Chapitre 14

 Claire posa sa main sur la bouche en entendant la réponse de James. Il allait l'épouser. Le prince était parti et son fiancé avait changé. Ses prières avaient donc été exaucées. Elle ferma les yeux et remercia la Vierge Marie pour lui avoir accordé l'époux qu'elle souhaitait. Elle se redressa et descendit les marches qu'il lui restait avant de rejoindre le groupe. Ils arrêtèrent de discuter lorsqu'il la vit s'avancer vers eux.

– Mais enfin Claire, que fais-tu donc ici ? demanda sa mère, les poings sur les hanches.

– Je... Mr d'Egerton avait oublié le manteau qu'il m'avait si gentiment prêté, alors je voulais lui rapporter.

James s'approcha et s'inclina pour la remercier et prendre son vêtement. Claire tentait de le regarder dans les yeux mais lui, avait détourné le regard.

– Puis-je... parler au fils du baron je vous prie ?

– Bien sûr, dit son père avec un sourire. Laissons les fiancés seuls. James, bon retour chez vous et si vous souhaitez passer la nuit ici, il n'y a pas de problème bien entendu.

Claire suivit des yeux ses parents qui quittaient la pièce, main dans la main puis elle se tourna vers James qui enfilait son manteau mouillé.

– Je... Je vous ai entendu depuis les escaliers. Pas toute la conversation mais suffisamment pour apprendre que vous allez ... m'épouser ?

– Tout à fait votre Altesse. Les fiançailles seront annoncées dans quelques jours, vous permettant de vous préparer au mieux. Si vous voulez bien m'excuser, je dois à présent rentrer chez moi.

– Attendez ! dit Claire en posant ses mains sur son torse. J'ai tellement... de questions à vous poser. Pourquoi avoir accepté ?

– Je n'ai pas accepté, j'ai proposé. Je n'avais pas le choix, le prince voulait ruiner votre réputation et votre honneur allait être mis en jeu.

– Vous... Vous m'avez sauvée ?

– Je n'ai pas vraiment eu le choix je dois dire. Qui d'autre vous aurait épousée sinon ?

– Attendez, oseriez-vous insinuer que j'ai mis en place tout ça pour que vous m'épousiez ?

– Vous m'avez dit clairement que vous souhaitiez que je me batte pour vous. C'est chose faite à présent. Mes fiançailles sont rompues, les vôtres aussi. Vous avez ce que vous vouliez non ?

– James... J... c'est faux ! J'aurais provoqué une émeute, j'aurais payé des hommes pour qu'ils me tapent et me volent mes bijoux. Bijoux qui appartenaient à ma famille depuis très longtemps ? Comment pouvez-vous insinuer cela ?

Claire recula de quelques pas, la main sur le cœur, blessée. Elle n'en revenait pas qu'il l'accuse d'un tel complotisme. Certes elle avait priée pour qu'un miracle arrive mais jamais elle n'avait souhaité le malheur des autres.

– Vous êtes une princesse, vous avez toujours tout ce que vous souhaitez. Je vous appartiens à présent, alors que voulez vous de plus ? Mon cœur ? Vous le détenez dans votre main Claire.

Il s'approcha d'elle dangereusement et la bloqua contre le mur du hall. Posant ses mains à plat autour de son visage, il s'approcha lentement de ses lèvres et murmura, vraiment bas :

– Vous contrôler mon cœur et ma vie à présent ? La seule chose que vous ne détenez pas, c'est mon âme. Et vous n'êtes pas prêt de la posséder, je peux vous l'assurer.

– James... Je vous en prie, vous... vous me faites peur, murmura-t-elle en le regardant droit dans les yeux.

James se recula, prit sa main et la baisa avant de s'en aller chez lui. Avant de passer la porte, il se retourna à moitié et déclara :

– Si j'ai bien compris, le mariage sera célébré dans deux mois. Bonne soirée... Claire !

***

Les deux mois se déroulèrent rapidement et les préparations de mariage aussi. Les anglais avaient été surpris de ce changement de fiancé, du jour au lendemain mais beaucoup de bouquets avaient été envoyés pour féliciter la princesse et lui souhaiter un prompt rétablissement après le désastre du défilé.

Claire avait été promenée de partout pour finir les préparations du mariage. Pendant ces deux mois, elle avait souhaité voir James pour discuter avec lui. Il l'avait quand même accusée d'avoir fomenté ce mariage. Elle en avait parlé à Castille qui lui avait expliqué que les hommes se sentaient toujours piégés par le mariage et que cela passerait avec le temps.

James, pendant que la princesse se demandait comment le mariage allait se dérouler, était chez lui, dans le bureau de son père. Le baron avait souhaité lui parler avant le mariage, d'homme à homme.

– Père, vous avez demandé à me voir ?

– Entre mon fils. J'ai énormément de choses à te dire. Mais la première question est : veux-tu un verre de whisky ?

James accepta volontiers et pris place dans un des fauteuils, face au bureau de son père. Il prit ensuite le verre des mains du baron et but une gorgée qui lui arracha le palais.

– Je garde toujours mes meilleurs whiskys pour quand je travaille. Bien... Parlons de choses sérieuses. Tu vas devenir l'époux de la princesse d'Angleterre dès demain. Te sens-tu prêt James ?

– Je ne sais père. A vrai dire, tout est allé si vite. Depuis l'émeute je n'ai fait que repenser à ce moment. Je ne sais ce qu'il m'a pris, je n'aurais pas dû me proposer comme époux. Même la reine a dit qu'ils ne me connaissaient guère.

– Ta mère et moi t'avons bien éduqué. Tu as fait ce qui te semblait juste. Tu sais, avec ta mère, nous ne nous sommes pas aimés dès nos fiançailles. C'était surtout un arrangement avec notre famille.

– Oui mais... Je ne sais pas. J'ai l'impression d'avoir été piégé, dit James en buvant une autre gorgée.

Le fils raconta toute l'histoire à son père qui l'interrompait de temps en temps pour avoir plus de détails. Arrivé au bout de l'histoire, il avait terminé son verre et se sentait beaucoup mieux. Son père caressait le bout de son menton, ne sachant quoi penser de tout cela.

– Je pense que le mieux est que tu attendes ce mariage. Elle ne m'a pas l'air si déplaisante. Peut-être un peu gâtée mais ça c'est toutes les grandes de ce monde. Je suis persuadé que tu la rendras meilleure et qu'elle te rendra la pareille.

– En êtes-vous sûr père ? Je veux dire... Elle est tellement... compliquée ! Mélanie n'était pas comme ça. Je me sens mal d'ailleurs vis-à-vis d'elle.

– Écoute moi bien. Parfois, la vie est faite d'actions que l'on ignore. On se demande pourquoi ça arrive mais ça vient quand même. Et si, tu étais destiné à devenir le prochain roi d'Angleterre ? Si Dieu t'avait donné cette responsabilité dès ta naissance ?

James discuta toute l'après-midi avec son père de ses craintes vis-à-vis du mariage, de la royauté et tout autre problème qu'un jeune homme de 22 ans pouvait avoir. Et lorsqu'ils sortirent pour le dîner, la baronne de Cheshire eut un sourire tendre en voyant ses deux hommes aussi proches. 

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