Chapitre 4
La garden-party arriva bien vite et beaucoup de nobles ainsi que des familles royales avaient reçu des enveloppes. Claire qui était cachée derrière une haie et qui observait les gens à la dérobée, cherchait une personne bien connue. Elle se mordit la lèvre en se demandant s'il allait venir ou s'il allait prendre peur. Car tous les hommes présents, mariés ou non, étaient soit des ducs, des marquis, ou soit des princes. Sa mère avait fait exprès d'organiser cette réception pour tenter de trouver un mari pour sa fille. Au grand désarroi de cette dernière. Soudain, elle remarqua une tignasse brune à un endroit. Il était en grande discussion avec une jeune adolescente qui devait sûrement être sa sœur – elle avait les mêmes yeux que lui. Un coup de tête à droite et à gauche, et Claire se faufila entre les invités jusqu'à rejoindre la famille d'Egerton. Prenant un verre au passage sur un des plateaux portés par un majordome, elle fit semblant de venir de loin et naturellement.
– Monsieur d'Egerton, madame la baronne, quelle joie de vous voir, dit-elle avec un grand sourire.
Sous des airs naturels, au fond d'elle, elle était terrifiée. Elle n'avait pas pour habitude d'aller vers des personnes et de s'incruster dans une conversation. Mais le visage doux et chaleureux de James lui donnait de l'adrénaline qui la poussait à accomplir toutes ces choses.
Le fils de la baronne se tourna vers elle et s'inclina suivi des deux femmes. Elle tendit sa main et le jeune homme la prit et la baisa délicatement. Claire pria pour que personne remarque le frisson dont elle avait été pris au moment du toucher avec les lèvres de James.
– Je suis heureuse de vous revoir. Cela faisait bien trop longtemps. Vous devez être sa petite sœur ? demanda-t-elle en se tournant vers Aliénor.
L'adolescente s'empourpra et s'inclina de nouveau avant de bégayer. James, voyant le désarroi dont elle était prise, répondit à sa place.
– Votre Altesse, laissez-moi vous présenter ma petite sœur, Aliénor. Mon père n'a pu se joindre à nous car son travail lui prend beaucoup de temps, veuillez l'excuser.
– Il n'y a pas de mal, il y a déjà assez de monde. Et pour être honnête, vous êtes la seule personne que je connaisse vraiment, murmura-t-elle en se penchant légèrement.
D'où lui venait cette assurance ? Elle ne savait pas. Mais lorsqu'Aliénor pouffa derrière sa main, elle fut heureuse de sa phrase. James eut un léger sourire tandis que la mère regardait au loin si elle connaissait des personnes.
– Viens ma chérie, dit-elle tout à coup. Nous allons nous servir à boire. De plus, je vois la duchesse de Norfolk, une vieille connaissance.
James ouvrit la bouche pour dire à sa mère qu'il était inutile de partir mais aucun son ne sortit de sa bouche. Le couple suivit des yeux la mère et la fille les quitter et se diriger jusqu'au buffet. Un grand silence s'installa entre eux deux, chacun regardant dans une direction différente. Claire but une gorgée de son champagne pour faire passer le temps tandis que James vérifiait qu'aucune poussière ne s'était installée sur sa veste.
– Vous... dirent-ils en choeur.
– Je vous laisse la parole, dit James en inclinant la tête.
– Hum. Avez-vous rencontré certaines personnes durant cette garden-party ?
– Je n'en ai pas vraiment eu le temps. Vous êtes venue juste après notre arrivée.
– Oh, vous m'en voyez désolée. Je pensais que cela faisait longtemps. Souhaitez-vous que nous fassions un tour ?
Le jeune homme tendit son bras qu'elle accepta directement avec un grand sourire. Elle allait enfin pouvoir échapper aux princes définitivement ainsi qu'à sa mère qui devait sûrement la chercher pour la présenter à une personne influente. Ils arrivèrent près d'une fontaine et Claire prit un peu d'eau dans ses gants avant d'en mettre sur sa nuque. Il fallait à tout prix qu'elle fasse baisser la température de son corps. Et se retrouver seule avec James n'était pas la chose la plus simple pour y arriver.
– Où habitez-vous donc James?
– Notre maison se situe sur Piccadilly Street, à une quinzaine de minutes en calèche. Nous y possédons une maison. Mais sinon, notre résidence d'été est à Chester, dans le Cheshire. Nous sommes reliés au comté qui est à quelques miles de notre maison.
– Lorsque nous partons de Londres pour l'été, nous n'allons pas très loin de votre baronnie. Après, nous avons plusieurs résidences mais celle que je préfère c'est Clutton. Voyez-vous où cela se trouve ?
Tandis que James répondait positivement à la question, Claire se sentait bien bête de dire que c'était sa préférée. Car elle n'y avait mis les pieds qu'une seule fois. Pour dissimuler son mensonge, elle se pencha et trempa légèrement ses gants vers la fontaine.
– Vos gants vont être trempés votre Altesse. Vous ne devriez pas...
Il ne put terminer sa phrase que Claire tomba à l'eau, James la suivant de près. Parce que pendant qu'il disait cette phrase, James s'était approchée d'elle et avait posé une main sur sa taille pour éviter qu'elle ne tombe. Malheureusement, l'inverse était arrivé. Car la princesse ne pensait pas qu'il la toucherait et sa réaction avait été de se retourner vivement. Un peu trop vivement sans doute car ses pieds s'emmêlèrent et elle tomba en arrière. Sauf qu'en voulant se rattraper à quelque chose, elle n'eut que la veste du fils du baron sous la main et donc, elle l'entraîna dans sa chute. C'est ainsi qu'ils se retrouvèrent tous deux à l'eau, dans une position légèrement gênante : Claire les fesses contre le sol de la fontaine, James ses bras entre elle tout comme ses jambes pour éviter de l'écraser.
Claire tentait désespérément de se relever mais avec James sur elle, c'était compliqué. Surtout que lui manquait de glisser en avant à chaque fois qu'elle esquissait un geste.
– Votre Altesse, tenta-t-il de l'appeler une première fois.
– Il faut que je sorte absolument, maintenant. Avant que l'on nous surprenne et...
– Claire ! Calmez vous et regardez-moi, dit-il d'un ton autoritaire pour calmer l'angoisse de la jeune fille.
Claire releva les yeux et les plongea dans le regard bleu intense de James. Elle entrouvrit la bouche et le fixa, ne sachant que dire ou que faire. Elle était captivée par les yeux de la personne en face d'elle.
Quant à lui, il réfléchissait à la meilleure manière de se relever sans glisser sur la mousse du fond. Après l'avoir appelée, il la regarda intensément pour la calmer. Si elle continuait à gigoter, il retomberait sur elle dans une position encore plus gênante. Il descendit ses yeux vers les lèvres entrouvertes et sans le vouloir, ou alors au plus profond de lui, il s'avança vers elles. Il la sentit bloquer sa respiration et prête à recevoir le baiser. Il se recula soudain et se releva rapidement. James se pencha, la prit par la taille et la souleva hors de l'eau pour la déposer sur le bord.
– Hum, vous voilà saine et sauve votre Altesse. Nous allons éviter tout soupçon donc je vais partir le premier rejoindre ma famille. Peut-être me promener un peu le temps que mes vêtements sèchent un peu. Vous devriez rentrer discrètement pour changer de robe.
– J'ai une idée, vous devriez rentrer pour changer vos vêtements.
– Vous avez des vêtements pour homme dans votre dressing ? demanda-t-il en haussant un sourcils, surpris.
– Oui. Enfin... Non mais j'ai ceux de mon père et peut-être cela vous conviendrait-il. Ou bien je prendrais la livrée d'un majordome pour...
– Inutile, l'interrompit James d'une voix douce, je vais faire comme j'ai dit et prévenir ma mère que je pars sur le champ. Voir deux personnes mouillées arriver pourrait faire jaser. Tenons nous en à mon plan, votre Altesse.
– Si c'est ce que vous souhaitez. Je vous laisse faire. Je suis désolée dans tous les cas pour ce petit accident.
– C'est de ma faute. Je n'aurais pas dû vous perturber dans votre intention de vous rafraîchir.
Il s'inclina et lui tourna le dos pour partir. Claire tendit une main vers lui pour le retarder mais en à peine cinq minutes, il avait disparut à travers les haies. Elle soupira et posa une main sur son front en revoyant la scène. Avait-elle rêvé ou bien allait-il l'embrasser ? Ils ne s'étaient vu qu'une seule fois et pourtant, il faisait déjà partie de ses pensées. Jour et nuit. En était-il de même pour lui ? Secouant la tête pour chasser ce qui se passait dans sa tête, elle trottina vers la demeure pour trouver une robe plus sèche que celle qu'elle portait.
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