée par l'alcool je me mets à courir. Ma robe virevolte avec le vent et mon rire s'échappe dans les hauteurs.

- La Reine Margot s'énerve ! Attention ! dit-il d'une voix rauque.

Il ne me courre pas après, comme dans la plupart des films romantiques. Non, il continue à marcher avec les mains dans les poches de son pantalon à pinces.

Le regard dirigé vers moi et mes cheveux embrouillés qui volent.

Moi et mes pupilles dilatées.

Moi et mes jambes dénudées qui ne connaissent pas le froid.

Moi et seulement moi.

Et je ris, comme une enfant de quatre ans.

- Viens, on danse ! lui criais-je.

L'alcool fait véritablement effet à cet instant précis.

- Tu es trop saoûle pour faire une danse politiquement correct et jolie. déclare t-il en se marrant.

- Ah ouais ? T'es sûr de toi ? Je vais te le prouver nigot ! lui assurais-je.

- Nigot, expression non utilisée depuis le XVIIIe siècle par un paysan du coin.

Je monte sur le marbre et me met à danser en guise de réponse à sa réplique. Et je tournois et je saute.

- Allez, rejoins moi !

- Hors de question que je me tape la honte à danser sur une place publique à cette heure.

- Trouillard ! lui criais-je.

Comme pour réfuter mon accusation, il monta et se mît à danser.

Nous dansons, tout d'abord de manière folle et puis enlacés.

Nous nous fichons du regard des gens qui passent, à moins que ce soit eux qui se foutent de nous.

Nous sommes heureux et saouls.

Il me prend la main et m'entraîne en courant.

Nous allons vite, très vite, tellement vite.

À bout de souffle, nous arrivons en bas de la Tour Eiffel.

- Accepteriez-vous cette danse, belle demoiselle ? me demande t-il en me tendant sa main.

- Avec plaisir. Lui répondis-je en prenant cette dernière.

Nous dansons la salsa.

Comme des imbéciles,
et ce, pendant des heures. Enfin des minutes.

Puis nous continuons notre course.

À l'égard d'une rue, nous nous embrassons.

Éméchés, à bout de souffle et épuisés mais c'est le meilleur baiser de ma vie.

- Après vous, ma demoiselle.

Je ne comprends pas mais me laisse guider.

Puis je l'entends courir derrière moi, alors je fais de même mais il me rattrape et me porte par dessus son épaule.

J'ai l'impression de faire des kilomètres comme ceci, puis finalement il s'arrête devant un bel immeuble Haussmann.

- J'habite ici. Tu veux monter ?

J'ai voulu réfléchir mais la réflexion est déjà toute faite.

- Ok. On monte. exigeais-je à haute voix essayant de prendre un ton plus ou moins autoritaire.

Et il me porte telle une princesse - éméchée certes - mais une princesse quand même après tout.

Et m'emmène jusqu'à son humble demeure.

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