Chapitre 2

 Plusieurs heures s'étaient écoulées depuis le début des festivités et les invités continuaient d'arriver. Les souverains étaient assis sur leur trône et inclinaient la tête devant toutes les personnes qui se présentaient à eux. Claire, quant à elle, se trouvait un peu plus bas, debout, les mains jointes devant elle. Elle souriait aussi à chaque personne qui se présentait et inclinait la tête. Mais au fond, elle ne rêvait que d'une seule chose : danser. Cela lui permettrait de bouger et de s'aérer l'esprit. Ce n'est que lorsque le prince de Norvège posa un pied sur la première marche et tendit sa main que Claire se redressa. Avec un fort accent anglais il demanda :

– Votre Altesse, m'accorderiez-vous cette première danse ?

Claire se tourna vers ses parents qui par un discret geste l'autorisait à y aller. Avec un grand sourire, elle posa sa main dans celle du prince et ensemble, ils se dirigèrent vers un côté de la pièce. Elle posa sa main sur son épaule tandis que lui sur sa taille. Elle tenait ses jupes dans son autre main, et lui l'avait dans son dos. Les premières notes retentirent et avec elles, tous les danseurs entamèrent les premiers pas.

– Quand êtes vous arrivés dans notre jolie capitale monsieur... ?

– Appelez-moi Friedrich. Mes hommes et moi sommes arrivés hier au soir. Après une longue traversée. Votre île n'est pas facile à atteindre.

– Mais au moins, nous sommes à l'écart de tous et difficile de commencer une guerre sans navires, dit-elle en riant.

– Votre petite île a l'inconvénient d'être pauvre en culture. Et avouez-le, la météo n'est pas la meilleure, continua le prince d'un ton sérieux.

– Vous trouvez ?

– Voyez-vous, en Norvège, nous avons tous les temps possibles. En été, il ne fait pas trop chaud. En hiver, la neige est présente et suffisante pour enlever l'envie de nous envahir.

– Suffisante comme son prince, murmura Claire en haussant les sourcils tout en regardant le sol.

– Plaît-il ?

– Je disais, cela doit être fantastique de visiter votre pays.

– Peut-être aurez-vous la chance d'y venir un jour.

– Je préfère la chaleur à la fraîcheur, avoua-t-elle faussement contrit. Mais, ajouta Claire en voyant le regard coléreux du prince, peut-être qu'avec mes parents j'aurais la chance d'y passer pour quelques jours.

La discussion continua, et lorsque la musique s'arrêta, Claire ne rêvait que d'une seule chose partir loin de ce prince vaniteux qui n'avait que vanté les qualités de son pays et de ses femmes. Ainsi, elle savait qu'il espérait une épouse gentille mais pas trop, avenante mais aussi inabordable, ayant de la discussion mais tout en sachant se taire. Friedrich lui proposa d'aller lui chercher un verre de champagne, ce qu'elle accepta avec un grand sourire.

Une fois qu'il eut tourné le dos, elle s'enfuit en trottinant dans la direction opposée. De temps à autre, elle jetait un coup d'œil derrière elle pour voir s'il la voyait. Voyant une porte-fenêtre ouverte, elle s'y engouffra et percuta une personne.

– Pardonnez-moi monsieur, je suis maladroite et...

Ses mots restèrent sur ses lèvres lorsque le jeune homme se retourna et l'observa de ses yeux bleus foncés. Elle s'inclina brièvement et était prête à réitérer ses excuses lorsqu'elle entendit la voix de Friedrich dans son dos, l'appelant. Elle jeta un rapide coup d'œil derrière elle et se retourna vers le grand brun.

– Je vous en prie, laissez-moi passer. Il faut à tout prix que je me cache.

James releva sa tête et vit un grand blond se tourner dans tous les sens, cherchant sans doute une personne. Et cette dernière devait se trouver devant lui, demandant de l'aide.

– Ne serait-ce pas le prince de Norvège que vous tentez d'éviter mademoiselle ?

– Vous avez tout compris. Maintenant, je vous propose de reculer d'un pas afin que je puisse passer et qui sait, me cacher derrière une grande statue.

James la prit par le bras et l'entraîna à l'ombre, près de la balustrade. Gardant sa main au niveau de son épaule, il s'accouda à la balustrade pour prendre la position d'un couple qui discutait, se connaissant depuis longtemps.

– Quel est votre nom ? demanda-t-il en jetant un coup d'oeil à l'entrée du salon.

– Vous ne savez pas qui je suis, répondit Claire, les yeux agrandis par l'étonnement.

– Non. Je ne suis pas comme ma mère ou ma sœur qui connaisse chaque prénom et nom des jeunes filles qu'elles souhaiteraient me voir épouser. Ce n'est pas mon fort étant donné que je ne veux pas me marier.

– Oh. Voilà qui est intéressant. Et quel est votre nom monsieur ?

– James d'Egerton. Futur baron de Cheshire, se présenta-t-il en s'inclinant.

– Claire de Hanovre, princesse d'Angleterre, répondit-elle avec un grand sourire. Oh non, je vous en prie relevez-vous ! Je cherche justement à éviter une personne.

– Je suis désolé, si j'avais su à qui m'adresser.

– Vous venez de m'aider sans même savoir qui j'étais. Croyez-bien que je vous en serai reconnaissante toute ma vie monsieur.

– Appelez-moi James. Après tout, je suis votre humble serviteur. Votre Altesse, m'accorderiez-vous cette danse ?

La jeune fille observa longuement la paume de main que le baron venait de tendre vers elle puis elle y posa la sienne et accepta avec un grand sourire. Ensemble, ils se dirigèrent vers la piste de danse. Au fond d'elle-même, Claire espérait que cette danse allait mieux se passer que la précédente. Ils s'installèrent et lorsque James posa sa main au creux de ses reins pour la rapprocher de lui, elle retint sa respiration. Levant les yeux vers lui, elle plongea son regard dans celui du jeune homme, qui avait les yeux bleus foncés. Les notes légères des instruments s'élevèrent dans l'air et le couple entamèrent les premiers pas de danse. Claire gardait les yeux rivés dans ceux de James, ne sachant pas où regarder. Elle ne voulait absolument pas quitter ce regard intense qui la fixait.

– Je... commença-t-elle en entrouvrant les lèvres.

James haussa un sourcil en entendant la première syllabe et lui demanda de continuer sa pensée.

– Merci de m'avoir tirée de ce mauvais pas Monsieur d'Egerton. Une danse avec le prince de Norvège et comment dire que j'avais des envies de meurtre. Dieu me pardonne pour ces pensées.

– Inutile de me remercie encore votre Altesse. Je n'ai fait que mon devoir, dit-il d'un sourire tendre.

– Votre devoir ? Celui de me sauver ?

– Tout à fait. Si vous avez besoin de moi pour échapper à des ravisseurs, sachez que je suis présent.

Claire éclata de rire, faisant tourner certains regards vers eux. James ne put s'empêcher de détailler la jeune femme tandis qu'elle fermait les yeux pour profiter de l'instant. Blonde foncée, avec un visage doux et fin, un petit grain de beauté se trouvait près de sa bouche. Cette dernière qui possédait des lèvres fines, si fines qu'il aurait bien voulu les toucher avec les siennes pour savoir quel goût elles avaient. Il secoua la tête pour se morigéner et essayer de penser à autre chose. Elle était princesse d'un pays tandis que lui n'était qu'un baron. Il aurait de la chance s'il épousait la fille d'un vicomte ou d'un comte. La danse se termina et ils se saluèrent avant de se séparer. Un valet venait de s'approcher de Claire en lui demandant de le suivre. Avant de partir, elle se retourna et dit :

– J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir James. Peut-être parviendrez-vous à me sauver une nouvelle fois.

Elle fit un petit signe de la main et suivit le valet pour rejoindre ses parents. James l'observa s'en aller avec un petit sourire, puis partit se chercher à boire. Sa gorge était sèche et il était temps pour lui d'y remédier. 

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