Chapitre 8

Si une douleur fulgurante revenait en un instant, je ne pouvais m'empêcher d'émettre un rire grave en l'entendant me tutoyer.

Sans le savoir, elle venait de faire un grand pas...

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PDV Ana

Mon cœur s'emballait encore à la vue du sang. Je fermais les yeux un court instant, avant de reprendre sa chemise dans mes mains. Je me penchais vers lui, en passant ensuite mes bras derrière son dos.

Je plaçais le bout de chemise tout autour de son corps. Je serrais bien le tissu sur sa plaie, essayant de faire abstraction de son parfum qui me chatouillait le nez. Je regardais si mon bandage tenait la route avant de me relever.

Mais à peine je levais les yeux que déjà, quelque chose me perturbait.

Malek souriait. Son regard reflétait même de l'amusement.

Cet homme était vraiment joyeux alors qu'il venait de se prendre un coup de couteau.

– Je rêve... me murmurais-je en battant des cils.

– Je ne savais pas que tu t'y connaissais pour les blessures. J'en apprends toujours plus... dit-il d'une voix presque suave.

– La douleur commence à vous faire perdre la tête, enchaînais-je.

– Nous n'avons plus besoin de nous vouvoyer Ana. Au vu de la situation, je pense qu'il est préférable qu'on oublie nos statuts.

– Je...

– S'il te plaît. Il n'y a pas besoin de ces formalités dit-il d'une voix plus douce.

Je laissais échapper un soupir, mais décidais cependant d'accepter sa requête. Au vu de la situation, je pense que je pouvais un instant oublier nos différences. Il y avait plus grave.

Je m'abaissais à nouveau devant lui. Je posais une main sur sa côté droite en observant avec intérêt les quelques tâches de sang qui commençaient à réapparaître.

– Ça ne va pas. Il faut rentrer au palais, avouais-je d'un ton inquiet.

– Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Ce n'est rien, ne t'en fait pas.

Je relevais les yeux vers lui, les sourcils froncés.

– Ne me dis pas que vous... tu...

– Si dans mon passé. Je sais bien que je reste une cible pour certains, dit-il en me regardant.

Je ne répondais plus rien lorsque j'entendais la fin de ses paroles. J'aurai dû me douter que ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Et même si je ne portais pas cet homme dans mon cœur, je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la peine. Son statut pouvait apporter des avantage comme des inconvénients.

C'était à double tranchant.

– Ne pleure pas Ana. Je ne sais pas résister à une femme en détresse, reprit-il en posant une main sur ma joue.

Je laissais échapper un râle avant de lui donner une tape sur l'épaule. Je me relevais en lui décochant un regard noir.

– J'espère que tu te videras de ton sang, grommelais-je.

Malek laissa échapper un rire guttural. Je levais les yeux au ciel, puis me dirigeais vers le centre de la pièce. Je guettais à travers la fenêtre si quelqu'un nous avait suivi, mais heureusement pour nous, il n'y avait personne. La nuit était finalement tombée et la lune s'était déjà installée haut dans le ciel.

– Nous ne pouvons pas regagner maintenant le palais... C'est dangereux... me chuchotais-je.

– Est-ce que la garde royale est parti à notre recherche ? Demandais-je en me retournant.

Malek secouait la tête de droite à gauche, signe que cela ne devait pas être la première fois qu'il s'enfuyait pour une escapade. Hélas quelque chose changeait à cet instant. Il était blessé.

Et ce par ma faute, car il avait voulu me défendre.

Bon sang...

– Si tu as froid, il y a des couvertures dans le meuble en bois. L'eau est aussi potable, intervenait cette voix grave en se relevant.

Malek passait devant moi pour fouiller dans un tiroir. Il en sortait un briquet et allumait ainsi plusieurs bougies. Il sortait ensuite un verre avant de se reposer sur le vieux canapé.

– Excuse-moi mais je ne pourrai pas être galant ce soir. Je préfère me reposer un moment, dit-il d'une voix plus basse.

Je me dépêchais de prendre les trois couvertures que je trouvais, avant de revenir à ses côtés. Même si je ne devais pas être aussi proche de cet homme, je n'arrivais pas à le laisser dans cet état. Je me rapprochais donc de lui pour le couvrir.

– Dis-moi si tu veux quelque chose. Je préfère que tu te reposes et arrête de bouger. Ta blessure pourrait s'aggraver, repris-je face à son visage plus pâle.

– Peux-tu me préparer un thé s'il te plaît ? Il doit rester une boîte dans tiroir sous l'évier...

J'acquiesçais évidemment ses paroles, ne tardant pas à exécuter son souhait. En même temps que je préparais son thé, je farfouillais dans les meubles poussiéreux. Hélas je ne trouvais aucune trousse de pharmacie. Il y avait juste un échiquier, une boîte de gâteaux vide, un paquet de mouchoir, et deux coussins.

– Est-ce ton repère secret ? Osais-je demander. C'est ici que tu te réfugies pour fuir le palais ?

Un faible sourire étirer ses lèvres. Malek hochait la tête alors que je plaçais le coussin derrière sa tête.

– C'est paisible ici. Il y a même un petit jardin à l'arrière de la maison. Malheureusement je ne peux pas te le montrer ; une vieille blessure s'est réveillée un peu trop tôt.

– Vieille blessure de quoi ! Tu viens de te prendre un coup de couteau et tu parles comme si ce n'était rien ! M'exclamais-je avec colère.

Malek étirait ses bras nus, toujours avec un calme olympique. Si je pensais que cet homme n'était qu'un rigolo déguisé avec sa couronne, mon changement s'altérait à cet instant. Je découvrais une nouvelle facette de lui.

– Merci pour le thé Ana. Assieds-toi je te prie, me coupa-t-il de mes pensées.

– Je vais m'assoir là-bas, merci, soufflais-je en me retournant.

Je me calais contre le rebord de fenêtre en sentant encore son regard sur moi. Un long silence s'installait finalement entre nous. La situation me dépassait. Sienna m'avait trompé ce matin en disant vouloir me faire découvrir le plus grand marché du pays. Et tout cela s'était terminé par un kidnapping effectué par le roi.

Je l'avoue. J'avais passé une très belle après-midi à découvrir toutes ses épices, ses stands... Toutefois j'aurai espéré une autre fin. Je n'aimais pas cette situation et encore moins le fait de me retrouver seule avec lui, blessé.

Sa blessure m'inquiétait énormément.

– Bon sang... je n'ai jamais de chances, pestais-je dans ma tête.

Je laissais échapper un soupir en me frictionnant un peu les bras.

– Es-tu sûr qu'il ne reste pas des couvertures quelque part ? Demandais-je en le regardant.

Malek comptait se relever mais je l'incitais de ne pas bouger par un deuxième regard noir. Il s'exécutait comme un enfant grondé ; ses yeux semblaient même amusés par ma réaction.

– Tu as froid Ana ? Tu veux une couverture ? Me demanda-t-il toujours à sa place.

– Non ce n'est pas pour moi. C'est pour toi, répondais-je.

Malek comptait reprendre la parole mais je le coupais aussitôt.

– Tu es torse nu et il commence à faire froid. Il ne faut pas que ton corps perde de la chaleur.

– Je connais un autre moyen pour s'en sortir sans couvertures, répliqua-t-il face à mon regard réprobateur.

– Tu as dit que nous oublions nos statuts. Je te considère enfin comme un homme normal. Je peux donc te frapper sans aucun problèmes.

– Je suis blessé. Ce ne serait donc pas correcte...

Je levais les yeux au ciel et le silence revenait ensuite dans cette maison vide. Les minutes passèrent dans le calme, avec les heures qui s'en suivaient. Le sommeil commençait à se faire ressentir sur mes yeux piquants. Je laissais échapper un bâillement, avant de décider de me lever.

Je m'avançais vers le petit canapé, observant avec intérêt son visage endormi. Je regardais ses cils, ses pommettes, puis sa bouche. La symétrie étaient anormalement parfaite. Les rumeurs dites pour son visage, étaient donc bien vraies.

Je continuais encore ma contemplation silencieuse. Ses cheveux n'étaient plus aussi bien coiffés qu'à notre première rencontre. Quelques mèches brunes retombaient sur le début de son front.

Hum... Il était mieux lorsqu'il était endormi.

Je retirais un des couvertures de son corps pour observer son bandage. Je décidais de le changer avec un autre bout de chemise qui se trouvait à côté. Par des mouvements doux, j'essayais de ne pas le réveiller. Malek devait se reposer pour reprendre des forces. Son visage était un peu plus pâle que tout à l'heure.

Je finissais de nouer le bout de tissu quelques minutes plus tard. Je remontais la couverture sur son torse avant de sentir mon cœur s'accélérer avec rapidité.

Ses yeux foncés se plantaient dans les miens.

– Mon Dieu... soufflais-je en essayant de me calmer.

– Serai-je déjà arrivé au paradis, avec une charmante jeune femme pour m'accueillir ? Dit-il alors que je lui donnais une tape sur la cuisse.

– Arrête ça et couche toi ! Grommelais-je face à son sourire.

– Excuse-moi. Je croyais que j'étais encore dans mon rêve... dit-il en reposant sa tête.

Je me retenais de lui en coller une nouvelle. Cet homme était un vrai dragueur, je n'avais pas tort sur ce jugement. Je ne préférais même pas savoir son nombre de conquêtes.

– Je lis dans ton regard Ana... ricana cette voix masculine à mes côtés.

– Dors. Il reste encore quelques heures avant que le jour ne se lève, le coupais-je.

Malek tourna la tête de son côté pour s'apercevoir que la lune était encore haute dans le ciel. Il laissait échapper un soupir, puis fermais sans un mot ses yeux. Je continuais de l'observer en silence, en constatant que son visage me semblait plus pâle que tout à l'heure.

Je tirais la couverture avant de poser une main sur son torse. Malek commençait à perdre sa chaleur initiale. Son corps se refroidissait dû à l'isolation modeste de cette petite maison.

– Il n'y a pas d'autres couvertures, mince... murmurais-je en cherchant encore du regard.

Je me frottais le visage en soupirant. Même si je ne voulais pas le faire, je n'avais plus le choix. C'était de ma faute s'il était blessé.

Dans un bref murmure, je soulevais les trois couvertures. Je me glissais silencieusement contre lui en espérant ne pas le réveiller. Je cessais presque de respirer tant la situation me gênait. Je remontais ensuite les couvertures sur nous, son dos tiède étant collé contre mon bras droit.

Oui. Je crois que j'allais rester toute la nuit les yeux grands ouverts.


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(Il y'en a un qui va passer une belle nuit ! D'ailleurs je profite de cette note pour vous dire que je suis en train de corriger certains de mes livres ; Après LBB, King Angelo, Prince Emilio, je m'attaque enfin à One Love One Passion. Si vous voyez des parties disparaître ou des choses changer, ce sera donc normal !) 😝

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