L • XI.


Omniscient



Il est dix heures du soir quand Nayla termine d'élaborer son plan. Tout lui semblait enfin parfait, elle a donc pu quitter son bureau l'esprit tranquille avec le dossier de Layvin qu'elle n'avait pas encore lu à cause de son emploie du temps surchargé.



- Il y a un problème ? elle demande à ses hommes qui s'étaient levés dès son entrée dans la pièce. Depuis quand ils font preuve d'autant de respect ? elle se demande, méfiante.

- C'est quoi ton plan ?

- Je vous explique tout demain.

- Nayla, on ne va pas attendre que tu sois d'humeur à nous donner des ordres. On veut venger Kisay, maintenant.

- Maintenant ? elle demande presque en ricanant. Je crois vous avoir déjà dit que mon plan était réfléchi et qu'il ne fallait surtout pas foncer tête baissée comme vous avez l'habitude de faire.

- Il n'y a rien qu'on puisse faire ce soir ? demande poliment Iker.

- Laisse-moi réfléchir, elle soupire doucement en fouillant dans sa mémoire.

- Elle cède réellement à chaque fois qu'il s'agit d'Iker, soupire l'un d'entre eux. 

- On se passera de tes commentaires, répond Iker.



Nayla retourne rapidement dans son bureau pour récupérer le plan détaillé de sa stratégie avant de l'expliquer à chacun de ses compagnons. 



- Tout d'abord, il faut s'occuper de leur stratège. Celui qui récolte les enfants et qui m'a menacé, Adam Halim. Il habite dans le quartier nord, j'ai son adresse ici.

- Bien vu, dit Iker. Je m'en occupe.

- Ne le tue surtout pas. Il faudra l'interroger, il a sûrement des réponses à nos questions.

- Sans problèmes, il dit avant de sortir.

- Kézian, tu pourrais t'occuper de cet homme ? elle lui montre la photo d'un officier de police. C'est l'agent Coll et je crois savoir qu'il est de garde ce soir alors il faut vraiment que tu fasses attention, elle dit en soupirant. Tu peux attendre demain si tu veux, il ne travaille pas.

- Tu crois que j'ai peur de m'infiltrer dans un commissariat ? il demande en la toisant. Je m'en occupe tout de suite.

- Les autres, je vous demande juste de mémoriser les têtes de tout le monde pour l'instant. Je reviendrais vers vous demain.

- D'acc, ils répondent tous en cœur.



C'est bien la première fois depuis que Nayla est devenue chef qu'ils obéissent sagement à ses ordres. Elle sourit discrètement face à cette pensée mais sans oublier son ancienne rancœur et tourne les talons pour enfin rentrer chez elle.

Elle hésitait entre regarder la saison 2 de You ou prendre un bon bain chaud pour ne plus penser à cette longue journée de deuil. En plus du désespoir qui hantait la villa de sang et ses pensées vis-à-vis des Empreintes qu'elle trouvait hypocrites à cause de la « tristesse » qu'ils ressentaient mais qu'ils ont provoqué chez des centaines de personnes auparavant, Nayla pensa à un autre problème beaucoup plus important pour elle : Layvin.

Les fêtes hebdomadaires étant terminés, elle n'aura plus l'occasion de voir Layvin au moins une fois par semaine et comme Layvin est un homme qui ne la contacte jamais ou du moins, pas sans raison, elle savait déjà que c'était perdu d'avance.

Impossible de se servir de leurs soi-disant neveux pour se voir, elle entendait déjà l'homme mystérieux lui répondre qu'il n'avait pas que ça à faire.



- En plus il n'était même pas là hier, elle dit en soupirant. Je crois que c'est la première que je regrette qu'il n'y a que cinq fêtes. Enfin, Annie a au moins fait du bon boulot, elle dit totalement satisfaite de l'épaisseur du dossier.



En pensant à Annie, elle se souvient de la tristesse d'Hinaki. Elle devina sans peine qu'il s'était réfugié chez elle à cause de son ancien traumatisme. La chef des Empreintes songea quelques secondes à l'attachement excessif qu'Hinaki éprouvait pour sa compagne tout en souhaitant que personne ne l'aime de cette manière un jour.

Même si elle se faisait frapper, même si la menace devenait plus grande, Sheyla n'arrivait pas à renoncer à son premier amour. Hinaki a donc tenté de la blesser en éloignant Niklaus à l'aide de Valentina. Contrairement à ce que pense Hinaki, Niklaus a parfaitement le contrôle de la situation. En effet, il connaissait le lien entre Valentina et le groupe depuis bien longtemps. Il avait d'ailleurs envoyé Layvin vers elle pas plus tard que la semaine dernière mais il n'avait pas voulu accomplir cette mission.

Ainsi, les deux hommes pensent avoir le contrôle de la situation et notre triangle amoureux est devenu un carré.

D'ailleurs cette Valentina, avouant qu'elle en fait un peu trop pour un homme qu'elle ne connaît que depuis une semaine et pour qui elle n'a aucun sentiment. Ils se sont rencontrés samedi dernier lorsque Sheyla était trop occupé à se faire interroger par Layvin. Avant que Niklaus ne soit au courant de ce qu'il se passait, il buvait avec la Latina et ce serait sûrement aller plus loin s'il n'avait pas fini par localiser Sheyla à cause de son trop gros retard.

Du côté de notre antihéros, la situation était assez désastreuse. Mis à part pour prendre une douche d'à peine dix minutes, Layvin n'avait rien fait de sa journée. Depuis son retour, il était resté cloué au lit et n'avait pas dit un mot. Même lorsque ses camarades l'ont « réveillé » brutalement en criant et en sautant sur son lit, il n'avait pas crié comme à son habitude et s'était simplement levé pour aller faire sa toilette matinale.

Layvin n'avait pas fermé l'œil de la nuit, il n'avait cessé d'observer ses mains et comme ses ennemis, il avait l'impression que ses Empreintes étaient maintenant teintées de sang. A chaque fois qu'il voulait se lever pour les laver une énième fois, il se revoyait un peu plus tôt les essuyer sur une serviette propre malgré ses mains devenues rouges.

Le souvenir de Kisay le hante et la scène repasse en boucle dans sa tête à chaque fois qu'il ferme les yeux. Il se souvient de ses doigts imprégnés du liquide visqueux qu'est le sang et de la manière dont la scène lui a plu. « Je n'étais pas moi, ce n'est pas possible. » pense-t-il une énième fois à cause de sa trop grande culpabilité.

Layvin ne regrettait pas son acte mais le fait d'avoir retirer la vie à quelqu'un ne le mettait tout de même pas à l'aise. « Je ne vaux peut-être pas mieux qu'eux mais je dois garder la tête haute. Tout ça, c'est pour Neha. » se dit-il pour se rassurer.



- Layvin ?!

- Ouais ? il répond par réflexe sans comprendre ce que Niklaus et Shiloh font dans sa chambre.

- T'écoutes ce que je dis ?

- Ça dépend, t'es là depuis quand ? Je crois que j'ai commencé à t'écouter quand tu m'as appelé.

- Ce n'est pas vrai, dit Niklaus en soufflant.

- Ça ne va pas, noko ? demande Shiloh d'un air triste.

- Je suis juste un peu fatigué, il répond avec un petit sourire pour ne pas inquiéter Shiloh. Je t'écoute, Niklaus.

- Ce qui peut vraiment nous servir, c'est l'architecture de la maison. Concernant les membres, il n'y a pas vraiment grand choses d'important, à moins que tu ne veuilles t'en prendre à leur famille ?

- J'ai la flemme d'en arriver à là, il dit en soupirant, et puis ils sont tous sans cœur, je suis sûr que même si leurs mères mourraient devant eux, il ne bougerait pas d'un pouce.

- C'est possible, répond Niklaus en pensant à Hinaki. Il y a quelques points faibles inscrits mais rien de vraiment concret, leur date d'entrés dans le gang et ce qui va le plus nous servir, des photos.

- Que de futilités, soupire Layvin.

- On peut essayer de s'en servir.

- « On » ? J'espère que tu vas te salir les mains, cette fois.

- Quand est-ce que j'ai refusé de me salir les mains ?

- Tu n'as jamais vraiment rencontré Hinaki mais si tu l'avais vraiment voulu, ce serait terminer depuis longtemps.

- Si l'occasion s'était vraiment présentée, ça fait bien longtemps que j'aurais tué Hinaki.

- Fais attention à comment tu parles devant Shiloh, Niklaus.

- Ce n'est rien, dit Shiloh qui était captivé par leur conversation.

- Je ne te demande pas ton avis, tu n'as pas à entendre les histoires des grandes personnes. Va te laver, il dit pour se débarrasser de lui. 

- Je me suis déjà lavé hier !

- Ça compte plus.



Shiloh sort de la chambre tout en traînant des pieds mais sans se plaindre pour ne pas énerver davantage Layvin. Il décide de se cacher derrière la porte pour écouter leur discussion à cause de leur attitude trop suspecte.



- Phil n'est qu'un enfant mais il est déjà très intelligent. Fais attention à ce que tu dis devant lui, il n'a pas à être complice de nos crimes.

- Même si on le veut, tu crois vraiment qu'on peut lui cacher quelque chose ? Je suis sûr qu'il a déjà tout compris.

- Peu importe. Il doit avoir la conscience tranquille, ce n'est qu'un enfant.

- Et toi ?

- Quoi, moi ?

- T'as la conscience tranquille ?

- Comment je pourrais ?

- Mmh ?

- J'ai tué Kisay.



Shiloh étouffa son cri avant de courir jusqu'à la salle de bain pour ne pas en entendre davantage. Il chercha dans son cerveau si le mot « tuer » avec une autre signification que celle qui connaissait mais ça ne voulait dire qu'une chose pour lui : Layvin est un « méchant. »

Pendant ce temps, Layvin poursuivit son récit sans oublier de décrire, le regard vide, la sensation ressentie lors de l'acte, sa manière de procédé, l'éclaboussement du sang sur son visage ou encore les derniers mots de Kisay.

Niklaus l'écoutait attentivement en se demandant pourquoi le pouvoir de la mort n'avait pas encore consumé Layvin comme il l'avait fait avec tant de personne. De plus, loin de se sentir victorieux, le protagoniste éprouvait une culpabilité plus forte que sa soif de vengeance. Voilà une preuve suffisante de son humanité.



- J'ai l'impression que mes empreintes sont couvertes de sang et que je ne vaux pas mieux qu'eux, souffla-t-il.

- T'as oublié qu'ils avaient tué Neha ? 

- Non, bien sûr que non.

- Tout tes actes sont justifiés, Layvin alors ne culpabilise pas autant. Tu sais de toute façon qu'il est impossible de faire une marche arrière.

- Je sais.

- Layvin, ces Empreintes ont tués des centaines de gens innocents ou pas. Toi, tu n'as tué que l'une d'entre eux alors ne t'en veux pas. Tu n'as rien fait de mal.



Aussi réconfortant son discours soit-il, Layvin ne put s'empêcher de mépriser son beau-frère qui n'avait toujours pas sali ses mains. Néanmoins, le discours de son colocataire lui redonna un peu de force et de courage pour continuer sa vengeance. C'est tout ce qu'il avait besoin d'entendre.



- Je veux en tuer un, moi aussi, dit Niklaus, le regard complètement vide. Je veux en finir au plus vite avec ces ordures qui ont tué ma sœur.



Plus que ça, Niklaus voulait retourner au Canada pour fuir loin de cette vie pleine de criminalité. Ce mode de vie ne lui correspondait pas et avoir retrouvé Sheyla dans ces conditions plus que mauvaise était la chose qu'il regrettait le plus.



- J'ai fini de me laver, déclare Shiloh qui s'était simplement mouillé les cheveux.

- C'est ça, dit Niklaus sans le croire.



Devant Shiloh, Layvin se mit à penser qu'il n'aurait jamais dû l'héberger. En plus de s'être fait kidnapper, Shiloh pourrait avoir des séquelles plus grandes dans le futur. Et si son âme finissait par pourrir à cause de cette environnement trop pesant ? A cause de la trop grande mauvaise influence de Layvin ?

« Si seulement Isaac était encore en vie. » pensa-t-il, « Phil aurait été entre de meilleurs matins. »



- Tes parents reviennent quand ?

- Je ne connais pas la date mais ils devaient rester un mois quand tonton Isaac a commencé à me garder.

- Dans deux semaines alors, il dit en calculant rapidement le temps qu'ils leur restent ensemble.

- Bref, soupire Niklaus. On va manger ? il demande pour que Layvin se change les idées.

- Oui ! cri Shiloh.

- Allez-y sans moi.

- Tu ne veux même pas une pizza ?

- Je n'ai pas faim.



Klaus n'insulte pas plus et ne tarde pas à sortir avec leur jeune acolyte. Une fois Layvin seul dans l'appartement, ses pensées le submergèrent de nouveau. Son regard se pose sur le mur gris de sa chambre avant qu'un objet argenté attire son attention. Ces clés étaient posées sur son bureau depuis deux jours et il décida qu'il était maintenant temps de s'en débarrasser.

Du côté des Empreintes, Iker et Kézian effectuaient chacun de leur côté leur mission respective.

Iker vient tout juste d'arriver dans le quartier nord où réside Adam Halim, le chef de la Brigade Ecarlate. Comme si de rien était et d'une façon bien plus que décontracté, le sous-chef de Blood Print demanda aux dealeurs adossés contre le mur où était leur chef.



- Adam ? Pourquoi tu veux le voir ? demande l'un d'entre eux.

- Ça te concerne ? T'es sa mère ? répond insolemment Iker.

- Tu te prends pour qui à me parler comme ça ?

- Quelqu'un qui n'a pas besoin de sous-fifre tel que toi pour se protéger. Adam là, c'est une pute ou quoi ?



Iker n'a jamais eu aucun professionnalisme : devant les belles femmes, il s'agenouille et tente de leur voler un baisé et devant les garçons, il ne recherche que la bagarre. Cependant tout ce qu'il souhaite à l'heure actuelle, c'est d'évacuer sa tristesse.



- Eh, dites-moi, dit Iker dès qu'il sent les esprits s'échauffer, je peux vous niquer ?



Cette phrase a eu le même effet qu'une goutte d'eau faisant déborder le vase. L'homme en face de l'Empreinte s'est levé d'un bon pour le prendre par le col et c'est avec un sourire mesquin que Iker s'est laissé faire. « Prendre un coup pour avoir davantage de raisons de le frapper. » Voilà comment il pensait et il ne tarda pas à rendre le coup deux fois plus fort, accompagné d'un sentiment de haine immense. 

Le deuxième sous-fifre tente de « sauter » dans la bagarre mais sans résultat. Son ami était maintenant par terre en train de recevoir une dizaine de coups de pieds par minute tout en criant de douleur alors il n'osait même pas s'approcher.

En entendant le carnage au rez de chaussé, Adam décida enfin de descendre et c'est avec colère qu'il retrouva son acolyte dans un piteux état alors que le deuxième avait déjà fui au loin. 



- Adam Halim, c'est ça ? demanda Iker avant de nettoyer brièvement sa chaussure. Je crois que c'est à toi, ça, ajoute-il avant de mettre un gros coup au ventre de son ennemi pour le propulser sous les pieds de Halim.

- Tu vas le payer.

- C'est toi qui as commencé.



Une nouvelle bagarre commence rapidement. Iker qui est beaucoup plus que confiant, s'élance sans même s'y prendre sérieusement. En effet, Adam a beau être le chef, pour lui, personne ne le surpasse. Iker est, sans contestation, le plus fort des Empreintes. Sa puissance est telle qu'il pourrait se battre toute la journée sans fatiguer et il s'estime au point de croire qu'il est imbattable. Certains l'estiment plus que Pablo parce qu'il ne demande jamais d'aide, personne n'intervient jamais lors de ses combats. C'est un leader né.



- Allez, on rentre maintenant, souffle-t-il en portant Halim tel un sac à patates.



Kézian, de son côté, devait s'en prendre à l'agent Coll. C'est un policier qui fait affaire avec la Brigade Ecarlate pour arrondir ses fins de moi.

Le plan de Kézian était ce qu'il y avait de plus basique au monde : Se faire embarquer par la police pour tuer l'agent dans son propre lieu de travail. C'est dans cette optique qu'il a feinté une conduite en état d'ivresse et a terminé sa nuit au commissariat.

Rien ne trahissait sa mise en scène entre son haleine, ses cheveux décoiffés, la bouteille à ses pieds et sa voix légèrement cassé. Il n'avait ni pièce d'identité ni téléphone. Il se servait habituellement d'un vieux téléphone à clapet lorsqu'il était en mission mais il avait décidé de le jeter un peu plutôt pour brouiller les pistes.

Conduire comme un fou et faire des zigzags sur la route ne lui suffisait pas, il a carrément foncé sur une voiture de policier pour se faire arrêter. Les policiers énervés décidèrent d'examiner son cas le lendemain et de simplement l'emmener au poste pour le moment. Il dut quand même répondre à quelques questions étant donné qu'il ne possédait ni carte grise ni permis. Le véhicule correspondait cependant au nom qu'il avait donné alors il put passer cette étape de l'interrogatoire rapidement.

Les questions quant à son permis se multipliaient quand Kézian feint un vomissement pour qu'on puisse enfin le laisser tranquille. Il y avait déjà deux autres personnes dans la cellule mais sans y prêter attention, l'Empreinte s'allongea dans son coin pour dormir jusqu'au moment propice.

Son infiltration est un succès.

Arriver au Q.G., Iker avait rapidement préparé la salle de torture préférée de Kisay. Torturer n'était pas son truc mais en hommage à son défunt ami, il décida de copier sa technique pour disséquer le corps d'Adam comme celui d'un mort. Il ne l'empoisonnera pas malgré son penchant pour les poisons. Il fera tout comme s'il était Kisay.

Les poings attachés contre une longue barre en fer verticale au centre de la pièce, Adam Halim se trouvait maintenant face à Iker. Le sous-chef de Blood Print n'avait qu'une idée en tête : Faire le plus de dégât possible, mais comment procéder ? Est-ce qu'il fallait d'abord sectionner ses membres mineures tel que des oreilles et son nez ? Ou alors l'éventrer tout en se prenant pour Jack ? Il était encore mitigé quant à la technique qu'il devait utiliser.

La pièce avait été refroidi de telle manière qu'on se croirait au pôle nord et même si Adam se trouvait torse nu, ce n'était toujours pas assez pour Iker. Kisay, lui, ne laissait habituellement pas ses victimes mangeaient pendant au moins trois jours mais notre nouveau tortionnaire n'a pas cette patience. Si ça ne tenait qu'à lui, Adam serait déjà mort décapité puis disséquer.



- SABRI, DÉPÊCHE TOI !



Quelques secondes plus tard, Sabri et Pablo entrèrent dans la pièce en transportant une grosse baignoire d'eau bouillante.



- C'est lourd, se plaint Pablo.

- C'est chaud, ça fait du bien, ajoute Sabri.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Il fait froid ici.

- T'es vraiment trop frileux.

- Oh, il n'a encore aucune blessure ? remarque Pablo.

- Déposez ça et partez, soupire Iker.



Ils s'exécutent sans déconcentrer davantage leur ami qui s'apprêtait enfin à découvrir la vérité. Iker soupira un grand coup avant de plonger le visage d'Adam Halim dans la baignoire. Le chef de la Brigade poussa un cri digne d'un loup et même capable de réveiller tout Paris, ce qui força Iker à se boucher les oreilles avant de le poignarder sauvagement en lui ordonnant de se taire.

« Ça va être bien chiant. » il soupire avant de s'y remettre.

De retour du côté de Kézian, son estomac se mit à gargouiller à 4h05 précise pour lui signaliser qu'il était temps d'agir. Comme il l'avait si bien calculé, le policier de garde était au petit coin à cause de sa vessie beaucoup trop remplie par du café.

Après avoir détourner la caméra en direction du couloir, l'Empreinte a facilement ouvert sa cellule pour s'échapper. Dès son arrivée, il avait pris soin de voler une clé pour ne pas perdre trop de temps étant donné son manque de connaissance informatique qui l'empêchait de pirater le système discrètement.

Kézian s'accorda seulement cinq minutes pour faire son opération. Vu l'heure tardive, on ne remarquera pas immédiatement que la caméra a été détourné et le garde pourrait même somnoler au W.C. Toutes ces informations en tête, il passa par les conduits d'aérations pour commencer l'opération. Le chemin se divisa rapidement en deux et après quelques secondes de réflexions, il décida d'aller à gauche étant donné que le commissariat se trouvait de l'autre côté.

Là-bas, il ouvre la cage à l'aide de son tournevis pour descendre à la pièce où se trouvait toute l'installation électrique du bâtiment. Muni d'une pince, il fait très attention en coupant d'abord le fil bleu, le jaune puis le rouge pour que tout s'éteigne.



- Ouf, souffle t-il. Ça aurait été bête de mourir maintenant.



Il rebrousse chemin et passe cette fois-ci à droite pour trouver le bureau de Coll. Ce qui est sûr, c'est qu'il est de service cette nuit mais n'ayant vu sa tête qu'une fois, Kézian devait faire un effort surhumain pour se souvenir de sa tête.

Après maintes observations au sein du commissariat, il ne trouva personne ayant un visage familier mais compris au moins qu'il avait gagné du temps. Il rebroussa chemin à contre cœur jusqu'à la pièce de l'installation électrique et y trouva enfin le condamné à mort.



- Il était temps, souffle-t-il. Ce serait plus facile de dissimuler sa mort au moins, il pense en le voyant essayer de réparer les fils.



Après un court temps d'analyse, Kézian descendit rapidement de la cage en se souvenant que le gardien à la caféine ne tarderait pas à revenir malgré la quantité consommé.

D'abord très surpris de voir l'Empreinte derrière lui, le policier poussa un cri d'effroi avant de finir étouffer par la main de Kézian.



- Ça ne va pas la tête ? Il me reste environ une minute avant qu'on remarque que la caméra a été détourné. Et puis merde, t'as salis ma main espèce de tueur d'enfants.



A l'entente de cette phrase, l'agent se calme immédiatement et tout son visage devient pâle comme si on avait découvert où se caché un trésor inestimable tel que le One Piece ou encore comme si la Boite de Pandore s'était ouvert sous ses yeux. Kézian se retint de rire face à cette expression qu'il trouvait si drôle mais repris son calme dès qu'il réalisa qu'il ne lui restait plus que quelques secondes avant d'être découvert.



- Je le fais pour Kisay, il dit avant de passer sa main sur le cou du policier et resserrer son emprise petit à petit.



Coll perd très vite connaissance ce qui permet à Kézian de l'électrocuter sans peine. Trouvant que ce n'est pas assez, l'assassin l'étrangle une nouvelle fois avec les fils pour s'assurer qu'il ne respire vraiment plus. La peau du policier était devenu vraiment pâle mais sans aucune goutte de sang, il était difficile pour l'Empreinte de ressentiez une once de satisfaction.

Il retourne dans sa cellule à contre cœur sans oublier de remettre la caméra à sa place avant de s'allonger comme si de rien était. L'alarme d'urgence sonne presque immédiatement signifiant que le corps de Coll a été découvert mais également que Kézian avait réussi sa mission.

Il s'endormit avec leurs cris de panique comme berceuse.

Nayla était captivé par la télé quand l'épisode final se termina sur un nouveau mystère. Des mauvaises idées lui traversent l'esprit tel que prendre l'exemple de Joe en séquestrant Layvin mais elle se rétracta immédiatement en souhaitant un amour réciproque.

Malgré l'heure tardive, elle fit couler l'eau pour son bain et s'attacha rapidement les cheveux avec quelques élastiques. Prévoyant de lire le dossier de Layvin, elle prit son enceinte pour écouter de doux sons au thème de l'amour en musique de fond puis elle se fondit dans sa baignoire après y avoir jeté une bombe de bain parfumé.

Nayla chantait avec tant d'émotions à cause de ce couplet qui d'après elle, correspondait entièrement à sa situation, si bien que ses yeux se fermèrent malgré elle et l'avait empêché de se rendre compte que le dossier n'était plus dans sa main droite.

Presque immédiatement, elle se rendit compte de sa disparition et ouvrit les yeux en sursautant par peur que le dossier soit mouillé mais la surprise fut double lorsqu'elle aperçut Layvin assis sur le rebord de son lavabo.



- C'est ça que tu cherches ? demande Layvin, le dossier à la main.

- Layvin ?! cri-t-elle en essayant de créer une mousse pour cacher sa poitrine.



Layvin ria quelques instants face à son geste qu'il trouvait presque idiot. Il est vrai qu'il avait observé sa poitrine une demi seconde avant de se rétracter mais ne le sachant pas, n'était ce pas ridicule de ne cacher sa poitrine que maintenant alors qu'il était là depuis plus de cinq minutes ?

Non seulement il trouvait ça bête de continuer à jouer ce rôle de jeune fille innocente mais en plus son geste, pourtant naturel et anodin, dégoûta Layvin au plus haut point qui pensa qu'il ne risquait vraiment pas de devenir infidèle maintenant.



- Qu'est ce que tu fais là ?

- Je suis venu te rendre tes clés, je les avais depuis bien trop longtemps déjà.

- Ah oui, c'est vrai.

- Pourquoi ce dossier porte mon nom ? il demande tout en connaissant la réponse.

- C'est... C'est parce que... elle commence à bégayer.

- T'as mené une enquête sur moi ?

- Enfaite... C'est...

- Ça suffit, il soupire agacer. Je sais qui tu es.

- Qui je suis ? elle répète en jouant avec son collier, ce qui fonce Layvin a abaissé son regard jusqu'à la poitrine de son ennemi.



Ses pensées devenaient impures en observant la jeune femme devant lui. Son regard devint vide quand il se demanda si c'était possible de prendre la place de ce collier pour se perdre au milieu de la poitrine de Nayla.

Layvin n'avait qu'à regarder ses mains pour garder le contrôle, pour se souvenir de ce qu'ils ont fait de lui, de tout ce qu'ils lui ont fait de mal et la tentation de toucher Nayla s'en aller aussi tôt. « Je suis sûrement redevenu vierge. » pensa-t-il en esquissant un sourire. 



- Chef de Blood Print, non ?

- Qui t'as dit ça ?

- Et si je te le dis, tu vas faire quoi ? Le tuer ? il demande en riant nerveusement. C'est hors de question qu'elle touche à Shiloh, pensa-t-il en la regardent de manière hostile.

- Peu importe de toute façon, soupire-t-elle. Ça ne change rien que tu le saches ou pas.

- Si ça ne change rien, j'aurais apprécié que tu me le dises plus tôt.

- Tu considères que nous sommes assez proche pour que je puisse t'en parler ? Je n'ai juste pas juger ça utile.

- C'est vrai que c'était inutile de me le dire étant donné que tu jouais un rôle depuis tout ce temps. Comme une petite fille fragile, angoissant après avoir commis son premier meurtre, pouvait en réalité être le chef du plus grand gang de la région ?

- C'est toi qui m'as collé cette image de petite fille fragile, Layvin.

- Si j'avais pleuré devant toi, tu m'aurais perçu exactement de la même manière que maintenant ?

- Je n'en sais rien. Tout ce que je veux, c'est qu'on règne sur cette ville ensemble.

- T'es malade ? il demande en fronçant les sourcils.

- Je suis sérieuse, Layvin. Je veux que nous créons un gang tous les deux et qu'on...

- Tu veux des choses qui ne se feront jamais, il lui coupe la parole. Nayla, je ne t'aime pas.

- Mais... murmure-t-elle.

- C'est moi qui aie tué Kisay.

- Quoi ?

- T'as très bien entendu, c'était le premier mais pas le dernier. Je ne sais pas si t'as déjà lu le dossier mais je vais te révéler le plus important :  J'ai été accusé à tort pour le viol de ma fille et suspecté d'avoir tué ma femme alors qu'elle a été tuée par l'égorgeur de Blood Print.

- Mon père... elle dit doucement.

- C'est ton père ? il demande en riant nerveusement.



L'envie de détruire Nayla le submergea un instant. Layvin se dit que si Jadina avait autant souffert, c'était légitime d'abuser de la fille de son malfaiteur ou encore de profiter pleinement de ses sentiments pour mieux la détruire.

Il prit une longue inspiration avant d'abandonner ses idées à cause de tous les principes qu'il devait abandonner pour réaliser son plan, notamment sa « virginité » et le fait que même si son acte n'aurait rien d'un viol étant donné le supposé consentement de Nayla, il ne s'abaisserait jamais à ce niveau.



- Il est mort, dit Nayla.

- Ça veut dire que je suis obligé de te tuer, il déduit après quelques secondes de réflexion.

- C'est ridicule.

- Pas plus que votre façon de vivre dans l'illégalité et pourtant c'est ça qui a tué ma femme

- Je n'ai rien avoir avec ça. Je n'ai pas rejoint ce gang de mon plein gré et la vérité, c'est que j'essaie même de les détruire. C'est moi qui a tué Dereck, t'as oublié ?

- Nayla peu m'importe tes actes ou ta position. Pour moi, tu n'es que la fille de ton père.



En se rendant compte qu'elle n'était même plus sa « Bonnie sur le plan d'action », Nayla maudit son sang au plus haut point et Layvin par la même occasion qui, trop têtu pour continuer leur alliance, annoncer clairement qu'il ferait d'elle son ennemie.



- Tu veux détruire Blood Print et moi aussi, alors...

- Non, dit-il en secouant sa tête. Tu es aussi une Empreinte, Nayla. Je ne peux pas te laisser la vie sauve.

- Layvin, ensemble, on est plus puissant. 

- Je ne veux pas être puissant, vous avez fait de moi un assassin.

- Je ne veux pas qu'on s'entretue, pas avec toi. Je veux qu'on coopère.

- Tu veux redevenir ma Bonnie ? C'est ça ?

- Oui... murmura-t-elle en se souvenant de leur premier crime. Nous ne sommes pas faits pour être ennemis.

- Nayla, en tant que chef mais surtout à cause de ton milieu, tu n'aurais jamais dû t'attacher ni à moi ni à qui que ce soit.

- Les conséquences m'ont pourtant déjà corrigé, elle dit doucement, mais tout est de ta faute.

- De ma faute ? il demande à bout de nerfs. Tu n'as qu'à te pendre si rien ne te va, ça m'évitera de te tuer.

- Seigneur... soupire-t-elle. Pourquoi mes amours sont toujours aussi compliqués ? se demande-t-elle silencieusement.

- Tu penses avoir le droit de mentionner Dieu ?

- Pas d'état d'âme, s'il te plaît.

- Et tu penses vraiment que je pourrais de nouveau m'associer à toi un jour ? Tu sais, en prison, beaucoup disaient que j'étais néfaste et ils n'avaient pas tellement tort vu que tout le monde mourrait autour de moi et ceux, depuis tout petit... se dit-il en pensant à son père décédé. Alors le jour où tu m'as approché, c'est comme si tu avais déjà signé ton arrêt de mort. C'est ton attachement qui te tuera, Nayla.

- Que le plus fort gagne.



C'est une déclaration de guerre.



___________
@_Loyaliste

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