Le soir était vite tombé, et après quelques parties endiablées de petits chevaux, il fut déjà temps pour Max de repartir porter le rapport à la Ruche. Il repartit donc rapidement vers l'ascenseur pour ne pas se laisser le temps d'hésiter. Les autres chefs de groupes l'attendaient lorsqu'il arriva, un peu essoufflé. Tous devaient entrer au même moment dans le bureau de Maman. Elle était toujours égale à elle-même, magnifique dans la lumière fantomatique des éclairages extérieurs. La réunion se passa comme d'habitude, et Max se sentit comme chaque soir très heureux d'être le chef de son groupe, alors que cinq minutes auparavant, il aurait échangé son rôle pour un quignon de pain. Le temps semblait comme suspendu entre ces quatre murs. Puis le débat fut interrompu comme de coutume. Max sortit le dernier, peut-être pour profiter encore un peu de l'image de Maman. Ce qu'il ne savait pas, c'est que ces quelques secondes de plus allaient changer à jamais sa vie, ainsi que celle de tous les autres. Maman ne le remarqua même pas, plongée très certainement dans les rapports qu'elle lisait avec ferveur et passion. Mais alors que Max la dévisageait, son regard se perdit dans le vague. Son visage se décomposa. Elle affichait alors une expression de doute et d'incertitude totale. Max fut pris de panique. Il recula vers la porte, et s'enfuit avec l'espoir que Maman ne l'avait pas vu, et ne saurait jamais qu'il avait assisté à ça.