Chapitre 16: Appel étrange de Tadashi

Je laisse mes doigts glisser le long du clavier pour entamer la partition de River Flows in you. La mélodie me détend, je connais les notes par coeur à force de la jouer. Brr Brr vibre mon téléphone, de ma main gauche je décroche:

"Tu peux plus te passer de moi ou quoi ? On a parler y a même pas une heure ! Demandais-je en Français tout en continuant de jouer.
- J'ai rien compris de ce que tu as dit Aoi-nee. Je fronce les sourcils en regardant le nom de Yukio afficher sur l'écran de mon téléphone.
- Tadashi ? Ça va ?
- Non, il faut que tu viennes vite !
- Quoi ? Mais pour..." Je suis couper par le bip annonçant qu'il a raccrocher. J'arrête tout mouvement pour réfléchir puis me lève, mets mes chaussures à toute vitesse et part en courant vers la maison des Kasamatsu le téléphone à la main.

Arrivé devant je toque affolée, la porte s'ouvre sur Yukio. Je tente de parler mais j'ai plus de souffle.
"Aoi ? Qu'est ce que tu fais là ? Qu'est ce qu'il se passe ?
- J'en...sais...rien. Ton frère...m'a appelé... J'inspire un grand coup. Il m'a dit que je devais vite venir avant de raccrocher du coup me voilà.
- C'est pas vrai ! C'est toi qu'il a appelé avec mon téléphone. Vas-y entre ! Dit-il en se décalant pour me laisser passer. Je m'avance vers le salon.
- Aoi ! Quelle bonne surprise ! Ça va ? Me demande Izumi avec un visage inquiet
- Oui oui juste essoufflée.
- Tadashi la appelé en lui disant de venir rapidement avant de raccrocher... commence l'aîné
- Du coup je suis venue le plus rapidement possible. Finissais-je
- Je pense savoir pourquoi. J'hausse un sourcil et la mère de famille me tend un verre d'eau. J'ai voulu faire des crêpes mais je crois avoir loupé." Dit-elle en grimaçant. Je bois d'une traite la boisson. Je rigole en m'approchant d'Izumi pour voir les dégâts, je plonge mon petit doigts dans la pâte que j'amène à ma bouche pour gouter.

"Je confirme. Y a trop d'huile, la pâte n'est pas assez liquide donc il manque du lait. Et de plus y a trop de sucre. Heureusement que tu ne les a pas cuit sinon elles auraient collés la poêle. T'as une poêle à crêpes au moins ?
- D'accord, je me suis totalement loupé... Et non je n'en ai pas.
- Mais non ! Ne t'inquiète pas c'est la première fois c'est pour ça. J'en ai une chez moi. As-tu assez d'ingrédient pour refaire la pâte ? Elle secoue la tête négativement. Ok. Alors je vais aller chez moi chercher tout ce qu'il faut et je reviens.
- Yukio et Tadashi ont qu'à t'accompagner." J'hausse les épaules et nous partons chez moi.

Je sors tout ce qu'il faut et les pose sur la table de la cuisine. "Yukio tu peux me passer un sac dans le placard juste à côté de toi, s'il te plait." Demandais-je en cherchant la poêle puis le lait. Il me l'amène et mets les ingrédients et la poêle dans le sac. Tandis que je vérifie qu'on est tout, des notes de piano se font entendre. Nous nous dirigeons vers le salon où se trouve mon piano électrique posé sur la table basse. Je suis partie précipitamment et j'ai oublié de le ranger, mince. Tadashi appui sur toutes les touches puis s'approche de moi, m'attrape la main et m'assois face au piano.

"Quand je t'ai appelé tu jouais quoi ?
- River Flows in you. Répondis-je simplement en effleurant le clavier. Normalement c'est un duo, piano et violon. Et quand tu l'entends des milliers de frissons parcours tout ton être. Ce morceau est un vrai chef d'oeuvre.
- Tu sais jouer du violon ?
- Je dois avoir des restes. Avant je faisais ce duo avec mon père...
- Tu peux jouer ce morceau ?
- Tadashi. Gronde Yukio.
- Bien sûre !" Je le vois hocher de la tête.

Je me place comme il faut face au piano. J'inspire un grand coup en fermant les yeux, je les rouvre et commence a jouer River Flows in You. Les premières notes sont lentes laissant résonner les touches du piano. Mes doigts glissent sur le piano hésitant puis avec fluidité me mettant dans une bulle laissant doucement des souvenirs remonter à la surface. Un son agréable pour les oreilles qui se concentre sur les accords. Tout en délicatesse, le bout de mes doigts effleurent avec précision les touches donnant un son mélodieux. Puis patiemment le rythme s'accélère, petit à petit. Mon cerveau se déconnecte du monde réel tandis que mes doigts jouent instinctivement. La douce musique envahie mon appartement, le plongeant dans la mélodie enchanteresse du morceau. Les paupières clauses, le haut de mon corps suit le mouvement de mes doigts. Toute ma crainte s'en va. Je me vois jouer ce même morceau avec mon père, lui au piano et moi au violon, le parfait accord. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de jouer avec lui. Ça me manque... C'est à ce moment là que je me sens vraiment exister. Mes pensées divaguent, je repense à mon enfance, à tous les gens que j'ai rencontrés, à tous les pays que j'ai visité, à tous les moments que j'ai partagé, à tous les problèmes que j'ai eu, à tous mes matchs de basket, à tous mes moments passé en famille, avec mes amis,... Je passe par tout les états d'âmes. Les paroles de mon père me reviennent en tête: "Cette musique est à la fois triste et romantique. Elle ne peut être définis que sur un seul sentiment. Tout notre être réagis aux notes du piano. Tes sourcils sont colères, tes yeux sont tristesses, tes lèvres sont tendresses, ton coeur est amour et tes doigts s'expriment sur le piano. N'oublie jamais que l'amour est là même si tes yeux pleurent." La chaleur du morceau me transporte, je vois les visages de Taiga, Tatsuya, Alex, Tetsuya, mes frères et mes parents. Puis viens les membres de l'équipe de Kaijo et de Seirin, la famille de Yukio et enfin Yukio. Je ralentis le tempo comme au début du morceau annonçant la fin. Les dernières notes arrivent, un sourire triste étire mes lèvres sans que je ne puisse l'éviter. Une fois la dernière note évanouit, je retire mes doigts du piano délicatement, je regarde quelques secondes le clavier puis me tourne vers les deux garçons. Les yeux de Tadashi brillent et il a la bouche ouverte impressionné ce qui me fait sourire. Mes prunelles noisettes dérives pour plonger dans ceux océans de Yukio. Même s'il est assez loin de moi, je me sens happé par la profondeur de son regard. Un sourire compatissant et doux étirent ses fines lèvres. Je reviens à la réalité lorsque deux petites mains viennent essuyés mes joues humidifiés par les larmes qui se sont échappés du seuil de mes paupières sans que je m'en rende compte. Je retire d'un geste lent les mains de Tadashi en lui souriant.

"Tu veux que je t'apprenne un morceau facile ? Le garçon de 14 ans hoche vivement la tête en s'approchant de moi. Je l'assois sur mes genoux et lui montre les accords qu'il doit faire. Pour t'aider tu as cas chantonner les notes. On va seulement en utiliser 3. Do Do Do Ré Mi Ré Do Mi Ré Ré Do." Tout en parlant, je joue les trois notes en rythme. Tadashi tente mais n'y arrive pas du premier coup alors je l'aide en faisant résonner les trois sonorités. Mes perles noisettes se posent sur Yukio qui sourit tendrement en nous regardant. "On peut faire une photo ! S'il te plait !" Me demande brusquement l'adolescent, pour toute réponse je tend mon téléphone à son grand frère. Nous sourions en regardant l'objectif et mon capitaine prend la photo puis se l'envoie par MMS.
"Et si on allait faire des crêpes ? Qu'est ce que tu en penses ? Demandais-je au plus petit.
- Oui ! Je veux gouter aux crêpes d'Aoi-nee !" Crie-t-il de joie.

"Yukio-nii, on peut montrer les vidéos et la photo à maman ? Demande le garçon de 14 ans
- Quelles vidéos ?
- Onii-chan a filmé Aoi-nee lorsqu'elle jouait du piano." Répond-il à sa mère. Je lève les yeux de la pâte pour regarder le joueur de basket qui me regarde d'un air désolé, j'hausse simplement les épaules en guise de réponse. L'aîné donne son téléphone à sa mère qui met en route la vidéo. Les deux plus jeunes et Izumi s'assoient à la table en regardant la vidéo dont le son résonne dans toute la pièce. Je me laisse de nouveau emporté par la musique en faisant la pâte. Aucun son ne vient briser le morceau même lorsque celui-ci est fini. Les notes de musique de ma chanson préféré débute de nouveau tandis que je fais la première crêpe. Sans m'en rendre compte les doigts de ma main droite bougent jouant la partition sur le plan de travail alors qu'avec ma main gauche je m'amuse à mélanger lentement la préparation. Je tourne la crêpe lorsque la voix de Yukio me fait sursauter et je me brûle sans faire attention. "Merde ! Quelle maladroite." marmonnais-je. Je repose la poêle et regarde ma 'blessure'. Une main sur ma hanche et les doigts entourant mon poignet, le garçon aux yeux bleus me tire vers le lavabo et passe ma main sous l'eau froide qui apaise la sensation. "Merci/Désolé de t'avoir surprise" disons-nous en même temps, je tourne ma tête vers lui en souriant doucement, sourire qu'il me rend.

Je me rend compte que la musique est fini quand Izumi et ses enfants s'exclament: "On veut le bisous ! On veut le bisous !" On s'écarte l'un de l'autre, lui passe sa main sur sa nuque les joues rosies tandis que je joue avec mon collier les joues en feu. Ça sent le cramer... Les crêpes ! Je me retourne pour enlever la crêpes qui est plus que cuite, je la jette directement à la poubelle et en fait une autre.

"Où as-tu appris à jouer du piano ? Demande Izumi toujours assise sur une chaise.
- Elle m'a dit qu'elle sait jouer du violon aussi ! S'exclame Tadashi avant de partir jouer avec Ichiro.
- Mon père en jouait souvent quand j'étais petite, j'ai appris les bases avec lui puis un jour ma mère m'a inscrite à un conservatoire où j'allais à la chorale et apprenais à jouer n'importe quel instrument.
- Wow ! C'est super t'as du adorer !
- Pour tout te dire, au début c'était le cas mais avec la pression que me mettait ma mère les choses ont changés. Répondais-je en retirant une crêpe de la poêle.
- Tu chantes toujours ?
- Comme tout le monde sous la douche. Après je chantonne toujours quand je réfléchis ou que je veux faire passer le temps ou quand une musique passe. Enfaite tout le temps. Rigolais-je
- J'aimerai bien entendre ta voix. Dit l'aîné qui se trouve appuyé sur le plan de travail près de moi en me regardant.
- Un jour peut être. Éludais-je les rougeurs revenant s'installer sur mes joues.
- De quel instrument joue-tu ? Intervient la mère des garçons.
- Je jouais serait plus correcte. Alors il y a... Je réfléchis. En vrai y en a trop pour tous les citer. Je continue de faire les crêpes en cherchant les bons mots. On changeait d'instrument tous les jours pour ensuite vers le milieu de l'année choisir l'un d'entre eux. On améliore notre façon de jouer pour qu'à la fin de l'année, on fasse un solo ou duo devant tous les parents. Durant le spectacle, les membres de la chorale chantaient puis les musiciens jouaient. J'hésite puis ajoute. Il m'arrive encore de jouer du piano et du violon.
- Je ne m'y connais peut être pas mais pour moi tu as du talent. Dis-moi, qu'est-ce que tu ne fais pas ? Tu fais du basket, tu sais te battre, cuisiner, parler une autre langue d'après Tadashi, chanter et jouer des instruments de musique. Enonce Izumi.
- Je suis pas non plus très talentueuse. J'ai appris à me battre sans le vouloir. Je sais cuisiner parce que ma mère travaillait jusqu'à tard et qu'on était à l'autre bout du globe. Pour ce qui est de parler d'autres langues, j'y étais contrainte si je voulais me faire des amis. Tout le monte chante ou sait jouer un instrument c'est pas tellement compliqué. Et pour le basket, c'était mon langage face à l'inconnue. De plus je ne suis pas une très bonne joueuse.
- Tu parles combien de langue ?
- Euh... Anglais, italien, espagnol, français et Japonais. Dès qu'on sait parler Anglais c'est plus facile vu que c'est une langue très apprise.
- T'es pas une très bonne joueuse ? Tu rigoles j'espère ! Rétorque Yukio en croisant les bras.
- Non, il y a de bien meilleur joueur. Regarde la génération miracle ! Sans compter les pros.
- T'es vraiment pas doué pour voir tes qualités.
- C'est pas vrai. Rétorquais-je en esquivant son regard les yeux rivés sur les crêpes.
- T'es bonne cuisinière, tu parles plusieurs langues, tu sais te battre, t'as une voix sublime... Les battements de mon coeur s'accélère face à ses compliments.
- Tu es magnifique ! Complète sa mère aux moments même où les petits reviennent
- Tu raconte des histoires que j'adore ! Dit Ichiro en me faisant un câlin.
- Tu es généreuse ! Tu nous a offert des cadeaux alors qu'on s'était vu qu'une fois. Dès que je t'ai appelé tu es venue en courant.  Rajoute Tadashi en s'ajoutant au câlin.
- Tu protège tout le monde même les inconnus ! Fait Yukio me rappelant notre rencontre et l'autre jour.
- Tu es intelligente ! S'exclame Izumi. Tu es impressionnante et talentueuse dans tout ce que tu fais." Finis la mère de famille en me prenant elle aussi dans ses bras. Je regarde Yukio dans les yeux et me perds dans l'océan qui s'offre à moi. J'en ai les larmes aux yeux, il s'approche de moi et imite sa famille. Je sens les larmes ruisseler le long de mes joues et atterrir sur son épaule tandis qu'il me frotte le dos. Je lui chuchote: "Merci Yukio." et enlace du mieux possible la famille Kasamatsu.

Après ce moment émotion, nous mangeons les crêpes avec du Nutella, sucre, confiture ou encore du sirop d'érable. Izumi s'occupe de ranger les garnitures tandis que je fais la vaisselle alors que les garçons se sont éclipsés.

"Je t'ai dit que j'allais la faire !
- C'est rien, j'ai l'habitude. Elle s'appuie près du lavabo pour essuyer avec un torchon la vaisselle propre.
- Je peux te poser une question ? J'hoche la tête en signe d'accord. Qu'est-ce que tu penses de Yukio ?
- ... La louche m'échappe des mains et tombe dans le lavabo rempli d'eau en m'éclaboussant. Pourquoi cette question ?
- Il a raison. Dès que tu veux pas répondre tu pose une question. Je souris coupable. Je vois votre rapprochement.
- On est juste de bon...amis ? Ma réponse sonne plus comme une demande qu'une affirmation.
- Tu vois ! Tout comme lui, tu ne sais pas définir votre relation.
- Cela te dérange qu'on soit proches ? Demandais-je le coeur battant en reprenant la vaisselle.
- Au contraire. J'aimerai avoir une belle-fille tel que toi. Tu peux le faire passer par toutes les émotions possible en un rien de temps ! Vous vous chamaillez souvent et je trouve ça adorable. Vous me rappelez leur père et moi... avoue-t-elle pensive.
- Où est-il ? Enfin si ce n'est pas indiscret !
- Ne t'inquiète pas. Il est décédé il y a quelques années. Depuis Yukio est l'homme de la maison et c'est grâce à eux que je tiens.
- Pardon. Je ne voulais pas vous le rappeler...
- C'est rien, je penses souvent à lui. Yukio lui ressemble beaucoup.
- Il devait être un beau garçon, un mari attentionné et un père présent. Souriais-je.
- Je vois que tu n'es pas indifférente à son charme ! Dit-elle malicieusement.
- ... Yukio me semble être comme cela.
- Tu le vois tel qu'il est ! Tu ne t'arrête pas à son mauvais caractère ou à sa gêne et ça c'est plus que toutes mes espérance. Vous formerez un beau couple !" Ce soir-là, la discussion était calme et agréable. Mon coeur battait rapidement des propos de la famille Kasamatsu mais je ne m'étais jamais senti aussi aimé et à ma place de toute ma vie.

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