Épilogue

Durlan se réveilla à cause des rayons du soleil. Les rideaux de la chambre n'avaient pas été fermés et il se demanda pourquoi. Il le faisait systématiquement d'habitude. Il se leva difficilement de son lit, tiraillé par ses blessures dans son dos et à son ventre, et se traîna jusqu'à la fenêtre. De sa chambre il voyait la cour principale, les portes donnant sur la ville et au-delà, la capitale. Il sourit en voyant le peu de dégâts qu'avait subit Irindor. Au moins avaient-ils pu la protéger.

En revanche, la plaine qui avait servi de champ de bataille était calcinée, tout comme une bonne partie de la forêt d'Antoris. Une épaisse fumée noire en provenait et beaucoup de personnes y étaient encore pour éteindre les dernières braises et éviter un nouvel incendie.

Ses yeux tombèrent sur une lettre posée sur la table en bois. Son nom était écrit à l'avant et il était scellé d'un sceau qui n'avait ni queue ni tête, comme qui quelqu'un en avait superposé plusieurs pour qu'on ne sache pas d'où il vient. Il s'apprêtait à l'ouvrir quand on frappa à la porte. Instinctivement il cacha la lettre.

–Entrez !

Berengar et Marden arrivèrent et le cherchèrent d'abord sur le lit avant de remarquer qu'il était devant la fenêtre.

–Ah tu es réveillé ! S'exclama Berengar. Comment te sens-tu ?

Le roi tenait dans ses mains un rouleau portant le sceau des Terres de l'Aube.

–Plutôt pas mal, même si j'ai connu mieux. Qu'est-ce que c'est ?

Il pointa le rouleau et les deux frères échangèrent un regard.

–C'est un document qui stipule que nous te rendons ton titre de prince de l'Aube et tes terres. Le deuxième atteste de ta légitimité et annule, si je puis dire, l'annulation du mariage de tes parents.

–C'est pour te remercier de t'être vaillamment battu à nos côtés, ajouta Marden, même après tout ce que tu as subis.

Il n'en croyait pas ses oreilles. Lui qui pensait avoir perdu son titre à tout jamais, voilà qu'il était redevenu un prince. Il ne savait même pas comment prendre la chose.

–Merci Vôtre Majesté, fit Durlan à l'intention de Berengar.

–Seulement Berengar, lança-t-il. Demain je ne serais plus roi, je viens d'abdiquer au profit de Marden.

Cette nouvelle-ci le secoua davantage.

–Ce qui veut dire...

–Que tu es le prince héritier ? Finit Marden. Exactement.

Il ne savait quoi dire ou penser. Il ne savait même pas si c'était une bonne chose et s'il en était heureux. Tout se passait tellement vite.

–Mais... pourquoi ?

Berengar baissa les yeux, honteux.

–Ma mère et moi avons empoisonné mon père, répondit-il finalement. Il y a eu un procès ce matin-même, c'est là que j'ai avoué et abdiqué. Marden a fait en sorte que Mère et moi soyons envoyés en exil sur l'île Voilée jusqu'à la fin de nos jours. C'est soit ça, soit la décapitation, on peut dire qu'on s'en sort bien.

Prit d'une impulsion il se dirigea vers Berengar et l'enlaça.

–Je te pardonne, souffla-t-il, pour tout.

Son cousin lui rendit son étreinte.

–Merci.

Il lui sembla, l'espace d'un instant, que Berengar pleurait. Les deux hommes s'en allèrent rapidement pour qu'il se repose, lui laissant les documents. Durlan les regarda longuement. Oui il était heureux mais il avait l'impression que quelque chose manquait au tableau.

Il sortit ensuite la lettre et la décacheta. L'écriture était belle et raffinée, il ne faisait aucun doute que cela venait d'une femme de haut rang. N'en pouvant plus d'attendre il se mit à lire.

Cher Durlan,

J'espère de tout cœur que tu te sois rétablit correctement, Azlore et Avedelis sont aux petits soins pour toi et je sais que tu seras bien traité.

Je suis au courant pour ton titre et je suis tellement heureuse que tu aies pu le récupérer. Berengar a su se montrer bienveillant. Je suis certaine que ta nouvelle place à la Cour te plaira, tu pourras te faire plaisir autant que tu le souhaites.

Lorsque tu liras cette lettre je serais certainement partie vers d'autres horizons, à la recherche d'aventures et de quoi me faire de l'argent.

Tu m'auras aussi certainement oubliée et c'est de ma faute, mais saches que moi je ne t'oublierais pas petit prince.

Je n'oublierais jamais le jour où j'ai eu l'honneur de rencontrer le Bâtard de l'Aube.

N. B.

N.B. Ces deux initiales ne lui disaient rien et pourtant il avait la ferme impression de connaître cette personne. Il voulait absolument savoir qui elle était et pourquoi il n'arrivait pas à se souvenir d'elle. Et qui était le Bâtard de l'Aube ? Était-ce ainsi qu'elle l'appelait ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête.

Il referma la lettre, perdu, et leva les yeux vers la fenêtre. Une femme en tenue de voyage s'avançait dans la cour avec son cheval. Ses longs cheveux blancs étaient attachés dans une tresse et deux cornes couronnaient sa tête. Elle monta en selle et il put, juste avant qu'elle ne rabatte sa large capuche sur ses cornes, voir son visage. Elle était d'une beauté sans pareil, une beauté qu'il avait l'impression d'avoir déjà touché du doigt. Il savait, au fond de lui, que cette femme était celle qui avait écrit cette lettre.

Elle poussa sa monture vers la porte et il la regarda s'effacer dans la ville, emportant avec elle le Bâtard de l'Aube.

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