Chapitre 12

Le lendemain était jour de fête pour les anglais. La princesse Claire de Hanovre allait défiler avec son futur époux, le prince de Norvège, Friedrich d'Hordaland. Des gardes avaient été postés tout le long du chemin afin d'assurer la protection de la famille royale.

Claire portait une robe longue verte, foncée tandis que Friedrich était dans son uniforme de Norvège. Il lui tendit la main pour l'aider à monter dans la calèche puis s'y installa à son tour. Les trompettes résonnèrent montrant que le cortège royal quittait le palais. Claire ferma les yeux et soupira pour se donner du courage. Elle sentit une main prendre la sienne et elle se tourna vers Friedrich qui avait un grand sourire.

– Tout va bien se passer, j'en suis persuadé.

– Je l'espère !

Les chevaux avancèrent et Claire mit la main au dessus de ses yeux pour se protéger du soleil. La foule faisait grand bruit, des cris sortaient de la population et l'on voyait des mains s'agiter. Claire, timide, leva la main pour saluer la population et beaucoup hurlèrent en la voyant faire.

– Vous voyez ? Ils vous admirent déjà !

Elle essayait de distinguer chaque visage qui se trouvait sur les côtés. Ils ne la connaissaient pas mais ils l'aimaient déjà. La calèche avait parcouru plus de deux kilomètres et Claire fatiguait au niveau du bras. Soudain, elle vit une grande banderole avec plusieurs enfants en-dessous. Ils étaient sales mais le sourire qui se dessinait sur leur visage émouvait Claire.

– Arrêtez la calèche je vous prie !

– Claire ? Mais que faites-vous ?

– Je dois descendre. Restez ici, je n'en ai pas pour longtemps.

La voiture se stoppa et un valet descendit pour aider la princesse à faire de même. Claire le remercia et s'approcha vers les enfants qui se trouvaient sous la banderole. Elle ordonna aux gardes de rester loin pour éviter de faire peur. Elle se pencha en avant et prit le bouquet de fleurs que tendait l'un des petits.

– C'est pour moi ? Je te remercie énormément ! Elles sont magnifiques.

Elle les huma et embrassa sur la joue le petit garçon qui lui avait tendu le cadeau. Elle les remercia un par un puis avança le long des barrières mises en place et prit les mains tendues pour les serrer en souriant. Elle fit cinq cent mètres et arriva face à un groupe de jeunes travailleurs. D'après leurs tenues, ils devaient travailler près du charbon car leur visage était noir.

– Votre Altesse, qu'allez-vous faire pour votre peuple une fois que vous serez couronnée ? demanda l'un d'eux.

– Qu'allez-vous faire de nous ? Allez-vous nous laisser pourrir comme tous les autres souverains ?

– Je.. commença Claire en ne sachant où donner de la tête.

– Votre père nous laisse crever. Est-ce, ce que vous allez faire vous aussi ? Vous êtes tous des pourris.

Claire tenta de regarder en arrière pour essayer d'avoir de l'aide lorsque soudain une explosion se fit entendre non loin de là. La foule poussa les barrières pour tenter de passer et d'échapper à ce qui venait de derrière. Des cris se firent entendre et Claire fut tirée vers l'avant.

– Vous n'êtes que sales riches de toute manière. Vous n'avez pas besoin de ça !

Elle sentit des mains tirer sur son collier et d'autres arracher ses boucles d'oreilles.

– Arrêtez... Je vous en prie...

La jeune fille tomba à terre et elle sentit qu'on la fouillait pour trouver d'autres bijoux à dérober. Elle recevait quelques fois des coups au visages ou au niveau des jambes.

– Gardes... GARDES !

– Inutile d'appeler tes gardes. T'es à notre pogne princesse.

Claire sentit les larmes lui monter aux yeux lorsque soudain elle entendit des coups sourds et des jurons. Elle se sentit relevée de force. Deux bras se glissèrent sous ses jambes et son dos afin de la porter. La princesse clignait des yeux mais elle sentait que sa tête était lourde. Elle faisait ce qu'elle pouvait pour tenter de se dégager de la personne qui l'enlevait. Mon Dieu, elle avait été kidnappée et ils demanderaient une rançon à ses parents.

– Je vous en prie, lâchez-moi... Je n'ai rien fait.

– Silence !

Tout devint sombre autour d'elle et elle vit des murs étroits. La personne la déposa à terre et elle lui fit face. Claire cacha sa bouche de ses mains en reconnaissant James devant elle.

– James ? Mais...

Il lui plaqua une main sur la bouche et se pencha sur le côté pour voir où la situation en était. Plusieurs ouvriers courraient vers la place où Claire se trouvait quelques instants plus tôt. Des secondes plus tard, l'inverse se produisait. La garde royale les poursuivait et en faisait tomber plusieurs à terre avant de les tabasser. Claire poussa un petit couinement et posa sa tête sur le torse du jeune homme. Que s'était-il passé ? Tout s'était bien déroulé jusqu'à ce qu'elle s'approche des ouvriers. Et puis il y avait eu une grande explosion et toute la foule s'était déchaînée. Elle avait perdu de vue Friedrich qui était resté dans la voiture. Ils l'avaient brutalisée, dépouillée et salie. Elle se souvint de toutes ces mains qui l'avaient touchée. Les larmes montèrent à ses yeux et elle renifla doucement contre James.

– Claire, regardez-moi, murmura-t-il contre son oreille, en l'enlaçant.

Cette dernière releva légèrement la tête et l'observa. James posa une main sur sa joue et la caressa avec son pouce. Il embrassa son front en murmurant des paroles réconfortantes.

Claire reniflait en essayant de faire le moins de bruit possible pour éviter d'attirer les gardes ou les ouvriers. Elle frissonna en sentant des gouttes de pluies tomber sur sa peau nue, là où la robe avait été déchirée. James, le remarquant, se dépêcha de retirer son manteau et lui posa sur les épaules.

– Que s'est-il passé ? Pourquoi s'en sont-ils pris à vous ?

– Je... Je ne sais pas. Je suis descendue de la calèche pour discuter avec les enfants et j'ai pensé que c'était bien de continuer tout en avançant. Et puis, je suis tombée sur eux. Ils... Ils ont commencé à me poser des questions, à traiter mon père d'assassin. Oh James, si vous aviez vu comment ils se sont comportés. Ils... Ils m'ont tout volé et..

Elle reposa la tête sur son torse voulant se cacher. James caressa son dos et la rassura de sa présence. De loin, il l'avait vue descendre. Et il savait que ce n'était pas une bonne idée. C'est pour cela qu'il s'était rapproché des ouvriers au cas où. Et ça n'avait pas manqué, surtout juste après l'explosion. Ils s'étaient tous agrippés à elle et il avait pu voir la rage des hommes envers les gens de sa condition. James n'avait pas hésité, il s'était jeté sur le groupe et en avait cogné plusieurs avant de réussir à l'attraper et la porter. Jusqu'à arriver dans cette ruelle pour se cacher. Il regarda autour de lui que personne ne les remarque et leva la tête vers le ciel en sentant plusieurs gouttes tomber.

– Claire, il faut que nous restions cachés au moins jusqu'à ce soir. Les choses se seront calmées et nous pourrons rentrer sereinement. Nous sommes de l'autre côté de chez moi, je ne peux donc vous emmener. Nous ne pouvons faire confiance à personne. Nous sommes seuls. Claire... ?

Il fit basculer la tête de la jeune fille délicatement en arrière et vit ses yeux fermés. Dieu, même avec ses cheveux blonds défaits et mouillés, avec son visage épuisé, elle ressemblait à un ange. Et savoir qu'elle avait son manteau à lui sur ses épaules lui donnait de la fierté. Cette femme en ce moment était à lui et rien qu'à lui. Peu importe qu'elle soit princesse et lui baron, ils n'étaient que tous les deux et c'est ce qu'il aimait. James posa ses mains en coupe autour du fin visage et se pencha en avant pour effleurer ses lèvres. Plus que jamais il souhaitait la faire sienne et l'aimer à jamais.

Claire ouvrit à ce moment les yeux et elle s'avança légèrement pour appuyer le baiser. Tous deux, sous la pluie, en train de s'embrasser. La princesse passa ses mains autour de la taille de James et se colla à lui, désirant le sentir contre elle.

– Eh vous !

Ils se séparèrent et Claire tourna la tête vers la ruelle non éclairée pour se cacher. James regarda la personne qui les avait interrompus, en lui jetant un regard noir.

– On ne peut plus profiter de la vie maintenant ?

– Oh pardonnez-moi. Mais méfiez-vous il y a eu une émeute, faites attention à vous.

– Nous n'y manquerons pas. Merci.

Le garde s'en alla au trot et James rassura Claire en lui indiquant qu'elle ne risquait plus rien.

– Qu'allons-nous faire James ? Je... Je suis perdue. Ils m'ont tous touchée et... Oh James...

✨Belle fête de l'Ascension ✨

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