L • XVI.


Nayla



Le lac secret me permet de me sentir enfin en sécurité même si je suis encore très déboussolé. Ici, c'est le seul endroit où Layvin ne peut pas me retrouver mais j'ai beau le savoir, j'ai quand même peur qu'il sorte de nulle part et m'attaque. Il faut dire que je ne le reconnais pas du tout aujourd'hui et c'est comme si mon amour pour lui avait disparu en même temps qu'Iker.

Iker a été tué sous mes yeux, froidement et des mains de Layvin... Je revois la scène à l'infini et mes larmes ne veulent pas s'arrêter de couler. Tout ça s'est passé tellement vite, c'était affreux. Est-ce que Layvin a toujours si impitoyable ? Si méchant ? J'avais bien remarqué qu'il n'avait pas le meilleur cœur du monde mais je n'aurais jamais cru qu'il aurait pu tuer quelqu'un de sang-froid. D'après ses dires, Iker a violé sa fille et je veux bien croire que ça justifie son geste mais je n'ai plus le droit de l'aimer parce que sinon, j'y passerais aussi.

A mon avis, tout le monde est mort à l'heure actuelle. J'ai vu Annie sortir de la maison dans les bras de Niklaus. Un coup d'œil m'a suffi pour comprendre que son corps était inanimé. J'aurais aimé l'accompagner dans ses derniers instants mais ça aurait été complètement suicidaire, et je suppose qu'Hinaki aussi est mort sinon Niklaus ne serait pas sorti vivant de la villa.

Quand je pense que je n'ai même pas pu faire mes adieux convenablement à la seule personne que je considère comme mon amie, ça me rend triste. Si j'avais été un peu plus forte, si j'avais été un peu plus sur mes gardes envers Layvin, j'aurais pu les sauver mais au final, j'ai été indigne de mon titre de chef jusqu'au bout.

Mon père et ex-chef de Blood Print, Nail, est mort brûlé vif dans notre ancienne villa. Il est mort dans d'atroces souffrances mais il a fait en sorte que tout le monde survive. D'après les dires d'Iker, il s'est assuré que tout le monde soit sorti avant de périr dans les flammes comme un véritable chef et moi, sa fille et successeuse, au lieu de poursuivre sa volonté, j'ai tout bonnement désiré exterminer le gang.

Il y avait tout de même deux exceptions, deux personnes que je voulais garder auprès de moi : Pablo, le meilleur bras droit possible et Iker, qui était toujours de mon côté.

Iker était très compétent mais il manquait beaucoup de sérieux. Comme les autres, il lui manquait une ou deux cases et tuer ne lui a jamais causé une quelconque culpabilité. Si je voulais le garder près de moi, ce n'était pas grâce à ses compétences comme Pablo mais plutôt par affection. Au fond, je ne le connaissais pas aussi bien que je ne le pensais, j'ai appris aujourd'hui que c'était un pédophile et il avait sûrement pleins d'autres secret. Le plus connu de tous, je pense, c'est qu'il m'aimait et j'ai toujours fait l'idiote mais je ne le savais que trop bien.

Iker m'a fait plusieurs avances que je refusais en prétextant que je n'étais pas prête à avoir une relation après Aylone. Il a toujours respecté mon choix et a été correct avec moi. Je sais aussi qu'il me défendait auprès des autres quand je n'étais pas là. Il était vraiment le seul en qui je pouvais avoir confiance les yeux fermés, le seul que je ne voulais pas tuer...

Tout est de la faute de Layvin, si j'en suis là aujourd'hui. A la seconde où je l'ai aperçu, Iker n'avait plus aucune chance avec moi et j'ai oublié tout ses bienfaits. Sa ressemblance avec Aylone m'a dupé et elle causera ma perte si je ne fais rien. Il m'a pris le seul qu'il me restait et il ne veut pas de moi, alors, je dois le tuer, moi aussi.

Celle que je suis aujourd'hui ne plairait sûrement pas à Aylone, après tout, nous avions décidé de vivre autre que celle-là plus tard mais depuis qu'il est parti, j'ai l'impression d'être dans une spirale infernale. On dirait que je ne vais jamais en sortir et la criminalité, l'argent, le pouvoir, tout ça ne me va pas.

Je ressemble à une enfant qui s'est déguisé en adulte pour s'amuser mais tout ce que je veux, moi, c'est retourner à cette époque insouciante, il y a cinq ans. Quand tout allait encore bien dans ma vie et que je venais de rencontrer Aylone.

Je me souviens encore du jour où on s'est rencontré, la première fois que je suis arrivé dans ce lac secret, complètement par hasard. J'étais énervée et les ricochets que je faisais ne suffisaient pas à apaiser ma haine. J'y pense, si la salle de sport était ouverte ce jour-là, je ne l'aurais pas rencontré.



-    Eh attention ! ce sont les premiers mots qu'il m'a dits.

-    Désolé, je dis brièvement après que mon caillou l'avait touché alors qu'il était de l'autre côté de la rivière.

-    T'es qui ? il demanda un peu fort.

-    C'est normal d'être aussi direct ?

-    Oui.

-    Ah okay, t'es qui ? répétais-je en imitant son culot.

-    Appelle-moi Aylone.

-    Moi, c'est Nayla.

-    Yes, on se connaît maintenant. C'est chouette, il sourit avant de s'assoir près de moi.

-    Tu ne serais pas un peu bête ? demandais-je en riant.

-    Du tout, il y a quelque chose que tu trouves drôle ou bête ?



Les émotions d'Aylone n'ont jamais été facilement compréhensible. Il passait toujours du rire aux larmes en un instant, il parlait parfois comme un enfant, parfois comme quelqu'un d'oppressant. Il s'exprimait mal, il était étrange.



-    J'ai dit ça ? dis-je rapidement.

-    Pourquoi t'es là, Nayla ?

-    J'avais envie d'être loin de tout, et toi ?

-    Je n'ai pas de compte à te rendre, c'est mon territoire ici.

-    Dis-moi, est-ce qu'il te manque une case ? Pourquoi je suis la seule qui doit répondre aux questions, tu travailles pour mon père ?

-    Je t'ai dit que je n'avais pas de compte à te rendre !

-    Ton nom n'est marqué nulle part, ce n'est le territoire à personne !

-    Arrête de te révolter contre moi, et d'abord, c'est qui ton père ?!

-    Juste un dictateur un peu trop affectif.

-    De l'amour néfaste ?

-    Non, pas à ce point-là.

-    Tu veux que je t'aide à sortir d'ici ?

-    Tu veux que je m'en aille, c'est ça ?

-    Mmh, il fit en hochant la tête.

-    Allons-y, soufflais-je.



Il se leva en moins d'une seconde avant de me tendre la main pour que je fasse de même. Bien que douteux, il avait un côté assez galant. Me proposer de me raccompagner était assez « gentil » de sa part même si en réalité, il veut juste que je parte. Je ne sais pas pourquoi mais j'ai du mal à le trouver méchant.



-    Moi aussi, mon père me soule.

-    Tiens, il parle de lui-même, me dis-je.

-    Si seulement quelqu'un pouvait le frapper.

-    Carrément ? je demande en riant.

-    Personne dans mon entourage n'osera le faire, c'est dommage, souffle-t-il.

-    Tu n'oserais pas, toi ? T'as l'air agressif pourtant.

-    Pas du tout, c'est toi qui l'es.

-    Tu t'es déjà entendu parler ?

-    T'as un problème avec ma façon de parler ?

-    Il faudrait que tu puisses te voir d'un point de vue extérieur un de ces jours, tu n'as pas l'air au courant de ce que tu racontes.

-    Si tu n'es pas contente, tu peux boucher tes oreilles.

-    Non mais tu te rends compte de ce que tu me proposes de faire pour ne pas t'écouter ?

-    Bah quoi ? Eh, j'ai une idée. Et si tu disais à ta mère de frapper ton père ?

-    Même si c'était possible, je trouve ça un peu... farfelue. Et puis ma mère est morte alors ce n'est de toute façon pas possible.

-    Ah, moi aussi.



Quelques secondes de silence ont suivi son aveu avant qu'il ne soit littéralement mort de rire. Aylone, ce psychopathe, riait de bon cœur pour une raison vraiment désolante et cette fois-ci plus que les fois précédentes, j'avais du mal à le suivre.



-    C'est drôle ?

-    Ça nous fait un point commun, dit-il en souriant. La mienne est morte il y a à peu près cinq ans, et toi ?

-    Quand j'avais cinq ans.

-    Ça veut dire que personne ne frappera nos pères ?

-    Non. J'espère qu'ils nous laisseront tranquille demain.

-    Moi aussi, il sourit comme un enfant alors que nous venions d'arriver à la sortie du parc.





Un jour comme les autres, j'avais envie de prendre l'air mais en même temps, j'avais une flemme atroce de quitter mon lit. Ça faisait une semaine jour pour jour que j'avais rencontré Aylone et il s'était enfin décidé à m'envoyer un message.

Il avait pris mon numéro au cas où « l'envie de frapper mon père » me prenait mais comme ce n'était jamais arrivé jusqu'ici, je ne l'avais jamais contacté.



-    T'es libre aujourd'hui ? je lis à voix haute le message d'Aylone.

-    Désolé, je dois garder mon neveu, répondis-je parce que mes principes m'interdisent d'être trop accessible.

-    J'arrive, comme ça on le garde à deux.

-    Ça ne va pas ou quoi ? Je ne t'ai pas donné l'autorisation de venir chez moi et puis tu ne sais même pas où j'habite.

-    Mais si, bien sûr que si, je sais, il envoie ce message suivi d'une photo de ma maison.

-    Tu me pistes ?!

-    Non mais j'arrive.

-    Arrête Aylone, mon père est là.

-    Je m'en fous, je veux savoir si tu mens.

-    Ah parce que tu ne me crois pas ?

-    Quel imbécile croirait une femme ?



La situation était critique, Aylone ici ? Je savais d'avance que ça finirait en bain de sang alors j'ai enfilé mes chaussures dans l'espoir de l'en empêcher. Venir devant chez moi serait comme sauter du haut d'un immeuble, le retour est impossible !

Et puis, non seulement il allait mourir en venant me voir mais en plus, j'allais mourir aussi. Papa allait me décapiter après avoir laissé Kisay me torturer. Je suis sûr qu'Hinaki aurait pris un plaisir fou à me frappe aussi et que Dereck crierait pour l'encourager com une pom-pom girl. Le seul qui pouvait me sauver de cette situation chaotique, c'était Iker, comme toujours.



-    IKER ! criais-je en descendant les escaliers rapidement avant de percuter Hidan.

-    Sale gamine.



Comme son frère jumeau, il me disait toujours des mots méchants quand on se croisait mais sa folie m'importait peu tant qu'il ne s'en prenait pas directement à moi.



-    Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Iker.

-    Il y a un problème, Nayla ? ajouta papa.

-    Je veux manger une glace.

-    Oh, okay, répondit papa.

-    Je la veux maintenant, Iker !

-    Et c'est génial, parce que ?

-    Je ne peux pas y aller toute seule, je n'ai pas de voiture.

-    Et donc ? souffla-t-il parce qu'il détestait que je tourne autour du pot.

-    Tu veux bien m'accompagner ?

-    Je suis fatigué.

-    S'il te plaît Iker, j'en ai vraiment envie.

-    T'es enceinte ? demande papa.

-    A moins qu'on ne m'ait implanté un bébé pendant mon sommeil, pas à ce que je sache.

-    Alors ce n'est pas urgent, remonte dans ta chambre.

-    Mais papa...

-    Tu veux que je t'accompagne ? demanda Dereck en sortant de nulle part.

-    Non, je rentre chez moi, dis-je avant de claquer la porte.



A mes 17 ans, papa m'avait enfin laissé avoir mon propre appartement même si c'est lui qui payait toutes mes dépenses de A à Z. A force de vivre avec des ogres depuis toujours, il a mis 17 ans à se rendre compte que j'étais une femme et je crois que le déclic s'est fait quand je suis descendu de ma chambre un peu maquillé. Je devais tout de même passer 75% de mon temps à la villa mais ça me satisfaisait.

Maintenant que j'y pense, si j'y avais était, Aylone n'aurait jamais pu mettre autant pression sur moi. Je ne voulais pas passer trop de temps dans mon appartement sinon papa me l'aurait retiré. J'ai menti que j'y aller alors qu'en réalité, je vais rejoindre Aylone.

Je ne voulais absolument pas qu'il découvre qui je suis vraiment, avec qui je vie et surtout, qui est mon père. Depuis le début, j'angoissais à l'idée qu'il meurt par ma faute et a un si jeune âge mais je n'imaginais pas que mes angoisses s'étaient aussi...



-    La menteuse !

-    Espèce d'imbécile, soupirais-je complètement essoufflé. J'ai envie de te frapper.

-    Pourquoi ? Je ne suis pas ton père, dit-il en riant.



En le voyant affaler sur le capot de sa Mercedes Classe C bleue nuit vernis, j'ai rapidement compris qu'il s'était moqué de moi du début à la fin. Il affichait même un sourire radieux à cause de mon air essoufflé. Quel sadique.



-    Tu t'es bien moqué de moi, hein ?

-    Mais non, même pas.

-    Comment t'as eu mon adresse ?

-    Tu me le demandes sérieusement ? Tu sais pourtant que de toutes, c'est l'information la plus facile à avoir.

-    Qui t'es, au juste ?

-    Eh, tu n'as qu'à le découvrir toute seule ! il dit d'un air enfantin. J'ai fait mon enquête sans l'aide de personne, moi ! Je sais que t'habites dans une grande villa mais je ne sais pas encore pourquoi. Je sais aussi que t'as un appart à toi, toute seule. T'as 17 ans et tu vas rarement en cours. Je ne t'ai pas encore dit mon âge mais du coup tu peux faire le calcul si je te dis qu'on a trois ans d'écart. Oh, il dit en regardant son téléphone qui venait d'émettre le petit son d'une notification, tu es donc la fille de Nail.

-    Je croyais que t'avais fait ton enquête tout seul ?

-    Ça ? Ce n'est pas ce que tu crois. Enfaite, j'ai trouvé toute ces informations complètement par hasard. Je voulais acheter une maison et celle là est particulièrement belle alors je me suis renseigné sur le propriétaire.

-    Bref, je dis en me lassant de ses mensonges à rallonge. D'où est ce que tu connais mon père ?

-    Je te l'ai déjà dit : Tu n'as qu'à le découvrir toute seule.

-    Je rêve...

-    Et ton neveu, enfaite, il est où ?

-    Avec mon père. C'est l'enfant d'un cousin.

-    A d'autres.

-    De toute façon, je n'ai pas à me justifier.

-    Et moi, je déteste être à la vue de tous, dit-il en regardant la rue peuplée.

-    Je n'ai plus le droit d'entrer dans ton parc, t'as oublié ? Je rentre chez moi du coup.

-    C'est bon, reste là. T'as l'autorisation temporaire d'y entrer.

-    Tu me fais peur, Aylone.

-    Ça va passer.



J'avala ma salive en le suivant presque à contre cœur. Sa double personnalité me terrifiait parfois mais je finissais toujours par le suivre parce qu'il y avait ce petit quelque chose qui m'attirait chez lui.





C'est la troisième fois aujourd'hui que je dois voir Aylone. J'aurais voulu simplement refuser son invitation mais vu ce qu'il avait fait précédemment, j'ai préféré m'abstenir et il faut avouer que j'aime bien passer du temps avec lui.

Avant de le connaître, je passais mon temps à traîner seule mais il m'a fait comprendre que c'était agréable d'avoir un peu de compagnie extérieure parfois. J'espérais un jour pouvoir passer une journée entre filles et sans Sheyla, je n'aurais jamais réalisé ce « rêve. »

C'était facilement devenu une habitude de me rendre au parc. Pour une fois, il m'attendait devant le kiosque pour m'emmener directement à son petit coin secret où personne ne passe jamais.



-    Il y a un souci ? je demande en le trouvant le regard vide.

-    Tu sais qui je suis, Nayla ?

-    Oui, j'ai mené mon enquête.

-    Mon père est devenu fou, il exige que je devienne le prochain chef. Il pense vraiment que c'est un héritage familiale honorable de gérer ses affaires. Et après quoi ? Je demande à mon fils de le devenir aussi ? Ça ne va pas ou quoi ? Je vais finir par le battre à mort s'il continue, je te le promets.

-    Aylone, nos pères sont ennemis.

-    Et alors ?

-    On ne peut pas continuer à se voir.

-    Pourquoi ?

-    Tu le demandes sérieusement ?

-    Je fais ce que je veux avec qui je veux et tu devrais faire pareil. Si je le laisse dicter ma vie, je finirais par ne plus avoir aucune volonté et je ne m'en sortirais pas. Plus tard, je partirais loin d'ici, personne ne pourra me forcer à rester.

-    Chez nous, ça s'appelle une trahison.

-    Je m'en fous, il dit clairement. Je veux devenir quelqu'un de bien et si lui et son gang comptent m'en empêcher ou me tuer, je le dénoncerais à la police. Je connais toute leur magouille, ils ne m'auront jamais.

-    T'es sérieux ? je demande en riant à moitié.

-    Bien sûr, sa tête doit valoir pas mal d'argent, tu sais. Je deviendrais peut-être riche grâce à lui et ensuite, je ferais le tour du monde.

-    Tu n'as aucune loyauté.

-    Je suis tout d'abord loyal envers moi-même avant de l'être envers quelqu'un d'autre. Je ne laisserais personne devenir maître de ma vie et encore une fois, tu devrais faire pareil.



Ces moments remplis de sérieux m'ont fait cogiter plus d'une fois mais même si son point de vue était juste dans un sens, je n'aurais jamais eu le cran de trahir mon père.

Avec le temps, j'ai de toute façon compris que c'était impossible de se détacher de cette vie. Aylone en avait parler comme si de rien était mais nos noms nous ont toujours poursuivis et au final, cette pensée n'était qu'un rêve que nous avions en commun.





J'ai rapidement commencé à sortir avec Aylone. Il était mon premier amour, malgré ses tempéraments lunatiques, personne ne me comprenait mieux que lui. Nous avons vécu la même vie tout et pourtant, nous étions tellement différents. Les fois où il était optimiste, il me donnait envie de rêver, à moi aussi. J'admirais sa capacité à voir au-delà du monde où nous avons grandi et puis, il était tellement beau, grand, drôle. J'aimais vraiment (presque) tout en lui.

Un jour, alors que je devais le voir, il a annulé pour raisons familiale. Je n'ai jamais su si, lui aussi, il cambriolait, trafiquait et tuait pour son gang malgré sa mentalité. Il ne disait jamais rien par rapport à sa famille, peut-être se méfiait-il à cause de son père ? Je ne sais pas, mais je ne pouvais pas prendre le risque de lui révéler quoi que ce soit. Même s'il a parfois envie de le tuer, c'est tout de même le fils de son père et ces deux-là sont ennemis.



-    Papa, je vais faire les magasins, à ce soir.

-    Fais attention à toi.

-    D'accord, je dis avant de m'en aller.



Je n'avais aucun cadeau pour l'anniversaire de papa et c'était déjà demain, alors à la dernière minute, j'ai décidé de passer à Lacoste pour lui acheter un polo. Je me souviens qu'il détestait que je lui achète des cadeaux mais ce n'est pas pour autant qu'il n'appréciait pas mon geste.

En tant qu'éternelle piétonne, je suis allé au centre commercial à pied. Heureusement, l'air était frais ce jour-là et j'ai pu marcher tranquillement tout en m'aérant l'esprit. J'ai toujours eu l'habitude d'être seule alors ça ne m'a jamais dérangé de faire mon shopping avec mes écouteurs. Pour me réconforter, je me disais toujours que je n'avais pas besoin d'amis si j'avais des écouteurs, ce qui au fond est totalement la vérité même si j'aimais profondément la compagnie de mon petit-ami.

Comme à mon habitude, je regardais droit devant moi pour éviter d'être distraite par les autres vitrines. Rien ne devait me détournait de mon objectif : acheter un polo Lacoste.



-    Quel couleur lui irait le mieux ? je me demande à moi-même à voix haute en voyant les mille et une couleurs disponibles. Sa couleur préférée est le rouge mais je le vois plutôt porter du beige ou une couleur pastel. En même temps, le gris est une couleur assez basique qu'il peut mettre avec tout. M'oui, va pour le gris, je dis en prenant un exemplaire de taille M.



Encore une fois, je n'avais pas prêté attention aux autres articles mais cette fois-ci, c'est mon ventre qui me demandait de me dépêcher. J'allais en direction de la caisse quand j'aperçu Aylone de dos.

J'ai beau être myope, je le reconnaitrais dans n'importe quel situation ou position, je connaissais tous ses vêtements, ses mimiques, sa démarche. D'abord heureuse qu'il ait pu se « libérer », je me dirigeai vers lui jusqu'à ce que j'aperçoive qu'il était déjà accompagné d'une certaine fille.



-    Aylone ?

-    Euh... Nayla ? il dit doucement après quelques secondes d'inattention.

-    Tu m'avais dit que t'avais une affaire familiale mais c'est une femme, ça, je dis en la regardant de haut en bas, je me trompe ? Elle est peu mignonne en plus. C'est ça que tu fais derrière moi ?

-    Écoute-moi...

-    Tu dois lui tenir la main pour marcher ? Pourquoi ? Elle a cinq ans ? Elle va se perdre ? mes questions s'enchaînaient les unes après les autres alors que mon regard vide était posé sur leurs mains entrelacés mais Aylone retire directement sa main de la sienne. Pourquoi tu m'as menti ? En vérité, tout ce que tu voulais c'était déjouer les plans de Nail, c'est ça ?

-    N'importe quoi.

-    La ferme, espèce de menteur. Je te déteste, dis-je avant de m'en aller.



J'aurais aimé lui en coller une sur le moment mais mon instinct me l'avait formellement interdit en me rappelant qu'Aylone était trois fois plus fort que moi mais si j'avais pu, je l'aurais battu cent fois, ce menteur.



-    Nayla ! Revient !

-    Dégage !



A ce moment-là, plusieurs idées m'ont traversé l'esprit. Est-ce que je ne lui suffisais pas parce que je ne me suis jamais dénudée ? Ou est-ce que depuis le début, il est sorti avec moi juste pour déjouer les plans de Nail ? J'ai de toute façon toujours su que notre histoire était vouée à l'échec mais je n'imaginais pas qu'on aurait ce genre de problème un jour.



-    Nayla, attends-moi ! il cri en m'attrapant le poignet.

-    Tu veux quoi ?!

-    Nayla, c'est ma cousine !

-    A d'autres ! Je ne suis pas né hier, tu diras ça pour toutes les filles avec qui je te verrais et moi, je ne me souviens pas que tu m'aies déjà parlé d'elle !

-    Parce que je ne l'ai connu qu'aujourd'hui, mon oncle m'a demandé de...

-    Tu disais que ta seule famille était ton père ! Aylone, tu sais que je déteste qu'on me mente.



Après un soupir, il appelle sa « cousine » et se met à lui parler en swahili. Etant une des nombreuses langues que j'ai apprise à cause de papa, j'ai naturellement écouté leur discussion. Elle me prenait pour une folle alors il lui a expliqué calmement que je suis sa petite amie et que je m'étais méprise mais que c'est un secret d'état.

Je me souviens clairement qu'elle m'ait qualifié de « énergétique » avant de rire et d'ajouter qu'elle aurait fait pareil à ma place. J'avais été soulagé sur le coup mais ce moment n'avait été que présage de mauvaise nouvelle.



-    La prochaine fois que tu me fais une scène sans m'écouter, je te frappe.

-    Tu n'oserais pas, non ?

-    On rentre, il dit en me faisant un bisou sur le front.



Même si cette fille est sa cousine, il n'aurait pas dû lui tenir la main. S'il ne l'avait pas fait, je ne me serais pas mépris alors encore une fois, c'était totalement de sa faute.





C'était le jour de mes 18 ans, autrement dit, enfin le jour de ma majorité. Comme chaque année, mon père et ses hommes n'avaient rien prévus mais je n'en avais de toute façon pas besoin étant donné que je comptais sur Aylone pour passer le meilleur anniversaire de ma vie.

Il refusait d'aller au restaurant car d'après lui : « on peut le faire chaque jour » alors il a préparé le dîner seul comme un grand tout en considérant que son acte est exceptionnel. L'intention était bonne mais j'avais quand même appréhendé à cause de sa double personnalité.



-    Alors ça fait quoi d'avoir 18 ans ? me demande Iker.

-    T'es enfin majeur, ça faisait 36 ans que t'avais 17 ans, réplique Kézian.

-    N'importe quoi !

-    Tu vas faire quoi aujourd'hui, du coup ? me demande Kisay.

-    Je vais aller faire les magasins, manger et puis rentrer chez moi

-    Toute seule ? m'interroge Iker.

-    Pas besoin d'amis quand t'as des écouteurs.

-    Je suis sûr qu'Iker se fera un plaisir d'être ton ami, réplique Dereck.

-    C'est vrai qu'il aime beaucoup les petites, ajoute Hidan.

-    Attention elle est majeure, rit son jumeau.

-    Vous êtes né bêtes ? demande Iker.

-    On dirait bien, je lui réponds.



Avant l'arrivée de Sabri, Iker était le plus jeune du groupe. Il avait trois ans de plus que moi alors nous sommes facilement devenus proches, surtout qu'il a toujours cédé à tous mes caprices. Les autres l'ont toujours embêté en disant qu'il était amoureux mais je n'ai jamais voulu y prêter attention parce que mon cœur a toujours appartenu à Aylone, puis un peu à Layvin. Je sais maintenant que c'est la vérité.

Au bout de deux heures, Aylone m'avait autorisé à rentrer chez moi. C'est un peu bizarre, dit comme ça, mais c'est exactement ce qu'il s'est passé. De toute façon, la simple implication d'Aylone dans mes projets les rend complètement bizarre et j'ai un peu honte d'avouer que je m'y étais habitué.

Mon appartement était enveloppé d'une ambiance chaleureuse qu'il avait méticuleusement crée pour moi. Il s'était vraiment surpassé pour m'offrir une décoration magnifique et romantique comme dans les films.

Quelques pétales avaient été déposé au sol et il avait même allumé des bougies pour illuminer la pièce. La table était dressée avec une jolie nappe blanche et rose et le dîner était déjà servie. Je m'avançais sur le chemin qu'il m'avait créé pendant qu'il me regardait à l'autre bout. Il ne manquait plus qu'il tire la chaise pour que je puisse m'assoir mais j'ai compris en voyant son regard menaçant qu'il ne fallait pas que j'en demande trop.



-    J'ai la haine, t'as un paysage de merde.

-    Ça me convient, je dis en riant un peu.

-    Joyeux anniversaire.

-    Merci.

-    Au menu, nous avons quelques brioches accompagnées d'une légère salade à l'entrée. Le plat principal comporte un gratin de pomme de terre accompagné de poulet rôti. Il y a de la mousse au chocolat au dessert et pour la boisson, ce sera du fanta car je sais que c'est ta boisson préférée ou du coca parce qu'il t'arrive de changer. Je tiens à préciser qu'il y a aussi du vin à la carte.

-    Non merci, je dis en souriant. T'as fait tout ça, tout seul ?

-    Ça fait près d'un mois que je m'entraîne à faire du poulet, tu sais. Qu'est-ce que c'est dur à nettoyer, souffle-t-il. Si ce n'était pas pour toi, je ne l'aurais jamais fait.

-    Qui t'as appris ?

-    Le grand chef du gang, Harris. Il n'en a pas l'air mais il sait manier un couteau de cuisine.

-    Je vois, ça doit être son côté papa poule.

-    Beurk, il dit dégoûté, ne gâchons pas cette soirée en parlant de mon père.

-    Tu sais que tu l'aimes beaucoup malgré les apparences ?

-    Je sais que je t'aime, toi, en tout cas.

-    Aylone, t'as dit que...

-    Après manger, nous regarderons un de tes films préférés, celui qui parle du ciel là, tu sais... Trois mètres !



C'était la première fois qu'il me disait « je t'aime » et pourtant, il avait glissé ça dans la conversation comme si de rien était. C'est du Aylone tout craché



-    C'est trois mètres au-dessus du ciel ! je cris pour le corriger.

-    Ça m'est égal, j'essayerais de pas m'endormir déjà alors ne m'en demandes pas trop.

-    C'est vrai que tu n'aimes pas trop ce genre de film.

-    Je les déteste, ils sont tous plus nuls les uns que les autres. Celui-là avait l'air d'être le moins nul.

-    Je vois.

-    Et pour finir...

-    Oui ? On fera une balade nocturne ?

-    Une quoi ? Non, j'avais prévu de te faire un enfant.

-    Quoi ? La majorité ne veut pas dire que je dois devenir maman au plus vite. Je pense à l'enfant et je suis sûr qu'il n'est pas prêt à assumer le fait d'avoir un père qui est aussi contradictoire avec lui-même.

-    Eh, tu te fous de moi là ?



Je m'étais habitué à ses changements d'humeurs constants et parfois, je le trouvais même un peu chou. Il jouait parfois la comédie en feintant la colère avant de me faire des chatouilles. Ses changements d'humeurs qui m'effrayaient au début ont progressivement commencé à me faire rire et je m'étais habitué à sa folie.

Nous avons passé plus d'une heure à table à rire et à parler de tout et de rien. Les sujets s'enchaînaient naturellement, tout allait trop bien, comme si ce n'était pas réel. D'après le programme d'Aylone, il était l'heure de regarder le film mais la conversation était tellement fluide et intéressante que nous n'y pensions plus.

J'étais dans un était de plein bonheur jusqu'à ce qu'un élément me sorte de ma bulle : son téléphone posé face contre table qui ne cessait de vibrer depuis une demi-heure maintenant.

Quand j'ai demandé qui c'était, il m'a simplement répondu que c'était son père mais si c'était vraiment lui, il m'aurait montré son téléphone tout en criant que je n'étais pas sa mère. Il l'a rapidement mis en mode avion avant de débarrasser la table.

J'aurais vraiment aimé que cette soirée soit parfaite mais c'était plus fort que moi, je ne pouvais tout simplement pas ignorer son comportement suspect. Aujourd'hui encore, je m'excuse auprès de moi-même d'avoir gâcher la seule « fête » d'anniversaire qu'on ne m'a jamais fait. Si je pouvais, je remonterais le temps quelqu'en soit le prix et je ne regarderais pas mais malheureusement c'est impossible et j'ai regardé.

J'ai toujours eu trop peu d'estime pour mon anniversaire alors j'ai vite passé outre et pris son téléphone. Je ne comprends pas comment certaines personnes peuvent croire que le jour de leur naissance est un jour spécial ? Ce n'est pas comme ci le monde s'arrêtait de tourner ou si la journée durait plus longtemps que les autres, à moins que ce soit le jour du décalage horaire. Et même, la quasi-totalité de la terre ignore mon existence, c'est vraiment ridicule.



-    Aylone ?

-    Ouais ?

-    T'as un appel manqué, encore.

-    Rends-moi mon téléphone.

-    Pourquoi tu n'enregistres pas son numéro, c'est qui ?

-    Aucune importance.

-    T'as quelque chose à cacher ?

-    Qui a parlé de cache-cache ? Ça, c'est un manque de confiance et je n'apprécie pas.

-    Je n'apprécie pas non plus le fait de devoir te demander ça.



Je voulais qu'il me réponde insolemment avant de se justifier, je voulais qu'il hurle sincèrement que je suis folle et que j'ai gâché sa surprise mais rien. La honte lui avait cloué le bec.



-    Apparement elle est en manque de toi, je dis avec un sourire narquois.

-    Ce n'est pas ce que tu crois, mon père m'a envoyé faire quelque chose et elle était là...

-    Ce que je crois ?! C'est écrit mot pour mot qu'elle veut repasser la nuit avec toi et je me fais des films ?! Je vois qu'elle te donne pleins de surnoms affectifs, c'est ça qui te fait chavirer ?!

-    Arrête de lire autant, c'est inutile et ça te fait mal.

-    Tu te fous de ma gueule, là ?!

-    C'est juste une pute que j'ai pas vu plus d'une fois. Je me justifie pour cette fois mais t'as aucun droit de faire ce que t'es en train de faire.

-    Pardon ?!



Aylone était extrêmement calme. C'était un homme qui, si on ne compte pas sa seconde personnalité, ne perdait jamais son sang-froid. Même dans cette situation, il tentait de tout m'expliquer calmement alors que j'étais folle de rage.



-    Va te faire foutre, je balance le vin sur sa face avant de grimacer.

-    Tu deviens folle.

-    A cause de ton influence.

-    Où tu vas ? il demande quand j'ouvre la porte.

-    Je rentre chez moi.

-    On est déjà chez toi.

-    Tant que tu seras là, je me sentirais étrangère alors je ne suis pas chez moi. Mets les clés sous le paillasson quand t'as fini de ranger et je veux plus jamais te revoir.

-    T'es sérieuse là ?

-    Je te l'ai déjà dit : va te faire foutre.



Je me souviens l'avoir entendu crier mon nom pendant que je descendais les escaliers mais il ne m'a pas retenu pour autant sur le coup. Il culpabilisait, je le sais, mais je ne me sentais pas concerné. Mes larmes coulaient à flot à cause de cette trahison. Cette situation a duré pas moins d'une heure avant que je ne rentre à la villa pour dormir.

Aylone m'avait définitivement brisé le cœur.





J'étais resté allongé sur mon lit à verser des larmes pendant plusieurs minutes en pensant à notre relation. Au début, j'avais envie de tout détruire et de jeter tout ce qu'il m'avait offert mais je n'avais décidément pas assez d'énergie ou pas assez de volonté, je ne sais pas.

Au début, l'envie de tout détruire m'envahissait, maintenant je ne ressens plus que du dégoût. Combien de fois est-il allé voir ailleurs ? C'est peut-être la première fois que je fais preuve de lucidité et qu'enfaite il avait l'habitude d'aller voir ailleurs. Ça fait sûrement onze mois que ça dure.

Dire qu'en rentrant, j'ai été obligé de jouer la comédie auprès de mon père et des autres parce qu'ils m'avaient préparés un gâteau et une petite fête. Dire que j'ai dû leur sourire avec un cœur meurtri alors que c'est la première fois qu'ils me préparent une fête aussi chaleureuse.

Combien de fois était-il allé voir ailleurs ? C'était peut être seulement la première fois que je faisais preuve de lucidité mais sûrement pas la première fois qu'il me trompait, peut être même qu'il en avait l'habitude, je ne sais pas et je ne le serais jamais. 

Comme si c'était une mauvaise farce, les garçons s'étaient décidé à me faire une petite fête à l'occasion de ma majorité. C'était la première et la dernière fois qu'ils organisaient quelque chose pour moi et je n'en ai même pas profité. J'ai été obligé de jouer la comédie et de sourire faussement avec mon cœur meurtri alors que ça aurait pu être l'un de mes plus beaux souvenir.



- Courage Nayla, ce n'est pas de ta faute, me dis-je en essuyant mes larmes. C'est de sa faute, je ne mérite pas ça...

La sonnerie de mon téléphone m'interrompt pendant mon auto-consolation. Bien évidemment, c'était Aylone. J'avais déjà supprimé son numéro mais la question ne se posait même pas, surtout qu'il m'avait envoyé un message disant qu'il arrive comme je n'avais pas décroché à son appel.

Environ une seconde ou deux sont passés avant que je ne l'entende crier mon nom par la fenêtre, il devait déjà être là avant de m'appeler, je pense.



- NAYLA !

- La ferme, je cris brusquement en ouvrant la fenêtre. Tu veux nos morts ?!

- Descends, il faut qu'on parle !

- On va se faire tuer tout les deux si tu restes ici et tu n'as qu'à mourir seul !

- S'il te plaît, descends qu'on puisse parler !

- Baisse d'un ton ! chuchotais-je en criant. Si seulement ma chambre était au rez de chaussé, me dis-je. Ils ont mille et une raisons de te détester et je n'ai pas envie de me sentir responsable de ta mort alors bouge d'ici !

- Peu importe si je meure aujourd'hui ou demain, je veux être avec toi jusqu'à la dernière seconde de ma vie.

- T'es malade ou quoi ?! Reprends ta personnalité de taré !

- Descends sinon je réveille tout le monde et je sais que ton père n'est pas là !

- Ma phobie ce mec, soupirais-je en constatant qu'il est toujours aussi informé. Rentre chez toi, c'est trop dangereux. On parlera demain.

- Hors de question, je sais que tu vas fuir.

- J'arrive, soupirais-je encore une fois



Mes souvenirs de cette soirée sont tellement nettes, je m'en souviens comme si c'était hier. J'avais enfilé la veste Nike qu'il m'avait offert et mes pantoufles roses avant de descendre. Je me souviens, j'avais peur de lui redonner une chance, peur que ses belles paroles apaisent mon cœur malgré sa trahison et que je retourne dans ses bras et pourtant aujourd'hui, j'aimerais de nouveau être auprès de lui.



- Nayla ?

- Ouais ?

- Tu fais quoi réveillée à cette heure ci ? me demande Dereck.

- J'avais envie de céréales, et toi ?

- Il y a un intrus.

- Mon enceinte s'est activé par erreur, tu dois te tromper.

- Ce n'est pas une question mais une affirmation.  Le fils d'Harris a été repéré mais Hidan et Kisay s'en occupent déjà.



J'ai accouru à la terrasse sans même prendre la peine de lui répondre. Dans mes souvenirs, j'avais fait vite, je m'étais dépêché, je n'avais pas pris mon temps et pourtant, quand je suis arrivé à l'arrière cour, Aylone était déjà ensanglanté et en train de se faire tabasser par Hidan, Kisay et Kézian.

Le lampadaire avait pris soin d'éclairer cette horrible scène et je pouvais facilement distinguer que l'herbe était vivement teintée de rouge. Mes larmes se sont mises à couler et avant même que je ne me rende, je m'interposait déjà entre eux mais je ne faisais pas le poids. J'avais à peine commencer à faire barrage que l'une des Empreintes m'avait poussé au sol.



- LAISSEZ-LE ! hurlais-je de toutes mes forces.

- Calme-toi, dit doucement Dereck en attrapant fermement mes mains.

- Ne t'approche pas Nayla ! cri Aylone qui essaie de se défendre.

- Quand on le dira à ton père, il s'occupera lui même de te frapper ! cri Hidan.



Tout se passait sous mes yeux et pourtant tellement vite... Pendant qu'Aylone tentait de se défendre, de rendre un coup à l'un, les deux autres le frappaient ardemment. Kézian lui avait même mis un coup de poing au ventre qui l'avait propulsé à quelques mètres. C'était la première fois que je les voyais agir de la sorte et que je ressentais une haine aussi forte envers ces êtres humains.



- Défend toi Aylone ! Ils vont te tuer ! Hidan, Kisay, Kézian ! Si vous continuez, je jure que vous mourrez de la pire des manières ! Pourquoi vous vous y prenez à autant, hein ?! Espèce de lâche va, vous avez peur ?! 



Mes hurlements ne leur faisaient ni chaud ni froid mais il fallait bien que je fasse ou dise quelque chose. J'ai fini par mettre un coup à l'entre jambe de Dereck avant d'accourir rejoindre Aylone.



- Nayla, c'est un ennemi ! Ressaisis-toi ! cri Kézian en me secouant. Il se servait de toi !

- C'est faux !



Oui, au fond de moi, j'ai toujours su que c'était faux. Tout ce que j'ai vécu avec lui n'était pas faux, Aylone m'aimait vraiment autant que moi, je l'aimais vraiment. Notre amour était assez beau par sa banalité mais je pense secrètement que nous n'aurions pas dû. Ces instants passés ensemble ne valent pas sa vie. Je ne suis et je ne serais jamais d'accord même s'il n'était pas du même avis.



- Hidan, arrête toi ! je cris quand je le vois sortir son poignard.

- La ferme.

- Nayla, tu ne dois pas voir ça, dit faiblement Aylone.

- Excuse-moi, je n'aurais pas dû sortir de l'appartement comme ça, j'aurais dû descendre quand tu me l'as demandé et répondre à ton appel pour que t'évites de te faire remarquer ! Aylone, je suis désolée !

- Tu n'es pas responsable...

- Ce sont tes derniers mots ? Soit !

- Arrête, Hidan !



Mon cri était faible et pourtant tellement puissant, je l'avais supplié à en être pitoyable mais Hidan n'en avait strictement rien à foutre et avait implanté sa dague dans le cœur de mon âme sœur avant de dire que notre histoire était à présent terminé.

Je repense à cette histoire et j'en ai encore les larmes aujourd'hui. Le sang débordait de son corps de façon vraiment étonnante, c'était vraiment affreux. Aylone avait rendu l'âme et s'était en allé pour toujours. Comme ça, d'une seconde à l'autre. Mes yeux de myope voyaient clairement des yeux perdre leur vie et fixer le ciel nocturne et vide. 



- Arrêtez s'il vous plaît... Rendez-moi Aylone... dis-je doucement en rampant jusqu'à son corps. Ce n'était pas la peine d'en arriver là, il ne pensait pas à mal, il voulait juste me parler... Tout est de ma faute, il fallait me tuer, moi... J'ai été trop excessif...

- T'es complètement folle... soupire Kisay.

- C'était un ennemi, c'est tout, dit Hidan avant de rentrer à l'intérieur, suivi de tout les autres complices.



J'ai hurlé maintes fois, j'ai pleuré et j'ai supplié que Dieu me donne une seconde chance. Comme une réponse négative, il se mit à pleuvoir et la pluie accompagnait mes larmes. Ma tête posait contre son cœur sans vie, cherchait malgré tout à l'entendre battre comme auparavant mais rien y faisait. Aylone était mort et s'était à moi de rabattre ses paupières.

Ma veste grise était déjà imprégné de l'odeur d'Aylone et maintenant, c'est son sang qu'elle absorbait. Aujourd'hui encore, je ne sais pas ce que je suis sans lui mais je sais en tout cas que je ne serais plus jamais la même car une partie de moi m'a quitté ce jour-là et je ne serais plus jamais entière.

Quelques heures avant ça, nous mangions pour célébrer ma majorité et maintenant, son corps n'abrite plus aucune âme. Tout est entièrement de ma faute...



- Je souhaiterais que tu me regardes une dernière fois Aylone et que tu sourisses en m'insultant ou fronce les sourcils en me complimentant... je dis en essayant d'essuyer mes larmes qui coulent de plus belle. Je ne t'ai pas assez entendu dire que tu m'aimais et je ne te l'ai même pas dit moi-même, j'ai affreusement honte de moi... Je veux recommencer cette journée et tout changer. Tu m'avais promis que tu m'emmènerais loin d'ici, que nous allions nous marier malgré nos familles de fous. Tu m'avais promis qu'on ferait une croisière qui ferait le tour du monde pour que personne ne puisse nous retrouver... Comment tu vas tenir toutes ces promesses que tu m'as faites, hein ? Tu me laisses toute seule ? Je vais vivre une vie insignifiante maintenant, parce que tu m'as abandonné... Tu étais ma seule compagnie, mon seul ami et mon unique amant. Tu étais absolument tout pour moi et maintenant, je suis de nouveau seule et vide... Je voulais que notre amour dépasse cette haine stupide qu'ont nos pères, je voulais que notre amour soit plus fort et au-delà de toutes limites qu'ils nous imposent mais au lieu de ça, j'ai fini par te faire tuer... C'est  moi qui aurait dû mourir, pas toi... C'est égoïste mais je ne regrette pas de t'avoir aimer et je continuerais à le faire, pour toujours... Je suis désolée...



C'est ainsi que j'ai passé ma nuit dans ses bras à pleurer jusqu'à ce que le soleil se lève. Papa venait d'entrer suivi de ses quatre acolytes. Plusieurs heures étaient passés mais je n'avais pas bougé d'un poil, le corps d'Aylone était toujours là, dans mes bras. Nos cœurs étaient l'un contre l'autre alors que je m'accrochais à l'espoir de réchauffer son corps froid.

Je me souviens encore de tous les mots dits, les expressions, leur humeur festive pendant que moi, j'étais dans la douleur. La moitié du groupe se réjouissait de l'anéantissement de la famille Shadary pendant que l'autre se vantait d'avoir tué le fils d'Harris. Personne n'avait absolument aucun scrupule et ça me désole encore de penser que leur comportement a commencé à me déranger seulement à partir du moment où je me suis senti concerner.

En tout cas, si je me suis débarrassé d'Hidan en premier, c'est bien parce qu'il était beaucoup trop heureux d'avoir tué Aylone. Il avait ajouté des détails inutile et futile, des mensonges et des exagérations tellement grosses que j'avais pris ça pour une provocation volontaire envers ma personne. En tout cas, c'était un coup de mettre de le tuer de la main de son propre frère. J'en suis encore fière.



- Nayla ?

- Papa... à la seconde où je prononce ce mot, mes larmes se mettent à couler.

- Il faut qu'on parle.

- C'est faux, Aylone n'était là pour nous espionner. C'était mon petit-ami, il était venu parce qu'on s'était disputé, il voulait juste que je le pardonne. T'es hommes n'ont pas voulu l'écouter, ils l'ont tué parce que ce n'était pas un ennemi !

- C'est le fils d'Harris.

- Harris est ton ennemi mais Aylone n'avait rien avoir !

- De toute façon, il n'est plus en vie. Il faut envoyer son corps à son père.

- Pourquoi ? Attiser sa haine ?! C'est hors de question ! Personne ne mérite de recevoir le corps de son enfant inanimé, Aylone n'est pas un colis !

- Être triste ne justifie pas tout, Nayla, alors il vaudrait mieux que tu arrêtes de parler.

- T'étais aussi froid quand maman est morte ? Tu ne ressens jamais rien, dis-moi ? T'es censé me comprendre, alors pourquoi ? Seulement parce que c'est le fils d'Harris ? Aylone était mon seul ami, la seule personne qui se souciait de moi plus que lui-même, il tenait à moi au point de venir ici pour me voir alors qu'il savait à quel point c'était dangereux !

- Ce n'est que de la bêtise.

- Pourquoi t'es aussi dur ?! je demande en pleurant. C'est hors de question que je te donne son corps !

Comme si le moment était approprié, le téléphone d'Aylone se mît à sonner. Je n'avais pas eu besoin de regarder pour savoir que c'était Harris car Aylone lui avait assigné la sonnerie « alarme » car il était inquiet à chaque fois que son père l'appelait.

Bien sûr, je n'ai pas osé répondre. A ce que je sache, Aylone n'avait pas l'habitude de dormir dehors alors c'est normal que son père s'inquiète. De toute façon, comment j'aurais pu lui répondre et lui annoncer la mort de son fils, moi, la fille de Nail ? Comment j'aurais pu lui annoncer que son enfant ne lui répondra plus jamais au téléphone ?



- Qu'est-ce que tu comptes faire, alors ?

- Pour l'instant, je vais appeler les ambulances.

- Fait attention à ce que tu racontes mais surtout fait attention à toi, ce n'est qu'une question de temps avant qu'Harris n'essaie de se venger.

- Et c'est bizarre, peut-être ?

- Nayla, je ne te laisserais pas mourir.

- Pourtant, c'est tout ce que je demande...

- Arrête un peu, ils auraient fait pareil si ça avait été toi ! Il n'avait pas le droit d'être ici, il le savait, toi aussi et tout le monde, en vrai !

- Papa, je veux juste mourir...



Le dernier regard que papa m'a adressé était remplie de peine et de compassion, il avait l'air de se sentir désolé mais il n'a rien ajouté et il est parti. C'est la dernière conversation que nous avons eue tous les deux.

Ma voix était cassée au point où chaque mot prononcé lui manqué une syllabe. J'étais torturé à l'intérieur, sa froideur ne cessait de s'aggraver et mes larmes roulaient encore et encore sur mes joues.

Un son émana une nouvelle fois de son téléphone avant d'afficher un message où Harris lui demande de rentrer en vitesse et son fond d'écran. Je me souviens encore de la fois où on a pris cette photo alors que je boudais pour une énième raison stupide.

En y repensant, je n'ai particulièrement chéri aucun moment avec Aylone. Le côtoyer était rapidement devenu comme une habitude dont je ne pouvais pas me passer et la tranquillité dont nous avions tous les deux besoins était apporté par l'autre. De ce fait, nous n'avons jamais fait de grandes sorties et c'est maintenant que je trouve ça dommage...

Il me semble que le téléphone s'est déverrouillé au simple contact de mon empreinte et c'est de cette manière que j'ai suis tombé sur un message non envoyé qui m'était destiné. Mon nom de contact était encore « bébé âme soeur » alors que moi, j'avais supprimé son numéro directement en rentrant à la villa.



- Nayla, je lis avant d'avaler ma salive, si je t'envoie ce message c'est que ma dernière tentative a échoué. T'as refusé de m'écouter, t'as bien réfléchi et tu veux voyager, c'est ça ? Ne te dérange pas, je vais m'en aller. C'est moi qui aie commis une erreur. J'ai rencontré cette femme à cause de mes obligations envers mon père mais c'est entièrement de ma faute si j'ai gardé son numéro. Même si je n'allais jamais vers elle, je ne la repoussais pas non plus. Tu trouveras ça sûrement sale mais je pensais toujours à toi, tout le temps. Je n'ai jamais rien ressenti pour elle et je m'excuse de t'infliger cette tristesse inutile. Tu sais, l'homme est faible et moi, je ne voulais pas te souiller avant des tas et des tas de choses. J'avais peur de me lasser de toi, comme toutes les autres, une fois passé au lit alors je me suis sorti cette idée de la tête et j'ai vécu notre amour simplement. C'était la meilleure des solutions. Cette habitude de te voir et de te parler quotidiennement était inlassable et incroyable mais aujourd'hui tout est terminée. Je t'aime réellement Nayla et pour notre bien à tous les deux, je ne reviendrais plus jamais dans ta vie. Nos familles sont ennemies et le simple fait de s'aimer était un signe de trahison. Il vaut mieux pour toi que je ne m'approche plus jamais tout en enterrant mes sentiments. Je tente le tout pour le tout en venant ici, je ne peux pas faire plus alors même si je suis le fautif, je ne te courrais pas après pour me faire pardonner. Ça, c'est suffisant. Tu sais qu'il y a une forte possibilité pour que je ne m'en sorte pas vivant.



Aylone est entré dans la gueule du loup tout en le sachant pertinemment... C'est la preuve même que l'amour rend bête. Il avait cru bon de venir me voir en territoire ennemi et il pensait peut-être que la mort serait son châtiment pour sa tromperie. Il était du genre extrémiste et c'est ça qui l'a perdu. Si seulement son côté simpliste l'avait emporté, nous n'en serions pas là...



- J'ai su que le coup de foudre existait la première fois que je t'ai vu au parc. « On ne sait pas quand on tombe amoureux, on le remarque juste après. » Pourtant, moi, je l'ai su tout de suite. Tu étais différente, peut-être parce que tu es la seule au monde qui puisse parfaitement comprendre mon environnement ? Peut-être parce que tu m'étais interdite ? Je ne sais pas mais tous mes sens étaient agités face à toi et c'est à cause de ça que j'agissais comme un fou devant toi. Aujourd'hui, notre histoire se termine et je me demande à quoi a servie toute cette année au final ? Je sais, je suis culotté. Encore une fois, tout est de ma faute. Tu ne mérites pas ça et moi, je ne te mérite pas. La vie n'est ni un cadeau pour moi, ni pour un cadeau pour toi. C'est difficile pour tout le monde alors tachons de nous en sortir chacun de son côté et s'il te plaît, essaie de sortir de cette vie avant qu'il ne soit trop tard. J'espère que j'ai réussi à m'immiscer dans ton cœur et que tu ne garderas que les bons souvenirs de notre histoire. Je vais jeter ma puce au fond de la Seine maintenant alors je te souhaite une bonne continuation. Adieu.



Ce message, je l'ai relu des dizaines et des centaines de fois. Je le connais par cœur et à chaque fois, il me fait pleurer silencieusement. A chaque fois, j'aimerais remonter le temps pour réagir autrement et le sauver de cette mort prématurée.





Après ça, j'ai passé une semaine enfermée chez moi. Toutes mes journées étaient plus sombres qu'hier. Tous les jours, je revoyais la scène, Aylone mourrait à nouveau dans mes bras et je sentais de nouveau sa froideur. Tous les jours, je me réveillais en pleurant au bout d'une heure et je n'arrivais plus à dormir. J'aurais aimé que ma première dépression ne soit pas aussi sérieuse.

La télé était toujours allumée pour que le silence ne puisse pas régner pendant que je regarde qu'élues photos d'Aylone. De toute façon, ça fait bien longtemps que j'ai oublié quel effet ça faisait de n'entendre aucun bruit. Aujourd'hui encore, quand je suis seul, je me ré entends crier à Hidan et les autres de le laisser vivre. Je ré entends Aylone me dire qu'il m'aime avant de s'éteindre.

J'avais emmené Aylone dans une route déserte avant d'appeler l'hôpital en disant que j'avais trouvé un corps. Masquer cette affaire me donnait vraiment envie de vomir mais il m'était tout simplement impossible d'inventer une histoire sur des cambrioleurs qui auraient tué mon petit ami ou quoi que ce soit d'autre alors j'ai pris sur moi. C'est pour toutes les douleurs que j'ai enduré que je me suis promis de tous les tuer. Je les ai tellement détestés et pendant si longtemps que maintenant, je ne ressens rien à leur mort.

La seule mort qui m'a vraiment satisfaite a été celle d'Hidan. En y repensant, c'était très élaboré et il le méritait amplement étant donné que c'est lui qui a porté le coup final à Aylone même si au fond, ils sont tous pareil.

Pendant cette période dépressive où je n'arrivais pas à avaler quoi que ce soit et où je ne parlais quasiment à personne, mon père venait me voir quotidiennement. Il frappait et parlait à la porte pour me souhaiter une bonne journée avant d'y aller. Il me soutenait à sa manière mais à chaque fois, ça m'énervait. Comment j'aurais pu passer une bonne journée alors que l'homme de ma vie venait de mourir ? Comment a-t-il osé venir toquer à ma porte alors qu'il a défendu son gang face à sa fille ?

Aujourd'hui encore, je lui en veux pour ça mais lorsque je repense à notre dernière discussion et que je me dis qu'il est mort suite à ça, je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. C'est compliqué.

Nail était simplement un homme culotté. Tout s'est toujours passé comme il voulait et quand je faisais « un caprice », il attendait que je me calme ou très rarement, il y accédait. Il ne s'est jamais réellement occupé de moi, il ne savait que remplir mon portefeuille pour combler sa présence inexistante. Sa mafia a toujours été beaucoup plus importante que moi et il est mort pour ça.



- Nayla ! Ça fait dix minutes que je t'appelle !

- Sors d'ici, Iker.



Je sais que le double de mes clés était toujours à la villa mais voir Iker rentrer chez moi était assez inattendu.



- J'ai quelque chose d'important à te dire !

- Je m'en fous.

- Harris nous a attaqués à cause de la mort d'Aylone.

- Et alors ? Hidan est mort ?

- Ton père... il dit doucement après quelques secondes.

- Quoi ?

- Le Q.G. a été brûlé mais le chef nous a tous sauvé, il s'est sacrifié... Au début, c'était une bataille à la loyale mais l'un d'entre eux a utilisé cette ruse et c'est arrivé...

- Harris aussi est mort ? je demandai doucement.

- Oui, il a refusé de sortir, il me semble. Il était beaucoup trop aveuglé par le combat contre le chef.

- C'est normal... Ça veut dire que papa m'a laissé, lui aussi ? Et Harris a eu la chance de rejoindre Aylone, alors il ne reste que moi ? chuchotais-je.

- Tu ne peux pas mourir, Nayla ! cri-t-il en agrippant mes épaules alors que mes larmes avaient déjà commencé à couler. Tu es la fille de Nail, le nouveau chef !

- N'importe quoi, je ne veux pas être chef ! Je veux juste mourir, tu comprends ?! Ils sont tous partis à cause de leur stupide guerre, comment tu peux me demander de perpétuer cette tradition ?! Iker, j'ai même perdu ma mère à cause de ça, je suis complètement seule !

- Je resterais avec toi, il chuchote avant de me prendre dans ses bras.



Les mots d'Iker étaient sincère, il est toujours resté avec moi après ce moment. Je ne m'en rends compte que maintenant mais sa voix était cassée, à lui aussi, et ses yeux étaient rouges. Il avait dû déjà beaucoup pleurer avant de venir me voir. C'est normal, après tout il n'avait que 21 ans au moment des faits.

C'est donc de cette manière que je suis devenue le chef de Blood Print même si je ne le voulais pas réellement. Je me suis tout de même promis de quitter cette vie plus tard, comme je l'avais promis à Aylone mais il fallait d'abord que je le venge.

Aujourd'hui, ils sont tous morts alors il peut enfin reposer en paix. Le premier à périr a été Hidan, il y a trois ans. Accusé de trahison envers mon père en étant l'espion d'Harris, il a été tué par Hinaki sous mes propres yeux. Je n'étais encore qu'une novice à l'époque alors j'avais simplement dissimulé quelques « preuves » dans sa chambre et fait en sorte que Sabri, qui voulait se faire une place au moment de son arrivée, les trouve avant de l'accuser publiquement. Un véritable jeu d'enfant.

J'avais prévu de tuer Hinaki aussi. Après tout, ils étaient jumeaux et on pouvait facilement l'accuser également mais dès que les soupçons se sont tournés vers lui, il a sauvé sa peau en disant qu'il tuerait le traître lui-même. D'après ses dires : « il se sentait coupable de ne rien avoir remarqué. » C'était plutôt idiot de sa part de ne pas remarquer que son frère avait été accusé à tort.

Suite à ça, j'ai dû faire beaucoup plus attention à mes faits et gestes parce qu'il y avait trop de tension. Les Empreintes ont arrêté de se réunir une fois par semaine et il était rare que nous soyons tous ensemble à la villa. Pablo m'avait particulièrement à l'œil alors j'ai préféré repousser ma vengeance le temps que je devienne plus expérimenté en meurtre. De toute façon, le plus ignoble était déjà mort, ce qui a grandement apaisé ma haine. J'ai attendu trois ans puis Layvin est arrivé dans ma vie.

Dereck est mort comme un chien, Kisay a été tué par Layvin et Kézian a été assassiné par la Brigade Écarlate. Aujourd'hui, j'ai vu Annie morte dans les bras de Niklaus et je suppose qu'Hinaki est mort aussi sinon ça ne serait pas arrivé. J'ai heurté le corps de Sabri devant la porte et Iker a été tué par Layvin tout à l'heure...

J'ai préparé cette vengeance pendant tellement longtemps et Layvin Kadiri est venu et a tué la moitié de mon gang en à peine un mois ? Alors qu'il n'est qu'un amateur sorti de prison ? C'est une blague ?

Et maintenant il veut ma peau mais ça ne sert à rien de parler. Il a touché à Iker, celui qui a toujours été là pour moi. Je ne me laisserais pas faire, ça ne sert à rien de parler. Il faut que j'attaque avant lui.



- Je vais tuer Layvin.


___________
@_Loyaliste

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