Chapitre 15

La cérémonie eut lieu de manière assez simple pour la princesse royale. Certes, pour tout autre personne, cela aurait été expansif, mais pour un mariage royal, la cérémonie était considérée comme tel. Les mariés étaient à table, en train de discuter avec leurs différents voisins. La baronne du Cheshire, qui se trouvait avec le roi et la reine d'Angleterre ainsi que le prêtre, observait son fils et sa nouvelle épouse. De sa main droite, elle tournait et retournait son collier, sourcils froncés. Son mari se pencha vers elle et murmura à son oreille :

– Profite ma chérie, pour une fois que ce n'est pas nous qui recevons.

– Je m'inquiète Charles. Ils n'ont pas l'air aussi heureux que nous lors de notre mariage.

– L'Amour s'installera avec le temps, rassura le baron en prenant la main de son épouse et la baisant. Tu t'inquiètes trop pour lui, c'est un homme maintenant.

– Mais c'est mon enfant...

– Qui bat de ses propres ailes, rassure toi, il y a encore Ali à marier.

La baronne lui sourit et entama la conversation avec la reine qui lui posait une question.
A la table des mariés, Claire était occupée avec les témoins de son mari tandis que James avec ceux de son épouse. Pas une fois ils ne s'étaient adressés la parole à part pour échanger les consentements. Au fond d'elle, Claire souffrait. Elle qui avait espéré faire un mariage d'amour, voilà que son mari la détestait parce qu'il pensait qu'elle avait tout comploté. La jeune fille le regarda discuter avec ses amies et eut un petit pincement au cœur. Il avait l'air heureux à cet instant précis mais elle savait que si elle posait une question, il se retournerait vers elle les sourcils froncés.

– Comment avez-vous rencontré James votre Altesse ?

Claire se tourna vers son voisin de gauche et lui sourit. Le duc de Camburry avait rencontré James pendant ses études à Eton. Il le comptait parmi ses plus proches amis. Son épouse, enceinte, était assise à ses côtés. Elle baissa les yeux et eut un sourire tendre en voyant leurs mains entrelacés.

– J'essayais d'échapper à une personne qui était très impolie. Votre ami m'a sauvé en me cachant et en faisant semblant de discuter avec moi. Au final, nous avons vraiment parlé d'un sujet.

– James ? Parler ? Étonnant je dois dire. A Eton, il n'était pas très bavard, il était considéré comme un ermite même. Même mon épouse a du mal à entamer une discussion avec lui, dit-il en souriant.

– Oh tu exagères Alfort, je sais de quoi discuter avec James quand même. Ne l'écoutez pas votre Altesse.

– Pour quand est prévu la naissance ? demanda-t-elle avec un tendre sourire.

– Pour juillet. Nous avons hâte, n'est-ce pas Alfort ?

– Malheureusement pour moi, je suis obligé de répondre de manière positive. Sinon, je sais que je dormirai à genoux sur le tapis cette nuit.

Claire rit sous sa main tandis que la duchesse tapait délicatement l'arrière de la tête de son époux. Elle les observa se chamailler quelques minutes en les enviant légèrement. Elle aurait souhaité que James lui tienne la main de la même manière, qu'il la regarde amoureusement comme Alfort le faisait.

– Avez-vous des idées de prénoms ?

– Eh bien, si c'est une fille, j'aimerais Marguerite mais Alfort ne le souhaite pas.

– Je préfère nettement Victoria. Si c'est un garçon, je souhaite Alfort Junior mais, comme vous devez vous en douter...

– Je préfère Charles, murmura la duchesse avec un grand sourire. Charles de Camburry sonne mieux je trouve.

Ils se disputèrent de nouveau jovialement avant qu'Alfort ne la fasse taire d'un baiser rapide. Claire baissa la tête et observa les mains de James qui se trouvait sur la table. Elle hésitait mais elle souhaitait tellement en serrer une dans sa main. Tout doucement, elle approcha sa main et glissa un doigt puis deux dans la paume de son mari.

James, qui discutait, se raidit légèrement à son contact mais ne se dégagea pas. Il fit même un petit mouvement pour serrer la main de son épouse tout en continuant sa conversation avec la marquise de Canford. De son pouce, il lui caressa le dos de sa main et il la sentit se détendre. Il ne lui pardonnait peut-être pas ce qu'elle avait fait, mais il ne voulait pas être une brute.

Les heures passèrent et les mariés quittèrent le palais royal pour se diriger vers la demeure que James avait hérité en tant que futur baron. Claire ne souhaitait pas rester au palais alors elle avait directement accepté lorsqu'il lui avait proposé de passer leur voyage de noces chez lui. Elle voulait rester seule avec lui et enfin découvrir la vie de femme mariée.

Seuls dans la calèche, ils étaient en route et en avaient pour au moins une demi-heure. Claire regardait par la fenêtre, tout en triturant ses mains, nerveuse. James, lui, regardait par l'autre fenêtre ne voulant pas discuter avec la princesse.

– Votre ami le duc de Camburry et son épouse sont vraiment très gentils.

– En effet. J'espère qu'il n' a pas été trop vil en évoquant nos études à Eton.

– Loin de là. Il m'a juste dit que vous étiez peu bavard. Ce que je remarque à présent.

James se tourna vers elle et la fixa, surpris.

– Pourquoi dites-vous cela ?

– Eh bien, nous sommes partis depuis dix minutes et j'ai dû commencer la conversation. Écoutez James...

– Claire... Tutoie moi. Il n'y a personne et nous sommes mariés à présent. Si j'ai bien compris, je suis ton égal à présent.

Il posa sa main sur la joue et la caressa délicatement. Le jeune homme ne l'aimait peut-être pas mais il la désirait. Et au fond de lui, il était heureux de l'avoir épousée car personne d'autre ne pourrait la toucher. Posant son front contre le sien, il soupira puis attrapa ses lèvres. Il ne l'avait pas embrassé plusieurs fois mais cela avait toujours été doux et en même temps intense.

Claire ferma les yeux et répondit à son baiser tout en posant ses mains sur les cuisses de son époux. Elle ne voulait pas que ça s'arrête, elle souhaitait qu'ils restent dans cette position pendant encore longtemps. Mais au bout d'un moment, James se recula et la regarda tout en jouant avec une mèche de cheveux.

– Je ne pourrai jamais te détester Claire... Mais tu m'as brisé. Je... J'aurais souhaité que ça ne se passe pas comme cela.

Claire acquiesça de la tête puis la baissa en triturant sa robe de ses doigts. Robe qu'elle trouva tout à fait intéressant à ce moment là. Elle regrettait qu'il pense cela d'elle mais rien ne pouvait lui faire changer d'avis. Elle n'avait plus qu'à espérer que le temps adoucisse les choses.

Ils arrivèrent à la maison en plein milieu de la nuit et James descendit en premier pour ensuite aider Claire à faire de même. Les serviteurs étaient tous réunis sur les marches pour accueillir leur nouvelle maîtresse. Malgré l'heure tardive.

– Claire, laisse-moi te présenter Miss Hotchkins, la gouvernante de cette maison.

– Mr d'Egerton, quel plaisir de vous revoir. Votre Altesse, ajouta-t-elle en s'inclinant devant la princesse.

– Heureuse de vous rencontrer Miss. J'espère que nous passerons du temps ensemble pour que vous me fassiez découvrir les secrets de cette maison.

– Sans aucun doute votre Altesse.

La gouvernante présenta un par un le personnel de la maison avant d'arriver dans le hall.

– Vos chambres sont prêtes vos Altesses.

– Nos... Chambres ? demanda surprise Claire en regardant James.

– J'ai pensé qu'il était mieux pour nous de faire chambre à part étant donné qu'au palais nous ferons de même.

– Oh... Certes.

Mais au fond, Claire avait le cœur brisé. Elle ne pensait pas passer sa nuit de noces dans deux lits différents. Elle n'osa pas dire que ses parents dormaient dans le même lit malgré le fait qu'ils se changent dans leurs chambres respectives. James lui fit monter l'escalier après avoir souhaité une bonne nuit à l'ensemble du personnel. Arrivés devant la chambre préparée pour la jeune femme, il baisa sa main et lui souhaita une bonne nuit.

– Je viendrai te rejoindre dans quelques instants, murmura-t-il avant de rejoindre sa chambre.

Claire le regarda passer la porte puis fit de même en soupirant. Elle ferma derrière elle et s'adossa à la porte. Une main sur son front, les yeux fermés, un millier de questions se bousculaient dans sa tête. Pourquoi agissait-il ainsi ? Elle avait senti la passion dans son baiser, alors pourquoi faire comme s'il n'y avait rien ? Il était toujours en colère contre elle malgré le fait qu'elle n'ait rien organisé du tout.

– Votre Altesse ?

Claire sursauta et ouvrit en grand les yeux. Elle sourit en reconnaissant sa femme de chambre du palais.

– Castille ! Mais enfin que fais-tu ici ?

– Je suis votre gouvernante et femme de chambre. Et ce malgré le mariage !

Claire la serra dans ses bras avant que Castille ne lui ordonne de se retourner pour défaire les lacets de son corsage. Pendant qu'elle la déshabillait, Castille lui demande comment s'était passé le voyage. Claire, les yeux embués, lui expliqua la légère discussion qu'ils avaient eu et sa réaction en apprenant qu'ils auraient des chambres séparées.

– Je suis sûre que ses parents à lui dorment ensemble, murmura Claire en enfilant la robe de nuit.

– Laissez-lui le temps. Je pense qu'il n'a toujours pas digéré la nouvelle. S'il ne vous appréciait vraiment pas, il ne serait pas venu à votre secours lors de l'émeute.

– Tu as raison mais... j'ai peur que ce ne soit long.

Castille la fit s'asseoir sur la chaise, face au miroir pour défaire sa coiffure et lui brosser les longs cheveux qu'elle avait.

– Ayez confiance en vous votre Altesse. Personne ne peut résister à votre charme, je peux vous l'assurer.

Elles changèrent de sujet de discussion en dérivant sur les invités au mariage. Elles rirent en repensant à certains moments forts de la soirée, comme une de ses danses avec le vieux Lord Crenpy ou encore, sa mère qui avait par mégarde renversé sa coupe de champagne sur un autre Lord.

Elles furent interrompues par le claquement d'une porte. Et son souffle s'arrêta lorsqu'elle vit le reflet de James en bottes, pantalon et chemise de lin. Castille s'inclina et murmura des paroles réconfortantes à sa maîtresse avant de s'en aller. Claire prit la brosse et continua à démêler ses cheveux. Même si Castille avait terminé, elle ne voulait pas se retrouver sans rien faire avec son nouvel époux.

– Votre femme de chambre semble vous être dévouée, dit James en s'approchant d'elle.

– Elle l'est en effet. Elle m'a aidée depuis ma naissance. Je ne connais pas femme plus gentille et généreuse que Castille, dit-elle en souriant.

James posa ses mains sur les épaules de Claire et prit la brosse pour continuer lui-même le travail. La jeune femme retint son souffle quand il commença à passer l'objet à travers ses mèches. Elle tremblait légèrement, angoissée de ce qui pourrait se passer par la suite.

– Vos cheveux sont si... doux, murmura-t-il d'une voix rauque.

Il posa la brosse sur le comptoir et caressa lentement l'épaule de sa main droite. Il la vit fermer les yeux et pousser un léger soupir de satisfaction. Il se pencha et embrassa sa nuque avant de continuer vers sa clavicule. James se redressa et passa une main sous son menton pour lui faire basculer la tête en arrière et capturer ses lèvres. Claire poussa un léger gémissement et passa ses bras autour de son cou tandis que son mari passait les siens sous ses jambes et son dos pour la soulever. Tout en continuant de l'embrasser, ils se dirigèrent vers le lit pour profiter de cette soirée de mariage encore une fois. 

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