L'éclat des étoiles

–On n'aurait jamais dû boire autant.

Durlan était exténué après cette minuscule nuit qu'ils avaient passé. Ils n'avaient pas dû dormir plus de trois heures et le réveil avait été si difficile qu'il aurait pu passer toute la journée au lit.

–Je sais, souffla Nylathria en s'affalant sur sa chaise.

Leur petit déjeuner avait été servi sur le balcon de leur chambre mais, même en voyant toute cette nourriture qui paraissait excellente, il n'avait aucune envie de manger. On leur apporta une infusion contre la migraine qui leur avait été conseillée par l'une des femmes de chambre. Durlan espérait que cela fasse effet et qu'il n'aurait plus cette impression que quelqu'un lui martelait le crâne.

–Je n'arrive même pas à croire que j'ai pu chanter la chanson de Jane Reed, reprit la jeune femme, d'habitude je tiens mieux l'alcool que ça. Maudit soit Murzol.

Durlan laissa échapper un rire, lui faisant récolter un regard noir.

–Je savais que tu chantais bien, lança-t-il en prenant une gorgée de l'infusion.

–Si j'avais eu la force de te frapper je l'aurais fait Durlan de l'Aube.

Elle posa son front sur la table en soupirant et ferma les yeux. Une colombe vint se poser sur la rambarde du balcon et se mit à roucouler. Nylathria s'empara sa la première chose qui lui tomba sous la main, une mangue, et la jeta sur l'oiseau pour le faire partir.

–Vôtre Altesse, monsieur, les appela une femme de chambre en se plaça près d'eux, leur accordant une rapide révérence. On m'a chargé de vous informer que Sa Majesté la reine Sirila va convoquer le conseil et souhaiterait que vous soyez présents.

–Très bien, répondit Durlan en posant sa tasse, nous y serons.

La jeune femme s'inclina et reparti aussi vite qu'elle était venue.

–Il va falloir y aller Nyla, lui dit-il doucement.

Elle ne lui répondit que par un gémissement plaintif. De toute évidence, elle aussi aurait préféré rester au lit toute la journée. Il se leva péniblement de sa chaise et se plaça derrière elle, s'accoudant sur le dossier de son siège. Il se pencha ensuite et se mit à jouer avec l'une de ses mèches de cheveux. Il aimait lorsqu'elle les laissait détachés, elle avait l'air moins sévère et bien plus accessible. Il dégagea ensuite son dos et sa nuque, dévoilant le haut de ses marches qui se rejoignaient sur ses omoplates. Il les trouvait toujours aussi fascinantes. Il y déposa un baiser.

–Si je te donne une pièce d'or tu viens ? Souffla-t-il.

Elle se mit à rire.

–Ça ne va pas suffire, réplica-t-elle en levant la tête et en se retournant vers lui.

–Deux alors.

–Cinq.

–Marché conclu.

Il s'empara de sa bourse et en sorti les cinq pièces d'or. Nylathria le prit avec grand plaisir, visiblement fière d'elle.

–Tu es terriblement nul en négociations, lança-t-elle, et c'est pour ça que j'aime faire des affaires avec toi.

Elle se leva, rangea les pièces et se dirigea vers la porte.

–Vraiment ? Je suis nul en négociations ? S'exclama-t-il en la suivant. Je l'aurais été si je n'avais pas volé l'argent que je viens de te donner dans ta propre bourse.

Elle se stoppa et se retourna lentement vers lui, un mélange de colère et de fierté dans son regard.

–Je n'en reviens pas, fit-elle, tu as osé.

Il se contenta de lui sourire et continua sa route comme si de rien était. Oui il avait osé et il en était fier, après tout il avait appris aux côtés des plus grand chasseurs de primes.

On les escorta jusqu'à la salle du conseil qui se trouvait proche des appartements royaux. Durlan était souvent venu dans cette partie du château lorsque la reine invitait sa mère à discuter avec elle dans son salon privé. Cela lui rappelait tant de souvenirs, de bons souvenirs. Il se revoyait à courir dans ce même couloir avec la princesse Doranah. Ils adoraient faire la course jusqu'à une certaine porte, le premier qui l'atteignait pouvait regarder par le trou de la serrure, et tous deux écoutaient ce qu'il se disait à l'intérieur. Une fois, le père de Durlan les avait surpris et les avait aidés à se cacher lorsque le prince consort Daarodos, le père de Doranah, s'était approché de la porte derrière laquelle ils écoutaient.

La salle du conseil était à l'image du reste du château, toute en luxure. Le sol était en marbre, de nombreuses sculptures représentant pour la plupart des personnes nues décoraient la pièce ainsi que des tableaux des anciens rois et reines de l'Ambre. Ce royaume avait un gouvernement un peu particulier. Alors que sur l'Aube et l'Opale le premier fil né héritait du trône, sur l'Ambre il s'agissait du premier enfant du couple royale, qu'il s'agisse d'un garçon ou d'une fille. La reine Sirila était l'aînée, son frère n'étant né que cinq ans après elle il ne pouvait pas hériter du trône. Et à la naissance de la princesse Doranah, il avait perdu son titre de prince héritier.

Sur la table avait été étendue une carte du continent et quelques pions. La reine était assise sur son imposant siège, en pleine réflexion, et semblait n'écouter que d'une oreille ce que lui disaient ses conseillers. Le mage de la Cour, Uzapan, se contentait d'observer la scène dans le dos de la reine. Doranah et Goranan étaient là eux aussi, installés l'un à côté de l'autre, mais ne participaient visiblement pas à la discussion. Murzol, Torestrin et Azlore, qui visiblement n'avaient pas non plus récupéré de la veille, comataient dans un coin.

–Ah ! S'exclama Sirila en leva les yeux vers eux. Durlan, Nylathria vous êtes là. J'essaie depuis tout à l'heure de faire comprendre à mes conseillers que longer les côtes et les frontières de l'empire ne ferait que nous faire perdre du temps. Qu'en pensez-vous ?

–Si vous permettez Majesté, Altesses, intervint un homme chauve à la peau foncée, cela nous ferait en effet perdre du temps mais nous nous écarterions du danger.

–Aux dernières nouvelles, ajouta un autre, l'ennemi était à Aragath. Il est dans notre intérêt de passer le plus loin possible de cette ville pour atteindre Irindor.

–Que nous passions près d'Aragath ou par les côtes, fit Durlan, cela ne changera rien. L'ennemi est partout sur l'Aube, nous nous sommes fait attaquer à la frontière de l'empire elfique, non loin de Crasteodel il me semble.

–Dans tous les cas nous devrons nous montrer plus que prudents, lança le prince Goranan. Mais une armée ne passera pas inaperçue, nous serons de toute façon repérés.

–Il faudra nous arrêter le moins possible, uniquement lorsque les chevaux ne pourront plus tenir, déclara la reine, et nous reprendrons la route dès qu'ils seront d'attaque pour repartir, peu importe l'heure du jour ou de la nuit. Ce sera éprouvant mais je crains que nous n'ayons pas le choix.

–Cela ne règle pas le problème de l'itinéraire, lâcha l'un des conseillers.

La reine soupira et se leva de sa chaise pour se pencher au-dessus de la carte.

–Je suis d'accord avec vous sur un point, nous devons à tout prix éviter Aragath, reprit Sirila avant de lever la tête vers Nylathria. Par où êtes-vous passés pour vous rendre à Ellran Edhil ?

–Nous avons coupé à travers le Faux Bois, répondit la jeune femme, mais je crains que le chemin par lequel nous sommes passé ne soit pas praticable pour une armée entière.

Le Faux Bois était appelé ainsi car un druide y avait caché une armée entière grâce à la magie durant l'une des batailles de la guerre de Mille ans.

–Ce qu'il faudrait, fit Goranan, c'est passer aux abords du Faux Bois. L'armée pourra plus facilement se déplacer et la forêt constituera un avantage si l'ennemi attaque.

–Pas s'ils envoient leurs dragons, répliqua Nylathria. Le feu va se répandre trop vite pour que les hommes puissent s'échapper.

–C'est un risque à prendre, lança un conseiller, nous ne pouvons pas marcher à découvert alors que l'ennemi rôde.

–Nous pourrions lever un bouclier, moi et l'apprenti d'Avedelis, proposa le mage Uzapan. Comme ce qui avait été fait durant la guerre de Mille ans. Le Faux Bois doit certainement encore chargé d'énergie, cela nous aiderait.

Uzapan était un homme de la cinquantaine, à la barbe et aux cheveux grisonnants et aux traits sévères.

–Attendez, intervint Azlore, d'accord j'ai le Don mais je ne suis toujours pas un druide, je ne pratique pas autant la magie que vous !

–Mais tu possèdes une énergie magique, fit Nylathria. Nieven et moi pourrions aider.

–Vous pensez qu'à seulement vous quatre vous pourrez tenir tout le long de la traversée de l'Aube ? Demanda Doranah.

–Pour Nieven et moi, ce sera assez simple, répondit la princesse elfe. Nous puisons notre magie dans la nature, ce sera pour Azlore et Uzapan que ce sera plus compliqué, leur énergie n'est pas infinie.

–Beaucoup de méditation devrait suffire, lança le druide.

Azlore n'était pas très rassuré quant à cette idée mais il n'ajouta rien de plus. On avait dû lui apprendre à ne jamais contester les paroles d'un druide. Il se contenta de baisser la tête, presque tremblant. Murzol lui apporta son soutient en posant une de ses gigantesques mains sur son épaule frêle.

–Il nous faut encore parler de la traversée de Feoyether, reprit Sirila.

Nylathria s'approcha de la table et se mit à regarder la carte.

–Nous sommes obligés de passer par Shea Dorei, dit-elle, cela nous permettra à Nieven et moi de puiser dans la magie elfique qu'il abrite. Soit nous prenons la route royale et passons par Anhornor et Ellran Edhil, en sachant que nous devrons de toutes les façons en sortir juste après pour atteindre le Faux Bois, soit nous prenons une route secondaire pour passer près de Lilsehil.

–En prenant par Lilsehil nous nous rapprocherions de l'empire, réfléchissait Goranan, ce serait plutôt pas mal si jamais vous avez besoin de davantage d'énergie.

–Si nous voulons nous montrer le plus discret possibles, ajouta le commandant des armées, Lilsehil est une meilleure option puisque de toute façon, contourner Feoyether par les Terres d'Arkil et traverser la moitié de l'empire nous ferait perdre beaucoup trop de temps.

La reine se redressa sans quitter la carte des yeux.

–Ceux qui sont pour passer par Lilsehil lèvent la main.

Cette proposition fit l'unanimité.

–Bien, continua la souveraine, alors nous passerons par là. Dès que nous franchirons la frontière entre Feoyether et l'Aube, le bouclier devra être levé pour nous dissimuler. Néanmoins, nous devrons tout de même envoyer des éclaireurs.

–Olvaar s'en chargera, lança Nylathria. Les dragons ont une vue perçante, je lui demanderai de surveiller les alentours et il me préviendra du moindre danger.

–Parfait, conclu Sirila, si tout est bon je vais lancer les préparatifs pour le départ. Attendez-vous à ce que nous partions dans les prochains jours.

Elle contourna la table et s'en alla devant les révérences de tout le monde, le dos parfaitement droit. La reine Sirila avait certes un goût prononcé pour les spectacles et la luxure mais elle n'en restait pas moins une excellente souveraine.

Afin d'occuper le reste de leur journée, le petit groupe de compagnon avait décider de se rendre en ville. Azlore avait été fasciné par tous les artistes sur la place du sanctuaire, Torestrin avait repéré une échoppe qui vendait de l'herbe à pipe et la rue des bordels avait tapé dans l'œil de Murzol. Il les abandonna à la seconde où ils passèrent dans cette fameuse rue, rentrant dans l'une de ces maisons un grand sourire aux lèvres.

De nouveau, de nombreux spectacles se déroulaient sur la place du sanctuaire. Un dresseur faisait faire des tours à un ours, des danseuses performaient sur une musique envoûtante, très peu habillée et jetant des regards joueurs à tous ceux qui les approchaient, un barde chantait une chanson de sa composition, accompagné de son lut et un homme exposait fièrement un énorme serpent aux passants, leur proposant de le toucher. Même en temps de guerre Lakar restait fidèle à elle-même. Enfermée dans sa bulle, l'extérieur de l'atteignait pas.

Torestrin les quitta pour aller dans la petite échoppe. Durlan, Nylathria et Azlore se dirigèrent vers le barde et l'écoutèrent chanter. Des enfants couraient derrière eux et Durlan entendit l'un d'eux s'exclamer. Les trois petits se précipitèrent vers eux et l'un d'eux se mit à tirer sur la manche de Nylathria qui n'était pas du tout ravie.

–Comment est-ce que ça se fait que vos cheveux ils soient tous blancs ? Demanda-t-il.

–Et pourquoi vos oreilles elles sont si grandes ? Ajouta le deuxième.

–Vous avez vu ses yeux ! Termina le dernier.

Nylathria jeta un regard implorant vers Durlan qui se contentait de se payer sa tête. Cette fois-ci, il n'allait certainement pas l'aider, il voulait voir comment elle s'en sortirait avec ces enfants.

–Ne le répétez à personne, lança-t-elle, mais c'est parce que je suis une très vieille et très méchante sorcière. On m'appelle la Dame des bois. Et si vous arrivez à me voir c'est parce que vous êtes mes prochaines victimes et que si vous ne détalez pas maintenant, je vais vous manger.

Ils se mirent à crier et s'en allèrent en courant, l'un d'eux pleurait. Nylathria se redressa le sourire aux lèvres.

–Tu es consciente qu'ils vont être traumatisés à vie, lança Durlan, et qu'ils ne vont cesser de parler de la Dame des bois à leur mère.

–Je déteste les enfants, se contenta-t-elle de répondre d'un air las.

Durlan sourit. Il reconnaissait bien là son air méprisant et cela le faisait rire.

–Regardez ! S'écria Azlore. Un acrobate !

Il se précipita vers la foule qui s'était accumulée devant l'artiste qui marchait sur les mais et contorsionnait son corps d'une façon qui n'avait rien d'humaine. Durlan était à la fois fasciné et dégoûté. Une fois la performance terminée, ils décidèrent d'aller se balader dans les rues un peu plus calmes, récupérant au passage un Torestrin qui avait déjà la pipe au bec.

Ils passèrent devant quelques petites boutiques plus calmes. Certaines vendaient de la porcelaine, d'autres du verre, des tissus, des bijoux, des tapisseries et tapis ou encore des toiles que Durlan suspectaient être des contrefaçons. Ils restaient le plus possible à l'ombre pour se préserver de la chaleur. Lorsqu'un palanquin passait près d'eux, ils profitaient des diffuseurs de d'eau pour tenter de se rafraîchir. Même si Lakar était magnifique, Durlan ne pourrait y rester indéfiniment à cause de cette chaleur constante. Même les hivers étaient chauds.

Une voyante vint les accoster pour les emmener dans sa roulotte, leur proposant de lire leur avenir. Mais Nylathria savait se montrer menaçante et elle ne se gêna pas en voyant que la petite femme insistait. Surtout qu'Azlore était à deux doigts de se faire avoir.

Ils débouchèrent sur le port qui était tout autant agité que la place du sanctuaire. Là, de nombreux marchands hurlait les prix de leurs poissons et autres fruits de mer, vantant sa provenance ou son goût. L'un d'eux apparut devant Azlore et lui proposa de goûter une palourde et le garçon accepta sans demander si la prestation était gratuite ou non. Et bien évidemment, rien n'était gratuit à Lakar alors Durlan paya le marchand pendant que l'apprenti druide se dirigeait vers une échoppe, les yeux remplis d'étoiles. Cela lui faisait plaisir de le voir aussi heureux.

Mais la réalité des évènements les rattrapa. De nombreuses unités militaires passaient dans les rues, rejoignant la caserne ou le palais pour se préparer au départ. Durlan savait que la reine Sirila avait appelé tous les soldats des quatre coins du royaume à venir la rejoindre à Lakar il y avait de cela quelques semaines. La ville en abondait.

Finalement, après avoir marché durant plusieurs heures à travers la ville, Nylathria les informa qu'elle allait rejoindre Olvaar pour s'assurer que tout allait bien.

–Tu reviens ce soir ? Lui demanda-t-il tout bas. J'ai envie que nous dînions tous les deux.

Elle fronça les sourcils mais ne parut pas plus surprise que cela.

–Oui ne t'inquiète pas, je ne serais pas longue.

Elle lui sourit avant de s'effacer dans la foule. Ils continuèrent leur chemin et retournèrent en direction du palais royal.

–Vous croyez qu'on retrouvera Murzol dans combien de jour ? Demanda Azlore.

–La vraie question, mon garçon, répliqua Torestrin, c'est est-ce qu'on le reverra un jour ? Parce qu'avec le nombre de bordels ici, je doute qu'il nous revienne de sitôt.

Ils rentrèrent en riant alors que Torestrin déballait tout un tas d'histoires sur Murzol et ses conquêtes, omettant certainement quelques passages devant Azlore.

Le soir venu, Durlan avait demandé à ce que leur repas soit servit dans leurs appartements, sur la table du balcon. Comme promis, Nylathria rentra une heure après s'être éclipsée, épuisée par la chaleur. Alors que Durlan s'y attendait, il fut surpris qu'elle ne pose aucune question sur la nature de ce dîner mais il ne s'en plaignait pas. Il la regarda un instant, penchée par-dessus la rambarde à regarder le soleil se coucher, jouant avec l'Étoile de la Nuit. Il fourra la main dans sa poche pour vérifier que le bijou y était toujours.

Il souffla et la rejoignit. Elle ne broncha pas lorsqu'il se plaça à côté d'elle. Elle ferma simplement les yeux, profitant de la légère brise qui venait de se lever. Le ciel s'assombrissait, le soleil disparaissait et les étoiles pointaient le bout de leur nez.

Ils se mirent à table, et tout en parlant ils se délectaient de tous ces aliments qu'on ne voyait que sur les Terres d'Ambre. Des sardines grillées, des poivrons confits à l'huile d'olive, du ragoût d'agneau, des gâteaux au citron ou à l'orange, le tout accompagné d'un excellent vin provenant de Tekha. Une fois le repas terminé, les femmes de chambre débarrassèrent le tout.

Ils se retrouvèrent de nouveau seuls sur le balcon à regarder Lakar de nuit. Les magasins et échoppes avaient fermé, plus aucun spectacle n'était donné sur les places mais les tavernes, auberges et bordels eux restaient ouverts, animant la ville jusqu'au levé du soleil. Le cœur battant, il plongea de nouveau la main dans sa poche, juste pour se rassurer.

–Nyla ?

Elle tourna la tête vers lui. À la lueur de la lune, ses yeux améthyste étaient encore plus beaux que sous les rayons du soleil.

–Bientôt tout va s'enchaîner, continua-t-il, et je ne sais toujours pas si je vais ou non me battre. Avant de perdre mon titre j'aurais foncé tête baissée pour défendre l'Aube, pour défendre le continent mais aujourd'hui je ne sais plus. Je n'avais rien à perdre alors je pouvais me permettre de risquer ma vie mais tout a changé et... et j'ai peur.

Elle posa sa main sur la sienne et lui adressa un fin sourire.

–C'est normal d'avoir peur, le rassura-t-il, tout le monde est effrayé. Et c'est même bien d'avoir peur parce que tu peux t'en servir, elle peut être utile si tu arrive à la contrôler.

–Mais je n'ai pas peur pour moi.

Son cœur battait de plus en plus fort dans sa poitrine et il avait peur qu'elle ne l'entende. Il se tourna complètement vers elle et prit ses mains, s'armant de courage.

–J'ai peur pour nous, murmura-t-il. J'ai peur pour toi.

Son visage se décontracta et elle lui offrit un ce ces sourire pour lesquels il était prêt à tout.

–Tout ira bien pour moi, lui dit-elle doucement, j'ai déjà survécu au Fléau, ça c'est du gâteau. Et puis, on ne se débarrasse pas de moi aussi facilement.

–Ce que je veux dire c'est que nous n'avons aucune certitude. Même avec l'Étoile du Jour on peut me tuer et si jamais nous venions à marcher sur ce champ de bataille il n'est pas dit que j'en ressorte vivant.

Elle pressa sa main pour lui apporter du réconfort.

–Je ne laisserai personne te tuer Durlan de l'Aube. Si je dois sacrifier ce qui m'est le plus cher au monde je le ferais sans aucun doute mais je refuse de te regarder mourir sans rien faire.

–Parfois on ne peut rien faire face à la mort, souffla-t-il, nous le savons tous deux. Mais si jamais il devait m'arriver quelque chose, je voulais qu'il te reste quelque chose qui vienne de moi et puis il me semble que je te devais quelque chose.

Elle fronça les sourcils, ne comprenant visiblement pas à quoi il faisait allusion. Tant mieux. Il fourra sa main dans sa poche et en sortit un anneau.

–Durlan ! S'exclama-t-elle. Mais c'est... de l'or blanc ? Où est-ce que t'as trouvé ça ?

Il se mit à rire.

–J'ai volé l'un de tes bracelets à Gaaldorei et à Irindor j'ai trouvé un forgeron qui a su le travailler et reproduire la bague que j'avais dessiné.

Le sourire de la jeune femme s'effaça alors qu'elle plongeait son regard dans le sien.

–C'est ce que tu étais parti faire lorsque Berengar t'a arrêté, n'est-ce pas ?

–Comme toi, je suis prêt à sacrifier ce qui m'est le plus cher au monde pour voir ton sourire. Pour toi.

Elle resta silencieuse un moment, puis son visage s'illumina de nouveau.

–Je n'en reviens pas, murmura-t-elle, tu as volé quelque chose qui m'appartenais pour pouvoir m'en offrir une autre. Tu as un de ces culots Durlan de l'Aube !

–J'ai appris de la meilleure. Mais avant que je te la donne, je tenais à faire ça dans les règles de l'art.

Il posa alors un genou à terre et la regarda droit dans les yeux, le cœur battant.

–Nylathria Balsandoral, me feras-tu l'honneur de devenir ma femme ?

–Je n'ai pas vraiment le choix, répondit-elle, nous sommes déjà fiancés.

Elle se mit à rire en s'accroupissant pour se mettre à sa hauteur. Elle posa délicatement sa main sur sa joue et lui sourit tendrement.

–C'est avec plaisir que je deviendrais ta femme, Durlan Vecralon.

Il ne pouvait s'empêcher de sourire comme un idiot alors qu'il lui passait la bague au doigt. Lorsqu'il releva la tête vers elle, elle fondit sur ses lèvres et le serra contre elle. Il perdit l'équilibre et ils tombèrent tous les deux à la renverse. Ainsi allongé sur le sol du balcon, il se mirent à regarder les étoiles.

–Tu sais quoi ? Lança-t-il. Ma mère avait l'habitude de me dire que les étoiles brillent parce que les personnes qui nous aiment leur ont demandé de le faire pour nous.

Nylathria éclata de rire et lui asséna un léger coup dans le bras.

–Tu es stupide, lui dit-elle.

Il se mit lui aussi à rire et la rapprocha un peu plus de lui. Elle posa sa tête au creux de son épaule et il déposa un baiser sur le haut de son crâne.

–Si j'avais pu le faire, souffla-t-il les yeux rivés sur le ciel, je les aurais allumées pour toi.

–Je sais.

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