Le bal du nouvel an


La vie est ainsi faite que lorsque l'une personne naît, sa vie semble déjà toute tracée. Il y a tant de choses qu'on attend de cette personne, alors qu'elle vient à peine d'arriver dans ce monde, qu'il ne reste plus beaucoup de place pour qu'elle puisse réaliser quoi que ce soit d'autre.

Si cette personne a le malheur de naître femme, elle devra se montrer, douce, patiente, aimante, belle, délicate et discrète. En plus de tout cela, elle devra trouver rapidement un bon mari qui contentera sa famille et lui assurera un avenir confortable avant de devoir pondre une tripotée d'enfants.

Si au contraire, cette personne naît homme, on pourrait croire que le monde est à sa portée. Ce n'est pourtant pas tout à fait exact. Et même si les hommes ont plus de liberté pour choisir ce qu'ils souhaitent devenir, ils leur incombent cependant un grand nombre de devoirs. Être fort, ne pas pleurer, faire la guerre, honorer leur nom et un jour, prendre une épouse pour s'assurer une descendance et subvenir à leurs besoins.

Le jeune Katsuki Bakugo semblait être en tout point ce qu'on attendait d'un homme et ce dans les moindre détails : en plus de toutes les qualités qui lui étaient déjà reconnues. Il était orgueilleux, ne laissait jamais paraître la moindre de ses émotions, il était persuadé de sa supériorité sur toutes les autres personnes de cette terre et fier comme se doit d'être tout homme.

Son ami d'enfance, étonnement, était tout le contraire. Izuku Mydoria pleurait sans arrêt, il avait peur de tout même s'il pouvait parfois se montrer courageux et se sous-estimait souvent. Dans les rues, on regardait avec un peu de pitié ce petit garçon pourtant adorable et les murmures sur son passage racontaient que le pauvre petit souffrait de ne pas avoir de figure paternelle, ce qui expliquait son manque flagrant de virilité.

Le jeune Bakugo et le petit Mydoria étaient pourtant inséparables jusqu'à l'année précédente. Sans que personne ne puisse comprendre pourquoi, Izuku était parti précipitamment juste après le grand bal du nouvel an, organisé dans la grande demeure des Yaoyorozu comme chaque année.

Après plus de 11 mois de voyage "pour affaires" et de pretextes pour éviter de retourner à Musutafu, il s'était retrouvé obligé de rentrer chez lui, ne pouvant décement pas manquer ce grand bal, alors qu'il était encore célibataire à son âge. Et bien que toute la ville avait trouvé que son voyage ne pouvait qu'endurcir son caractère, il avait été prié de rentrer promptement pour l'événement le plus attendu de toute l'année.

A son retour, il fut ravi de retrouver sa mère qui lui avait beaucoup manqué, mais un peu moins lorsqu'elle commença à lui parler de prétendantes qu'elle trouvait parfaites pour son fils. La pression devenait chaque année un peu plus forte, après tout, il avait déjà 30 ans.

- Et cette jeune Ochako, évidemment, sa famille n'est pas très riche mais elle est devenue ravissante et elle est très aimable. Je pense que cela ferait une épouse et une mère parfaite et grâce à ton père tu peux te permettre de te marier avec une fille un peu moins riche sans problème. Mais si elle ne te plaît pas, il reste également Tsuyu qui est toujours célibataire. Ceci dit, je trouve ça un peu suspect, il y a peut être quelque chose d'étrange avec cette jeune fille pour qu'elle soit toujours célibataire à son age, elle est pourtant mignonne, je me demande ce que c'est...

Il laissait sa mère divaguer sur le sujet, il avait abandonné depuis de longues années l'idée de pouvoir couper court à ce genre de discussion, sinon il récoltait en plus un sermon sur la vie, la famille, l'honneur et toutes ces choses que d'autre ont choisi comme seul et unique modèle possible de vie et de bonheur pour lui.

Il l'écoutait à peine et tortillait nerveusement sa manche à l'idée de la soirée qui approchait et à l'inquiétude de confronter de nouveau son ancien ami. Il espérait qu'il serait simple de l'éviter dans la foule du bal surtout si Katsuki avait le même projet.

- ... qu'en penses-tu mon chéri ?

Les yeux d'Izuku papillonnaient alors qu'il se demandait ce qu'il devait répondre à cette question. Mais sa mère compris qu'elle n'avait pas été écoutée avec attention avant qu'il n'ait pu tenter quoi que ce soit.

- Bien, je suppose que tu seras plus attentif à cette nouvelle, ton ami Katsuki va se marier, n'est-ce pas magnifique ? Il s'est épris de cette belle jeune fille, Camie Utsushimi. Un parti parfaitement approprié et un couple admirablement bien assorti, tu ne penses pas ?

- C'est une excellente nouvelle mère, répondit Izuku qui s'efforçait à grand peine de cacher son trouble en formant un sourire crispé sur son visage.

Il avait toujours énormément de mal à retenir ses larmes et dut s'excuser maladroitement, avant de retourner dans ses appartements pour s'occuper d'affaires urgentes avant le bal. Ou en tout cas c'est ce qu'il prétendit.

Katsuki Bakugo était précisément la raison de son absence ces 11 derniers mois et cette annonce brutale le prenait de court. Ce qui était terriblement idiot de sa part étant donné qu'il était risible qu'un aussi beau parti que Katsuki ait tant attendu avant de choisir une épouse. Même s'il avait quelques rivaux, il était un des hommes les plus alpagué par les mères avides d'avoir un beau parti pour leur fille.

Ce qu'Izuku peinait à comprendre. Qui aurait voulu d'un homme aussi vulgaire, bruyant, insensible et colérique pour sa fille ? Mais cette pensée n'était que pure hypocrisie de sa part, lui qui connaissait si bien le blond pour en être épris depuis de longues années.

Quelques coups brefs retentirent à la porte de son bureau avant qu'un domestique entre discrètement et dépose un pli sur le bureau d'Izuku en annonçant "une lettre pour mon maître, de la part de Katsuki Bakugo", il fit une brève courbette pour le saluer avant de repartir aussi discrètement qu'il était entré.

Le cœur d'Izuku tambourinait dans sa poitrine, il avait fait en sorte que Katsuki ne puisse pas le joindre durant son périple, mais il s'était douté que sa mère avait prévenu les Bakugo de son retour et il redoutait le contenu de cette lettre. Des insultes, des menaces, une entrevue ? Izuku ne savait que craindre le plus. Il tourna et retourna l'enveloppe entre ses doigts pour finalement la laisser sur le bureau avant d'aller quérir sa mère.

Ne vous trompez pas sur son compte, Izuku était courageux, mais confronter son ami était au-dessus de ses forces. Il savait bien pourtant qu'il ne pourrait l'éviter indéfiniment, qu'ils se croiseraient forcément au bal dans 2 jours et qu'il était vain de tenter d'échapper à la réalité. Il voulait cependant bénéficier de ces deux jours de répit qui le séparaient encore de la soirée fatidique.

Il pria Inko d'organiser une visite chez les Uraraka, puis un rendez-vous chez le tailleur pour faire ajuster sa tenue pour le bal, puis une visite chez son ancien professeur Toshinori Yagi. Ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ne lui reste plus un seul moment de répit pour ouvrir ou même répondre à la missive de son ancien ami. Il demanda cependant à son intendant d'aller prévenir Katsuki qu'il était fort occupé ces prochains jours et qu'il n'aurait sans doute pas le temps de prendre connaissance, ni même de répondre à sa lettre.

En entendant cette excuse risible, Katsuki entra dans un de ses célèbres accès de colère. Il pesta sur l'impudence de son ami et de cette pâle excuse, mais sa mère le retient de faire irruption chez les Mydoria pour botter les fesses de son plus vieil ami. Heureusement il fut également très occupé à l'approche du bal, mais le soir, alors qu'il buvait un verre de cognac près du feu dans le petit salon, il se disait qu'Izuku avait forcément quelques minutes également pour lire cette satanée lettre et lui répondre ne serait-ce que deux mots.

Non, il allait encore le laisser sans explications, sans réponses, encore deux jours avant de savoir si tout ce qu'il avait entrepris cette année était basé sur une chimère, où s'il n'avait pas perdu son temps.

Dans son costume agrémenté d'un veston vert assorti à la couleur de ses yeux, Izuku se contemplait dans le grand miroir de l'entrée en essayant de discipliner ses cheveux bouclés. Un petit raclement de gorge se fit entendre et il se fit surprendre par sa mère qui s'était approché dans son dos.

Elle avait mis une belle robe verte, assortie au veston de son fils. Du velour, de la dentelle et quelques perles composaient l'élégant motif de sa tenue. Elle ajusta la cravate mal mise de son plus si petit garçon qui le dépassait d'une bonne tête maintenant, elle passa une main dans ses cheveux et ses yeux brillaient d'un éclat reconnaissable.

- Tu es si beau mon fils, tu ressemble tellement à ton père, dit-elle avant de verser une larme.

Izuku, qui avait les yeux humides et la gorge sèche, serra sa mère contre lui sans pouvoir prononcer le moindre mot. Puis ils montèrent dans la calèche qui devaient les mener vers la soirée. Izuku savait qu'ils commenceraient par retrouver les Bakugo qui étaient de très anciens amis de la famille, liens renforcés par l'amitié des deux jeunes héritiers. Il repassa en tête des phrases préparées pour saluer et féliciter la famille, puis les excuses inventées pour échapper ensuite à leur présence. Il ne devrait pas être dur de s'éviter ensuite.

Katsuki rejoint sa promise dès son arrivée à l'imposante demeure Yaoyorozu, il demanda poliment au père de Camie s'il pouvait l'emprunter pour la soirée et celui-ci, trop heureux du prolifique mariage en vue, ne put qu'accepter avec joie.

Il rejoignit alors son irritable génitrice avant d'aller saluer et féliciter les organisateurs du bal. Katsuki était déjà lassé de ces mondanités et il aurait sans doute essayé de trouver une façon d'échapper au reste de la soirée s'il n'avait pas été aussi impatient de revoir Izuku.

Camie s'aperçut rapidement de sa nervosité et s'en amusa pour tenter de le détendre.

- Le prétentieux Katsuki Bakugo douterait-il de lui ?

- J'ai hâte de mettre les choses au clair avec Deku, dit-il la voix rauque, sans relever la provocation de sa future femme.

Surprise de ne pas s'être fait rabrouer par le blond, elle glissa sa main dans la sienne pour la serrer, dans un geste de soutien. Un regard de compréhension et de détermination passa entre eux et Mitsuki Bakugo s'approcha d'eux, un verre de champagne à moitié vide dans sa main et son mari un pas derrière elle.

- Vous êtes vraiment terriblement adorables tous les deux et dire que je n'aurais jamais cru que mon petit monstre se rangerait pour de bon. J'ai vraiment cru que tu ne trouverais jamais une femme que tu n'éffraierait pas, mais Camie à tout autant de caractère que toi mon fils.

- Je ne suis pas sûre que tu doives le prendre pour un compliment, commenta Katsuki à l'attention de sa future épouse.

- C'en est certainement un, puisque ma merveilleuse future belle mère en est également dotée, répondit Camie avec un sourire qui amusa beaucoup l'intéressée.

Le regard de Katsuki fut brusquement happé par un événement et sa mère suivit le mouvement, se retournant vers la porte. Les Midoriya venaient de faire leur apparition. Le pied de Katsuki s'était mit à taper le sol dans un geste d'impatience, couvert par le son de la musique et des conversations.

Leur progression vers les Bakugo fut lente. Curieux et avides de nouvelles, les invités discutaient avec Izuku qu'ils n'avaient pas vu depuis un an. Jour pour jour.

Izuku regardait du coin de l'œil le clan Bakugo, chaque battement de cœur le rapprochait de Katsuki. Ils arrivèrent enfin à la rencontre de leurs vieux amis et leurs mères se retrouvèrent avec bonheur, alors qu'un étrange échange de regards servit de salutation entre leurs deux fils. Katsuki comprit instantanément qu'Izuku n'avait pas eut le cran d'ouvrir la lettre qu'il lui avait fait parvenir. Izuku détaillait avec douleur la beauté de Katsuki dans un élégant costume sombre, agrémenté de touches de rouge carmin et sa sublime future épouse qui se tenait à ses côtés.

- Je te présente Camie, ma future femme, déclara simplement Katsuki à Izuku. Je suppose que tu as appris la nouvelle, mais j'aurais aimé pouvoir t'en parler moi même. J'ai tellement de choses à te raconter puisqu'on ne s'est pas parlé, ni même écrit depuis un an, dit-il en insistant bien tout en jetant un regard plein de reproches à son interlocuteur.

Izuku rougit et baissa les yeux un instant avant de se reprendre.

- Je suis ravi de faire votre connaissance lady Utsushimi, dit-il en baisant la main que lui présenta la jeune femme. J'aimerais profiter de l'occasion pour apprendre à mieux vous connaître, mais nous avons encore de nombreuses personnes à saluer. Mais mère insiste pour que je ne quitte pas la piste de danse avant d'avoir rencontré toutes les jeunes filles encore célibataire de Musutafu, dit-il d'un ton frivole.

Le regard de Katsuki le poignarda mais il détourna rapidement le sien et attrapa le bras de sa mère pour fuir le blond colérique, qui était tout simplement stupéfait du comportement ainsi que de la fuite de son ami.

Izuku s'en alla en vitesse, le cœur battant à la chamade. Katsuki lui passait un message et ce message était clair : ce qui s'est passé l'année dernière ne signifiait rien. C'était une horrible erreur, il allait se marier à une femme magnifique et lui devait disparaitre, se taire à jamais car les sentiments qu'il avait envers lui était totalement inconvenant et deshonnorant.

Et c'est ce qu'il avait prévu de faire. Il danserait avec les femmes célibataires, il attendrait les 12 coups de minuit, puis il rentrerait avec sa mère. Et le lendemain il partirait loin de Musutafu, loin de Katsuki et des souvenirs qui le hantaient.

Mais Izuku n'aurait pas pensé qu'il puisse être si compliqué d'éviter Katsuki dans une si grande demeure, lors d'une fête regroupant tant de monde. Où qu'il soit, ses yeux tombaient inlassablement sur le blond, ce qui ne laissa aucun répit à Izuku qui fit tout son possible pour être toujours occupé et entouré, bref absorbé par autre chose que son ancien ami.

Après des heures de danse et de conversations somme toute assez futiles avec des jeunes filles et leurs mères, Izuku décida d'aller reprendre son souffle à l'écart de l'agitation de la fête. Il parcourut quelques couloirs et s'engouffra dans une pièce vide.

Il souffla un peu. Pourquoi ne pas attendre la fin de la fête ici ? Peu de monde s'apercevrait de son absence, sans doute. Il appuya le bas de son dos contre un grand bureau et étira sa nuque. La porte s'ouvrit.

- Pardon, j'espère que je ne dérange pas...

- C'est moi, répliqua Katsuki.

Un frisson passa dans le dos d'Izuku. Apparemment, Katsuki n'avait pas du tout l'intention de l'éviter. Il aurait dû lire cette lettre afin de savoir au moins ce qu'elle contenait, il était idiot. Il avait l'impression qu'il y avait quelque chose qui gonflait dans son estomac alors que les souvenirs revenaient à lui.

Il y a un an, à la même soirée, dans une pièce semblable, ils avaient discuté comme d'habitude, ils s'étaient moqué des personnes qui se faisaient la cour, ils s'étaient plaint de l'ennui et la longueur de ces soirées et dans le secret de leur cachette, ils s'étaient embrassé. Pas un simple baiser. Un de ces baisers qui soulève le cœur, qui vous transpercent, qui vous transportent. Et quand leurs lèvres se sont séparées, une chape de plomb s'était abattue sur Izuku. Katsuki était resté là, à contempler le visage de son ami se décomposer tout en tentant de faire face à la signification de ce baiser. Et alors qu'il allait prononcer un mot, Izuku s'était enfui. Le lendemain il était parti, sans laisser d'adresse où écrire, ni d'indication sur sa destination.

- Je te demande pardon, je n'aurais sans doute pas dû revenir, bafouilla Izuku, ma mère... elle a insisté. En tout cas, Camie est une très belle femme, je suis content pour toi, tu n'aurais pas pu trouver mieux. Je vais vous laisser évidemment, je ne voulais pas, je ne dirais rien, enfin ..

- Pourquoi es-tu parti ?

- J'avais honte, c'est affreux ce que j'ai fais, tu dois être dégouté et mal à l'aise, je ne voulais pas ça, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, il m'a semblé plus simple de partir. Je te présente mes excuses.

- Vraiment ? C'est ça qui s'est passé Deku ? Mon meilleur ami m'embrasse et ...

Izuku plaqua ses mains sur ses oreilles, ne voulant pas entendre les regrets ou les insultes de son ami à son encontre. Ce baiser, c'était le plus beau de sa vie, il le faisait souffrir, c'était un affreux souvenir, mais aussi le seul vrai baiser qu'il ait donné. Il ne voulait pas rendre ce souvenir plus désagréable encore.

- Pardon, je ne le ferais plus, je n'en parlerais plus s'il te plait, je partirais ... le supplia Izuku

- Izuku, écoute ce que j'ai à dire, bon sang !

Mais Izuku ne prit pas le temps d'écouter son ancien ami, il répétait en boucle "je ne dirais rien, je ne veux plus y penser, je vais repartir et vous laisser tranquille". Il sentit la poigne forte de Katsuki autour de son bras et laissa s'échapper un gémissement.

- Izuku, Camie n'aime pas les hommes, tu comprends ?

Soudain, attiré par le bruit de leur dispute, un serviteur entra dans la pièce.

- Excusez-moi messieurs, vous ne devriez pas vous trouver ici, pouvez-vous rejoindre les autres convives dans les salons réservés à la soirée ?

Katsuki lâcha Izuku et tous deux se dirigèrent vers le couloir, suivi par l'homme qui avait interrompu leur altercation. Izuku se faufila dès que possible hors de portée du blond et de sa voix, de ses reproches et de ses mains. Il se rendit sur la piste de danse, décidant de danser jusqu'à minuit sans s'arrêter. Il aborda rapidement une première cavalière qui gloussa avant de s'accrocher au bras qu'il lui avait tendu.

Son corps dansait par réflexe sur la musique, jouant les pas appris par cœur et déjà répétés de nombreuses fois lors d'occasions semblables. Mais les quelques mots de Katsuki tournaient dans son esprit aiguisé.

Pourquoi Katsuki avait décider d'épouser une femme qui ne voudrait jamais de lui ? Les visages des danseuses passaient devant lui dans un flou rapide, il n'aurait pas su les reconnaître, son cerveau était entièrement dévoué à l'aveu de Katsuki, il essayait d'additionner 1 + 1 et il n'arrivait pas à 2.

Peut-être qu'il avait choisi une femme qui ne voudrait jamais de lui, parce qu'il ne voudrait jamais d'elle... Parce qu'il aimait les hommes... Oserait-il croire qu'il en aimait un en particulier ? Son cœur battait trop vite.

Mais alors si c'était vrai ? Il avait tout mal interprété. Aurait-il trouvé dans cette lettre les mots de Katsuki qui le suppliait de se retrouver pour avoir une conversation bien différente de celle qu'il redoutait. Mais alors quoi ? Si tous ses rêves se révélaient exacts, que pouvaient-ils espérer ? Il n'existe pas de vie heureuse pour les personnes comme eux dans ce monde. Aucune voie et aucun moyen de vivre ensemble et de s'aimer.

Et alors qu'il cherchait des yeux ce regard qui se trouvait partout, Katsuki avait disparu de son champs de vision. De toute façon à quoi pensait-il ? Qu'il aurait la confirmation de tous ses doutes en croisant le regard de Katsuki. S'ils avaient pu se comprendre rien que comme ça, ils auraient su bien avant...

La musique se termina, il fit une révérence à sa dernière cavalière et se précipita hors de la piste de danse. Il parcourut les deux salons, le hall d'entrée, les petites salles où des jeux de billards avaient été installés pour l'occasion mais ne vit aucun signe du regard carmin de son ami. Il se précipita alors sur la terrasse. Quelques groupes de convives prennaient l'air frais et Izuku arriva au bord. Il s'appuya sur la barrière en pierre en soupirant, propulsant un nuage de buée devant lui dans l'air froid de la nuit qui séparait décembre de janvier. Un mouvement dans les jardins attira son attention. Une silhouette familière disparut dans les buissons qui entouraient la fontaine du parc.

Il longea le bord de la terrasse, prit les escaliers, dépassa quelques bosquets taillés impeccablement et tomba sur la vision de Katsuki, assis sur le rebord de la fontaine, éclairé par le faible clair de lune.

Katsuki était surpris de retrouver Izuku ici, il avait passé la soirée à le traquer pour lui dire tout ce qu'il avait été obligé de garder pour lui ces 11 derniers mois. Et finalement c'était Izuku qui était venu à lui.

Les deux hommes vérifièrent qu'ils se trouvaient seuls, l'écho des voix était trop lointaine pour être comprise.

- Pourquoi tu te maries avec Camie si tu sais qu'elle ne pourra jamais t'aimer ? ne put se retenir de demander Izuku.

- Je te croyais le plus intelligent de nous tous, le railla Katsuki.

- Tu sais bien qu'en ce qui me concerne, je ne vois pas les choses clairement.

- C'est le moins qu'on puisse dire, mais avant que je ne te réponde, je crois que tu me dois une explication. Tu es parti, sans un mot, sans une adresse, pourquoi ?

- C'était une erreur, ce qu'on a fait l'année dernière et j'ai eu peur de la façon dont tu réagirais. J'ai préféré fuir plutôt que de t'affronter et ensuite, je me suis dit que tu continuerais ta vie, que tu te marierais et que tu ne te rappellerais même plus.

- J'ai cru que tu avais eu peur de ce qu'on avait fait, de ce que ça signifiait... Mais je ne pensais pas que tu considérais que c'était une erreur, cracha Katsuki visiblement blessé.

- Alors, qu'est-ce que tu croyais ? demanda Izuku, ses jambes tremblant légèrement et ses yeux brillants levés vers son ami.

- Que tu m'aimais, c'est évident.

- Évident ? s'étonna t-il.

- Oui, quelle autre raison y a t-il pour embrasser un autre homme ?! Pour s'amuser ? demanda-t-il sombrement. Non, un baiser, ce n'est pas une chose qu'on fait à la légère, que tu aurais fait à la légère. Alors oui, tu devais m'aimer, quelle autre explication j'aurais pu trouver ? Est-ce faux ? interrogea t-il Izuku sur un ton menaçant, comme s'il le défiait de lui soutenir le contraire.

Izuku ouvrit la bouche pour démentir, mais c'était inutile, Katsuki avait vu juste et il le savait. Il referma sa bouche, ne sachant que lui répondre.

- J'ai voulu partir après toi quand j'ai appris que tu ne te trouvais plus à Musutafu, mais ma mère m'en a empéché. Elle m'a dit qu'il était hors de question que l'héritier Bakugo voyage sans but et célibataire à ses 30 ans. Elle m'a promis de me laisser la paix après mon mariage et je n'ai pas pu me soustraire à sa surveillance depuis ton départ. J'ai tenté de t'envoyer des lettres mais je ne sais pour quelle raison, il m'était impossible d'obtenir une adresse. J'ai fait quelques tentatives d'envois, mais je n'ai pas reçu de réponses, je ne sais même pas si tu as reçu et ignoré mes lettres ou si tu ne les a jamais eues entre tes mains. Je suis en colère Deku, lui signifia t-il sans nécessité. Cela se voyait, il se retenait de crier, de peur d'attirer l'attention d'un curieux dehors et qu'il entende leur conversation, mais il bouillonnait.

- J'ai dû trouver tout seul une voie pour nous, alors que je ne savais même pas ce que tu voulais, tu m'as laissé seul, espèce de stupide et incapable Deku. Et j'ai cherché une solution et j'ai rencontré Camie. Elle est dans la même situation que nous, elle aime Nejire, une femme. Et c'est là qu'on a eu cette idée, je me marie avec Camie. Et toi, avec Nejire. Ca serait la femme idéale pour toi, pour qu'on nous laisse en paix. Je voulais te la présenter avant le bal mais tu as ignoré ma lettre. Je sais que tu l'as fait exprès. Izuku, je vais me marier avec Camie et toi, si tu veux bien épouser Nejire, on pourra vivre tous les quatres comme on l'entend. Personne ne sera étonné si on passe du temps ensemble, étant donné que nous étions proches avant et c'est pareil pour Nejire et Camie. Tous penserons que nos mariages ont encore plus étroitement tissé des liens entre nous. On va pouvoir être ensemble. Deku, j'ai mis longtemps avant de comprendre ce que je voulais, de réfléchir à ce qu'on pouvait faire pour être ensemble, de trouver Camie. Mais toi, tu m'as laissé faire ça seul ! Alors dis moi au moins que j'ai pas fais tout ça pour rien !

Izuku était sans mots, c'était vrai, il avait laissé Katsuki seul, sans nouvelles, sans réponse à ses questions et au lieu de fuir, lui s'était battu pour eux. Alors qu'Izuku n'avait jamais pu croire un seul instant que Katsuki pouvait partager les mêmes sentiments que lui. Et pour se consoler il se répétait que si un tel miracle s'était produit, ils n'auraient jamais pu trouver un moyen pour être ensemble, même rien qu'un peu. Tout ça dépassait ses rêves les plus fous.

- Tu es... incroyable...

- Tu en doutais ? lui reprocha le blond sans humour.

- Non, mais... je n'aurais jamais cru possible que toi aussi, même si jamais tu aimais aussi les hommes, que tu puisses... m'aimer, moi.

- Ça te ressemble, mais arrête de te rabaisser comme ça, parce que, je t'aime aussi.

Izuku ne put s'empêcher de plaquer sa main contre sa bouche, le souffle coupé par les émotions qu'il ressentait à cet instant.

- Et tu acceptes ma demande ? ajouta le blond.

- Ta demande ?

Il se racla la gorge.

- Je ne peux pas te demander directement de m'épouser, ça serait mal vu, mais veux-tu épouser Nejire et passer le reste de ta vie avec moi ?

Les larmes coulaient déjà des yeux d'Izuku alors qu'il acceptait la proposition de Katsuki.

- Tu as toujours été si pleurnichard, déclara sans méchanceté Katsuki tout en déposant sa main sur la joue d'Izuku, chassant les gouttes d'un geste de son pouce. Il alla réclamer le baiser qu'il estimait avoir largement mérité, il avait le goût salé des larmes de bonheur qu'Izuku versait toujours.

Ce dernier n'arrivait pas à en croire cette soirée, ce qu'il avait été bête, ce qu'il pu avoir peur pour rien au cours de cette dernière année.

- Tu sais, Camie est très amusante, elle avait hâte de te rencontrer, lui dit Katsuki.

- J'ai hâte de la connaître, moi aussi ! dit joyeusement Izuku.

- Au fait, je ne sais pas ce que tu avais prévu de faire ces prochaines semaines, mais j'avais l'intention de te demander d'être mon garçon d'honneur.

- Évidemment Kacchan !

A l'entente de son surnom, Katsuki sourit.

- Très bien, mais je te préviens, il y a beaucoup de préparatifs, j'ai bien peur que tu doives passer énormément de temps avec moi.

- Tout le temps que tu veux, lui assura Izuku, se blottissant en rougissant dans les bras de Katsuki.

Il profita de ce rapprochement pour plonger de nouveau sur les lèvres délicieuses de son amour, la colère et la frustration accumulée s'étaient envolée à l'instant où Izuku avait accepté sa demande. Les mois de stress et d'inquiétude n'avaient plus aucune importance alors que le corps chaud d'Izuku était serré contre le sien, demandant plus d'attention, plus de contact. Leur baiser semblait plein de promesses mais aussi emprunt de la douleur de leur séparation, qu'ils cherchaient à faire disparaître comme on chasse le souvenir d'un mauvais rêve.

Soudain, une sourde rumeur s'éleva dans le calme du jardin, surpris, ils rompirent leur étreinte.

- Ça doit être minuit, déclara Katsuki, bonne année Deku.

- Bonne année Kacchan.


*** 

N'oubliez pas de me donner vos avis et vos impression et merci encore d'avoir lu !

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