Chapitre 10 - Cafard du vendredi soir
On la connaît tous, cette solitude qui nous mine parfois. Qui sabote notre sommeil ou pourrit nos petits matins. C'est la tristesse du premier jour d'école. C'est lorsqu'il embrasse une fille plus belle dans la cour du lycée. C'est Orly ou la gare de l'Est à la fin d'un amour. C'est l'enfant qu'on ne fera jamais ensemble. C'est quelques fois moi. C'est quelques fois vous. Mais il suffit parfois d'une rencontre... Guillaume Musso.
Je suis dans mon bain. Mon morceau préféré de jazz résonne depuis ma chambre. Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, je miserais vers les vingt-deux heures du soir.
Je n'ai rien fait de ma semaine, pas l'envie. Enfin, j'ai bu quelques verres, fumé quelque cigarettes et rit un peu. J'ai évité Nathanaël et De Villiers. Pourquoi je pense à lui ?
Je pense. Je ne peux m'empêcher de penser. Je pense tout le temps, j'ai un avis sur tout.
Mes pensées voguent du lycée, à mes parents, en passant par ma famille et puis de l'actualité et de ça la musique.
La salle de bain est mon havre de paix.
Stupide à dire ou même superficiel, je n'en sais rien mais c'est la vérité. J'aime scruter mes défauts, m'essayer à les diminuer, tenter de les diminuer. Mes cheveux lasses, mes yeux cernés, mes lèvres fines.
L'eau bouillante de mon bain me réchauffe des premières fraîcheurs d'automne ou même d'hiver, le temps se fiche des saisons.
Je dois me résonner à sortir, il faut que j'aille me coucher. Malgré le fait de n'avoir rien de prévu demain, il faut que je me repose, et ce n'est pas en restant à regarder le plafond dans ma baignoire que je vais le faire.
Je sors de mon bain et enfile mon peignoir.
Je daigne à aller me coucher, le mal à trouver le sommeil en est le motif.
Peut-être est-ce le décalage horaire qui fait encore effet ? Même si il n'y avait pas énorme différence, quatre heures tout au plus.
Je me tourne et me retourne dans mon lit.
Je ne sais quoi faire.
Un somnifère de ma mère ? Sans envie, non merci.
Compter les moutons ? Même étant petite cette technique ne marchait pas, mes pensées divaguaient vite.
Lire ? Mes yeux sont beaucoup trop fatigués.
La fatigue me gagne mais le sommeil lui, non. Comment est-ce possible que ces deux ne coopèrent pas ?
Je descends les escaliers en pas de danseuse, j'évite de faire le moindre bruit pour éviter qu'Edgar ne se réveille.
Arrivée dans la cuisine, je me serre un verre de lait. Toute ma maison est plongée dans le noir le plus total, mis à part les quelques veilleuses incrustées dans le mur du hall et dans celui de l'escalier.
Ça fait cinq minutes que j'observe le carrelage noir et blanc de ma cuisine, les yeux dans le vague.
Après avoir fini mon verre, je marche lentement jusqu'à la salle à manger et regarde par les baies vitrées.
J'en ouvre une et m'expose donc au grand air. L'atmosphère est nettement plus rafraîchissante. Du balcon je peux admirer les grandes rues parisiennes, ces brasseries et restaurants encore ouverts.
Je fais demi-tour et referme la baie vitrée, je passe dans mon salon et contourne les canapés en cuir noirs et regagne le hall par la grande ouverture.
Je remonte les escaliers, sans toute fois faire trop de bruit.
Je regarde mon téléphone, je n'ai pas de messages en attente.
Les derniers proviennent de Colombe, Victoire et Sixtine et d'une fille de ma classe.
« Les éternelles » pensais-je en souriant.
Puis l'image de Nathanaël enlaçant sa copine apparait dans ma tête, pourquoi j'y pense, et surtout maintenant ?
Ce ne sont pas mes affaires.
Du moins, elles ne le sont plus.
Tout est éphémère. Les relations, l'amour, la joie, la haine, la tristesse et même le bonheur.
Enfin, surtout le bonheur.
Je ne suis pas jalouse, du moins je ne pense pas. Je veux dire, je n'ai pas envie de la tuer en la voyant, je lui souris simplement et pense sincèrement qu'elle mérite ce qu'elle vit.
Comme si elle le méritait plus que moi.
Comme si cela ne me suffisait pas.
Comme si je voulais plus.
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