Chapitre 5

J'acquiesçais ses paroles d'un soupir. Je frottais son dos d'une main, la remerciant pour tout ce qu'elle faisait pour moi.

**

PDV Malek

– Que tu es mignonne Assia... dis-je en lui caressant sa joue.

Un rire aiguë s'échappa d'entre ses lèvres. La petite babillait en même temps qu'elle levait ses mains en l'air.

– Tiens ton ourson en peluche. Ton parrain a mis une certaine somme pour l'avoir, tu sais. Il a été fait par un grand créateur et il n'en existe que trois dans le monde, reprenais-je en souriant.

– Malek... Il ne fallait pas mettre autant dans une peluche. Assia est encore un bébé. Elle n'en prend pas soin, intervenait Sienna.

– Ce n'est pas grave. Je voulais à tout prix que cela soit son premier doudou. Regarde comme elle l'adore.

Assia mettait l'oreille de l'ourson dans sa bouche. Elle continuait de babiller devant le regard amusé de sa mère. Sienna replaçait le coussin derrière sa tête et en profitait ensuite pour se tourner de mon côté.

– J'ai entendu dire par Sayid que tu avais invité une princesse à rester quelques jours ici. C'est la première fois, c'est ça ?

– Il est vrai que j'ai décidé de me reprendre en mains. Jahim attend depuis des lustres que je me fiance et fonde une famille. Il n'est plus tout jeune mais cela reste son rêve.

– Surtout qu'en plus, cela lui avais mis un sacré coup lorsqu'il avait appris que Sayid, l'homme le plus froid du palais, avait réussi à se marier avant moi. Il disait même que ça relevait de l'extraordinaire, ricanais-je devant le sourire de Sienna.

– C'est sûr que moi-même j'aurai plus misé sur toi qui se marierait en premier, que sur Sayid. Ça ne m'étonne pas que Jahim s'inquiète, mais je sais que tu trouveras un jour l'amour. Il faut laisser le temps au temps, dit-elle en jetant un coup d'œil à sa fille.

Assia continuait de discuter avec l'ours en peluche, toujours aussi sage de son côté. Mon sourire revenait quand je regardais cette petite merveille.

– J'espère un jour pouvoir connaître ce même bonheur que vous... avouais-je en lui redonnant sa tétine.

– Et tu y arriveras Malek. Je veux qu'Assia est une meilleure amie ou un meilleur ami avec qui jouer au sein du palais, répliqua Sienna en me donnant un coup d'épaule.

J'acquiesçais par un rire et nous reprenions donc nos discussions sur le bal que j'avais organisé hier soir. Sienna voulait en savoir plus sur la princesse Amina qui était en train de se reposer dans sa chambre. Je lui donnais donc quelques détails, mais notre discussion s'interrompit quand mes yeux croisaient une chevelure blonde.

– Je dois te laisser Sienna. On dirait bien que le devoir m'appelle, déclarais-je en me relevant en vitesse.

Je me dirigeais droit vers ma cible, en constatant rapidement qu'elle était seule. Je remettais mes cheveux en place puis tapotais sur mon costume. Arrivé à quelques pas d'elle, je décidais de l'observer un moment en silence. Ana était en train de regarder la partie la plus fleurie de nos jardins.

C'était la première fois que je voyais son visage aussi détendu. Elle s'abaissait près des rosiers et semblait retirer le reste de mauvaises herbes. Ses mains prenaient avec soin tout ce qu'elle touchait. J'étais fasciné par sa douceur. Son caractère semblait avoir totalement changé. Elle n'était plus sur la réserve, ni en colère.

– À l'arrière du palais se trouve un jardin dédié spécialement aux roses. Cet endroit est encore plus beau que celui-ci, déclarais-je derrière elle.

Ana ne tarda pas à sursauter à l'entente de ma voix. Elle se retournait en vitesse, une main posée sur son cœur affolé. Je m'excusais rapidement pour lui avoir fait peur, en même temps que je remarquais son minois changer.

– Dites-moi quand vous êtes présent. Cela m'évitera d'avoir des crises de paniques, dit-elle directement.

Son franc-parler revenait à la charge. Je ne pouvais nier le fait que j'aimais cela. C'était l'une des rares personnes qui osait me parler ainsi. Elle n'avait pas peur des représailles, loin de là.

– Je suis désolé. La prochaine fois, promis, je vous préviendrai, répliquais-je sincèrement.

Ses yeux clairs m'observaient un court instant pour au final qu'elle acquiesce mes propos.

– La princesse Amina se repose encore je présume ? Demandais-je.

– Oui, elle est fatiguée du voyage. Voulez-vous que j'aille la réveiller ?

– Oh bien sûr que non. Je voulais juste savoir si vous étiez libre.

– Libre... ? Reprenait-elle en fronçant les sourcils.

Pour simple réponse, je faisais deux choses. La première était de sourire. La deuxième était de l'attraper pour la soulever.

Si Sayid avait des méthodes assez rudimentaires pour porter Sienna, comme sur son épaule, je préférais personnellement porter Ana comme ça.

Je calais une main sous ses jambes, l'autre derrière son dos, pour ensuite avancer. Bien entendu, sa réaction ne se faisait pas attendre.

– Mais lâchez-moi ! Vous n'avez pas le droit de faire cela ! S'exclama-t-elle en se tortillant dans tous les sens.

– Hélas je ne voyais que ce moyen pour vous faire découvrir l'arrière du jardin. Excusez-moi, j'aurai dû vous prévenir, dis-je en continuant de marcher.

Bon... J'aurai quand même dû savoir qu'elle ne se laisserait pas faire aussi facilement.

Ana me gifla. Une gifle dont je me souviendrai forcément puisque qu'elle avait réussi à me faire saigner la lèvre tant elle était forte.

J'avoue que je revoyais aussitôt mes principes en décidant de la déposer sur l'herbe.

– Vous n'êtes qu'un malade et je... Votre lèvre ! S'écria soudainement Ana, en cherchant quelque chose dans son jean.

Je me frottais le pouce contre ma bouche, en observant avec intérêt que le sang continuait de couler. Et plutôt bien, je dirais même. Elle ne m'avait pas loupé avec sa main. Et dire qu'il y a encore cinq minutes elle traitait les roses avec douceur...

Je comprends donc que je suis moins important qu'une fleur. Hum... quel constat affligeant.

– Arrêtez de sourire ! Ça ne fait qu'empirer ! Répliqua Ana en s'approchant de moi.

Si je pensais qu'elle m'aurait une nouvelle fois taper, je ne pensais pas une seule seconde qu'elle me tapoterait la lèvre avec son mouchoir. Ce n'était pas agréable, je l'avouais. Pourtant je ne bronchais pas. Je me laissais faire quelques secondes, le regard braqué sur elle.

Ses sourcils étaient froncés d'une nouvelle manière. Elle semblait inquiète ; elle pinçait même sa lèvre inférieur avec ses dents. Ana était concentrée sur la tâche, ce qui me plaisait beaucoup. Pourtant elle ne tarda pas à remarquer que je l'observais avec une intention toute particulière.

– Tenez... débrouillez vous pour le reste, dit-elle en se reculant.

Ana se murmurait quelque chose, tout en passant une main dans ses cheveux. Elle me lançait un regard, avant de lever les yeux au ciel et de pousser un petit râle.

Je laissais échapper un rire, amusé de ses réactions. Voir ce petit bout de femme changeait d'humeur en un claquement de doigt était quelque chose.

– Pensez-vous que j'ai besoin de points de suture ? Demandais-je en continuant de me tapoter la lèvre.

– Je vous ai giflé avec ma main, pas avec un objet. C'est juste un petit saignement, ça va s'arrêter, répondit-elle.

– Un saignement qui risquerait de coûter très cher...

– Vous allez me dénoncer à la princesse Amina ?

– Je...

– Eh bien faites donc. Ce n'est pas grave si je suis punie. Vous méritiez votre correction après tout, me coupa-t-elle en se retournant.

Ana me lançait un dernier regard rempli de mépris, puis s'en allait ensuite. Je restais un moment, debout, seul. Je réfléchissais à ce qu'il venait de passer en me pinçant en même temps le bras. Je laissais échapper un nouveau rire avant d'entendre des pas derrière moi.

– Tu es donc devenu fou. Rire alors que tu saignes de la bouche... Il n'y a que les idiots qui font cela, intervenait soudainement cette voix grave.

– Tu as raison Sayid. Je suis vraiment devenu fou... soufflais-je en me tournant vers lui.

**

– Vous êtes magnifique Amina.

– Merci beaucoup votre majesté.

Je tirais la chaise en arrière et elle s'installa en veillant à ne pas écraser sa longue robe. Je regagnais de mon côté ma place, le dîner pouvant désormais commencer. Bien entendu j'avais fait exprès qu'Ana se joigne à nous. Même si elle était encore en retrait, je l'avais délibérément placé dans mon champ de vision.

– Votre lèvre me parait gonflée. Êtes-vous blessé votre majesté ? Me demanda soudainement Amina, l'air inquiète.

– J'ai eu affaire à un vilain chat dehors. Mais rien de grave, je vous rassure, répondais-je en commençant à manger.

Ana baissa la tête vers son assiette. Elle attaquait elle aussi son repas, toujours en faisant profil bas. Je ne disais rien quant à cela et nous commencions donc à goûter ses nombreux plats.

Mais quelques minutes passèrent avant qu'un bruit étrange ne se fasse entendre. Jahim et moi relevions la tête. Et quand nous constations ce qu'était ce bruit, nous ne pouvions nous empêcher de nous lancer un regard.

C'était la princesse Amina qui mangeait. Ou plutôt qui dévorait son festin. Elle mangeait la bouche ouverte, ce qui créait ces bruits immondes. Certains morceaux tombaient même de sa bouche pour atterrir dans l'assiette ; un haut de cœur me prenait aussitôt.

C'était la première fois que je voyais une princesse ou même quelqu'un faire cela. Et pour tout avouer, cela me dégoûtait. Cependant je devais faire mine de ne rien laisser paraître. Mais la situation était très compliquée quand mes yeux croisaient son visage.

Un nouveau haut de cœur me prenait.

– Excusez-moi un instant, je dois sortir, déclarais-je en me levant.

Je m'en allais dans le couloir, accompagné de Jahim. Mais avant de sortir, mon regard capta quelque chose de très important.

Ana qui se retenait de rire...




**



(Ana et Malek apprennent enfin à se connaître un petit peu... Bon ce n'est pas de la bonne façon, mais ça avance tout de même !) 😁

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