Chapitre 16
Le lendemain, Claire ouvrit les yeux et tendit les bras pour toucher son nouvel époux. Mais elle ne sentit que le drap sous doigts fins. Elle se redressa, le drap autour d'elle et regarda autour s'il était présent dans la pièce. La jeune femme soupira et remonta les genoux contre sa poitrine tout en passant une main dans ses cheveux. Elle descendit le long de sa nuque pour se détendre et ne put s'empêcher de repenser à la nuit qui venait de se dérouler. Elle repensait au baiser sur sa peau nue, aux doigts que James faisait courir le long de son corps. Claire sourit en repensant aux mots tendres qu'il avait murmuré au creux de son oreille. Malgré sa colère, quelques heures plus tôt, elle savait qu'il avait de l'affection pour elle. Oui, cette nuit avait été la meilleure nuit passée depuis plusieurs années.
Elle fut interrompue dans ses pensées par Castille qui entra, une robe dans ses mains, un grand sourire aux lèvres.
– Madame a-t-elle bien dormi ?
– Peu dormi mais les quelques heures de sommeil que j'ai pu avoir ont été importantes. Je meurs de faim !
Castille rit et tendit le vêtement à sa maîtresse pour qu'elle l'enfile avant qu'elle ne serre les lacets du corset. Se tenant au poteau du lit à baldaquin, Claire racontait à sa gouvernante comment elle se sentait à présent.
– Je sais qu'il m'apprécie, j'en suis persuadée. Et puis, connaissant sa famille, James ne me ferait jamais de mal. Regarde comme il est protecteur envers sa sœur.
– Je l'espère pour vous.
– Je pense que nous allons passer deux excellentes semaines. Il faudra que j'en profite pour visiter les alentours.
– Sans gardes ?
– Nous sommes à la campagne Castille ! Je ne crains rien, dit-elle en riant.
Une fois prête, elle descendit dans la salle à manger, un grand sourire aux lèvres, prête à rejoindre son époux qui devait déjà être attablé. Elle fut surprise en ne voyant personne dans la pièce. Elle appela un majordome qui se pressa d'arriver et de s'incliner devant elle.
– Où se trouve son Altesse ?
– Mr d'Egerton est parti chasser votre Altesse. Il a précisé qu'il ne reviendrait pas avant le déjeuner.
Claire le renvoya d'un geste et s'assit à la table, prête à engloutir pleins d'assiettes, espérant ainsi faire passer sa déception.
La matinée se déroula lentement selon Claire. Elle l'avait passée à jouer du piano et parfois à lire le résumé des différentes œuvres présentes dans la bibliothèque. Elle n'espérait qu'une seule chose, que James rentre. Elle avait déjà accompagné son père à la chasse et elle aurait souhaité en faire de même ici. Des chiens aboyèrent et la jeune femme se leva, faisant tomber son livre. Elle courut jusque dans le hall pour accueillir son époux, avec un grand sourire. Elle le trouva en grande discussion avec un valet.
– Je repars cette après-midi. Je ne suis pas loin du cerf et il doit être blessé. Je ne mangerai pas grand-chose.
– Bien votre Altesse !
James retira ensuite ses gants qu'il jeta sur le buffet de l'entrée avant de se diriger vers le salon. Il tenta de se recoiffer en passant la main dans ses cheveux, ce qui fit, honnêtement, craquer Claire. Cette dernière mordit sa lèvre inférieure en ressentant des papillons dans son ventre. Cet homme était vraiment à tomber.
– Ah, Claire !
Elle secoua légèrement la tête pour reprendre ses esprits et l'accueillir comme il se devait. Elle s'approcha de lui, et prit sa main.
– J'ai appris que vous étiez parti pour la chasse ? Comment cela s'est-il passé ?
– Plutôt bien, répondit-il en se dégageant doucement. Je pense que nous aurons du cerf dans notre assiette juste avant de repartir.
– Avant de repartir ? Avez-vous décidé d'une date en particulier ?
Ils arrivèrent dans le salon et James se servit un verre de cognac qu'il vida d'un trait avant de s'en resservir d'un deuxième.
– Dans deux jours. Trois maximum.
– Mais... Profitons de notre voyage de noce, nous avons tant de choses à découvrir l'un sur l'autre.
James se retourna pour la regarder, une main sur la hanche. Il soupira et s'assit dans un des fauteuils.
– Écoute Claire. Je ne souhaite pas rester très longtemps dans cette maison. Il fallait que nous faisions notre voyage de noces et que nous consommions notre union. Voilà qui est chose faite à présent. Je ne vois pas de raison de rester !
Claire ouvrit en grand les yeux en entendant les mots sortir de la bouche de son mari. Que s'était-il passé pour qu'il change et ne soit pas le même que cette nuit ? Elle s'assit dans un fauteuil en face de lui et croisa les bras.
– Donc tu ne souhaites pas que nous apprenions à mieux nous connaître. Tu ne souhaites pas que notre mariage se passe convenablement. Mais enfin, que s'est-il passé cette nuit ? Ai-je fait quelque chose de mal ?!
– Claire...
– Non explique-moi ! dit-elle en haussant la voix, perdant patience. Mis à part le fait que tu m'accuses d'avoir tout fomenté pour que tu m'épouses ? T'ai-je insulté ?
– Il suffit, murmura-t-il en grondant.
Mais la jeune fille était bien décidé à ne pas se laisser faire. Elle se leva et fit quelques pas dans sa direction.
– Je n'ai pas d'ordres à recevoir de toi. Tu... tu étais si doux et attentionné cette nuit. Ce matin je pensais que nous allions passer du temps ensemble mais tu t'es enfui chasser en me laissant seule. Oh j'ai fait quelques petites choses mais...
– Claire ! Assez, cria James en se levant à son tour pour lui faire face.
Je n'ai pas envie de discuter avec toi. Pas maintenant. Nous allons peut-être passer le reste de notre vie ensemble mais nous aurons chacun des occupations et des devoirs à accomplir.
– James, murmura-t-elle. Je n'ai rien fait. Je te jure.
– Ah oui ?! Explique moi pourquoi tu m'as avoué m'aimer cette nuit ? Tu ne me connais pas et tu m'aimerais déjà ? Tu m'as mis dans une impasse. Que pouvais-je répondre à cela ? Rien.
Claire posa les mains sur sa bouche. Ainsi, dans la fièvre de cette nuit, elle lui avait fait une déclaration. Pourquoi ne s'en souvenait-elle pas ? Et qu'y avait-il vraiment de mal à dire trois petits mots ?
– Je...
– Je ne t'aime pas Claire ! Est-ce bien clair ? Tu m'as traîné de force à l'autel.
– Ah cela aussi c'est de ma faute, répondit Claire en retrouvant sa langue. Parce que je ne pense pas que c'est moi qui ai proposé à mes parents que tu m'épouses. TU t'es mis seul dans ces problèmes.
– Parce que j'ai sauvé ton honneur. Mais bon Dieu ! Si tu n'étais pas descendue de cette foutue voiture, tu n'aurais pas créé l'émeute.
Ils furent interrompus par les serviteurs qui apportaient les plats. Ils pilèrent en voyant les époux se tenir l'un face à l'autre, les poings serrés mais leurs yeux braqués sur les valets.
– SORTEZ, hurla James en pointant du doigt la porte.
Puis il reprit :
– Je ne veux plus que vous fassiez allusion à la demande à vos parents, je ne veux plus que vous fassiez allusion à cette nuit. Me suis-je bien fait comprendre ?
– Ah nous reprenons les vouvoiements à présent ? Je pensais que je devais te tutoyer. De plus, tu t'énerves seul alors que j'étais venue t'accueillir comme une épouse doit le faire.
– Tu as de nom que l'épouse. Rien dans ta manière de te comporter ou d'agir ne montre que tu es une épouse attachante.
– Comme tu peux être odieux, murmura-t-elle, les larmes dans ses yeux. Si ta famille te voyait, je pense qu'elle ne te reconnaîtrait pas.
– Cela tombe bien, ils ne sont pas présents avec nous. J'ai droit de faire ce que bon me semble dans cette maison, dit-il en se rapprochant, une lueur féroce dans le regard.
Il ne savait ce qu'il lui prenait mais le fait qu'elle résiste et qu'elle lui tienne tête le mettait hors de lui tout en lui faisant surgir une émotion dans son corps. Il voulait voir jusqu'où elle pouvait aller, à quel moment il pouvait la briser. Il voulait en même temps lui montrer qu'il n'était pas le gentil petit mari auquel toutes les femmes pouvaient tomber amoureuse. Mais en même temps, il souhaitait qu'elle ne pense qu'à lui, qu'elle n'aime que lui et personne d'autre. Toutes ces émotions se bousculaient en lui.
Il posa la main au creux de ses reins et la rapprocha de lui. Tout bas, il murmura :
– Si j'ai envie de faire ceci, je le peux.
Et sur ces mots, il s'empara avidement de ces lèvres qui se présentaient à lui. Il en prit possession, voulant lui montrer à quel point il pouvait être rude.
Claire tenta de le repousser avec ses mains mais il était trop fort pour elle. Et lorsqu'il l'embrassait avec cette passion, cela lui rappelait la nuit dernière. Même s'il avait été doux la plupart du temps, il avait aussi su se montrer passionné.
Ils reculèrent de quelques centimètres et la jeune femme, bien malgré elle, dit :
– Je vous déteste...
– Ce n'est pourtant pas ce que vous disiez la nuit dernière alors que je prenais possession de vous.
– Vous... Vous êtes horrible. Moi qui pensais que vous étiez un gentleman, que vous étiez doux.
Elle le repoussa et le gifla de toutes ses forces avant de s'enfuir vers sa chambre. Une fois arrivée, elle ferma la porte à clé et se jeta sur son lit pour pleurer et laisser couler toutes les larmes de son corps.
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