L • X.
Layvin
J'observe tous les recoins de cette villa, de leur base, du Q.G. de mes ennemis. J'ai la conviction d'être seul et pourtant j'ai l'impression d'être observé en retour. Le fait que je puisse rendre l'âme à tout moment me met mal à l'aise.
J'avance lentement jusqu'à la pièce qui me laisse penser que c'est le bureau du grand chef, enfin, de Nayla, et sans grande surprise, tout est parfaitement ordinaire. Il y a même un cadre sur son bureau qui contient une photo d'elle accompagné de l'homme qui a tranché la gorge de Neha.
Je crois que je reconnaitrais ce visage entre mille. Il n'y a aucun doute possible, c'est bien lui. La manière dont réagi mon corps ne peut pas me tromper, si ma tension monte en ce moment même, c'est parce que je le bouillonne à la vue de cette photo où il sourit de manière aussi innocente.
Mais où se cache-t-il depuis tout ce temps ? Pourquoi il ne fait plus parti de Blood Print ? Pourquoi c'est une petite fille comme Nayla qui a pris la relève du soi-disant plus grand gang de la région ? Il estime peut-être qu'il a fait son temps et est parti se reposer sur une île paradisiaque avec quelques prostitués ?
Ce n'est pas vrai, rien que de l'imaginer, ça m'énerve déjà. Je sens que si ma grotesque intuition est bonne, je le traquerais jusqu'à la fin de ma vie. Moi vivant, il ne s'en sortira jamais. Je n'ai franchement pas envie de le poursuivre mais s'il le faut, je le ferais. Le mieux serait qu'il sorte de sa cachette une fois que tous les membres seront morts pour que je puisse le tuer facilement et terminer le massacre de ces gens.
- Reprends ton calme Layvin, dis-je en soupirant. Tu es ici pour une mission sérieuse.
Je pousse l'étagère du centre qui contient des cassettes pour laisser apparaître un beau petit bouton rouge. Contrairement aux apparences, Nayla a de la suite dans les idées. Je pensais que c'était que dans les séries que les gens installaient une pièce secrète dans leur propre maison.
Je sers la Croix autour de mon cou quelques secondes avant de descendre les escaliers. La porte se ferme automatiquement derrière moi, j'ai l'impression d'être dans un film d'horreur et si une momie apparaissait derrière moi ?
- Argh, si ça arrive, je vais vraiment la tuer.
Rapidement, j'arrive dans un endroit qui, contrairement à ce que je pensais, est très chaleureux même si ce qu'il contient n'est pas en apparence avec le contenu. Je suppose qu'elle aime au calme pour sa lecture.
J'ouvre un tiroir au hasard et tombe sur un dossier qui contient à son tour plusieurs chemises. Je me rends rapidement compte que ce tiroir concerne uniquement des informations sur chacun des membres et ça n'a pas été dur de tout photographier. C'est peut-être de la pure logique mais il n'y avait rien sur Nail ni sur Nayla.
J'ouvre ensuite le deuxième tiroir. Classé par ordre alphabétique, ça n'a pas été difficile de trouver le nom « Shadary. » Je lis rapidement le dossier tout en photographiant, le tampon réussite me force presque à chiffonner la feuille tellement ça me met les nerfs.
Je crois que la colère excessive est un des sept péchés capitaux et sans compter les autres bêtises que j'ai commis depuis ma naissance, je crois vraiment que cette émotion ne va pas me mener au Paradis. « Je suis tout le temps énervé. » pensais-je en soupirant.
Je prends en photo l'architecture de la maison sans oublier les photos de toutes les Empreintes. J'ai pratiquement fait le tour des dossiers, il ne reste qu'une grande bibliothèque contenant divers romans d'action. Je m'apprêtais à m'en aller mais j'ai cru loucher quand j'ai aperçu un dossier presque vide sur la table.
Layvin Kadiri, c'est moi, non ? Qu'est-ce qu'un dossier à mon nom fout ici ? Si Nayla a enquêté sur moi, c'est sûrement qu'elle veut me tuer, non ? Enfin, peu importe, je le ferais en premier.
- Annie call, j'entends à l'oreillette.
- Ouais ? je réponds presque immédiatement alors que je suis en train de survoler mon dossier.
- Kisay est rentré, je j'ai essayé de le retenir mais il n'a rien voulu savoir. A mon avis, il est juste venu récupérer quelque chose alors caches-toi pour l'instant.
- Me cacher ? Je n'ai pas l'âge à Phil et je crois que même lui aurait trouver ta proposition ridicule. Enfin, il a quand même cru qu'on voulait le manger alors bon... Bref, mon neveu est tout seul, je dois faire vite donc j'arrive.
- Et comment tu comptes t'y prendre ?
- À ton âge tu devrais déjà savoir à quoi sert une porte je dis avant de raccrocher.
Ça tombe bien qu'une Epreinte soit là, j'ai beaucoup trop de haine a évacué ces derniers temps et il faudrait vraiment que je sois bête pour laisser passer cette occasion en or.
Je sors de la pièce secrète et aussi vite du bureau de Nayla et tombe directement sur le fameux Kisay. Décidemment, il a une vraie tête de vicieux. Je crois que si on me disait un jour qu'on se ressemblait, je me sentirais vraiment offensé et ceux, sûrement jusque la fin de ma vie.
- Kisay, je présume ?
- Exact, tu es ?
- Layvin Kadiri.
- Un intrus, donc, il dit en baillant. Fais chier, je n'avais pas envie de tuer quelqu'un ce soir.
- Ne t'en fais pas, tu ne tueras plus jamais.
- Quoi ? il demande en m'attrapant par le col.
Je ris presque devant son « coup de pression. » Il croit que c'est comme ça qu'on commence à un duel à mort ? Peut-être qu'il se croit dans un film ? Je n'ai vraiment pas de temps à perdre, je crois avoir précisé que Shiloh m'attendait à la maison, non ? Je comptais en finir rapidement en lui tirant une balle mais s'il veut d'abord se battre, je dois encore plus me dépêcher.
- Kadiri ? Ça ne me dit rien.
- Je suis celui qui va tous vous exterminer.
Mon poing me démangeait alors je l'ai tranquillement frappé avec. La scène était digne d'un film, sérieux. Son petit cri de douleur a même fallu me faire rire dans cette situation plus que sérieuse. Je n'ai encore rien fait et pourtant, je ressens déjà du plaisir à la voir souffrir. S'il commence déjà à crier alors que je suis à un niveau aussi bas, qu'est-ce que ce sera après ?
- Tu n'es pas censé être un tortionnaire, toi ? T'es incapable de te défendre ou quoi ? Si t'es bon qu'à faire souffrir autrui sans même être toi-même capable d'endurer la douleur, c'est de la triche, je crois. Je vais te laisser conserver un peu de dignité et me dire que je suis juste trop fort pour toi-même si sincèrement, mon coup ne valait pas la peine de tomber aussi dramatiquement par terre, je ris un peu en revoyant la scène. C'est dommage, je m'abaisse à son niveau, le rire coupé net. T'es bien pitoyable.
Je ne suis certainement pas l'homme le plus fort du monde mais l'homme en face de moi est bien trop faible pour que je sois mis en quelconque difficulté. Si tout le groupe à ce niveau-là, la moindre des choses c'était de m'informer. Je ne me serais pas entraîné pendant quatre ans pour cet instant et bien d'autres qui arriveront après celui-ci.
J'espère simplement que Kisay est le plus faible de la bande et que je n'ai pas perdu mon temps à essayer de devenir plus fort pour affronter des gens trop faibles. Enfin, c'est peut-être l'adrénaline qui me donne des ailes, qui sait ? Ça expliquerait pourquoi je ne ressens aucune douleur.
- Je vivais une vie tout à fait ordinaire jusqu'à ce que ma femme soit tué devant moi et que ma fille ait perdu sa virginité avant même de comprendre ce que c'était... J'ai été accusé à tort pour un crime affreux que vous avez commis alors... Il est temps de payer maintenant.
Mes souvenirs me reviennent clairement en tête. Je me souviens clairement de cette seule nuit où j'ai tout perdu. Je me souviens des cris de Neha, des pleurs de Jadina et des rires grossiers de ses assassins... Oui, la scène est encore net en moi.
Ma fille a vu sa mère de faire tuer et a été horrifié et dégoûté des hommes au point de refuser de se réfugier dans mes bras. Lorsqu'elle appelait sa mère qui ne pouvait plus lui répondre et que tout le monde se moquait d'elle, lorsque je n'ai pas eu le réflexe de lui couvrir les yeux pour éviter qu'elle voit de désastre, tout le monde est devenu un ennemi pour elle. Si toute la ville me pensait coupable, c'était le cadet de soucis mais Jadina, elle, m'en voulait pour une dure réalité : Je n'avais pas su protéger sa mère.
Souvent, quand la lune ne brillait pas pour éclairer ma cellule et que tout était noir autour de moi, je ré entendais les pleurs de Jadina et revoyait encore nettement son petit corps frêle rampant jusqu'au corps froid de Neha. Ma petite fille n'avait plus de force dans ses jambes à cause de leur acte plus que traumatisant. Alors qu'elle avait crié pendant toute la durée de son viol, Jadina n'avait pas lâché un seul cri quand elle a vu le sang giclé du corps de sa mère. D'une petite voix presque silencieuse, elle lui a demandé de se réveiller. Elle tentait de sauver sa maman et même son petit frère en leur suppliant de ne plus être aussi froid, de ne pas laisser leur âme s'échapper.
- Pourquoi tu ne réponds pas à mes coups ?! Frappe-moi au moins, qu'est-ce que je dois faire pour que tu réagisses ?!
Plus que de la colère, je ressentais une énorme frustration. Pourquoi est-ce si facile ? A quel point j'étais faible il y a quatre ans pour qu'une personne comme lui ait réussi à détruire ma famille ? J'ai honte de moi-même, du Layvin d'il y a quatre ans. A l'heure actuelle, c'est lui que je voudrais frapper à cause de son incapacité à défendre sa femme. Si j'avais été fort depuis le début, je ne serais pas devenu ce Layvin morose et monstrueux que je suis aujourd'hui. Si j'avais été fort depuis le début, Neha ne serait pas morte.
C'est affligeant de mener cette vie tout en sachant que je ne ressemblerais plus jamais à celui que j'étais avant. J'en ai marre de cette situation, ça ne m'amuse pas. Ça fait une éternité que j'attends ce moment mais maintenant, je veux juste vite en finir pour rentrer « à la maison » et retrouver Shiloh.
- J-je ne... sais p-pas qui... t-tu es, bafouille-t-il.
- Peu m'importe, je dis en resserrant mon emprise sur lui.
Plus ma main se referme sur son cou et plus ses mots deviennent incompréhensibles à mon oreille. Je crois qu'il m'implore de le laisser en vie mais je ne suis pas tout à fait sûr et puis de toute façon, qu'est-ce que ça change ? Ce n'est pas comme si j'allais exaucer sa dernière volonté. Est-ce qu'il fera quelque chose de bien si je lui laisse la vie sauve ? Absolument pas. C'est vraiment ridicule de m'implorer jusqu'à son dernier souffle de cette manière, j'aurais préféré qu'il me maudisse comme je l'aurais fait à sa place.
Rapidement, j'aperçois ses veines ressortirent sur son front et je les sens sur son cou. Le spectacle est vraiment écœurant et si lui couper le souffle n'était pas suffisant pour le tuer, lui trancher la gorge lui avait définitivement retirer la vie.
Ses yeux perdent leurs éclats comme Neha ce soir-là, ses pupilles se dilatent jusqu'à laisser place au néant. Moi par contre, on dirait que je vois tout en rouge. L'odeur du sang inonde mes narines et me donne envie de vomir.
Ce soir, je suis devenu un assassin.
Nayla
Entièrement vêtue de noir, mes hommes attendaient de moi que je récite quelques mots d'adieu pour Kisay. Il a été retrouvé mort hier en plein milieu du salon. Je revois encore le sang séché sur sa peau et sa gorge tranché. Il y avait aussi des traces de doigt sur son cou mais je n'ai pas observé son corps trop longtemps, c'était tellement écœurant. Le salon avait même acquis une odeur nauséabonde à cause de son cadavre. Ce qui est sûr, c'est que la personne qui l'a tué devait vraiment le détester.
- Hier soir, une Empreinte nous a quitté. Nous recouvrons aujourd'hui son corps avec de la terre pour qu'il retrouve le repos éternel, s'il le peut, je dis doucement. Dans ce jardin, notre cimetière, on enterre aujourd'hui notre combattant Kisay. Merci à toi de t'être dévoué corps et âme à notre gang. Paix à ton âme, je dis en déposant une fleur sur sa "tombe."
- Amen, ils disent tous machinalement.
Dire « amen » pour Kisay, c'est comme offenser Dieu. Dereck passe encore mais Kisay, c'était un démon sortit tout droit de l'enfer. C'était l'un des plus forts, dû au fait de sa cruauté sans appel. Certes, ce n'était pas le pire d'entre nous mais c'était loin d'être le meilleur, il était sanglant et c'est peut-être pour ça qu'il est mort de cette manière. Il aimait parler des derniers soupirs de ses victimes et de leurs cris tout en nous expliquant à quel point ça le ravissait.
Le gang que je dirige n'a rien de faible. Nous avons mené plusieurs batailles dans le passé et nous n'en avons jamais perdu aucune mis à part celle où papa est mort même si on ne peut ni la considérer comme gagner, ni comme perdue. Pour tout dire, on ne compte que trois morts depuis la fondation de Blood Print qui date déjà de plus de vingt ans : Papa, Hidan qui a été tué par Hinaki et Dereck que j'ai tué avec l'aide de Layvin. Kisay est donc le quatrième sur la liste.
Ça fait un bon moment que j'ai pour projet de tuer toutes les Empreintes mais j'avoue que ça m'effraie un peu de savoir que nous sommes pris pour cible. Le fait que Kisay ait été tué dans notre propre manoir et que je vais devoir enquêter sur un assassin qui veut potentiellement tous nous tuer me donne la chair de poule. Qui a été assez fort pour tuer Kisay ? Qui a réussi à s'infiltrer dans notre propre Q.G. ? Soit il y a un traître parmi nous, soit je ne sais pas. C'est une histoire beaucoup trop louche.
De toute façon, je n'ai pas le temps de m'en occuper pour l'instant. Les garçons veulent un coupable maintenant et j'ai le bouc émissaire parfait pour ça : La Brigade Ecarlate.
Ces trafiquants méritent de toute façon de mourir à cause de tous les enfants qui sont morts par leur faute. Envoyer Francky là-bas était vraiment très risqué même si mon autorité suffisait à la protéger, ses parents me tueront s'ils sont mis au courant. J'ai au moins pu apprendre que Layvin avait un neveu, c'est déjà ça.
D'ailleurs, j'ai appris un tas de chose sur lui, comme son nom de famille. Qui aurait cru que le plus dur, ce n'était pas de fouiller dans son passé ou même interroger sa famille mais juste de trouver son nom ? C'était aussi compliqué d'avoir son prénom d'ailleurs.
Hier, c'était la dernière soirée et il n'est même pas venu. J'ai attendu sur mon balcon de voir sa Mercedes arrivait toute la soirée. Je me demandais ce qu'il faisait, peut-être qu'il gardait son neveu, peut-être qu'il a eu une urgence, qui sait ? En tout cas moi, je ne sais pas quand je vais le revoir.
Ma geek préférée m'a fourni un dossier complet sur Layvin qui m'attend bien sagement sur mon bureau. Si seulement on s'entendait mieux que ça, il m'aurait tout dévoilé naturellement. Je n'aurais jamais eu besoin d'enquêter sur lui pour tenter de m'en rapprocher. Argh, je préférais mille fois ne pas avoir à faire ça mais je sais pertinemment qu'aucune autre technique ne fonctionne sur l'homme mystérieux.
- Qui a bien pu tuer Kisay ? demande Iker en me sortant de mes pensées.
- Peut-être la même personne qui a tué Dereck, réplique Pablo.
- Je ne pense pas, soupirais-je parce que je sais pertinemment que ce n'est pas moi. Pablo, tu te souviens de la brigade écarlate ?
- Ces trafiquants d'êtres humains ?
- J'ai récemment fait une inspection alors ils m'ont menacé. C'est peut-être eux ?
Je n'arrive pas à croire que Pablo était au courant pour leur trafique mais qu'il ne m'ait rien dit. C'est à croire que je travaille toute seule ici.
- Alors c'est toi qui les as cherchés, espèce de petite conne ?! cri Kézian comme s'il parlait à sa petite sœur.
- La ferme, ils étaient hostiles depuis bien longtemps envers nous. C'est même pour ça que je suis parti enquêter.
- Dereck et maintenant Kisay ! cri Sabri. Il faut qu'on se venge cette fois !
- Faisons les choses calment, je soupire encore une fois à cause du bruit que font ces imbéciles. On doit tous les exterminer. Je ne vous parle pas d'une bataille futile comme on en faisant avant mais d'un plan organisé pour que chacun souffre comme il se doit avant de mourir.
- Pour une fois que tu dis quelque chose d'intelligent.
- C'est quoi ton plan ?
- Il faut encore que je réfléchisse aux détails. On ne sait pas lequel l'a tué alors mieux vaut tous les faire souffrir individuellement pour qu'ils avouent.
- De toute façon, ils vont tous mourir, soupire Hinaki.
- On ne te connaissait pas si proche de Kisay, réplique Kézian en me toisant.
- Nous sommes censés être le meilleur gang de la région et ces imbéciles osent souiller notre réputation ? Ils veulent nous tuer pour prendre notre place et tu crois vraiment que je vais les laisser faire ?
- T'as l'air bien sûr que c'est eux.
- Vous avez des ennemis ?! je cri tellement j'en ai marre de leur interrogatoire. Dites-moi qu'on mette tout ça au clair ! Vous ne me croyez jamais quand je parle, quand j'agis ! Je n'ai jamais voulu devenir chef, moi ! C'est Iker qui m'a forcé donc si vous ne voulez pas de moi, il ne fallait pas accepter !
- Nayla, t'es louche.
Etant donné que la réflexion avait été faite par Sabri, je n'ai même pas eu besoin de réfléchir avant de lui mettre une droite. Je laisse parfois passer ses petites remarques quand je suis de bonne humeur mais je suis arrivée à un point où je ne supporte même plus de le voir. D'ailleurs, je crois même que c'est lui le prochain que je vais tuer.
Que les autres me méprisent parce que je n'ai pas le quart du talent de meneur et de la puissance de mon père, je conçois un minimum mais Sabri, pour qui se prend-t-il ?! Non seulement c'est le plus faible de la bande mais en plus de ça, il est arrivé il y a à peine un an et il a le même âge que moi ! Contrairement aux autres qui me sous estiment parce que je suis une jeune femme, lui, il me sous-estime juste pour suivre le mouvement, c'est un véritable mouton de Panurge !
- Les gars, vous abusez un peu, dit Iker.
- Si vous ne croyez jamais Nayla, comment voulez-vous qu'on avance ? demande Pablo.
- Heureusement qu'ils me soutiennent toujours, pensais-je en soupirant.
- Nayla explique-nous ton plan, me demande Hinaki.
Parmi tous, Hinaki est celui qui me déteste le plus je pense et s'il me soutient aussi clairement, personne ne peut plus douter de moi. Ça oblige toutes les autres Empreintes à se taire, même Kézian qui a l'habitude de contester toutes mes décisions.
- Je n'ai pas encore eu le temps d'y penser convenablement mais laissez-moi un peu de temps. Je vous expliquerais tout demain.
- A demain alors, il dit avant de sortir du Q.G.
- Iker, tu pourrais me trouver des informations sur eux ? Je voudrais savoir combien ils sont, leur type d'armes et leurs différentes manières d'opérer.
- Sans problème.
- Merci, je dis avant de retourner dans mon bureau.
Un long soupire s'échappe de moi une fois que je me retrouve enfin seule dans ma pièce « secrète. » Le dossier de Layvin est là, éparpillé mais à l'évidence. Il est si épais et je ne peux même pas le lire à cause de l'urgence du moment.
Dire que c'est à moi d'organiser la vengeance d'une personne que je voulais de toute façon tuer, c'est presque insultant envers Aylone mais enfin, il faut voir les choses du bon côté, je vais éliminer ce sale groupe de trafiquants d'enfants qu'est la Brigade Ecarlate.
Je ne tiens pas à prouver ma valeur à qui que ce soit mais je déteste vraiment la manière dont ils m'ont traité. Tout aurait été oublié s'ils m'avaient laissé partir avec le neveu de Layvin mais étant donné qu'ils tenaient à tout prix à faire les forts, je vais pouvoir leur démontrer leur faiblesse.
Je ne sais pas qui a tué Kisay. Cette personne pourrait tout aussi être un ami qu'un ennemi pour moi mais pour l'instant, je ne devrais pas m'avancer. Absolument personne ne sait que je suis la chef de Blood Print, officiellement, c'est Pablo qui a pris la relève et les garçons ne veulent pas non plus que ce soit révélé qu'une femme les dirige. Kézian dit souvent que cela affaiblira notre « image. » Enfin, ce détail énervant fait que je ne suis pour l'instant pas en danger.
Ma rancœur mis à part, la Brigade Ecarlate est véritablement un suspect potentiel étant donné le titre de numéro un qu'ils essaient de nous voler depuis toujours et le fait que j'ai percé leur trafique à jour. Certes, Pablo était au courant alors ce n'était peut-être pas un secret mais quelque chose me dit qu'il vaut mieux les éliminer avant qu'ils ne deviennent une trop grande menace.
Ils ne méritent de toute façon pas de vivre.
Sheyla
Ça fait à peu près sept heures que je suis assise sur le canapé à attendre que ma sœur ramène Lheïra. C'est dimanche aujourd'hui alors pourquoi elle ne l'a pas fait ? J'ai tenté de l'appeler une centaine de fois mais elle n'a pas répondu, il leur ait peut-être arrivé quelque chose ? Je lui envoie un millième message, qui sait, peut-être qu'elle n'a pas vu les 999 précédents ?
Par mesure de précaution je ne sais pas où elle habite, au cas où si une folle envie de voir ma fille arrivait, comme maintenant, je ne puisse pas m-y rendre. On ne sait jamais si Hinaki me surveille encore.
- Oh, ça sonne à la porte ! je cris en entendant la sonnerie, heureuse qu'elles soient enfin là. J'arrive ! je dis en déverrouillant la porte mais perd immédiatement mon enthousiasme quand j'aperçois mon bourreau. Hinaki ? je dis presque en le dévisageant parce que le dimanche est censé être le jour où il me laisse tranquille.
- T'attendais un autre homme ? il demande d'une voix faible.
- Non, tu sais que le dimanche j'ai l'habitude de voir ma fille.
- Ah oui, c'est vrai. T'as un peu de temps à m'accorder ?
- Oui, bien sûr. Ça ne va pas ?
- Annie, il dit en laissant sa tête tomber sur mon épaule. Kisay est mort.
- Kisay est mort ? je répète doucement. Impossible, il était à la villa hier !
- Il est rentré plutôt et quelqu'un l'a tué dans notre propre Q.G.
C'est Layvin ? Il l'a tué ? C'est pour cette raison qu'il était semblable à un muet au retour de la « mission » ?
- Assieds-toi, je vais te servir un café.
- Je veux une bière.
- Hinaki, ça ne te fera pas du bien de boire.
- Ce qu'il préférait c'était du Pelforth, comme Hidan, il dit en s'affalant sur le canapé.
- Cette situation te rappelle...
- Ce qu'il s'est passé il y a trois ans, il dit en hochant la tête.
Je m'assois près de lui avant de caresser sa main doucement. Malgré la terreur que je ressens quotidiennement par sa faute, je n'arrive pas à m'empêcher de compatir. Je suppose que c'est un trait de caractère dont je n'arrive pas à me débarrasser.
Hinaki a eu une mauvaise vie à ce que je sache. Je n'ai pas énormément de détails mais je sais qu'il a grandi seul avec son frère jumeau et ils ont fait le mal pour s'en sortir tout en se promettant de toujours être là l'un pour l'autre mais Hianki n'a pas respecté leur serment.
- Je n'aurais pas dû le tuer, je regrette tellement... C'était mon jumeau, Annie. Si tu l'avais rencontré, t'aurais pu voir ma fierté, la meilleure partie de moi-même. On se complétait parfaitement, on était une seule et même personne... C'était un traître, oui, c'était un assassin mais... sa voix commence à trembler avant qu'il ne pose sa tête sur mes cuisses, c'était mon frère, Annie. Au lieu d'être fidèle à mon gang, j'aurais dû être fidèle à ma moitié.
- Il aurait fait la même chose, je dis en lui caressant les cheveux comme si on ne parlait pas d'un meurtre.
- Non, il n'aurait jamais osé me tuer. Si seulement il ne s'était pas allié à Harris... Je ne pouvais même pas le défendre quand on l'a appris, Annie, c'est à cause de lui que le chef est mort...
- Hinaki, ne te tourmente pas.
- J'aurais dû l'aider à fuir quitte à partir avec lui, quitte à ce qu'on soit traqué toute notre vie par toutes les autres Empreintes mais au lieu de ça, c'est ma balle qui a transpercé son cœur, Annie.
- Je sais, je dis en caressant son crâne.
C'est seulement la deuxième fois que je vois Hinaki aussi faible et vulnérable. Dans cet état, son désir habituel envers moi disparaît, il ne recherche qu'une chaleur humaine pour le réconforter. Cette partie de lui si enfantine disparaîtra au lever du soleil et je devrais jurer une deuxième fois que je n'en parlerais jamais à personne.
Hinaki a tué son frère il y a trois ans à cause d'une certaine trahison et depuis l'instant où la balle a transpercé le cœur de son jumeau, il regrette et culpabilise. Il y pense tous les jours, regrettant d'avoir été fidèle à son gang et non pas à Hidan. Je me contente de le consoler sans vraiment donner mon avis étant donné qu'il en parle très, très rarement et qu'il n'y a pas besoin d'avoir le Q.I. de Niklaus pour comprendre qu'il est tout à fait fautif.
- Annie ?
- Oui ?
- Je tiens à toi. C'est toi qui as calmé mes envies de suicide il y a trois ans et c'est aussi toi qui es encore à mes côtés aujourd'hui. Tu es tout ce qui me reste.
Malheureusement pour moi, je suis arrivé dans sa vie au moment où il en avait le plus besoin et parallèlement le pire possible. C'était censé être un coup d'un soir mais il est rapidement devenu « accro » à moi et je suis devenue une sorte de calmant.
Je me demande parfois s'il se rend compte que je suis toujours à ses côtés parce qu'il me menace constamment ou s'il est vraiment persuadé que je suis l'amour de sa vie. Nous aurions pu avoir une belle amitié s'il n'était pas si catégorique, c'est vraiment dommage qu'il soit si obsessionnel et indigne de confiance.
Comment faire quand je partirais ? Je dois réfléchir à comment l'emmener avec moi sinon sa folie pourrait peut-être redescendre sur Lheïra.
- Je resterais avec toi.
- Pour toujours ?
- Oui, jusqu'à ma mort.
Si ma mort est aussi proche que je le crois, je serais parfaitement capable de tenir cet engagement et sinon, je sais qu'il me tuera de toute façon.
Je n'ai ni envie de mourir ni de rester éternellement avec lui. Etant donné que j'ai déjà pris mon destin en main, je peux me permettre de dire ce genre de sottises. Hinaki est le genre d'homme qui ne lâche jamais, jamais sa proie. Même si je le suppliais à genoux de me laisser m'en aller, il ne le fera pas. Même si je me souillais de toutes les manières possibles et inimaginables, il me demanderait quand même de rester.
Je ne sais pas ce que j'ai fait pour mériter un amour aussi cupide, passionnel et dangereux mais je prie sincèrement pour qu'il finisse un jour par se lasser de moi. Autrement, je n'aurais pas d'autre choix que de m'en débarrasser.
___________
@_Loyaliste
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top