Le bal masqué
Deux âmes sœurs attendent
Un homme et une femme, morts avant d'avoir pu vivre ensemble
Et depuis ils attendent, attendent, attendent
Car si ils arrivaient à retrouver des homonymes, leur histoire pourrait reprendre
Et depuis, leurs fantômes guettent, guettent, guettent, jusqu'à les trouver
Et finalement, une fois repérés, l'histoire peut enfin recommencer
Le vent était enfin frais après ce terrible été, alors que le jeune homme marchait dans les rues de Paris, vêtu de son habituel jean troué et de son sweat bien trop large.
Du haut de son mètre quatre vingt, Roméo semblait dominer les passants.
Le pas vif, les mains dans les poches, il revenait de sa visite hebdomadaire chez ses amis de la cité. Il prenait habituellement le métro pour rentrer chez lui, mais un drogué s'était trouvé dans son wagon ce jour-ci. Alors comme toutes les personnes présentes, il était descendu, quitte à marcher vers la prochaine gare dans la fraîcheur de l'après - midi.
Perdu dans ses pensées, son regard dévia sur le visage des passants. Ils étaient tous vêtus de noir, le visage fermé, regardant leurs pieds.
Alors il ne put que remarquer cette silhouette face à lui qui détonnait des passants.
Vêtue d'une culotte orange et d'un haut digne du XVI siècle tâché au coeur, coiffée d'un chapeau à plume qui recouvrait le haut de ses cheveux bruns, celle-ci était assise sur une poubelle. Une silhouette bien trop anachronique pour être normale. D'autant plus qu'elle était comme transparente...
Roméo regarda avec méfiance la silhouette se lever et s'avancer vers lui.
Lorsqu'il fut assez proche pour regarder ses traits, le jeune citadin pu constater avec effroi que cette personne et lui avaient exactement les mêmes!
Il recula légèrement, près à prendre la fuite si son sosie fantomatique devenait hostile, et lui demanda son nom.
Cela lui valut le regard des passants, qui l'évitèrent aussitôt, changeant de trottoir.
-Mon nom est Roméo.
Son sosie avait visiblement en plus du même physique le même nom.
-Que me veux tu?
Le fantôme sembla lui sourire, une vision assez effrayante en soit, puis répondit.
-Je veux seulement que tu puisses trouver le bonheur sans qu'on te l'arrache. Trouve Juliette!
Le ton un peu trop autoritaire du fantôme fit fuir Roméo, qui prit ses jambes à son cou en déviant de son habituel chemin. Il ne savait pas vers où il allait, mais il avait besoin de s'éloigner de cette étrange apparition. Était-il victime d'hallucination?
Il courut jusqu'à être hors d'haleine et s'arrêta face à une grande maison de Neuilly. Dans la pénombre toute neuve, elle semblait illuminer le quartier par sa seule présence. Des rires s'échappaient par les fenêtres ouvertes et la sensation de luxe se dégageait de la pièce qu'il pouvait entrevoir.
-Encore des gens qui étalent leur richesse au lieu de la redistribuer, maugréa-t-il dans sa barbe.
Il cracha devant le portail pour la forme et chercha sa direction. Mais une affiche sur un lampadaire accapara son attention. Il était question de bal masqué, dans la maison luxueuse précédemment vue.
-Peut-être pourrai-je y aller pour en rire avec mes amis ? se questionna-t-il lui même.
Puis il sourit et sortit un masque qu'il gardait depuis toujours dans sa poche. C'était un magnifique loup de Venise en polyester, qu'il avait peint en primaire : si un loup marron avec des taches oranges était bien considéré, alors il portait un chef d'œuvre sur lui.
Tandis qu'il entrait dans la demeure, traversait le jardin et se dirigeait vers la porte , une chanson lui revient, celle de la compagnie créole. "Aujourd'hui, je fais ce qu'il me plaît, me plaît, devinez devinez devinez qui je suis".
Il chantonna les paroles tandis qu'il s'avançait vers l'entrée de la maison.
Mais le garde l'arrêta immédiatement.
-C'est un bal masqué.
-Et je suis masqué, répondit aussi sèchement le jeune homme en pointant son loup.
-En raison du Covid-19, vous ne pourrez pas rentrer tant que vous n'aurez pas de masque.
Roméo fronça les sourcils, en tentant de se souvenir des règles établies. Il fallait garder un mètre de distance... ou porter un masque chirurgical.
-Ah, il faut être masqué ! dit-il lentement en comprenant. J'en ai un!
Et sans cérémonie, Roméo retira le loup et le remplaça par un masque chirurgical quelque peu froissé tout droit sorti de son autre poche.
-Je peux ? Demanda-t-il, la voix étouffée par le masque
L'agent de sécurité ne voyant pas de danger acquiesça et le jeune homme entra.
Le faute de goût lui parvint aussitôt. Les robes et costumes ringards des invités l'aveuglaient par leur laideur, tandis que la musique classique de fond le rendait sourd. L'odeur de parfum trop forte lui faisait tourner la tête.
Non, il n'était pas dans son élément et n'avait rien à faire là.
Les regards désobligeants des invités glissant sur sa tenue le lui prouvaient bien.
Mais l'avis de ses gosses de riches ne l'effrayait pas, il s'en fichait.
Il prit une coupe de champagne entre ses longs doigts et avala le liquide tout en observant les gens face à lui.
Ils dansaient des slows, à un mètre de distance les uns des autres.
Le concept était toujours le même, leurs pas étaient très lents, mais l'aspect pratique était différent... Plus de mains sur les hanches, bras autour du cou. Juste une dame et son cavalier face à face.
Ils n'ont pas l'air ridicules... se moqua silencieusement Roméo.
Mais il resta et les regarda tourner à la vitesse d'une limace portant une coquille sur son dos.
Il ne bougea pas, jusqu'à ce que le maître de cérémonie ne se lève, la coupe de champagne remplie dans sa main droite, et éclairé par un spot lumineux.
-Bonjour à tous ! C'est un honneur de vous voir parmi nous, dans la maison des Capulets. Nous fêtons aujourd'hui l'anniversaire de ma plus jeune fille, Juliette.
Roméo leva un sourcil face au vieil homme au bon tour de taille, mais lorsqu'il vit sa fille, toute expression de mépris disparut de son visage.
Des cheveux clairs lâchés tout autour de son visage angélique, une paire de yeux sombres et envoûtants, elle avait un charme extérieur indéniable. Mais elle se tenait trop droite pour être à l'aise, ses mains serrées cachaient une frustration amère et ses yeux reflétaient une peine immense.
Du moins c'est ce qu'y lu Roméo en croisant son regard. Et ça lui donna bien plus envie de la connaitre, pour pouvoir chasser cette peine de ses yeux.
Il n'entendait plus aucune parole du père, mais seul le nom de la jeune fille résonnait dans son crâne : Juliette, Juliette, Juliette. Et celle du fantôme : Trouve Juliette !
-Ça ne peut pas être une coïncidence... murmura-t-il.
-Pardon? Demanda une grande dame un peu trop pompette.
-Rien.
Il s'écarta et traversa la salle en évitant les différents couples de danseurs, jusqu'à atteindre la fameuse Juliette.
Le regard qu'elle lui adressa lui fit perdre ses moyens.
-A...Or..E...Iez... Oi... U... Anse ?
Il jura voir une étincelle parcourir ses yeux, avant de s'éteindre aussi rapidement.
-Pourriez vous répéter ? demanda-t-elle froidement. Avec les consommes ?
Roméo rougit tel un enfant de quatre ans, alors que sa langue avait refusé de coopérer.
-M'accorderiez vous cette danse ? répéta-t-il plus clairement.
Juliette jeta un coup d'œil à son père qui parlait avec un avocat, puis acquiesça.
-Un mètre de distance et pas de contact, répéta-t-elle.
Roméo -dont les neurones refusaient de transmettre quelques informations- acquiesça bêtement, puis l'entraîna là où l'ombre les masquait du regard des autres.
-Qu'est-ce que vous faites ? chuchota-t-elle précipitamment.
-Je ne veux pas te faire honte avec mon accoutrement, rit Roméo en l'attirant vers lui.
Le mètre de distance n'était plus du tout respecté, tout comme les contacts physiques.
Durant la danse, Roméo perdit toute notion du temps, et sentit son cœur battre bien trop rapidement. Que lui arrivait-il ? Il n'était pas ce genre de personnes qui tombaient au pied de n'importe quelle beauté. Mais face à Juliette, c'était comme si tous ses doutes s'envolaient, de même pour ses peurs et angoisses. Il n'y avait pas d'orages, mais des arc-en-ciel sillonnant les cieux avec de petits bisounours.
-Je vous ai posé une question ! haussa-t-elle la voix en lui marchant sur le pied.
-Oui? s'enquit-il en n'osant repenser à l'image qu'il avait vu tellement c'était honteux.
Des bisounours sérieusement?
-Que faites vous là? répéta-t-elle, son visage toujours inexpressif.
Il faut dire qu'avec le masque, c'était compliqué de voir si une personne souriait ou grimaçait.
-Je suis venu... dit-t-il avant de s'interrompre, ne pouvant avouer qu'il voulait se moquer d'eux avec ses amis plus tard. Je suis venu parce que ça avait l'air sympa.
-Rien n'est "sympa" dans une fête telle que celle-ci... répondit glacialement Juliette.
Roméo la regarda un peu confus et tenta de lire une explication dans son regard. Son enquête la gêna peut-être car elle détourna les yeux et délia leurs mains pour s'éloigner de lui.
-Attend, excuse moi, je voulais pas... Dis moi ce qui ne va pas, finit-il par dire après plusieurs hésitations.
Il pensait que jamais elle ne lui répondrait, car qui se confierait à une personne sortie de nul part, en jean troué à un bal, avec un masque tout froissé ?
Mais les neurones de Juliette refusaient de s'activer en la présence du jeune homme, alors lorsqu'il lui parla avec sa douce voix, elle se confia.
-Cette fête... Ce n'est pas pour célébrer mon anniversaire, mais pour me trouver un futur mari. Mes parents cherchent un fils d'un ami, d'un avocat ou d'un médecin... Quelqu'un de "leur classe sociale", ainsi je ne serai pas mélangée à de la "vermine".
Prenant soudain consciente que le jeune homme face à elle pouvait se sentir insulté, elle tenta de dire que c'était l'avis de ses parents, non d'elle, mais en levant les yeux vers lui, elle ne vit qu'une hilarité mal dissimulée sur son visage.
-Pardon, dit-il après avoir lâché un petit rire. Mais c'est drôle de s'entendre appeler vermine, alors que l'on dit exactement la même chose de ces personnes. C'est fou à quel point on déteste rapidement l'autre dans notre société...
-C'est exactement ce que je me dis, dit-elle la voix pleine d'espoir.
Avait-elle enfin rencontré quelqu'un comme elle, qui voyait le monde comme elle ?
Sans que l'un ou l'autre ne dise quoi que se soit, les masques tombèrent, et ils furent assez proches pour qu'un minuscule être saute de joie.
Mais elle détacha ses lèvres des siennes précipitamment, alors qu'elle entendait son père la chercher.
-Je vais feindre d'être malade, dit-elle précipitamment avant de lui sourire. Adieu...
Puis elle monta les escaliers et disparut à l'étage, laissant Roméo tout seul.
-Comment se comportent les jeunes de nos jours ? s'interrogea-t-il en retournant sur ses pas. Ils embrassent des gens dont ils ne connaissent pas le nom, puis disparaissent avant d'avoir échangé leur numéro... Quelle impolitesse...
Puis il cria de stupeur en voyant son fantôme assis sur un pot de fleur dans le jardin.
-Qui es-tu ? demanda-t-il finalement.
Le fantôme sourit, puis se leva.
-Je suis l'original Roméo. Fils d'un Montague, amoureux d'une Capulet. Un amour impossible, puisque nos familles se déchiraient depuis des générations. Ce n'est qu'à notre mort qu'ils se sont réconciliés.
-Le père de Juliette est un Capulet, alors elle aussi ! se rendit compte Roméo. Et moi, mon nom de famille est Montague ... Ce n'est plus une coïncidence n'est-ce pas ? demanda-t-il au fantôme.
Celui-ci secoua la tête pour lui dire que non, puis posa une main sur son épaule, faisant frissonner le jeune homme.
-Toi seul peut me voir Roméo. Mon sang coule dans tes veines et nous sommes des homonymes. Je ne vais pas te voler ta vie si c'est ce que tu pourrais penser, je veux seulement que tu sois heureux auprès de ton âme sœur, la descendante de ma Juliette.
-Mais nos familles sont si différentes... grinça des dents le jeune homme. Elle vient d'un milieu prout prout, et moi... Comment pourrions nous aller ensemble?
-Descendant de ma lignée, répondit le fantôme, ce n'est pas le nom de famille, ni l'origine, ni la religion, ni la classe sociale qui fait d'un homme ce qu'il est réellement. C'est son lui tout profond.
-Je sais ! Mais vous croyez que ma famille va accepter que je sorte avec une bobo ? demanda Roméo à son ancêtre.
-Et tu crois que mon père acceptera que je sorte avec un homme de banlieue? demanda Juliette à son ancêtre.
Sur son lit, la jeune femme regardait le fantôme de l'originale Juliette vêtue d'une robe d'époque secouer la tête.
-Et il faudrait aussi qu'il soit intéressé par moi, souffla-t-elle.
-Ca, tu n'as pas à t'en inquiéter, sourit la fantôme. Maintenant, que vas-tu faire?
Juliette se mordilla les doigts, s'arrachant légèrement la peau -une habitude que son père détestait-, avant de finalement lever la tête vers son ancêtre.
-Le voir en cachette?
-Et comment vas-tu communiquer avec lui ? As-tu une servante digne de confiance ?
Juliette lui jeta un regard interrogateur avant de répondre.
-Si un téléphone est considéré comme un serviteur, alors j'en ai un oui...
-Qu'est-ce qu'un téléphone?
S'en suivit une longue discussion, où la Juliette du présent lui montra comment on l'utilisait, et tout ce qu'il pouvait faire. Son ancêtre put lui donner le numéro de téléphone de Roméo, puisque l'ancêtre de celui-ci l'avait apporté.
Les deux amoureux discutèrent alors de longues journées, se transformants en longs mois, riant seuls dans leur chambre. Si ils étaient restés assez septiques face aux dires de leurs ancêtres qui affirmaient que la distance les séparant les torturerait, à présent ils les croyaient. Chacun avait une folle envie de voir l'autre et même les discutions par zoom ne suffisaient pas.
Juliette vivait aussi avec une rancœur envers ses parents, qui l'avait aussitôt interdite d'aller voir Roméo après qu'elle le leur ait décrit. La description de toutes ses qualités intellectuelles et morales ne suffirent pas à les faire changer d'avis.
Alors, le jour où ses parents partirent se faire tester car quelques uns avaient perdu l'odorat, elle se glissa hors de sa maison et partit dans la banlieue de son Roméo.
Elle endura l'odeur de son voisin dans le transport en commun et marcha longtemps dans le quartier du jeune homme. Mais lorsqu'elle arriva face à son appartement, elle ne trouva aucune trace des Montagues. Et lorsqu'elle questionna les voisins, personne ne lui répondit.
Désemparée, ne comprenant pas pourquoi sa famille et lui n'habitaient plus ici, pourquoi il ne l'avait pas prévenue, elle marcha sans but.
L'avait-il abandonnée ?
Elle l'appela, mais seul le répondeur lui répondit.
La panique s'empara d'elle, elle oublia ce qu'on lui avait appris à faire depuis sa plus jeune enfance, c'est à dire regarder de gauche à droite avant de traverser.
Alors elle ne vit pas la voiture lorsqu'elle la heurta.
Pendant ce temps, Roméo rentrait dans sa banlieue, le regard dans le vague. Il avait fait l'impossible!
Il avait réussi à faire déménager sa famille dans un appartement moins cher, pour avoir assez pour en acheter un à lui seul. Ainsi, Juliette aurait pu venir avec lui. Mais lorsqu'il était arrivé chez elle, personne n'était là. Le lieu était comme mort. Il l'aurait bien appelée, mais son téléphone n'avait plus de batterie.
Alors il marcha dans son quartier, faisant abstraction des sons quotidiens. Jusqu'à tomber sur un rassemblement affolé.
Il se fraya un chemin dedans et son sang se glaça lorsqu'il vit sa silhouette en sang, sur le trottoir. Le conducteur répondait aux questions d'un gendarme, tandis qu'un ambulancier entourait Juliette d'un tissu ressemblant beaucoup trop à un linceul.
-Non... Non. Non ! hurla-t-il.
Mais personne ne lui répondit. Il s'éloigna en courant, mais il ne pouvait échapper à la réalité : Juliette était partie.
Alors lorsqu'il vit un camion non loin, il fit la seule chose que son cœur lui dictait de faire : il se jeta sous les roues.
Lorsque Juliette se réveilla, elle était dans une salle blanche, reliée à des dizaines de machines. Elle ne pouvait pas bouger, ne voyait rien, ne sentait rien. Elle n'arrivait qu'à entendre. Elle aurait pu abandonner et lâcher prise, mais elle ne pouvait laisser Roméo seul. Alors elle tint bon, et les semaines passèrent, tandis qu'elle se rétablissait. Les semaines devinrent des mois. Bientôt, elle put enfin parler.
-Juliette, tu m'entends ? demanda l'infirmier plein d'espoir. Peux-tu parler?
Un instant se passa, avant que le son franchisse ses lèvres.
-Roméo...
-Elle a parlé ! Il faut que j'aille prévenir l'équipe !
Mais la question de Juliette l'interrompit.
-Où est Roméo ? Roméo Montague ?
L'infirmier réfléchit un moment, ce nom lui rappelant un cas, puis une fois s'en souvenant, son visage s'éteint.
-Le jour où tu es arrivée à l'hôpital, un jeune homme est arrivé aussi. Un Roméo Montague. Mais lui n'a pas pu être sauvé.
Le sang se glaça dans les veines de la jeune fille, tandis qu'elle apprenait que celui qui lui avait permis de tenir n'était plus de ce monde. La panique la prit, alors qu'elle sentait son cœur soudain s'accélérer, battant bien trop vite.
-Je m'absente une minute ! lui dit l'infirmier avant de courir voir son équipe.
Mais lorsqu'ils revinrent, ils trouvèrent les signaux de vie éteints chez la jeune fille.
Quelle a été notre erreur Juliette ?
Toujours la même Roméo, toujours la même. Il n'a pas su croire en la force de vie de Juliette. Nous devrons avertir les prochains de croire en l'amour de chacun.
La baie vitrée offrait une magnifique vue sur l'espace : un fond noir parsemé d'étoiles brillantes telles des diamants.
Roméo se détourna de la vue et jeta un rapide coup d'œil à son apparence dans le miroir. Son reflet lui montrait un jeune homme d'une trentaine d'années, aux cheveux teints en rouge. La pupille d'un œil était noir, quand l'autre était argenté. Son œil argenté était mécanique : il enregistrait tout ce qui s'offrait à sa vue automatiquement, ainsi nul besoin de photo. Il suffisait à Roméo de se concentrer et toutes ses journées lui revenaient, même celles datant d'années lointaines.
L'oreille proche de son œil noir était elle aussi mécanique, il pouvait réentendre toutes ses journées.
Il regarda sa chemise en aluminium, rentrée dans un jean noir -une relique des années 2000-, puis sourit, fier de son reflet.
Il sortit de sa chambre et ferma la porte de sa main en fer droite, tandis que son pied mécanique gauche grinçait légèrement. Grâce aux avancées scientifiques, les membres manquants ou devant être coupés pouvaient être remplacés. Il n'était donc pas rare de croiser quelqu'un avec toute une jambe, un cœur ou un cou artificiel. Roméo rêvait d'avoir ce dernier, car ces cous pouvaient faire un tour de 360°, ainsi leurs propriétaires n'avaient pas besoin de se tourner pour voir ce qu'il y avait derrière eux.
Il marcha dans le couloir du vaisseau, pour se diriger vers le bal masqué des Capulets. Sa famille les détestait, car un de ces ancêtres avait perdu la vie à cause d'une Capulet.
Il passa devant deux personnes fantomatiques. L'un portait un jean troué et un sweat trop large. Quand à l'autre, il portait une culotte orange et un haut digne du XVI siècle tâché au cœur.
Le style d'enfer, se moqua-t-il avant de les dépasser.
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