Chapitre 14
La chambre était vide ; il n'y avait plus d'affaires.
Ana était... partie.
Flashback avant le bal :
PDV Ana
Sa main s'écrasa sur ma joue dans un claquement brusque.
Je restais droite, sans bouger d'un millimètre. La deuxième partit sans tarder. Je ne disais toujours rien, les yeux seulement braqués sur lui.
Mon géniteur.
– Tu n'écouteras jamais rien ! Cria-t-il d'une voix tonitruante.
– Je me demande ce que j'ai fait pour avoir une fille comme toi ! Continua-t-il en se retenant de m'en mettre une troisième.
Isabella l'arrêta un temps, en me jetant un regard remplis de mépris et de dégoût.
– Arrête de t'acharner sur elle. Tu sais bien que cela ne sert à rien, chéri.
Ma belle-mère se recula, suivi de près par cet homme. Ils reprenaient place sur leur trônes, toujours en me regardant.
– Tu sais bien qu'elle ne sert à rien. Elle nous l'a déjà prouvé dans le passé, reprenait cette femme comme si je n'étais pas là.
– Évidemment que je le sais Isabella ! C'est bien pour cela que je l'ai déchu de son titre de princesse ! Gronda mon géniteur, en se passant une main sur le visage.
Je sentais mes poings se serrer involontairement. Mes joues chauffaient ainsi que mon cœur qui brûlait de rage. Cependant je ne laissais rien transparaître. Je restais toujours face à eux, attendant encore mon énième jugement.
– Amina ! S'exclama soudainement Isabella.
La grande pointe s'ouvrait, laissant désormais place à la fille d'Isabella : Amina, ma demi-sœur.
Amina marcha jusqu'à nous, en évitant comme toujours mon regard. Elle rejoignait sa mère et son beau-père, qui ne tardaient pas à la complimenter sur sa robe rouge.
– Voilà une vraie princesse. Celle qui mènera ce royaume à un plus grand avenir, déclara cet homme.
Isabella suivait ses paroles en acquiesçant de la tête.
– Nous avons bien fait de te remplacer. Ana ne méritait pas ce titre, bien au contraire, me lança cette sorcière, tandis que je restais toujours stoïque.
Les piques étaient encore une fois de la partie. Pourtant cela ne m'importunait plus. Ça faisait déjà un an que la situation était ainsi.
Lorsque ma mère fut décédée, mon géniteur n'avait pas pas perdu de temps pour se remarier. Voilà comment Isabella et Amina étaient rentrées dans nos vie. À l'époque, j'avais encore mon titre de princesse. Pourtant cela n'a pas duré. On me l'a retiré car je refusais les mariages arrangés qui étaient organisés par mon père.
Voici comment Amina avait donc hérité de mon titre qui pourtant, ne l'intéressait pas.
En effet, Amina jouait un double jeu. En réalité elle était contre mon géniteur et sa mère. Elle ne souhaitait pas devenir princesse ; elle voulait simplement vivre sa vie ailleurs, comme moi. Toutes les deux nous voulions au plus vite quitter ce palais, pour poursuivre nos rêves.
C'était la seule à me comprendre. C'était d'ailleurs ma seule confidente.
Voilà comment était donc né ce plan.
– Ana, n'oublie pas de préparer les valises. Je veux que tu aides Amina en toute circonstance et que tu l'accompagnes. Il n'y a pas d'échecs possible. Amina doit épouser ce roi. Nous te surveillerons.
J'acquiesçais ses paroles avant qu'ils ne me demandent de m'en aller. Je refermais la porte, puis me dirigeais vers les jardins. C'était le seul endroit où j'aurai la paix pendant quelques heures.
Plus tard, Amina me rejoignit. Elle regardait à droite et à gauche, puis venait enfin poser ses mains sur mes joues.
– Bon sang Ana ! Tes joues sont encore enflées !
– Ce n'est rien. J'ai déjà eu pire, dis-je en me reculant.
Amina se mordait la lèvre, signe qu'elle était inquiète. Je lui offrais un sourire pour lui montrer que ce n'était rien. Elle n'avait pas à culpabiliser. Rien n'était de sa faute.
– Je te promets de tout faire pour que ce roi refuse cette demande en mariage. Lorsqu'ils l'apprendront, ils ne pourront plus nous garder ici. Nous en profiterons pour nous enfuir. Après tout, nous ne serons plus d'aucune utilité puisqu'ils ne voulaient qu'un mariage avec cet homme.
– Je suis désolée de t'impliquer dans ces affaires. Tu...
– Ana, nous sommes une famille désormais. Enfin, juste toi et moi bien entendu. Je te considère comme ma sœur, tu le sais bien.
Je passais mes bras derrière son dos, la remerciant encore pour tout ce qu'elle faisait. C'était notre dernière chance de nous en aller d'ici.
– Bon par contre il faudra que je trouve plusieurs alternatives pour qu'il me déteste. Une soirée ça risque d'être court ou peut-être suffisant, je ne sais pas. Si cela est insuffisant, je ferai tout pour qu'il nous invite chez lui.
– Ce roi est connu pour organiser de nombreux bals. Je pense qu'il ne prête pas attention aux femmes. Il est également connu pour refuser les demandes en mariages.
– Alors tout devrait être bon. Lors de cette soirée, j'essayerai de me faire repérer mais dans le mauvais sens. Ensuite nous pourrons rentrer chez nous et lorsqu'il recevra la demande en mariage, il refusera.
– Nous ne servirons plus à rien ici.
– Et nous pourrons nous enfuir, compléta Amina en me câlinant.
Je laissais échapper un long soupir, en la resserrant contre moi. Ce plan était notre seule chance pour nous enfuir. Là-bas nous ne seront pas surveillés par Isabella et mon géniteur. Les gardes ne pourront pas nous suivre ; ils attendront juste dans la ville voisine, et nous devrons leur envoyer un rapport matin et soir.
Amina ne le sait pas encore, mais lorsque le bal se terminera, je l'aiderai à s'enfuir avant de rejoindre les gardes. Elle pourra s'enfuir le plus loin possible, pendant que je retournerai au palais. Là-bas Paul m'aidera ensuite à m'enfuir.
– Merci Amina... murmurais-je.
– Ne me remercie pas Ana, je te dois tout. Tu m'as évité tellement de mauvaises situations dans le passé.
– Ce plan me stresse déjà... J'espère que tout va bien se passer.
– S'il y a des imprévus, on improvisera, ne t'en fait pas. Il faut juste qu'il refuse ce contrat et tout finira bien.
– Tu es géniale, dis-je alors qu'elle me retournait déjà le compliment.
Amina rigolait contre mes cheveux et c'est ainsi que nous devions nous quitter. Elle retournait vite à ses fonctions, tandis que je restais dehors. Je m'occupais des fleurs, pensant encore à ce plan qui allait avoir lieu.
Je m'inquiétais beaucoup pour la tournure des événements. Je commençais même à stresser, mais ce que je savais, c'était que nous étions toutes deux déterminées à accomplir ce plan.
Nous voulions retrouver notre liberté.
**
– N'oublie pas Ana, tu dois aider Amina dans cette mission. Si tu veux que ce royaume retrouve sa puissance d'avant, c'est ce genre de mariage qu'il nous faut.
– Je compte sur toi Amina. Je suis certaine que ta beauté et ton charisme seront lui plaire. Après tout, il ne doit pas être si difficile que cela, intervenait Isabella, une main posée sur la joue de sa fille.
– Je ferai mon possible pour qu'il veuille se marier avec moi, dit-elle.
Mon géniteur et Isabella semblaient ravis de cette réponse. Ils avaient foi en leur fille. Pourtant ils ne savaient pas tout ce qu'il se tramait derrière ce faux sourire. Quelque chose que nous avions mis longtemps à élaborer.
Amina ne voulait plus vivre à leurs côtés et subir leurs pressions. Elle voulait s'enfuir et vivre un amour sincère. Comme moi, elle ne se souciait pas de ce petit palais qui tombait presque en ruines. Nous ne voulions plus appartenir à ce rang qui ne nous convenait pas.
– J'ai hâte de te revoir dans quelques jours, ma fille, reprenait Isabella. Et j'ai surtout hâte de voir ce contrat signé ; celui qui refera naître ce royaume endormi. Ce roi Malek fera un gendre parfait, j'en suis certaine.
Amina acquiesçait ses paroles, puis se retournait vers moi. Elle me faisait un bref signe, et nous partions ainsi en direction de la voiture qui nous attendait. J'ouvrais la porte à Amina, pour ensuite m'installer derrière elle.
La porte se referma, la voiture démarra, scellant à cet instant notre destin.
**
(Certains l'avaient deviné : Ana est donc une vraie princesse. 👸🏼 Bon elle a été déchue de son rang, mais tout de même, vous aviez raison ! 😊
Voilà le plan qui avait été mis en place : Amina devait tout faire pour que Malek refuse la demande en mariage ; ainsi leurs parents n'auraient plus besoin d'elles, et les femmes pourraient s'enfuir.
Enfin... je crois qu'il y a quand même eu quelques imprévus...
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