Chapitre 1 - Retour à la capitale

Nous voyageons, pour changer, non de lieux mais d'idées. Hippolyte Taine

«...eulliez attacher votre ceinture pour l'arrivée imminente de l'avion. Nous serons à Paris Orly dans quelques minutes. Nous sommes le 18 octobre, il est 7h34 et la température extérieure est actuellement de 12 degrés. Nous espérons que vous avez passé un agréable voyage avec notre compagnie. L'ensemble de notre équipage vous souhaite un bon voyage ou bon retour et espère vous revoir très prochainement. À bientôt sur notre ligne Air France. »

La voix légèrement fatiguée du commandant de bord m'a sortie de mon sommeil, profond de ce que je peux en déduire, étant donné que j'ai raté le petit déjeuner. Enfin ce n'est pas si grave, je n'ai pas spécialement faim. J'essaye de faire attention à ce que je manger et me nourrir de ce qui est proposé dans l'avion n'est pas la meilleure idée. Dans 2 mois a lieu le bal d'hiver, je me dois d'être en forme. Enfin, je dois être « en forme » toute l'année typiquement, sinon mes parents ne manqueront pas de me le rappeler.

Je regarde par le hublot à ma droite et aperçois la Tour Eiffel et le champ de Mars, déjà en agitation. Je lâche un soupir discret. Retrouver ma vie à Paris n'est pas tant que ça un cauchemar. Mon quotidien est plaisant, je ne suis dans le besoin, je fais pratiquement tout ce qui me chante tant que je respecte les règles. Mais retrouver toutes ces occupations futiles m'éreintent déjà.

En dirigeant mon regard vers la droite, je vois mon petit frère, Edgar, tout heureux - et également sans la moindre trace de fatigue ornant son visage malgré les douze heures de vol - fixant avec admiration les stewards. Il faut savoir que mon frère veut devenir pilote d'avion et qu'il préfère le trajet en avion que les vacances en elles-mêmes.

Edgar est le rêveur de la famille (enfin, il
n'a que 8 ans, autant dire que ses rêves ne risquent pas d'être ébranlés pour l'instant). Il ressemble à mon père jeune. Il s'importe peu du reste du monde, il veut être pilote. Un point, c'est tout. J'espère que la vie ne le fanera pas.
Ma soeur est le portrait craché de ma mère et moi, étant l'enfant du milieu, je tiens un peu es deux.

Nos parents sont installés aux sièges à notre gauche, de l'autre côté du couloir. Mon père semble une pointe endormi. Ma mère au contraire, est rayonnante, fraîchement maquillée, elle a ce don d'avoir tout le temps une mine radieuse. Enfin, disons plutôt merci à Yves Saint Laurent et ses anti-cernes hors de prix car après les bouteilles de champagne qu'ils se sont commandées hier soir au décollage, elle est censée avoir un visage bien
moins frais.

Ma mère est reconnue pour être une beauté froide. Élancée, très fine, le visage saillant entouré de ses cheveux bruns foncés et éclairé par ses yeux bleu-gris (dont aucun des enfants n'a hérités), elle fait tomber en pâmoison la
plupart des hommes et aussi certaines femmes. Je le vois quand je m'amuse à observer les gens pendant les soirées ou les galas. Mais ma mère n'a d'yeux que pour mon père, qui sait lui rendre la pareille. Mon père, lui, d'un blond cendré aux yeux marrons nous a transmis ses yeux, à notre grand dam. Il n'a pas à être jaloux du succès de ma mère car il a également des admiratrices, qui font à peine trembler ma mère. En fait, les seules choses qui font trembler ma mère sont son art et ses enfants. La première est positive, la deuxième beaucoup moins.

Nous atterrissons sur la piste, puis l'avion se fixe une centaine de mètres plus tard. Nous sortons dans les premiers, c'est l'un des avantages d'être en première classe, je suppose. Je n'ose regarder mon visage, il doit être affreux, enfin qu'importe, je ne suis pas sûre de croiser grand monde ce matin.

À peine sur le tarmac, papa est déjà au téléphone. Il appelle sûrement un de ses collègues ou un de ses clients. A noter qu'il a quand même réussi à éteindre son portable pendant les vacances, enfin environ huit heures, pendant une journée, mais ça reste à marquer d'une pierre blanche.

Je sors moi-même mon téléphone de mon sac, je désactive le mode avion et, reçois, dans la seconde suivante, trois messages.

Deux sont de Colombe, ma meilleure amie et un autre de ma grande sœur.

Colombe et moi nous connaissons presque depuis le berceau. On est devenu amies en petite section à l'école privée de la Madeleine. Petites, nous habitions à 3 rues l'une de l'autre, on était tout le temps ensemble, déjà inséparables. Au collège, Colombe a déménagé dans le 8eme, ce qui n'a finalement rien changé, malgré qu'on s'en faisait une montagne dans nos têtes de petites filles.

Je lis mes messages en me dirigeant à l'intérieur de l'aéroport.

Ceux de Colombe ne sont pas d'une importance capitale, elle me dit simplement bonjour et me souhaite un bon retour en terre natale tout en m'informant que Sixtine fait une fête ce soir à l'occasion de son anniversaire et que je suis invitée.

Je me demande alors pourquoi cette dernière ne m'a t-elle pas envoyé un texto elle-même.

Eléonore, ma grande sœur, nous souhaite également un bon retour. Elle, est restée à l'île Maurice plus longtemps afin de pouvoir profiter pleinement de ses vacances, avant de reprendre ses études qui débutent fin octobre. Elle déménage à Milan pour ses études de mode.

Nous passons le contrôle de sécurité et allons chercher nos valises.

Nous attendons quelques minutes. Ma mère assise, mon père aux aguets, mon petit frère s'appuyant sur lui.

Ma valise arrivant sur le tapis roulant, je m'avance pour la récupérer.

Après une dizaine de minutes, chacun a en sa possession sa valise.

- Les enfants, nous avons récupéré toutes nos valises, on peut y aller. Chéri, tu viens ? questionne ma mère à l'intention de mon père.

Il nous fait signe de la main de commencer à partir devant lui, ce que donc, nous faisons.

- Edgar, regarde devant toi en marchant, et arrête de jouer à ce jeu, tu auras bien le temps en rentrant. Dépêche toi ! ordonne notre mère, légèrement agacée contre mon petit frère qui a déjà sorti sa console de sa petite valise

- Arthur est censé être déjà là, enfin que fait-il ? On le paie assez cher pour être ici à l'heure quand même ! rajoute t-elle.

Arthur est notre voiturier et il est - en temps normal - très ponctuel, quelque chose a sans doute dû le retarder.

Tiens le voici, paniqué et tout essoufflé par la même occasion.

- Bonjour madame... Les enfants ! Dit-il en se penchant en direction de mon petit frère et moi. Vous avez fait bon voyage j'espère. Monsieur n'est pas là ? questionne Arthur.

Je tourne ma tête vers les immenses fenêtres de l'aéroport et voit Orlyville, sous la pluie, déversant son amas de bouchons et de pessimisme.

Et maintenant, retour à la réalité.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top