Chapitre 15
La porte se referma, la voiture démarra, scellant à cet instant notre destin.
**
La lèvre en sang, la joue brûlée, je me reculais pour éviter ce vase qu'il avait projeté.
Les yeux rougis pas la colère, ses veines ressortaient terriblement pour accentuer son état désastreux. Mon géniteur était à deux doigt de commettre l'irréparable.
En effet, il venait d'apprendre que le contrat n'avait pas fonctionné.
Même s'il n'avait pas la preuve formelle que mes propos étaient vrais, il savait pourtant que je ne mentais pas. En effet, Amina n'était pas revenue avec moi.
Comme nous l'avions convenu, Amina était partie dans un autre pays rejoindre une cousine. S'il elle avait tenu à venir avec moi ici, je lui avais tout de suite refusée sa demande. Amina avait déjà fait trop de choses pour m'aider. Maintenant qu'elle avait sa liberté, je ne voulais pas qu'elle subisse cela. Et je lui avais promis que tout irait bien ; que j'avais un plan pour m'enfuir.
Maintenant c'était à moi de leur annoncer, pour ensuite les quitter. Désormais plus rien ne nous liait eux et moi.
– Où est Amina ! Où as-tu cachée ma fille ! S'écria Isabelle, folle de rage.
Elle s'approchait de moi, puis me secouait les épaules. Elle me giflait encore une fois, avant de lâcher un cri strident.
– C'est à cause de ta fille tout ce qu'il se passe !
– C'était à Amina de gagner les faveurs du roi, et pourtant elle ne l'a pas fait puisque nous en sommes ici ! Rugissait mon géniteur, le front luisant de colère.
– C'est cette fille qui a tout manigancé ! Je suis certaine qu'Amina était sous sa contrainte !
– Dans tous les cas, ces deux-là ne nous ont servi à rien ! Regarde ce qu'il se passe Isabella ! Personne ne pourra investir dans ce palais !
Les deux commençaient à se disputer avec violence. Ils comprenaient que leurs manigances n'avaient pas fonctionné. Désormais ils se retrouvaient au plus bas. Amina était partie très loin ; il ne restait que moi ici, mais plus pour très longtemps.
Mon géniteur comprenait enfin l'ampleur réelle de la chose. Soudainement, sans que je ne puisse l'éviter, il m'attrapait les cheveux. Ses coups contre moi étaient encore plus forts que les précédents. Isabella se joignait à cette partie, en n'hésitant pas à me gifler.
Je me laissais faire comme un vulgaire pantin. J'étais obligée de subir ces choses si je voulais avoir une chance de m'enfuir par la suite. Leurs coups durèrent de longues minutes avant qu'ils ne décident enfin de me lâcher.
Isabella écrasa ma main à l'aide de sa chaussure. Le talon m'infligeait une douleur horrible que hélas, je gardais pour moi. Elle déblatérait une série de paroles que je n'arrivais plus à comprendre. Mon cerveau était trop concentré sur cette douleur qui me cognait dans tous les sens.
– Youssef, Damien, emmenez la dans le cachot ! S'écria soudainement mon géniteur, avant que la porte en bois ne s'ouvre.
Ses deux gardes préférés rentraient dans la pièce. Ils me jetèrent un bref regard rempli de mépris, puis m'attrapaient par les bras sans aucune douceur. Je laissais échapper un petit gémissement, mais celui-ci fut vite couvert par les cris d'Isabella.
– Ne lui donnez rien à manger et à boire ! Laissez la réfléchir à ses erreurs et ne la nourrissez que s'il elle dit où se trouve ma fille !
Les gardes acquiescèrent ses paroles et ne perdaient plus de temps pour me traîner hors de la salle. Quelques minutes plus tard, ils me jetaient en dehors du cachot, refermant déjà la porte massive.
L'air glacé me frappait aussitôt. Le contraste était impressionnant avec la chaleur de dehors. Un soupir m'échappa, tandis que j'essayais de me redresser avec beaucoup de mal. La tête appuyée contre le mur de pierre, je réfléchissais à tout ce qu'il se passait.
Amina était en sécurité, c'était tout ce qu'il m'importait. Maintenant je devais attendre quelques jours que la situation s'apaise pour ensuite m'enfuir. Ils auront forcément besoin de moi pour espérer un nouveau mariage. À partir de là, je regagnerai leur confiance et en profiterai pour me faufiler.
Il faudra juste que j'essaye de me débarrasser de ses gardes. Maintenant qu'il n'y a plus Amina, la fuite risque d'être plus simple. Paul, le palefrenier, m'a enfin accordé son aide. Il détournera l'intention des gardes pour m'aider à m'enfuir d'ici.
Il ne me reste plus qu'à attendre.
Je soufflais sur mes mains déjà gelées, en observant le sang sécher sur mes plaies. Je rabattais mes genoux contre moi, la tête posée sur eux. Un lourd silence s'installa dans ma cellule. Un silence qui pourtant, me reposait énormément.
C'était la première fois depuis longtemps qu'il n'y avait pas de bruits dans ce palais. Pas de bruits de gifle, pas de cris stridents.
Je souriais comme une idiote, exactement comme lui...
Malek.
Ce prénom tournait encore en boucle dans mon esprit. Je me demandais ce qu'il faisait à cet instant là et surtout, ce qu'il avait pensé de notre départ. Même si nous avons dû nous jouer de lui, je regrettais que cela soit tombé sur sa personne.
Cet homme est tout le contraire de ce que j'avais pu imaginer. Il est doux, gentil, drôle, un peu charmeur sur les bords. C'est un roi remarquable qui j'en suis sûre, marquera l'histoire par sa bonté et sa bienveillance.
Mon sourire s'agrandissait quand je repensais à lui. Ça y est. Je prenais ses mauvaises habitudes à sourire à tout va.
Jamais je n'aurai cru penser cela un jour. Pourtant, la réalité était bien là.
C'était le premier homme qui me manquait autant...
**
Quelques jours plus tard
PDV Malek
– Malek... arrête de te tracasser. Tu devrais boire, tiens, dit-elle en me donnant une bouteille d'eau.
Je la remerciais, les yeux braqués sur sa fille. Assia jouait avec l'ourson que je lui avais offert avant sa naissance. Elle semblait ravie de son cadeau et cela me redonnait enfin le sourire.
– Enfin je retrouve mon Malek. Je suis contente que ma fille te redonne un peu le sourire, reprenait Sienna.
– Assia peut même remonter le moral à une pierre. Cette enfant est fantastique.
Sienna rigolait face à mes propos, en déposant ensuite un baiser sur la joue de sa fille. Elle la reprenait dans ses bras, la berçant un instant pour l'endormir. Assia fermait ses magnifiques yeux bleus, paisible. Sienna lui donnait sa tétine et voilà qu'elle s'endormait en moins de deux.
Sayid arriva quelques minutes plus tard après la fin de son entraînement. Il embrassait sa femme, en lançant un regard doux à sa fille endormie. Il s'asseyait à leur côté, en replaçant le petit chapeau sur la tête d'Assia.
– Alors Malek ? Tu as enfin fini de chialer comme un bébé ? Me demanda Sayid, toujours aussi sympathique.
– Tais-toi Sayid ! Tu es vraiment chiant quand tu le veux ! S'exclama Sienna, en essayant cependant de contrôler sa voix pour ne pas réveiller leur fille.
Sayid grommela quelque chose, alors que je souriais. Heureusement qu'il n'avait pas changé dans son comportement. C'est ce Sayid là qui dans le fond, me remontait le moral.
Sienna et Sayid commençaient à se chercher, et je décidais de les quitter. Je les remerciais pour m'avoir changé les idées, avant de partir en direction de mon bureau. Je passais devant les parties florales du jardin, cela me ravivant quelques souvenirs. Le parfum de roses me rappelaient le sien. Les fleurs jaunes me rappelaient ses cheveux dorés.
Je n'arrivais pas à l'oublier. Bien au contraire.
Depuis sa disparition, mes pensées n'étaient tournées que vers elle. Cela faisait cinq jours qu'elle était partie et pourtant, j'avais l'impression que cela faisait trois mois.
Je n'avais même pas osé connaître les raisons de son départ. Si elle était partie, c'était parce que quelque chose ne lui plaisait pas ici. Peut-être que c'était moi, peut-être que la cause était ailleurs...
J'attendais encore son appel, en vain. J'hésitais à la retrouver mais si elle s'était enfuie comme ça, c'est qu'il devait y avoir une raison. Pour la première fois de ma vie, je me sentais abandonné. Je n'avais pas envie de la rechercher pour l'instant ; je me sentais trop blessé.
Sienna m'avait dit d'essayer d'en savoir plus, mais j'avais directement refusé. Je laissais faire le temps qui j'espère, allait apaiser mes douleurs. Après cela, j'essayerai peut-être de la recontacter pour avoir des explications.
Dans un soupir, je m'installais sur mon bureau. Je touchais d'un doigt une pièce de mon échiquier, avant que la porte se s'ouvre en fracas. Soudainement, Sienna et Jahim débarquaient, les traits tirés.
Sienna semblait énervée, Jahim consterné.
– Je te l'avais dit ! Il y avait quelque chose de pas net ! S'exclama Sienna, en s'avançant jusqu'à moi.
– Quoi ? Que se passe-t-il ? Demandais-je, étonné de la voir si colérique.
– Rien ne va Malek ! Tout était faux ! Renchérit-elle, ce qui faisait accélérer mon cœur.
Jahim posait soudainement des papiers sur mon bureau, avant de se reculer.
– Veuillez lire ces documents, sir. Ils proviennent d'un détective qui a effectué un rapport.
Je me dépêchais de prendre ces feuilles entre mes mains. Je lisais rapidement toutes ces lignes, le cœur battant toujours aussi vite. Plus je parcourais les feuilles et plus je commençais à comprendre cette supercherie.
– Ana... est la vraie princesse ? Chuchotais-je, consterné.
– Oui Malek. Mais elle a été déchue de son titre par son père et sa belle-mère. Amina a donc pris sa place.
D'une rage folle, je déchirais les papiers. Je me levais ensuite de mon bureau pour interpeller Jahim.
– Comment avons-nous fait pour louper cette information ! M'énervais-je.
– Tout a été trafiqué et j'ai été négligent sur cela, votre altesse. Je m'excuse de mon erreur ; j'aurai dû prêter plus intention à cela.
Je passais une main dans mes cheveux, en murmurant quelques jurons. Rien n'était la faute à Jahim. Il ne pouvait pas savoir que les papiers avaient été trafiqués. Ce n'était pas son rôle de regarder cela.
– Mais pourquoi Amina a-t-elle pris sa place ! Grondais-je, en tapant du poing sur la table.
– J'ai engagé en douce un détective, Malek. J'espère que cela ne te gêne pas mais...
– Sienna ! Dis-le moi enfin ! La coupais-je dans un cri.
Elle laissais échapper un soupir, puis m'apprenait ce qu'elle avait découvert il y a quelques minutes. Plus ses mots s'envolaient dans l'air, plus je sentais une colère noire monter en moi. C'était l'une des rares fois où je me sentais si énervé.
J'apprenais ainsi tout le stratagème qui avait été mis en place. Grâce au détective, celui-ci avait pu interroger quelqu'un qui travaillait dans ce palais. Lorsque Sienna me rapportait ses propos, je ne pouvais m'empêcher de faire valser les feuilles hors de mon bureau.
– Ana ne voulait pas s'engager dans un mariage politique, continuait-elle. Ils l'ont donc remplacé par Amina en tant que seule princesse. Pour sauver leur réputation, ils ont décidé de l'envoyer ici pour qu'elle essaye de te séduire. Ana devait l'aider en restant à ses côtés.
– Mais Amina n'a pas chercher à me séduire, au contraire !
– Amina était du côté d'Ana à ce que j'ai comprit. Elles devaient avoir un pacte ensemble, reprit Sienna d'une voix plus douce.
Je fermais les yeux un instant pour réfléchir. Je me sentais dépassé par la situation ; jamais je ne me serai attendu à de telles révélations.
– Jahim, engage d'autres détectives pour essayer d'avoir toutes les informations possibles sur cette famille. Je vais préparer mes affaires ; nous partons dans ce pays, déclarais-je après avoir repris mes esprits.
Jahim comptait répliquer quelque chose, mais mon regard sévère l'en dissuada. Il inclinait donc la tête avant de s'en aller. Sienna lui emboîtait le pas, en allant prévenir Myriam de préparer mes affaires pour le départ.
Je jetais un regard sur ses feuilles au sol, mes poings se serrant en même temps. Désormais une seule pensée hantait mon esprit :
Retrouver Ana.
**
(Bonne rentrée ou bon retour aux travailleurs ; j'espère que cela se passe -ou se passera- bien pour vous ! En tout cas y'en a pour certains où cela risquent de moins bien se passer... ☺️)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top