Chapitre 24
Et lorsqu'un prenait la parole, je savais désormais que la guerre était déclarée :
– Nous les avons aperçus en dehors du palais ! Ils ont pris Ana et Assia avec eux !
**
PDV Ana
Ma tête me faisait atrocement mal. Je gesticulais sur un sol froid, les yeux encore fermés par la douleur. J'essayais de bouger mon corps engourdi, pour reprendre des sensations. Mais soudain, quelques secondes après, j'entendais des pleurs.
C'était un bébé.
Les souvenirs me retombaient dessus comme un violent coup de poing. Je me relevais en trombe, le cœur battant à vive allure quand j'entendais encore ses cris. Je tournais ma tête de tous les côtés, avant d'apercevoir au loin un berceau.
Je me dépêchais d'accourir jusqu'à celui-ci, en espérant qu'elle n'avait rien. Lorsque je croisais ses yeux bleus remplis de larmes, je ne pouvais m'empêcher de me mordre la lèvre pour me retenir de pleurer. Je me dépêchais de prendre Assia dans mes bras pour la bercer. Je regardais en même temps s'il elle n'avait pas de blessures, mais je comprenais vite qu'ils n'avaient pas osé la toucher.
Mon cœur se calma un peu quand je sentais ses petites mains s'accrocher à moi. J'essayais de ne pas lui faire ressentir mes émotions, en sachant qu'un bébé comme elle pouvait tout comprendre. Je continuais de la bercer dans mes bras, en lui chuchotant des paroles.
Ses yeux bleus brillaient encore à cause de ses larmes précédentes. Assia me regardait avec intention ; je lui souriais, en observant qu'elle ne tardait pas à me sourire aussi.
– Tes parents viendront très vite te chercher. Jusqu'à là, je te promets de ne pas te lâcher d'une seule seconde, lui chuchotais-je d'une voix tremblante.
Assia semblait comprendre mes paroles puisqu'elle m'offrait un second sourire. Je déposais un baiser sur sa tempe, puis commençais à analyser la pièce. Nous étions dans une grande chambre. Un lit trônait la pièce, ainsi qu'un berceau pour bébé. Il y avait également un coin cuisine un peu plus loin.
Je regardais à l'intérieur du frigo et apercevais aussitôt qu'il y avait tout le nécessaire pour faire des biberons et d'autres repas adaptés. Je continuais d'observer autour de moi, en me rendant compte qu'il y avait aussi des couches, des habits de bébé, des produits...
Un frisson désagréable glissa le long de mon dos. Je comprenais que notre venue ici était bien volontaire. Que ces hommes avaient tout préparé pour qu'on puisse vivre ici pour une durée indéterminée...
Je serrais un peu plus fort Assia contre moi, en essayant de lutter contre mes émotions. Je décidais plus tard de m'avancer vers une fenêtre. De là je voyais une grande forêt s'étendre à perte de vue. Il y avait également la présence d'un petit ruisseau qui me confortait dans l'idée que nous n'étions pas proches de la ville, du Palais Royal.
Je continuais de bercer Assia pour constater qu'elle s'endormait. Je laissais échapper un soupir, heureuse que malgré cette situation, elle ne semblait pas trop perturbée. Je décidais de la poser dans son berceau en remontant une couverture sur son corps. Hélas ce moment paisible se rompait vite lorsque trois coups frappèrent contre la porte.
Je me redressais, en sentant à nouveau mon cœur s'accélérer. Mais quand cette voix résonnait dans la pièce, mon cœur ne pouvait s'empêcher de prendre une autre allure.
– Ana... Enfin je te retrouve, dit-il de sa voix grave.
Je levais lentement les yeux vers lui, mais je savais que mes oreilles ne s'étaient pas trompées sur ce grain de voix. Le regard braqué sur le mien, il ne me lâchait pas. Ses cheveux noirs étaient toujours coiffés de la même manière ; plaqués en arrière pour que rien ne dépasse. Sa mâchoire carrée renforçait son côté autoritaire. Cet homme n'avait pas changé.
– Benjamin... soufflais-je.
Un rictus mauvais se dessina au coin de ses lèvres. D'un pas lent, il se rapprochait de moi. Prise de panique, je me dirigeais vers le berceau, en lui faisant comprendre du regard qu'il ne devait pas la toucher.
– Je ne vais rien faire à cette enfant. Si elle est là, c'était simplement une diversion pour t'attraper, reprit-il d'une voix froide.
Deux ans étaient passés et pourtant il était toujours le même. Cet homme qui était qualifié comme étant mon cousin éloigné, n'était pourtant rien de tel à mes yeux. Il avait toujours été du côté de ces monstres ; il avait toujours pris leur défense quitte à me mettre dans une situation défavorable.
Et pour cause... Il avait fait tout cela car j'avais refusé de l'épouser.
– Pourquoi as-tu fait cela ? Demandais-je, en fronçant les sourcils.
– J'ai entendu dire que tes parents se trouvaient en prison. J'avais peur que tu te sentes seule et c'est pourquoi j'ai décidé de venir te récupérer.
– Ce ne sont pas mes parents, répliquais-je sèchement.
– Soit... rétorqua-t-il en levant les mains. Cela ne change rien à la situation. Je suis très heureux de te retrouver à mes côtés.
– Comment as-tu fait pour rentrer dans le palais ?
– Disons que j'ai mes techniques et mes petits pions... répondît-il dans un ricanement.
Je laissais échapper un juron, énervée de son comportement. Je détestais son caractère autant que je détestais son physique. Tout me répugnait.
– Ne me regarde pas ainsi Ana. Tu sais bien que je n'aime pas voir ce genre de regard, continua-t-il en s'avançant encore vers moi.
Paniquée, j'attrapais Assia dans mes bras. Je me reculais de lui, en lui affirmant bien du regard qu'il ne devait rien faire.
– Ana... soupira-t-il. Je te l'ai déjà dit. Je ne ferai rien à cette enfant. Tu es la seule qui m'intéresse dans cette histoire.
– Tu n'aurais jamais dû enlever ce bébé. Tu ne sais pas à quoi t'attendre, grondais-je.
Benjamin haussait un sourcil, pas le moins du monde effrayé.
– Ne t'en fait pas, j'ai moi aussi des hommes très forts dans mon entourage. La garde est très renforcée.
– Où sommes-nous ?
– Quelque part... répondît-il dans un sourire.
Je me mordais la lèvre, en me retenant fortement de le taper. Hélas je ne pouvais rien faire avec Assia dans les bras. De plus, ma réaction pouvait engendrer sa colère. Et ce n'était pas le moment de l'énerver, surtout avec un bébé.
– Bref, nous avons plus important à discuter. Si je t'ai fait venir ici, c'est pour une chose bien précise, reprit-il en s'avançant vers moi.
Sa main se posa sur ma joue. Je me reculais sans tarder, en lui faisant comprendre qu'il ne devait pas me toucher.
– Ne commence pas, le prévenais-je.
– Ce n'est pourtant que le commencement Ana, ricana-t-il.
Je continuais de l'observer, attendant avec impatience ce qu'il allait dire. Mais quand ses premiers mots sortirent de sa bouche, je ne pouvais m'empêcher de me figer.
– Nous allons nous marier dans trois jours.
Cette phrase tournait en boucle dans ma tête. Je serrais Assia contre moi pour me rappeler que tout cela n'était pas un rêve. Cet homme voulait vraiment m'épouser. Il avait préparé cet enlèvement pour... ça.
– Ne fais pas cette tête Ana. Tu sais très bien que tu m'intéresses depuis très longtemps. Et puisque tes parents ne sont plus présents, j'ai enfin le droit d'organiser notre mariage.
– Jamais je ne me marierai avec toi ! Éclatais-je soudainement, avant d'entendre Assia pleurer.
– Ne t'énerve pas Ana. Tu vois bien que cela n'amène à rien de bon.
– Tout est de ta faute. Nous n'en serions pas là et surtout elle ne serait pas là si tu ne l'avais pas enlevé ! ripostais-je avec colère.
– Tu seras obligée d'accepter ce mariage, me contra-t-il avec détermination.
– Sinon... reprit-il en me montrant du doigt Assia. Tu sais ce qui lui arrivera. Et crois-moi, je n'aime pas faire du mal aux bébés...
Soudainement, un frisson de dégoût et de peur m'envahissaient. Je posais ma tête contre celle d'Assia, en entendant encore ses gazouillements.
– Tu n'as pas intérêt à toucher un seul de ses cheveux. Je te préviens ; je la protégerai comme si elle était ma fille.
Benjamin acquiesçait de la tête, toujours avec ce sourire mesquin au coin des lèvres.
– Tu sais donc ce qu'il te reste à faire pour que personne ne la touche.
Je jurais face à lui, mais ne répondais rien de plus. Je préférais détourner mon regard du sien, le cœur lourd.
– Tu as le droit de te balader dans le domaine, mis à part les jardins. Si tu as besoin de quelque chose pour toi ou pour la petite, fais-le savoir aux domestiques ou bien à moi.
Sur ses dernières paroles, Benjamin referma la porte de la chambre. Je laissais échapper un long soupir, avant de me poser sur le lit. Je regardais le visage d'Assia en constatant qu'elle avait arrêté de pleurer. Elle attrapait mon bracelet entre ses doigts, ses yeux bleus brillants désormais d'amusement.
– Malek t'offrira bientôt un bracelet comme celui-ci. J'en suis certaine, lui chuchotais-je d'une voix nouée.
Assia rigolait, en levant ensuite ses mains en l'air. Je m'amusais avec elle, mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir ces paroles dans un coin de ma tête. Je ne laisserai jamais quelqu'un lui faire du mal. Sienna et Sayid doivent être dans un état horrible en sachant que leur fille a disparu.
Si je veux que personne ne touche à un de ses cheveux, il ne me reste qu'une solution avant que Malek n'arrive...
**
PDV Malek
– Ça fait déjà deux jours que Sienna reste cloîtrée dans notre chambre. Je ne sais plus quoi faire...
Sayid passa une main sur son visage. Pour la première fois depuis longtemps, je voyais cette étincelle de tristesse apparaître dans ses yeux. Je posais une main sur son épaule puis reprenais la parole :
– J'ai demandé de l'aide à d'autres royaumes. De nouveaux gardes ont été mis sur la piste et se relayent nuit et jour. Je te promets que nous allons bientôt les retrouver.
– S'ils ont osé toucher à un de ses cheveux, je ne répondrai plus de moi-même, grogna-t-il avec colère.
– Si Ana est avec elle, alors il ne se passera rien.
– Je le sais. Ta femme fera tout pour protéger ma fille.
– Je sais ce qu'il se passera lorsqu'on les retrouvera. Je sais surtout ce qu'il se passera lorsque tu seras avec elle, reprenait Sayid en me regardant.
– Évidemment que tu as compris... murmurais-je en me relevant.
J'attrapais mon épée pour la rentrer dans son étui. Je faisais craquer mes mains, tandis que Sayid se relevait.
– Je vais voir Sienna et après nous pourrons partir. Les chevaux sont prêts.
– Dis-lui que nous faisons tout notre possible pour les retrouver. Que votre fille est en sécurité avec Ana.
Sayid acquiesçait mes paroles, même si cela ne suffisait pas à enlever sa tristesse et sa culpabilité. La porte se referma plus tard, tandis que je restais devant la fenêtre, les poings serrés.
J'aurai dû être plus vigilant. J'avais tellement confiance en mes hommes et à la sécurité du palais, que je m'étais laissé emporter. Il y avait encore des failles. Cet enlèvement n'aurait jamais dû arriver.
Ils avaient osé enlever Ana et Assia, les personnes qui m'étaient le plus chères dans ce palais. Et cela faisait maintenant deux fois qu'Ana disparaissait hors de ma vue...
Je posais ma tête contre la fenêtre, en ne pouvant m'empêcher d'effleurer du bout des doigts mon épée. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'on ne les retrouve. Sienna arrêterait enfin de pleurer à tous nous en briser le cœur ; Sayid arrêterait de tout casser dans le palais.
Et j'arrêterai enfin de repousser ce moment qui était de lui avouer mes sentiments.
Je fermais les yeux un instant, puis repartais de la salle. D'un pas déterminé je me dirigeais vers la cour principale, là où m'attendait une horde de garde. Plus tard Sayid et moi montions respectivement sur nos chevaux, parés à effectuer de nouvelles recherches. Je remarquais qu'il avait enroulé autour de son poignet le bandeau préféré de sa fille. À mon tour, je jetais un coup d'œil à la lettre d'Ana qui était dans ma poche de pantalon.
D'un hochement de tête complice avec Sayid, nous commencions à partir, en sachant pertinemment que nous étions prêts à faire couler du sang.
**
(Les ravisseurs n'ont qu'à bien se tenir, Malek et Sayid arrivent ; ils ont l'air en forme en plus ! 😌
Sinon je voulais vous remercier pour votre soutien sur Love Colors ! Je vois que certains votent et commentent des chapitres payants, donc un gros gros merci à vous ! 🧡 Le mois prochain plusieurs livres deviendront payants, mais je vous avertirai comme toujours avant !) 🥰
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