L • XVIII. - FIN



Layvin




- C'est vous, Monsieur Kadiri ?

- Oui ? je réponds en me levant face à une femme qui n'a étrangement rien avoir avec une doctoresse.

- Je suis la directrice de l'orphelinat où vit votre fille, Jadina. Vous savez que vous n'avez pas le droit de la voir, je me trompe ? Vos affaires de délinquant l'a mis en danger et maintenant, elle est à l'hôpital. Vous êtes fier de vous ?

- Quoi ? Depuis quand je n'ai pas le droit de voir ma fille ?

- Ça a été dit le jour de votre procès. A ce que je sache, vous n'avez toujours pas eu l'autorisation de l'approcher alors veuillez quitter l'hôpital.

- C'est ma fille, c'est moi qui décide qui elle peut voir, pas le contraire.

- En attendant, on lui a tiré dessus.

- Ce n'est pas de ma faute, je dis doucement.

- Si vous restez, j'appelle la police.

- Pas besoin d'être aussi extrême, suggère Niklaus en arrivant de nulle part. Au revoir madame, il la salue puis m'emmène loin de cette vielle femme aigrie.

- Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

- Et toi, alors ?

- Nayla a tiré sur Jadina.

- Quoi ?! Layvin, je t'avais dit de tout terminer avant de retrouver Jadina !

- Je sais et c'est ce que j'avais décidé aussi mais je ne pensais pas qu'elle représentait un réel danger, je dis à voix basse.

- Et Pablo alors ?

- Sans Annie, il faut avouer que c'est compliqué de connaître leur emplacement.

- Je croyais qu'on en avait fini mais on dirait qu'on est encore dans une situation catastrophique, souffle-t-il en passant ses mains sur son visage.

- Je pourrais chercher Nayla mais l'état de Jadina m'inquiète plus qu'autre chose. Je ne pense pas qu'elle la ciblait donc elle ne viendra sûrement pas finir le travail.

- Ne crois pas aussi bien là connaître, n'oublie pas que sans Shiloh tu ne saurais même pas qui elle est vraiment.

- Mmh, tu peux t'occuper de Jadina, sinon ? Ça fait plus d'une heure que j'attends mais ils ne m'ont toujours pas donné de nouvelles et cette vielle folle ne veut pas que je m'approche trop alors...

- Sans problème.

- Où est ta fille, enfaite ? Tu lui as dit ?

- Elle a beaucoup pleuré et m'a reproché de lui avoir volé les derniers instants de Sheyla. J'ai dû lui mentir qu'elle était morte d'un cancer, c'était vraiment désagréable...

- Sheyla ?

- Annie, souffle-t-il.

- Et tu fais quoi ici ? 

- L'immeuble a cramé et Shiloh a été hospitalisé mais...

- Quoi ?! Il est dans quelle chambre ?!

- La 305 mais...

- Emmène-moi !

- Laisse-moi un peu parler ! il cri. Je ne sais pas par quel miracle, Shiloh n'a absolument pas été touché. Il fait juste des examens de routines, si tout se passe bien, il sortira demain.

- Ce n'est pas un miracle, c'est Dieu. Et d'ailleurs, Dieu merci, soupirais-je. Où est sa chambre ?

- Par là, il m'indique la gauche avec son doigt. Je retourne voir Shiloh, garde bien ton téléphone pour qu'on puisse se parler. Je t'ai appelé une dizaine de fois mais tu n'as pas répondu.

- Quatorze fois exactement, je dis en supprimant toutes mes notifications.

- C'est ça, casse-toi.



Je suppose que la journée d'aujourd'hui a été vraiment longue et insupportable pour nous deux. Je n'arrive pas à croire que le bâtiment a brûlé, heureusement que Phil s'en ai sorti indemne sinon je crois que je ne m'en serais jamais remis. Qu'ils arrivent du mal à mes deux enfants dans la même journée, c'est un peu trop, non ? Je suis vraiment un mauvais père.

Je referme doucement la porte de la chambre 305 et retrouve Shiloh endormi sur le lit avec un petit livre posé sur son torse. Je m'assois près de lui et commence instinctivement à caresser ses cheveux. Je crois que c'est la première fois que je le vois avec un véritable livre de son âge, c'en est presque frustrant. Il s'est sûrement endormi parce qu'il le trouvait beaucoup trop ennuyant. 

La plupart du temps, je faisais en sorte de le laisser chez Francky et Martine mais aujourd'hui ils n'étaient pas disponibles. Ce n'est pas la première fois que je le laissais seul à la maison et pourtant, aujourd'hui, j'avais un mauvais pressentiment. J'aurais dû le prendre avec moi.

La fille de Niklaus dort sur une chaise, la tête posée contre le mur. On dirait qu'elle aussi, elle a eu une dure journée. Elle ressemble beaucoup à sa mère physiquement mais j'espère qu'elle n'a pas pris son caractère, sinon je souhaite un bon courage à Niklaus qui devra la gérer.

Nos filles souffrent de la situation actuelle à cause de notre incompétence. Je me sens incapable et pour la fille de Klaus, la situation est déjà irrattrapable mais pour Jadina il y a encore de l'espoir. Il faut que je règle toutes ces histoires avant qu'elle ne sorte de l'hôpital et de cette façon, nous pourrions enfin vivre heureux tout les deux.



- Coucou noko Layvin, baille-t-il en se réveillant.

- Salut sale gosse. Tu vas bien ?

- Oui et toi ?

- T'es à l'hôpital, comment veux-tu que ça aille ? Comment tu t'es retrouvé là ?

- J'étais en train de regarder la télé tranquillement, je te jure que je ne suis même pas rentré dans la cuisine et d'un coup, j'ai senti une odeur bizarre. Comme je n'avais pas le droit d'aller à la cuisine, j'ai juste ouvert la porte et c'est là que j'ai vu le feu.

- Le feu a commencé chez nous ?

- Je ne sais pas. Du coup je suis allé me réfugier dans la salle de bain et je me suis mouillé de la tête au pied avant d'aller dans ta chambre.

- Pourquoi ?

- C'est la chambre la plus éloignée de la cuisine mais surtout il y a les carnets de ta femme, il ne fallait pas qu'ils brûlent !

- T'es sérieux ? je demande en esquissant un sourire.

- Pourquoi tu te moques de moi ? Il ne fallait pas ?

- Si, bien sûr que si. T'es juste tellement étonnant.

- Est-ce que je dois dire merci ?

- Je suppose. Ensuite, qu'est ce qu'il s'est passé ?

- Le feu est venu jusque dans la chambre alors j'ai jeté les carnets par la fenêtre mais j'avais peur de sauter.

- Quoi ?!

- Il fallait que je saute ?

- Non mais comment t'as pu jeter les carnets de Neha par la fenêtre ?!

- Noko Klaus les a déjà récupérés, t'inquiète !

- T'as intérêt à réapprendre à parler correctement avant que tes parents te récupèrent.

- Ils ne sont jamais là de toute façon alors ils ne s'en rendront pas compte.

- Finit ton histoire, tu veux ?

- Ah oui, donc j'allais sauter par la fenêtre en dernier recours quand un pompier est venu me sauver.

- Dieu merci. L'appartement a été entièrement brûlé à ton avis ?

- Je pense, oui.

- Tant mieux, ce serait fâcheux que les policiers enquêtent et retrouvent des choses en rapport avec les Empreintes.

- Ils sont déjà venus m'interroger et j'ai tout raconté pareil mais je n'ai pas parlé des Empreintes.

- Sage petit, je dis en caressant plus fort son crâne. Ton intelligence continue de me faire peur, tu sais ?

- Merci !

- Si tu le dis.

- Ton téléphone sonne noko.

- Mer... Mince, il est vraiment toujours en silencieux.

- Tu peux dire « merde », tu sais.

- Chut, je fais avant de décrocher. Alors, qu'est-ce qu'ils ont dit ? je demande à Niklaus.

- La balle a perforé son abdomen gauche, ce qui a causé une anomalie au niveau cardiaque en plus de ce qu'elle avait déjà. En bref, elle a besoin d'un nouveau cœur mais elle est loin d'être la première sur la liste.

- Au plus tard ?

- Deux jours max. Ils seront obligé de la débrancher sinon. Qu'est-ce qu'on fait ?

- On peut pas acheter un cœur en tout cas, soufflais-je avant de poser mon téléphone sur la table de chevet sans même raccrocher.



C'est vrai que Dina a toujours eu le cœur fragile. Ses artères coronaires sont plus minces que la normale alors elle n'a jamais été très énergétique parce qu'elle s'épuisait rapidement. Elle a fallu mourir je ne sais combien de fois à cause de ça et aujourd'hui encore, elle mène un combat contre la mort mais cette fois-ci tout est de ma faute.

J'aurais dû attendre quelques jours de plus et me blanchir complètement du côté de la loi pour pouvoir la ré adopter comme il se doit. C'était un vrai calvaire de faire comme si elle n'existait pas pour la protéger, je ne le supportais plus et j'ai agis bêtement. Je l'ai mis en danger et maintenant, il se peut qu'elle meurt.

Alors cette conversation innocente et futile que nous avons eu était notre dernière discussion ? Cet énorme câlin qu'elle m'a fait était notre dernier moment ? Si je puisse dire, je n'oublierais jamais la façon dont elle a sauté dans mes bras, même en enfer, je n'oublierais pas.

J'ai savouré ce moment comme nos retrouvailles après quatre ans de séparation mais pas comme des adieux. On ne se reverra plus jamais, je ne l'entendrai plus m'appeler inlassablement comme elle en avait l'habitude, on se parlera plus jamais.

Son cœur fragile ne tient plus à cause de moi alors je sais ce qu'il me reste à faire. Demain, je tuerais Nayla pour pouvoir offrir une paix durable à Jadina puis je lui donnerais mon cœur. Ce sera mon dernier cadeau.



























Nayla



Ça fait quelques minutes que j'étais garé dans le parking devant chez moi en train d'essuyer mes larmes. Je n'arrive pas à croire que j'ai tiré sur une petite fille devant d'autres tas d'enfants. C'était vraiment ignoble de ma part mais ce n'est pas ce que je voulais.

Layvin a bougé, c'est de sa faute si sa fille a été touché. Il n'était pas sorti depuis l'extermination de Blood Print, il fallait obligatoirement que je le tue aujourd'hui si je voulais vraiment le faire. Qui sait quand il serait de nouveau sortir dehors ?

Il est directement allée à l'école et je ne pouvais pas le tuer dans sa voiture alors qu'est-ce que j'étais censé faire d'autres ? Attendre qu'il rentre et le tuer dans son quartier ? Ça m'a l'air trop compliqué et cet homme est toujours sur ses gardes.

Nous n'aurions peut être plus jamais l'occasion de nous reparler mais et si c'était le cas, comment je pourrais justifier mon acte, il ne me croirait sûrement pas... Et merde, pourquoi je fais encore attention à ce qu'il pourrait penser après tout ce qu'il m'a fait ? Je suis vraiment idiote.



- Je suis rentrée, je dis comme à mon habitude en refermant la porte derrière moi alors que personne ne m'attend jamais.

- Je t'attendais.

- Qu'est ce que tu fais là ? je demande à Pablo en souriant mais redeviens immédiatement méfiante quand j'aperçois l'arme qu'il tient fermement de sa main gauche. T'as l'air bizarre, qu'est ce qu'il y a ?

- Ce qu'il y a ? il demande en riant nerveusement. Tout le gang est mort et tu me demandes ce qu'il y a ?! Espèce de sale traîtresse !




J'essaie de l'appeler mais je n'ai même pas le temps de dire un mot qu'il m'attrape par le cou. Son emprise devient plus forte à chaque seconde qui passe et l'air commence à manquer, on dirait qu'il a vraiment l'intention de me tuer.




- Je sais que c'est toi qui a tué Hidan mais je l'ai malheureusement compris trop tard ! Tu nous as envoyé sur une fausse piste et Kézian est mort ! Je sais aussi que c'est toi qui as tué Dereck ! T'as vraiment fait une association avec le fils de Lynn pour tous nous tuer, t'es complètement stupide, il veut ta mort à toi aussi ! Ce putain de Layvin, il a tué tout mes camarades et tu crois vraiment que je vais vous laisser vous en tirer comme ça ?!

- Lâche-moi...

- Je suis même allé brûler sa maison et son fils avec a cause de tout ça, mais tu crois que ça me plaît ?! Tout est de ta faute ! Il est temps que tu meures, Nayla !




C'est triste, absolument tout mon entourage vit dans la vengeance et moi y compris. Nous sommes tous destinés à nous entretuer, nous vivons avec haine comme si c'était une chose apaisante.

Layvin me considère comme son ennemi sans avoir que nous avons le même but, sans savoir que la nuit où sa femme est morte, moi aussi, j'ai perdu Aylone. Notre renaissance a eu lieu le même jour et pourtant, il nous force à se battre l'un contre l'autre. C'est dommage.

Ma vie n'a plus aucun sens mais qui s'en préoccupe ? Je pourrais mourir maintenant, personne ne demanderait après moi mais malgré ça, il faut que je m'en sorte. Il faut au moins que je puisse lui dire que je ne l'ai pas fait exprès, que je ne voulais pas tuer sa petite fille.

Pablo est une bête, la force brute ne sert donc à rien. Je me suis trompé en pensant qu'il était de mon côté et maintenant, j'en paye le prix mais assez, je ne peux pas mourir de sa main. Je suis suffisamment grande pour choisir la façon dont je vais mourir et ce n'est pas lui qui va parvenir à tuer la digne fille de Nail.

Après avoir rassemblé un peu de force, je lui mets un énorme coup de tête qu'il esquive de justesse. La surprise le fait relâcher la pression ce qui me permet de profiter de cette petite seconde pour le mordre. Mes tentatives désespérés le font rire mais j'ai la conviction qu'il ne sortira pas d'ici vivant.



- T'es pitoyable.

- Pas autant que toi, je dis avant d'attraper le couteau posé sur le meuble à côté de moi et l'enfoncer immédiatement au niveau de son estomac, ce qui me permet



C'était la première fois que j'entendais aussi bien sa voix. Son cri était aussi fort que la cloche d'une cathédrale. Carrément, je crois que tout le voisinage a été alerté que Pablo était souffrant.

Il m'avait lâché brutalement contre le sol pour essayer de d'appuyer sur sa plaie. La situation a l'air d'être à mon avantage et pourtant, c'est tout le contraire. On dirait qu'il n'a déjà plus mal et il se met maintenant à me rouer de coups de pied. Ça fait atrocement mal mais comment puis-je oser me plaindre alors qu'Aylone a vécu pire que ça ? Si ça fait mal, je n'ai qu'à l'arrêter.




- Stop ! je cri en essayant de protéger mon visage.

- Va te faire foutre !

- J'ai dit « stop » ! dis-je avant de planter mon couteau à l'intérieur de son mollet.



Papa est celui qui m'a tout appris, notamment, à me défendre des hommes et dans toutes les situations possibles. Je suis assez mince et frêle mais je sais me battre et peu importe le cas et la personne devant moi, si je décide que je vais m'en sortir, je m'en sortirai.

Alors j'ai tiré son pied pour le faire tomber et je l'ai poignardé encore une fois au poumon droit. C'est le troisième coup que je lui donne et je ne pense pas que ce sera le dernier.



- T'as vraiment remarqué que j'essayais de tuer tout le monde et tu n'as rien fait ? Parce que t'avais promis à mon père de me protéger, c'est ça ? Et maintenant quoi, ta promesse ne tient plus ? Idiot. Tu n'as pu sauvé personne et tu ne te sauveras pas toi-même non plus. Incompétent, je dis avant de le poignarder pour une dernière fois.



J'ai d'abord planté le couteau une fois pour qu'il me lâche, puis une deuxième fois pour qu'il arrête de me faire du mal. La troisième fois, c'était pour qu'il n'essaie pas de se défendre et la quatrième fois, c'était pour qu'il meurt. Quatre coups de couteau : A l'estomac, au mollet, au poumon et à côté du cœur. S'il s'en sort, c'est qu'il est vraiment béni mais j'en doute fortement.



- Adieu, sale traître.



























Niklaus



Layvin était toujours dans la chambre de Shiloh pendant que je veillais sur Jadina avec Lheïra à mes côtés. J'ai soudoyé quelques employés pour que nous puissions dormir ici, heureusement que l'argent peut tout régler, je n'ai pas le cœur à la laisser seule ici.

Les médecins disent qu'elle est remplie de bonne volonté mais qu'elle n'a pas la force de se réveiller. La situation est critique et elle ne tiendra qu'un peu plus de 24h au maximum. Sinon, elle pourrait tout aussi bien mourir à n'importe quel moment.



- Est-ce que c'est ta fille ? me demande Lheïra en se réveillant.

- Non, c'est ma nièce.

- Pourquoi elle est à l'hôpital ?

- Elle a des problèmes cardiaques.

- C'est grave ?

- Elle pourrait en mourir à tout moment...

- J'espère qu'elle survivra, j'ai toujours voulu avoir une sœur.

- Elle sera contente de t'avoir aussi, souriais-je.



Malgré son jeune âge, Lheïra tente tant bien que mal de faire des efforts pour bien s'entendre avec moi. La situation doit être assez compliquée et exceptionnelle pour elle. Je l'ai recueilli depuis moins d'une journée et on a passé tout notre temps à l'hôpital alors qu'elle devrait tranquillement pleurer dans sa chambre pour sa mère.

Je lui inflige une vie bien trop compliquée.



- On dort ici seulement aujourd'hui, ne t'inquiète pas... Oh, je voulais terminer ma phrase en lui disant que mon appartement était prêt à l'accueillir mais j'avais oublié que tout avait cramer... pensais-je avant de soupirer.

- D'accord.

- J'avais oublié que mon appartement avait brûlé, soufflais-je une nouvelle fois. On va devoir aller à l'hôtel.

- A l'hôtel ? elle demande.

- Oui mais ça ne sera pas très longtemps je pense. Je connais quelqu'un qui peut me prêter un appartement pour quelques temps. Ensuite on pourra partir.

- Où ?

- Au Canada.

- Je ne sais pas parler anglais.

- J'habite dans une ville où on parle couramment les deux langues.

- Ah...

- Ça fait trop pour toi ? Tu veux retourner chez Sharona ?

- Tu veux que je parte ?

- Non. Moi, je veux que tu restes avec moi mais je n'ai pas envie que tu sois mal à l'aise.

- Je veux rester avec toi, si ça ne te dérange pas.

- Ça ne me dérange pas.

- Même si on ne se connaît pas ?

- Et toi ça te dérange ?

- Non...

- On va rapidement faire connaissance, Lheïra. Tout ira bien, d'accord ? dis-je en caressant ses cheveux. Tu es ma fille et celle de Sheyla, tu es tout ce qu'il me reste... Je ne te laisserais jamais tomber. Ce sera difficile au début mais je t'assure que tu peux tout me dire. Je ferais tout pour que tu sois heureuse. Je ne sais pas comment m'y prendre, ça fait à peine une semaine que je sais que je suis père et je ferais sûrement beaucoup d'erreurs mais on y arrivera.



J'ai peur d'échouer. J'ai peur de devenir comme oncle Jaden et ne pas lui donner suffisamment d'amour. J'ai peur de lui tourner le dos comme il a fait pour moi quand je suis parti au Canada. Il passait son temps à nous donner de l'argent pour subvenir à nos besoins mais ce n'est pas suffisant. C'est à cause de ça que Neha et moi avons tant souffert d'un manque d'affection. C'est pour ça que nous étions trop attachés à notre premier amour respectif.



- Sheyla n'est plus avec nous mais elle nous a demandé de rester ensemble... Je l'ai tellement aimé et aujourd'hui encore que je ne puisse que lui faire confiance. Je n'ai pas besoin de te connaître pour t'aimer ou pour prendre soin de toi. Savoir que tu es notre enfant me suffit amplement. Bien sûr, j'aimerais te connaître davantage et ça prendra le temps qu'il faudra mais encore une fois, je serais toujours là pour toi. Même si demain tu étais la criminelle la plus recherchée du monde, traqué par la police et déteste de tous, même si je devais en mourir, je ne te tournerais jamais le dos. 



Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se mette à pleurer pendant mon monologue nostalgique. J'ouvre mes bras sans trop m'attendre à une réponse positive mais elle plonge immédiatement dedans pour m'inonder de ses larmes. « Elle ressemble à Neha. » pensais-je en lui caressant le dos.



- Merci, chuchote-elle. 



Notre étreinte a duré quelques temps jusqu'à ce que je m'aperçoive que Jadina faisait des petites grimaces dans son sommeil. Comme on n'est jamais trop prudent, j'appelle l'infirmière pour qu'elle m'affirme que tou va bien.

Au lieu de ça, elle appelle le médecin et me demande de sortir. J'essaie de sortir sans paniquer, sans lui poser trop de questions parce que la situation a l'air urgente mais j'ai peur que ce soit critique.

Elle avait l'air d'avoir un peu de fièvre quand je l'ai laissé. Bien sûr, je préfère ça à un corps froid mais ça m'inquiète quand même.

Après plusieurs minutes qui ont semblé être une éternité, le médecin nous a autorisé à entrer. Tout était sous contrôle mais le cas reste le même, son cœur ne tiendra bientôt plus.



- Noko, c'est toi ? elle demande quand je m'assois près d'elle.

- Oui, je réponds doucement.

- Toi aussi, t'es revenu ?

- Oui, je ne partirais plus.

- Et maman ?

- Elle arrive.



Le jour noir où la vie de la famille Kadiri a basculé, Layvin a été accusé à tort, Neha est morte égorgée alors qu'elle était enceinte et Jadina s'est faite violer. Étrangement, elle ne se souvenait plus de rien à son réveil. D'après les psychologues, c'est un genre de barrière que son cerveau a mis pour l'empêcher de trop souffrir. C'est sa manière à elle de se protéger.

C'est l'une des raisons pour laquelle Layvin a été condamné pour viol sans même que Jadina puisse prétendre le contraire. De toute façon en tant que bébé de quatre ans, ses paroles n'avaient aucun poids mais elle était déjà très intelligente. Elle aurait pu au moins dire quelque chose si elle le pouvait. C'est dommage.

J'ai perdu sa trace quelques mois plus tard. La mère de Layvin me donnait rarement des nouvelles et ne souhaitait pas que je sois proche de Jadina alors je n'ai même pas été mis au courant quand elle est morte. Jadina s'est mis à traîner de foyer en foyer puis il m'est devenu impossible de la retrouver.



- Tonton ?

- Oui ?

- Est ce que je vais mourir ?

- Non, pourquoi tu dis ça ?

- J'ai mal au coeur... elle chuchote. Le docteur a dit qu'il fallait m'opérer.

- Ce n'est rien de grave, dis-je en caressant ses cheveux.

- D'accord...

- C'est comment après la mort ? demande Lheïra.

- Le Paradis est un endroit magnifique et encore plus pour les enfants sages comme vous. C'est la fête tous les jours, là bas, il n'y a que la bonne humeur, des rires et de la nourriture. On retrouvera nos êtres aimés qui nous attendent. Vos mamans, par exemple, vous accueilleront les bras ouverts et vous feront un gros câlins. Plus jamais vous ne pleurerez, plus jamais vous ne vous sentirez seule ou quoi que ce soit. C'est la paix totale que vous ressentirez en tout temps.

- Ça a l'air incroyable, elle dit en souriant. Je veux y aller.

- Non, ton père t'a interdit de mourir.

- Mais pourquoi ?

- Il faut mériter le Paradis en faisant plein de bonne action de ton vivant, tu n'en as pas encore assez fait.

- Ooh... souffle-t-elle. Il est où, papa ?

- Il arrive.



Ma vision simplifiée du Paradis est erroné à quelques points mais il fallait bien que j'embellisse la réalité pour ces deux petits anges. Je n'ai fait que dire ce qu'elles méritaient toutes les deux d'avoir d'après moi, un simple et misérable petit humain.

Layvin et moi n'en sommes malheureusement plus dignes. Nous n'avons plus le droit au Paradis.



























Layvin 



De retour sur les lieux du crime, j'enfilais patiemment mes gants pendant que j'avançais en recherchant la tête du chef. Le massacre a eu lieu ici même, dans leur propre Q.G., et les corps n'ont pas encore étaient débarrassés. Ça fait encore moins d'une semaine mais je ne sais pourquoi, je sens qu'aujourd'hui sera le jour où cette histoire se terminera.

Sûrement parce que je serais mort demain, mais enfin bref. 

Se rendre dans l'appartement de Nayla serait trop simple, je savais qu'elle reviendrait ici alors je n'ai pas été surpris quand elle est apparue devant moi. Je l'avais prédit. Elle devait revenir ici avant la fin de la semaine pour faire ses adieux à Iker car la dernière fois, elle avait dû fuir pour ne pas mourir.

Un rire nerveux s'échappe malgré moi avant que je ne charge mon arme et la braque en sa direction. Elle reste impassible, exactement comme je m'y attendais. C'est vraiment la fille de son père, celle là.



- Je savais que tu serais là.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? elle me demande.

- Je suis venu terminer le boulot.

- Je ne te laisserais pas faire ! elle cri avant de me mettre un coup de pied à la main, ce qui fit tomber mon arme.



Elle s'approche rapidement avant de l'assaillir de coups pus rapides mais pas assez fort pour que je puisse ressentir une quelconque douleur. Je n'ai pas l'impression qu'elle y met vraiment toute sa force et c'est ridicule. C'est affligeant. Je pourrais facilement la tuer d'une seconde à l'autre.



- Arrête ça si tu veux vivre cinq minutes de plus, je dis en lui faisant une clé de bras.

- Tu m'as brisé le coeur ! cri-t-elle en essayant de se débattre. Tu as tué Iker ! Je te déteste, Layvin !

- Laisse-moi tranquillement mettre fin à tes souffrances, tu veux ? T'as tiré sur une petite fille de huit ans et tu oses encore me faire des reproches ?

- Je ne l'ai pas fait exprès !

- Arrête de crier, soufflais-je.

- Il ne fallait pas bouger ! Je ne voulais pas la toucher, il fallait que tu sortes avant, je ne voulais pas faire ça devant elle ! elle pleure presque en se débattant. C'est de ta faute, Layvin !

- Ça suffit, tu ne fais que des reproches inutiles. Je dois vite en finir pour aller tuer Pablo.

- Je l'ai déjà tué, elle m'avoue en essayant d'essuyer ses larmes avec sa main alors que je lui tiens encore le poignet. Il a voulu me tuer, c'est aussi lui qui a brûlé votre appartement.

- Je vois, alors il ne reste plus que toi.

- J'aimerais tellement te pardonner, Layvin.

- Quoi ?

- Tu m'as brisé le cœur, t'es tellement mauvais...

- Je n'ai jamais fait semblant d'être qui que ce soit contrairement à toi ! je commence à m'énerver parce que tout ce qu'elle dit n'a aucun sens. Tu parles d'un cœur brisé pour une petite amourette qui n'a même pas commencé ?! Essaie de voir ton âme sœur mourir devant toi sans pouvoir rien y faire et on en reparlera !

- Je l'ai vécu...

- Toi ? soupirais-je. Tu ne sais plus quoi inventer. Tu chiales tout les jours dans mes oreilles, juste pour un amour non partagé ? Ma femme est morte sous mes yeux et toi, tu pleures juste parce qu'il ne s'est rien passé entre nous ? Mais qui a déjà pensé à l'amour dans cette histoire ? Je suis venu ici en pensant me battre, je pensais que tu allais honorer tes camarades en assumant enfin ton rôle de chef mais rien du tout. Je n'aurais pas dû m'attendre à quelque chose venant d'une personne qui voulait tuer ses propres frères d'arme, soupirais-je. Je suis déçu.

- La ferme, un peu ! elle cri avant de me frapper avec une bouteille sortie de nulle part.



Le choc me paralyse un certain temps alors qu'elle en profite pour me mettre à terre et m'étrangler. La situation et la rapidité dans laquelle elle s'est déroulé m'étonne, comment a-t-elle réussi à me rendre aussi vulnérable ? Elle est assise sur moi et essaie de me tuer comme si de rien était, avec toute la simplicité du monde. Je crois que j'ai beaucoup trop sous estimé Nayla.

L'air commence à devenir rare et respirer devient de plus en plus dure. Je ne m'inquiète pas trop, de toute façon, ce n'est rien de moins qu'une agonie qui ne précédera pas à la mort. Là, actuellement, il y a plus grave. Il m'est presque impossible de me débattre et rester calme ne change pas grand-chose à la situation. 

Je rassemble quelques forces dans mon bassin pour le relever et pousser Nayla sur ma droite. Son étreinte perd de sa force, ce qui me donne l'occasion de prendre mon élan pour lui faire un coup de tête bien placer.

Son cri de douleur ne m'arrête pas : j'attrape sa main pour lui refaire une clé de bras et la plaquer contre le mur. J'ai beau être conscient que c'est le boss final, je n'arrive a me résoudre à la frapper comme un homme et de toute façon ça n'a pas l'air nécessaire d'en faire des tonnes.

Le moment opportun est arrivé. Mon poignard à la main, je m'apprête à le tuer de la même manière que j'ai tué Kisay ou plus précisément, de la même façon que son père a tué ma femme. Pourtant je n'y arrive pas. J'ai un blocage. Nayla est là, devant moi, mais ma main ne veut plus m'obéir et une petite voix me dit que si je le fais, je ne serais rien de plus qu'un monstre.

Nayla n'était pas là le jour où Neha est morte et je sais qu'elle a tiré sur Jadina mais je n'arrive pas à la considérer comme fautive. Je n'arrête pas de me dire que si je n'étais pas aller la voir, Jadina ne serait pas à l'hôpital, que c'est moi qui était ciblé, que Nayla n'est pas mauvaise en soit. J'ai appris à la connaître malgré moi et je n'arrive pas la tuer.

Elle m'en veut de m'être venger et cherche à se venger à son tour sauf que je vais mourir demain alors tout cette histoire n'est elle pas ridicule ?

Je suppose qu'il faut quand même que je le fasse, après tout. Qui sait si elle ne s'en prendra pas à Jadina dans le futur ? Mes péchés ne doivent pas retomber sur ma fille tout comme les péchés de Nail n'auraient pas dû retomber sur Nayla.

Je l'appréciais bien, au fond. C'est dommage.



- Je n'ai pas envie de te tuer mais j'y suis obligé. Tu as été une de mes alliés principales et te tuer maintenant que tout est fini me donne une mauvaise impression. 

- Fais-le, elle dit doucement. J'ai tiré sur ta fille, Layvin, n'hésite pas. Tu n'es pas prêt à tout pour elle ? elle demande doucement. Tu n'as pas peur que je recommence ?

- Si, et pour Jadina je serais prêt à faire la guerre à tout les humains du monde mais mon discernement me dit que tu n'es pas mauvaise.



Je délaisse mon emprise sur elle après un long soupir. Est-ce que je devrais simplement lui demander de me tuer et de ramener mon cœur à l'hôpital ? Je ne sais pas, je ne sais plus rien.



- Layvin, on ne peut pas ressortir tout les deux vivant de cette maison, elle dit en passant sa main sur la mienne d'une façon que je pourrais facilement qualifier de sensuel.

- Qu'est ce que tu fais ?

- Je vais détruire mon cœur.



Elle attrape fermement ma main et place le poignard devant son cœur. J'essaie de lâcher le couteau mais ses mains tremblaient et elle me tenait fort comme pour me demander de ne pas la laisser seule face à « cette épreuve. »



- J'ai une dernière parole...

- Pour qui ? je demande d'une voix assez triste.

- C'est que... dit-elle faiblement avant de sourire divinement malgré la tonne de larme qui coule sur ses joues. Je...

- Calme-toi, arrête de suffoquer.

- Je t'aime, Layvin.



Un sourire triste se dessine malgré moi quand je sens le couteau s'enfoncer en elle et le sang giclé sur ma joue. Je crois même qu'une ou deux larmes ont coulé quand son corps s'est écroulé.

Je la dépose doucement au sol et la remercie avant de passer mes doigts sur ses paupières qui étaient déjà fermés. Si je ne suis pas devenu un monstre assoiffé de sang, c'est sûrement grâce à elle. Je l'ai beaucoup négligé de mon vivant mais aujourd'hui, Nayla m'a permis de garder le peu d'humanité qu'il me restait en se suicidant...



- Le chagrin a déjà asséché mon cœur, je suis désolé Nayla.



De notre rencontre à aujourd'hui, je n'ai jamais été agréable avec elle. Je ne comprends toujours pas comment elle a pu tomber amoureuse de moi, je prenais ses sentiments pour un truc de gamin mais on dirait qu'ils étaient assez réel...

Je ne regrette pas toutes les fois où j'ai été cruelle envers elle. Sa mort ne m'attriste pas plus que ça malgré la considération que je lui vouais. Je vais de toute façon bientôt la rejoindre mais j'ai la vague impression que seule la mort pouvait lui apporter la vraie paix.





J'avais passé la nuit sur le toit d'un immeuble choisi au hasard pour ma dernière nuit sur terre. Dormir est l'une des meilleures choses dans le monde mais je n'ai pas réussi à le faire pour la dernière. J'ai passé ma nuit à penser à toute cette histoire, à ma vie d'avant la prison, à ce que j'aurais bien pu être aujourd'hui si rien ne s'était passé, au fils que j'aurais dû avoir et a pleins d'autres chose. 

La nuit a été courte comme et l'heure de ma mort approchait à grands pas. L'idée m'est venu d'écrire une autobiographie dédiée à mon file adoptif mais je n'ai absolument aucun talent pour l'écriture alors je lui ai fait une vidéo. Il a l'air d'apprécier tout ce qui est littéraire alors peut être qu'il deviendra écrivain et écrira un livre à mon sujet, qui sait ? Je serais vraiment fier.

Je ne m'en rends compte qu'à l'heure actuelle mais je ne connais rien des centres d'intérêt de Jadina. Je ne peux qu'espérer qu'elle soit heureuse dans le futur, c'est déjà trop tard pour lui poser des questions ou quoi que ce soit d'autres.

Finalement, je ne saurais jamais ce qui reliait Pablo à mon père mais ce n'est pas si important que ça au fond. Personne ne peut m'apporter de réponse à mes questions et de toute façon, je vais mourir alors ça ne change rien de le savoir ou pas. Enfin bref.

Assis en face de la tombe de Neha, mon cœur semblait plus lourd qu'habituellement. Voir son nom sur cette tombe est la preuve irréfutable qu'un monde nous sépare et même si ça fait quatre ans que je me prépare à venir ici, il n'empêche que cette vue me fait extrêmement mal.



- Neha, je suis là. Je m'étais promis de venir te voir uniquement après avoir tué tes assassins et c'est ce que j'ai fais. Il n'y a plus personne, c'est terminé. Ça fait bientôt deux mois que je suis sorti, ça fait déjà quatre ans que je ne vivais que pour ce moment et je suis soulagé maintenant. Je vais bientôt te rejoindre, ou peut être pas étant donné que j'irais en enfer mais je suis soulagé de savoir que Jadina ne court plus aucun danger. Ma vie est souillée, t'as vu ? Je me comporte comme un païen et j'ai honte de demander pardon à Dieu, juste parce que je vais mourir. A cause de mon impatience, notre fille est en grave danger et ça, c'est un des énièmes malheurs qui m'arrivent à cause de la malédiction. Je me demande parfois : qu'est ce que j'ai bien pu faire pour que ma vie soit un désastre pareil ? J'ai toujours traîné un énorme fardeau derrière moi, comme si mon ombre s'allongeait à chaque fois que je respirais. Je dois mourir pour sauver Jadina mais de toute façon, je ne m'imaginais pas vivre tranquillement après la mort des Empreintes alors disons que c'est mon châtiment. Enfin, je n'en sais trop rien, dis-je en déposant les fleurs sur sa tombe. On se voit peut-être plus tard ? demandais-je en souriant.



J'ai toujours pensé que le jour où j'irais voir Neha, je parlerais pendant des heures et des heures de tout et de rien. J'ai toujours pensé que je n'arriverais pas à m'arrêter de pleurer et que j'exploserais enfin et dirais tout ce que j'intériorise depuis toujours mais je ne l'ai pas fait. Est-ce que ça signifie que je me suis renforcé ?

J'observe sa tombe encore quelques instants avant d'aller visiter celle de ma mère. J'ai été beaucoup plus émotif devant celle-ci, je n'ai pas réussi à dire grand-chose tant j'avais honte d'avoir été un mauvais fils. J'ai l'impression qu'hier encore, elle était pleine de vie en train de danser sur des chansons de Koffi et qu'aujourd'hui elle est six pieds sous terre. C'est aussi frustrant que malheureux.

Je ne pourrais jamais m'excuser auprès d'elle mais j'espère que d'où elle est, elle accepte de me pardonner.





Me voilà devant la chambre de Shiloh à signer la décharge pour qu'il sorte d'ici. Phil est considéré fœtal un sans abri que nous avons recueilli alors l'hôpital n'a pas posé trop de questions quant à notre lien de parenté avec lui ou quoi que ce soit.



- J'ai fini de m'habiller !

- T'es tout beau, dis donc.

- C'est grâce à toi, tu m'achètes toujours de beaux vêtements.

- Je t'en prie, c'est toi qui les portes bien.

- T'es gentil aujourd'hui, noko, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Je n'ai pas le droit ? Tu trouves que je devrais continuer à être méchant ?

- Non, j'aime bien ! dit-il en souriant. On peut sortir aujourd'hui ? 

- J'attends que Niklaus arrive et je te redis, d'accord ?

- Okay !

- Vous parlez de moi ? dit Niklaus en arrivant.

- Mmh.

- On peut sortir, noko ?

- Hein ?

- Je peux venir à quel heure, maximum ?

- Dernier délai à 21 heures.

- D'accord, je sors avec Shiloh alors, annonçais-je en me levant.

- T'en as fini avec Nayla ?

- Ouais, c'est bon, et Pablo aussi. Je te raconterais tous les détails plus tard.

- Ça marche.

- Comment s'est passé la nuit de Jadina ?

- Elle s'est réveillée une fois et m'a demandé de tes nouvelles mais ça a peine duré 10 minutes et depuis, elle dort encore. La situation reste et les médecins ont la même conclusion.

- D'accord, soufflais-je. Je reviendrais ce soir alors, Shiloh, on y va.

- A tout à l'heure ! il cri à Niklaus avant de fermer la porte derrière nous. 



J'attrape sa main pour éviter qu'il ne se perde encore une fois pendant qu'il sautille joyeusement en marchant. Notre sortie débute par un fast-food ordinaire que Shiloh a choisi. J'ai dû un peu me forcer, je ne sais pas pourquoi mais je n'arrive pas à manger quoi que ce soit.

Que ce soit dormir ou manger, j'ai l'impression que tout est devenu inutile. Les deux choses que j'aime le plus faire ne sont que des nécessités que j'ai trop appréciées inutilement. Ça n'a fait qu'accentuer ma paresse.



- Ça fait trop longtemps qu'on n'était pas sorti ensemble.

- J'avoue, dis-je en regardant mes mains qui étaient encore propre à l'époque.

- T'es vraiment le meilleur tonton du monde, il dit à cause de sa glace.

- Et Isaac, alors ?

- Non, toi d'abord.

- Je t'ai fait une cassette, dis-je en lui donnant. Il faut que tu ne la montres à personne, d'accord ?

- Promis juré ! Ça sert à quoi ?

- C'est une vidéo où je raconte ma vie.

- Ça l'air nul...

- Rend là moi alors, dis-je un peu énervé.

- Non, donner c'est donner, reprendre c'est voler.

- La ferme. C'est toi qui m'as demandé d'écrire un livre mais j'ai aucun talent. 

- D'accord, d'accord, je l'écrirais pour toi.

- Mais je ne t'ai rien demandé, je dis en riant parce que je savais pertinemment qu'il allait dire ça. Tu promets de la regarder quand tu seras grand par contre ?

- Pourquoi pas aujourd'hui ?

- Il y a beaucoup de chose que tu ne comprendrais pas.

- Comme quoi ?

- Tu le sauras plus tard.

- Ohlala...

- T'es parents vont bientôt rentrer, Niklaus ira te déposer en temps voulu.

- Quoi ? Mais si je rentre chez moi, on se verra plus ?

- Je suppose.

- Je ne veux pas qu'on arrête de se voir.

- Tu parles comme une petite amie, tes parents ne t'ont pas manqué ?

- Si mais t'es mon tonton. Tu sais, eux, ils ne sont jamais à la maison et ils me font prendre beaucoup de cours pour que je sois intelligent mais moi, ça m'ennuie. Avec toi, au moins, je pouvais faire des coloriages et je lisais des trucs marrants, pas des trucs de maths !

- Shiloh, je serais toujours ton tonton, même si on ne se voit plus. Je ne savais pas que tu vivais dans un environnement aussi strict habituellement mais ne t'en fais pas. Tu vas t'en sortir, t'es un Assaillant Armé et nous, on s'en sort toujours. D'accord ?

- M'oui...

- Je t'ai déjà parlé de ma fille, tu te souviens ?

- Oui, tu l'as retrouvé ?

- Oui, j'hoche la tête inconsciemment. Elle est malade donc on doit retourner à l'hôpital avant la fin de la journée. Il faut que je la guérisse.

- T'es médecin ?!

- Non, j'ai juste les moyens de la guérir.

- Oh... il fait car il est dans l'incompréhension.

- Tu veux aller à la foire ?

- Oui, je veux.

- Allons-y, alors.



Je débarrasse rapidement nos plateaux avant de sortir du fast-food, toujours accompagné de mon petit acolyte. Arriver à la foire, nous faisons tous les manges possible. C'est avec plaisir que je dépense tout mon argent, Shiloh a l'air tellement heureux qu'il déteint sur moi.

Je regrette de ne pas avoir passé plus de temps avec lui, je n'avais pas réalisé à quel point je m'étais attaché à ce petit monstre sur pattes.



- Noko, on peut faire des photos ?! S'il te plaît !

- Pas la peine de supplier, tes désires sont des ordres Shiloh.

- Oui !



On s'est bien ridiculisé à faire des photos grimaces dans le photomaton. Shiloh n'arrêtait pas de rire sur moi et pour rien. Je constate avec le cœur léger que ma dernière journée n'aurait pas pu mieux se passer.



- Surtout tu gardes bien tout avec soin.

- Oui ! il s'écrit en mangeant son popcorn.

- Tu consommes vraiment beaucoup, Phil.

- J'ai plus faim, t'inquiète !

- Encore heureux.

- Il faut qu'on aille à l'hôpital sauver ta fille maintenant, il commence à faire nuit.

- Oui.

- La prochaine fois, on ira tous les trois ?

- Bien sûr



Comment pourrais-je lui dire qu'on ne se reverra plus jamais après ça ? Que je vais mourir dans quelques heures et que toutes ses promesses d'avenir sont des mensonges ? Que cette journée, je l'ai passé avec lui dans l'espoir pour qu'il ne m'oublie pas et que c'est pour cette même raison que j'ai fait cette vidéo.

Enfin, gardons tout ça pour moi. Pour l'instant, il faut sauver Jadina. L'hôpital est complètement désert, il doit y avoir un cas urgent dans une chambre. Je monte directement dans la chambre de Jadina et retrouve Niklaus et sa fille en train de jouer aux cartes. Je les salue rapidement avant de m'assoir sur la chaise restant et demandé à Shiloh de se poser sur mes genoux. 



- Coucou Lheïra !

- Ah, elle s'appelle comme ça, me dis-je intérieurement.

- Bonsoir, Shiloh.

- Comment t'as fait pour passer ? me demande Niklaus.

- Il n'y avait personne à l'entrée.

- Tant mieux.

- Niklaus ?

- Ouais ?

- Je vais lui donner mon cœur, tu sais ?

- Quoi ?

- Je vais lui donner mon cœur.

- Et mourir ? Mais elle a besoin de toi.

- Comment elle peut avoir besoin de moi si elle est morte ?

- On trouvera une solution, tu ne peux pas juste mourir comme ça ! il dit en frappant ses cartes contre la table.

- Elle est en bas de la liste, quelle solution tu crois qu'on va trouver ? Moi, je n'ai rien à faire ici mais elle, elle peut faire pleins de chose. Je te la confie.

- J'en prendrais soin, il dit en passant ses mains sur son visage.

- Si seulement j'avais eu une vie aussi tranquille qu'un fleuve, j'aurais peut-être rejoint Neha, soupirais-je.

- Alors tu vas mourir ?! j'entends la petite voix de Shiloh trembler après qu'il a mis une baffe sur mon crâne.

- Tu viens de me frapper là ?

- Tu ne peux pas vivre sans cœur, non ?!

- Oui, je sais.

- Et t'es content, là ?!



Je rêve où je me fais embrouiller par un gosse, là ?



- Je croyais qu'on allait se revoir, tu m'as dit qu'on allait repartir à la foire ! Noko Layvin ! il cri en pleurant. T'as dit qu'on retournerait manger ensemble, tu m'as menti ?!

- Oui.



Moi qui comptais me comporter comme un lâche et mourir en secret, il ne m'a même pas laissé le temps de m'enfuir.



- C'est n'est pas possible ! ses pleurs s'entendent de plus en plus fort. Il y a des cœurs, chez la brigade, là où j'étais enfermé ! Tu m'as dit qu'ils en vendaient !

- Pas si fort, un enfant de ton âge ne devrait pas dire de tels choses. Shiloh, tu suggères qu'on tue un enfant pour en sauver un autre ?

- Mais noko...

- Tu ne trouves pas que j'ai déjà assez de péché comme ça ? je lui demande en riant.

- Ce n'est pas drôle ! Moi, je voulais qu'on reste ensemble pour toujours !

- Je le voudrais aussi mais il y a tes parents qui vont revenir et Jadina représente tout mon avenir.

- Et moi, je ne représente rien ?!

- Bien sûr que si, je suis vraiment heureux de t'avoir rencontré. Tu es le fils que j'aurais dû avoir.

- J'aurais aimé que tu sois mon papa aussi, il dit en se réfugiant dans mes bras.



Je me souviens de l'enfant qui avait catégoriquement refusé cette idée il y a encore quelques semaines en me répondant qu'il avait déjà un papa. C'est fou, les choses évolués sans que je ne m'en rende compte et Phil m'a apporté une joie quotidienne démesurée à tel point que je le considère vraiment comme mon enfant.

Ces simples petits moments que nous passions tous les deux m'ont permis de ne pas sombrer. Sans que je ne m'en aperçoive, Shiloh était devenu mon foyer.



- Je sais que t'as déjà tué quelqu'un...

- Euh...

- Comment tu sais ça ? demande Niklaus.

- Je vous ai entendu parler une fois et même si t'as fait ça, je n'ai jamais eu peur de toi parce que t'as toujours été gentille avec moi, noko. Quand j'étais tout seul dehors, c'est toi qui es venu m'aider. Tu ne mérites pas de mourir comme ça.

- Comme tu l'as dit, j'ai déjà tué quelqu'un alors on ne peut pas vraiment penser que je mérite de vivre.

- Et alors ? il demande en pleurant.

- Arrête de pleurer, Shiloh. Je n'en vaut pas la peine.

- Bien sûr que si ! Et pourquoi, toi, tu ne pleures pas ? Tu ne souffres pas ?!

- Si.

- T'es toujours comme ça, j'en ai marre ! Ce n'est pas parce que, moi, je pleure que toi, tu ne peux pas !

- Que quelqu'un d'autre souffre plus que toi n'invalide pas ce que tu ressens, Layvin, ajoute Niklaus.

- Vous voulez quoi ? Que je vous dise que je veux rester en vie alors que ma fille est morte ? Mais c'est faux, je dis doucement. Je préfère mourir si c'est ça mais ça ne veut pas dire que je veux vraiment mourir. Ma vie n'a plus de sens, ça fait quatre ans que je suis une coquille vide, vous ne comprenez pas ? je demande en essuyant les larmes qui s'apprêtent à couler. C'est ma décision, laissez-moi tranquille.



L'un d'eux s'apprêtait à répondre quand l'infirmière est entrée dans la chambre. Je me ressaisis rapidement et m'apprêté à lui demander si je peux voir le médecin quand j'aperçois les deux hommes derrière elle. Qu'est-ce que des policiers foutent ici ?



- Shiloh Evans ?

- Oui, il répond doucement.

- Vous devez nous suivre au commissariat. 

- Pourquoi ? je demande en me levant.

- Shiloh est en état d'arrestation pour l'incendie qui a eu lieu hier. De plus, c'est un enfant déclaré porté disparu alors nous avons besoin que l'un d'entre vous vienne avec nous.

- C'est quoi cette histoire ? demande Niklaus en se levant à son tour. Je ne crois pas que ce soit légale d'arrêter un enfant de cinq ans.

- Les circonstances sont exceptionnelles. Cet enfant a un Q.I. de 193, il est le seul à ne pas être blessé. Il a eu des réflexes dignes d'un adulte en mouillant son corps. L'incendie a commencé chez vous et il est clairement criminelle, nous n'avons pas besoin de plus.

- Ça reste un enfant ! cri Klaus. Est-ce que ses parents sont au courant ?!

- Bien sûr, ils nous attendent dans la voiture alors vous feriez mieux de nous laisser faire notre travail.

- Des enfants comme ça, on en fait des machines de guerre, ajoute son collègue.

- Toi, tu ferais mieux de la fermer si tu ne veux pas que je te brise la nuque, dis-je au policier grassouillet avant d'attraper sa barbe affreusement longue.

- Je pourrais vous arrêter pour obstruction à la justice, vous savez ? Vous êtes déjà un criminel alors il en faudra peu pour que vous retourniez derrière les barreaux.

- C'est une menace ?!

- Arrête Layvin, demande Niklaus. Je suis avocat, je m'occupe de ça. Toi, va t'occuper de Jadina. C'est bientôt l'heure.

- Quoi ? Je ne vais pas abandonner Shiloh !

- T'as pas le choix !

- Est-ce que je vais aller en prison ? demande Shiloh en pleurant dans les bras de Lheïra.

- Non, je ne laisserais pas ça faire, affirme Niklaus.

- Tout ira bien, d'accord ? je lui dis doucement après m'être abaissé à son niveau.

- J'ai peur noko, ce n'est pas moi qui ai mis le feu.

- Je sais.



Je lui fais un dernier câlin avant que les policiers l'emmènent. Heureusement, ils ne lui ont pas passés les menottes, je crois que j'aurais sérieusement pété les plombs sinon. Niklaus et Lheïra les ont suivis et je me suis retrouvé seule devant Jadina.

Au début, je voulais passer un moment seul avec elle mais j'ai les idées trop brouillées maintenant. C'est Pablo qui a brûlé l'immeuble, la seule explication que je vois, c'est qu'il a refait le coup de l'accusé à tort. Il a de la chance d'être déjà mort sinon je l'aurais vraiment défoncé.

Je serais mort dans moins d'une heure, il faut donc que je trouve une manière de sauver Shiloh sans abandonner Jadina. Je pourrais me désigner coupable mais ils ne me laisseront pas mourir et Jadina mourra. Je pourrais tout simplement mourir sans aider Shiloh mais c'est hors de question.

Ah, je n'ai qu'à faire des aveux écrits en prétextant que je ne pouvais plus supporter mes péchés et pleins d'autres mensonges. J'espère que ça pourra vraiment l'aider, il n'y a que ça à faire et je ne peux pas non plus attendre pour voir si ça a marché parce que non seulement ce serait trop risqué et que je pourrais retourner en prison mais en plus Jadina y passera. C'est chiant, je vais devoir me contenter d'une incertitude. 



- Jadina, je dis pendant que j'écris ma lettre. J'espère que tout ira bien et que l'opération pour ta greffe se déroulera à merveille. Je ne serais plus là mais Niklaus veillera sur toi pour moi et je lui fais confiance donc tout ira bien. Tu n'as pas à t'inquiéter, je dis un peu à moi-même. Je te remercie d'avoir fait rayonner pendant tout ce temps. T'as été un vrai rayon de soleil pour Neha et moi et je ne peux pas te laisser mourir comme ça donc je vais simplement te donner mon cœur, soupirais-je après avoir signer la lettre pour Shiloh. Je suis désolé d'avoir été un père indigne, ceci est ma dernière tentative pour me rattraper alors accepte de me pardonner s'il te plaît. Je n'arrête pas de dire que je le fais pour toi mais c'est vrai que je le fais aussi un peu pour moi. J'ai plusieurs doutes sur ma capacité à survivre dans cette vie, avec ou sans toi. J'ai oublié comment faire pour être normal, je ne sais même plus ce qu'il faut dire ou pas dans quel situation. Je suis perdu et je n'ai plus rien à faire ici. Tu es en danger et je dois te sauver, je dis doucement en ouvrant la petite fiole qui était dans ma poche il y a moins d'une minute. Je suis désolé de t'abandonner de cette manière. 



Je m'y étais préparé et pourtant le courage me manque face à cette lotion. Quand je l'ai acheté chez Francky et Martine, elle me semblait insignifiante malgré son prix exorbitant. Je ne réalisais pas que cette chose allait vraiment m'apporter la mort.

Si je n'étais attaché à rien dans ce bas monde, peut être que j'aurais été heureux maintenant de le quitter, peut-être que je n'aurais eu ni déception ni cœur déchiré... Mais je ne regrette pas d'avoir vécu de cette manière, j'ai pu rencontré des bonnes personnes comme Neha et Niklaus, j'ai pu m'occuper d'enfants incroyables comme Jadina qui s'est toujours courageusement battu contre sa maladie et Phil qui est super intelligent.

Après avoir envoyer un dernier message à Niklaus pour qu'il vienne récupérer mes faux aveux, je serre fort Jadina contre moi. J'aurais tellement aimé passé plus de temps avec elle, c'est injuste. Nous avons passé seulement quatre ans ensemble alors que j'étais censé l'accompagner à vie, dans toutes ses épreuves.

Et si elle finissait par m'oublier avec le temps ? Ce serait complètement horrible. Les quatre premières années de notre vie sont tellement flous que je finirais par disparaître de sa mémoire sans même qu'elle ne se rende compte. Un jour comme un autre, elle se rendra compte qu'elle ne se souvient plus de mon visage et ça ne lui fera peut être rien.

Peut être qu'elle pleura à son réveil quand on lui dira la vérité, quand on lui dira que je suis mort pour la sauver et qu'elle ne me verra plus jamais. Et si elle avait une nouvelle amnésie ? Ce serait tellement triste...

- Ne m'oublie pas... chuchotais-je avant de boire le contenu de la fiole.

Je m'en vais rejoindre Neha.



























Niklaus



La nuit a été très longue en explications et comme Layvin l'a demandé, je l'ai accusé. La police ne se basait sur des suppositions pour Shiloh alors ils n'en ont pas demandé trop pour Layvin mais on dirait qu'ils sont resté mitigé. C'est ridicule.

Notre petit acolyte avait été déclaré porté disparu depuis un moment déjà mais avec Layvin, nous n'en avions aucune idée. La police était à deux doigts de me désigner comme potentiel kidnappeur quand Shiloh à protester haut et fort qu'il serait mort sans Layvin et moi.

Son mélange de tristesse et d'euphorie a fallu lui faire raconter l'histoire de la Brigade Écarlate mais heureusement, j'étais là comme avocat et j'ai pu le stopper. L'interrogatoire s'est déroulé sous l'œil de ses parents, mais de sa mère en particulier.

Cette femme est complètement aigrie. Tout ce quel'e a retenu c'est que Shiloh a été recueilli par un ex criminel en colocation et cette influence aurait soit disant pu déteindre sur son fils. D'après elle, il avait également trop de retard à rattraper quant à ses études alors elle l'a simplement récupéré après m'avoir toisé et elle est parti.

Mon second colocataire a juré qu'il resterait un Assaillant Armé pour toujours avant de s'en aller. Il a pris soin d'emmener toutes les photos qu'il a fait avec Layvin et après un dernier câlin, sa mère l'a forcé a s'en aller alors qu'il avait les yeux complètement rouges.

La nouvelle de la mort de Layvin nous a tous sonné, surtout quand on a appris que c'était en réalité un suicide. J'avais complètement oublié qu'« offrir » son cœur était impossible. Ce n'est pas un rein, aucun médecin n'aurait jamais accepté de tuer quelqu'un pour sauver une autre personne et ça, il le savait.

Layvin a rejoint Neha à cause du poids de sa culpabilité. Il pensait que la mort était la meilleure chose qu'il méritait la mort parce qu'il n'arrivait pas à vivre avec le poids de ses mains ensanglantés. « De toute façon, on mourra tous un jour, ça sert à rien de fuir. » avait-il ajouté de façon nonchalante.

Je n'ai jamais vraiment était proche de lui. Je l'ai toujours considéré comme un simple humain que Neha avait choisi pour être à ses côtés jusqu'à ce qu'il aille en prison. Aujourd'hui, je peux affirmer sans mentir que je considérait Layvin comme un frère malgré nos nombreuses disputes et menaces de morts.

Le médecin m'a appelé pour me dire que l'opération de Jadina a été un vrai succès et que je peux maintenant venir la voir. Je n'arrête pas de traîner Lheïra dans tous les sens mais je n'ai vraiment pas le choix et je n'ai toujours pas de maison. De toute façon, on partira bientôt au Canada. Il ne me reste plus qu'à adopter Jadina avant de m'en aller et après ça, je ne mettrais plus jamais un pied dans ce pays de malheur.

Oncle Jaden est introuvable et comme d'habitude, il ne répond pas au téléphone. Il a complètement bousillé nos vies, la moindre des choses c'est quand même d'être là quand on a besoin de lui mais non, il doit encore être terrer dans un pays inconnus de tous. Je crois qu'il ne sait même pas que Neha est morte, carrément. C'est un vrai irresponsable et j'espère vraiment que je ne vais jamais le revoir. Il nous a apporté plus de malheur que de bonheur.

A cause de toute cette histoire, j'ai découvert des côtés sombres de moi-même aussi vulnérable que cruel. Maintenant que tout est définitivement terminé, je jure que les filles ne seront jamais influencés par cette malédiction de mort mené par notre vie criminelle.  

Je ferais d'elles l'aube d'une nouvelle génération.





C'était l'histoire de Layvin Kadiri, dit « L'assailant armé. » Merci d'avoir lue jusqu'à la fin.

Cordialement.

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@_Loyaliste

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