J'essayais de comprendre ce qu'il était en train de me dire et ce que cela signifiait pour moi. L'amour de ma vie appartenait au clan Long ?

 Un certain nombre de choses trouvaient leur place dans mon esprit. En premier lieu, le livre dont il m'avait parlé. Ce devait être un héritage de Feng Qigang. Je m'interrogeais toujours à ce sujet.

" Est-ce que le livre... ?" commençais-je.

" Non, l'ouvrage qui était en notre possession n'est pas celui du Prince."

" Tu en es sur ?"

" Certain, car notre exemplaire est encore entre mes mains, tout comme les recueils de notre bibliothèque secrète. Heureusement, cette dernière ne se trouvait pas dans notre Résidence de Helan."

"Alors d'où vient son exemplaire ?"

" Après que nous nous soyons séparés ce jour-là, je suis allé tout raconter à mon père et il m'a relaté la véritable histoire de notre Secte. Notre lien avec le clan Long ... À ce sujet, il était vraiment content de notre rencontre. D'après lui, Feng Qigang a eu deux enfants et il a confié à chacun d'entre eux, un livre, avec pour recommandation de le transmettre dans le plus grand secret à l'aîné de leur filiation."

" Cela sous-entend que le Prince était un descendant de Feng Qigang lui aussi ?"

" ... Où qu'il s'est emparé de l'ouvrage d'une manière ou d'une autre. C'est malheureusement quelque chose que nous ne saurons jamais puisqu'il est mort..."

" Justement à ce sujet... "L'interrompit Fan Zhen.

"Long Song Wei, avez-vous tué le Prince ?"

" Maître Fan, vous avez vu ma blessure et celle de Wan Yi, alors vous êtes au courant que ce n'est pas moi qui ai pris sa vie. Je me demande seulement pourquoi Xue Xiang a éliminé son maître..."

" Nous ne le découvrirons que lorsque nous l'aurons retrouvé" intervint dans Chang Yu.

" Maître Long, puis-je connaître vos intentions vis-à-vis de nos enfants et en particulier de Lang Fu ? " Continua-t-il.

" Votre neveu a déjà fait son choix. Il a terminé le rituel et invoqué son animal spirituel. Il est prêt à rejoindre mon maître et son frère aîné sur la Montagne Sacrée !"

" Vous l'avez orienté sans demander l'avis de son père", s'insurgea Fan Zhen.

" Je n'ai en rien dirigé sa décision. Je lui ai donné les informations et il a choisi... seul... et son père le sait très bien, puisqu'il lui en a parlé. "

"Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il parte si vite !" Soupira Yi Cheng.

" Votre cadet m'a confié qu'il n'était que le troisième fils et qu'en tant que tel, son avenir était des plus mornes. Il a décidé de dédier sa vie à la protection du Jianghu, vous devriez être fier de lui et des responsabilités qu'il a jugé bon d'endosser."

" Mais il est si jeune. "

"Nous le sommes toujours. Il a seize ans, l'âge d'adulte au sein du clan Long. "

" Mais il appartient au clan des Animaux Spirituels depuis sa naissance !"

" Mais c'est le sang du dieu Dragon qui coule dans ses veines. Maître Yi Cheng, trouviez-vous votre fils épanoui au sein de votre clan ? Où semblait-il constamment chercher quelque chose sans jamais pouvoir l'atteindre ?"

" Vous avez raison" fit le père de Lang Fu dans un soupir.

" Et bien moi, j'ai des doutes au sujet de vos motivations ! Qui nous prouve que vous n'allez pas utiliser nos enfants contre nous pour vous venger ! " Fit Fan Zhen en s'avançant d'un air menaçant.

" Père arrête ! " Hurla Fai Jin en s'interposant entre son père et moi. Elle le repoussa à deux mains.

" Ça suffit, Père "des larmes coulaient sur ses joues lorsqu'elle se tourna vers moi.

"Chen Han ... Song Wei... ne lui tient pas rigueur. Il a juste peur que tu m'enlèves à lui."

" T'enlever ? Mais pourquoi t'enlèverais-je, Shimei ?"

Elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.

"Pardon, Père, mais j'ai trop de questions sans réponse et je crois qu'il est le seul à pouvoir me les donner..." Ses yeux luisaient à cause des larmes qu'elle retenait. Elle sortit de sa manche une pochette Qiankun et y glissa la main ...

" Fan Zhen, n'est pas mon véritable père, tout comme Feng Wu, il m'a adopté... " Entre ses doigts brillait une perle d'éternité rouge feu... Dans le creux de son autre paume, elle fit apparaître une petite flamme. C'est à ce moment que son oiseau-tonnerre entra dans la pièce et vint survoler sa tête. Il s'immobilisa dans les airs et se transforma en phénix. 

Je n'osais croire à ce que signifiaient pour moi cet Oiseau de feu et cette perle couleur rubis. 

Son âge ...Elle avait le même âge qu'aurait dû avoir Zhu Xian. Il n'y avait qu'un seul moyen de savoir si elle était vraiment ma petite sœur. Si c'était le cas, elle devait porter au poignet l'emblème de la famille du feu. J'avançais fébrilement vers elle, sans trop y croire... J'avais vu le corps de ma sœur dans les bras de ma mère ce jour-là ! Mais si je m'étais trompé ? J'avais une cousine du même âge ...S'il y avait ne serait-ce qu'une infime chance que Fai Jin et Zhu Xian soient la même personne ... 

Je pris son poignet. La flamme qui s'y trouvait s'éteignit. J'avalais ma salive péniblement. Mon cœur me semblait prêt à exploser dans ma poitrine, ma respiration était saccadée et je sentais des larmes me piquer les yeux ... Je devais retrouver mon sang-froid. Je ne pouvais pas perdre le contrôle de mes émotions devant toutes les personnes présentes.

Mes doigts se mirent à trembler pendant que je dénouais les attaches de son bracelet de force. C'est alors que je la vis : la marque de naissance de notre famille. Je laissais tomber au sol le morceau de cuir qui m'avait empêché de découvrir que ma sœur se trouvait près de moi tout ce temps sans que je ne le sache.

Tout en gardant sa main dans la mienne, à mon tour, je défis le bandage de protection qui entourait mes poignets. La même marque y apparut : une flamme au centre d'un cercle.

Les yeux de Fai Jin s'écarquillèrent ;

" Qu'est-ce que cela signifie?" me fit-elle en me regardant fixement.

Ces yeux ! Comment ne les avais-je pas reconnus ? C'étaient ceux de notre mère ! Je l'écrasais contre ma poitrine, l'empêchant à moitié de respirer. Je ne voulais pas la relâcher.

" Chen Han ? "

Je m'écartais légèrement et pris son visage dans la coupe de mes mains. Mes lèvres frôlèrent son front pour y déposer un baiser pendant que des larmes jaillissaient de mes yeux. Peu m'importait que l'on me voie dans cet état de faiblesse. J'avais retrouvé Zhu Xian ! Elle était en vie ! Je collais mon visage au sien et plongeais mon regard dans ses yeux

" Ton véritable nom est Zhu Xian et tu es ma petite sœur adorée que je croyais avoir perdue à tout jamais !"

" Zhu Xian ? ... ta sœur ?"

Mon coeur irradiait de bonheur. Je me reculais un peu pour graver chaque trait de son visage dans mon esprit.

" Comment ai-je pu être aussi bête ? Tu as les yeux de notre mère ! " Mes pouces caressaient ses pommettes.

" Notre... mère ? Tu es mon frère par le sang ? Pas seulement par notre clan ? " J'acquiesçais de la tête avec un large sourire rien que pour elle. Comment était-il possible qu'elle ait survécu... ? Fan Zhen ! Je relevais le visage vers lui. Sa figure s'était décomposée. Je voyais la peur dans son regard.

" C'est vous qui l'avez sauvé ? " Fai Jin se retourna vers son père et se plaça à mes côtés.

"Père ?"

Fan Zhen se redressa et avança d'un pas hésitant dans notre direction.

" En tant que médecin, j'étais à la Montagne Sacrée pour apporter mon aide à ceux qui en avaient besoin. Quand je suis arrivé, les combats étaient presque terminés. Dans l'une des résidences, j'ai trouvé un homme qui m'a supplié de protéger son enfant. Ce devait être votre père, car la ressemblance entre vous deux est flagrante. C'est ce qui m'a stupéfait l'autre soir lorsque j'ai découvert votre visage... Il m'a dit que son épouse et sa fille étaient dans l'une des pièces adjacentes. Je m'y suis précipité juste à temps pour voir un soldat transpercé d'un poignard, une femme tenant un nouveau-né dans ses bras. J'ai tiré mon épée et j'ai tué cet homme. Je me suis approché, mais le bébé était déjà mort, votre mère, quant à elle, était en train de rendre son dernier soupir. Elle m'a indiqué le lit dans lequel se trouvait votre sœur et une pochette avec la perle. Elle m'a dit que lorsque des choses étranges se produiraient, je devrais envoyer son enfant et la perle auprès de la secte Taoïste. Qu'il y aurait parmi eux, une personne pouvant aider sa fille. Je n'ai compris ce qu'elle voulait dire qu'au moment où Fai Jin a commencé à provoquer des incendies. Quand vous nous avez dévoilés faire partie du clan Long, j'ai eu peur que vous me preniez mon enfant. J'ai déjà perdu mon aînée. L'autre matin, vous m'avez menacé de m'enlever celui que je considère comme mon fils ainsi que ma petite-fille ! N'ai-je pas le droit de vous haïr moi aussi ? Vous me volez tout ce que j'ai de plus cher, il ne me reste plus personne ! " hurla Fan Zhen avec rage !

" Mais qui vous a dit que je voulais vous les prendre ? Fai Jin est, et restera toujours votre fille. Vous l'avez élevée et aimée comme un père, vous êtes le seul qu'elle ait jamais connu. Pour Feng Wu et Shao Ning, votre petite-fille a besoin d'être guidée afin de maîtriser ses pouvoirs. C'est le cas pour chacun des enfants que nous avons sauvés. Tant qu'ils n'ont pas appris à se contrôler, ils sont un danger pour eux-mêmes et pour ceux qui les entourent. Mais ce ne sont que des enfants et ils ont besoin de leurs parents ! Je ne serais pas mieux que le Prince Wan Yi si je commettais la monstruosité de les séparer d'eux ! "

Fan Zhen semblait se calmer. Sa respiration se ralentissait et il y avait moins de folie dans son regard.

" Vous n'allez pas me les prendre ?"

" Ils sont libres. Nous devrons édicter des règles, mais je pense que vous pourriez nous rendre visite comme chacun des parents des Dragons Célestes. C'est ce que j'essayais de vous expliquer, il y a un instant. Le clan Long s'est refermé sur lui-même, désirant préserver ses secrets. Le résultat, c'est que la suspicion est venue empoisonner notre vie et a fini par nous anéantir. Je n'ai pas le droit de commettre la même erreur deux fois. Si je veux rebâtir ma secte, nous devons nous ouvrir à l'extérieur. Vous savez tous désormais que nous sommes différents et que nous contrôlons les éléments. Nos animaux spirituels sont en réalité des esprits gardiens et nous avons une longévité supérieure à la vôtre. Mais... tout comme vous, nous adorons rire et nous amuser. Nous nous émerveillons devant le premier sourire d'un nouveau-né ou la beauté d'une fleur. Notre peau frémit sous les caresses de l'être aimé. Nous nous marions pour la vie et nous sommes fidèles jusqu'à la mort ! Nous ne sommes ni parfaits ni infaillibles, nous sommes des hommes et des femmes dont l'unique but est de vivre en paix. Ces dernières années, vous avez dû remarquer la recrudescence des cataclysmes qui se sont produits dans le Jianghu. Seul, j'ai fait du mieux que je le pouvais, et cela malgré ma colère, ma haine et la douleur d'avoir perdu les miens. Il y a seize ans, vous avez lancé une guerre contre nous, je n'ai fait que me défendre. Alors, je propose que nous en restions là. Je vous rappelle que le jeune Yin Wei manque toujours à l'appel et qu'il est entre les mains d'un monstre dérangé ! Ce n'est pas vous qui allez me contredire Seigneur Chang Yu ?"

Ce dernier baissa la tête comme chacun des chefs de clan présents. Maintenant que les choses avaient été tirées au clair entre nous, j'espérais que nous pourrions repartir sur de bonnes bases pour la suite.

Tous ces événements m'avaient exténué. La découverte que ma sœur était toujours vivante, mes explications avec Fan Zhen et les chefs de clan et surtout les révélations de Feng Wu sur ses origines, tout cela me donna le vertige. Trop d'émotions m'avaient assailli en trop peu de temps. Les bras de Fai Jin et Feng Wu me rattrapèrent tandis que je vascillais sur mes jambes.

" Chen Han, tu dois te reposer. Tu n'es pas complètement remis de ta blessure et des conséquences du poison qui l'imprégnait." Me fit mon âme sœur.

" Écoute-le, Grand-frère. Je ne veux pas te perdre alors que je viens à peine de te trouver.

Chang Yu s'approcha de nous.

" Allez vous reposer Long Gongzi. Nous avons tous envoyé des hommes pour retrouver Xue Xiang. Dès que nous l'aurons localisé, nous vous en informerons. En attendant, ma demeure est vôtre. "

" Nous vous remercions, Chang Gongzi, mais Chen Han va rester dans mes appartements. Sa santé nécessite encore des soins et je préfère le garder à vue. "

" Faites comme bon vous semble"

Après un hochement de tête complice vers ma sœur, Feng Wu me guida ou plutôt me porta à moitié jusqu'au havre de paix que représentait sa chambre.

Plus que 5 chapitres , la fin va venir vite 😥