L • VIII.


Layvin



- Vas-y dépêche-toi, là !

- Orh la ferme !



Je monte à bord de ma Mercedes avec Klaus côté passager en direction du repère de ce maudit gang. La Brigade Ecarlate rêve s'ils pensent vendre les organes de Shiloh, c'est hors de question. J'ai pris la responsabilité de veiller sur lui quand je l'ai sauvé de la mort ce soir-là. Si je l'ai sorti de ce maudit parc, ce n'est pas pour le laisser mourir à la moindre occasion.

Je me suis vite attaché à cet enfant, je trouve, et pourtant, ce n'est pas mon genre. Je suppose que c'est le souvenir d'Isaac qui me hante et que je ne tiens pas à ce que Shiloh le retrouve aussi vite. Je me suis vraiment porté l'œil quand je parlais au policier mais je ne savais décidément pas que j'avais le pouvoir de prédire l'avenir.

C'est Nayla qui m'a dit que Shiloh se trouvait là-bas mais le fait que je ne connaisse pas ses raisons me pousse à la trouver de plus en plus bizarre. Elle côtoie des trafiquants d'organes et d'enfants qui plus est, elle est vraiment glauque.



- Tu veux vraiment entrer par-là ? me demande Niklaus avant que je ne sonne à la porte de la brigade.

- Pourquoi je rentrerais en effraction ? C'est eux qui sont en tort d'avoir osé s'affronter à moi.

- T'es vraiment simplet, souffle-t-il. On ne sait même pas combien ils sont.

- Ils sont deux, ne me prends pas la tête, dis-je en appuyant sur la sonnette une deuxième fois.



La porte s'ouvre presque immédiatement à la deuxième sonnerie sur un imbécile heureux à l'ai très impatient. A mon avis, il attend quelqu'un et il est déçu que ce ne soit pas cette personne. Je ne perds pas plus de temps à l'analyser et l'assomme avant d'entrer.



- Il en reste cinq, dit Klaus après avoir fait un tour dans la maison.  

- Je pense avoir assez d'énergie pour défoncer tout le monde.

- Ne les prends pas tous.



Sans réfléchir, nous nous lançons dans une bagarre générale. La logique aurait voulu que nous faisions preuve de discrétion et attaquions les ennemis un par un mais mon sang bouillonnait beaucoup trop pour que je fasse preuve de jugeote.

Je n'ai pas vraiment envie de raconter notre défaite en détails parce que c'est quand même assez honteux. La confiance dont nous faisions preuve ne fait qu'approfondir notre sentiment de ridicule, mais à deux contre cinq le résultat était assez facile à deviner. De tout façon, ce n'est pas la fin de l'histoire. Ils seront ceux qui me supplieront à la fin.

- Vous êtes venus chercher Shiloh ? demande l'un d'eux.

- Ouais.

- C'est Nayla qui vous envoie alors.

- Personne ne nous envoie, je viens récupérer mon neveu.

- Surveille-le, j'arrive, dit un des gars.

- Okay, répond l'autre.



Ces sales assassins ont eu la bonne idée de me menotter à Niklaus et même s'il n'y a qu'un seul idiot qui nous surveille, j'ignore comment je vais me sortir de là.



- T'as vu ce que t'as fait ?! demande Klaus. A cause de toi, on a les poings enchaînés ! Je t'avais dit qu'il ne fallait pas entrer par la grande porte, mais non, toi, tu n'écoutes jamais !

- Tu me fais chier, fermes ta gueule, je dis pour pouvoir réfléchir. Personne ne t'a obligé à me suivre.

- Seul, tu ne ferais pas long feu. Regardes où on est à cause de toi.

- Tu m'en veux toujours pour ta chérie, c'est ça ?

- Qui a parlé d'elle ?

- Tout ton être veut parler d'elle à cet instant précis. Arrête un peu d'y penser, c'est chiant. On lit en toi comme dans un livre ouvert.

- Tu ne voudrais pas la fermer ? il dit avant de me donner un coup de poing et sans même que je ne me rende compte, ma mâchoire commence à se fracturer.



Mes principes me demandent de ne pas le toucher par respect pour le grand frère de Neha mais je trouve, personnellement, que je me laisse trop marcher dessus depuis quelques temps.

Ma réflexion ne dure pas plus de cinq secondes, je réagis à son coup par un au moins deux fois plus fort et aussi rapide qu'un réflexe. Je pense qu'il a des comptes à régler avec moi depuis que j'ai fait éclater la vérité mais s'il pense que je m'en excuserais un jour, il se trompe lourdement. Puis s'il veut se battre, il n'y a pas de problème je vais me le faire. 



- J'ai déjà frappé ta sœur, moi ?! Enculé va, pour qui tu te prends ?!

- Espèce de poison, t'as détruit la vie de Neha !



Comme si c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, je me mets à le frapper de toutes mes forces, inlassablement, férocement, me donnant même quelques coups à cause des menottes et comme un idiot j'ai terminé par terre à ses côtés quand mon coup l'a propulsé.

Je ne veux pas croire ce qu'il dit, c'est complètement irréaliste. Moi, j'aurais osé faire du mal à Neha ? J'aurais été néfaste pour elle au point de détruire sa vie ? Non, c'est impossible. S'il y en a bien un qui lui a fait du mal de son vivant, c'est bien lui ! Combien de fois elle lui a demandé de revenir sur Paris parce que c'était sa seule famille, parce qu'elle voulait que notre fille connaisse son oncle ?! Je rêve, j'ai tout fait pour cette femme, j'étais son seul soutient.



- Eh arrêtez !

- La ferme, dit Klaus avant d'attraper la batte pour l'assommer. On peut aller sauver Shiloh maintenant, il dit avant de nous libérer.

- C'est la dernière fois que tu dis que je faisais du mal à Neha, je dis en volant le flingue de l'autre clochard.

- Je blaguais.

- Ce n'est pas une blague à faire.



Je monte les escaliers rapidement avant d'ouvrir toutes les portes. Ce n'est pas exagéré de dire qu'il y a une tonne de pièces qui sont toutes aussi inutiles les unes que les autres. Mais, sérieusement, à quoi ça sert à part me faire perdre mon temps ?! 

C'est dans une des dernières chambres que j'ai trouvé des enfants. Mon premier réflexe a été de crier « Phil » mais avec un peu de réflexion, je réalise que j'aurais dû crier son vrai prénom.

Enfin, peu importe, il répond à mon appel en criant « noko » suivi d'un énorme câlin. On aurait cru un film où un enfant perdu venait de retrouver son père mais encore une fois les apparences sont trompeuses même si j'avoue que j'aurais aimé que ce soit le cas. 

Je serrais Shiloh dans mes bras tellement fort, alors que lui, il humidifiait bruyamment mon polo. Je ne m'étais pas rendu compte qu'en à peine un week-end, je m'étais déjà attaché à cet enfant. Je m'étais pourtant promis de ne plus tenir à personne mis à part Jadina qui me manque énormément.



- J'ai peur noko ! Ils veulent me tuer ! Ils veulent me manger, je ne sais pas pourquoi !

- Il ne va rien t'arriver, je suis là maintenant.

- Ne parle pas trop vite.



Le poids du revolver vient se poser sur ma tempe, m'obligeant à légèrement pousser Shiloh pour qu'il se détache de moi. Je me relève doucement malgré ses avertissements, il ne me fait pas peur. Nous sommes tous les deux armés, pourquoi le craindrais-je ? Son arme est sur ma tempe et ensuite ? Je n'ai qu'à retourner la situation en ma faveur.

Il tire une balle en l'air pour me faire peur mais ça n'a fait que d'effrayer les enfants. Cet homme manque cruellement d'assurance. Je devrais même dire que c'est un garçon. Ça se voit à des kilomètres qu'il n'a jamais fait de mal à quelqu'un. Il en ait incapable.

Personnellement, je ne suis pas habitué à toucher une arme mais je sais cacher mon malaise par rapport à d'autres. De toute façon, il est hors de question que je me laisse faire. 



- Pose ton arme, tu n'en es pas capable.

- Qu'est-ce que t'en sais ?!

- Peut-être parce que ton arme n'est plus chargée ? Qu'il n'y avait qu'une balle pour me faire peur ? je dis en fronçant mes sourcils tellement il est idiot, je suis sûr que même Phil l'avait remarqué.

- Tu...

- Lâche cette arme, tout de suite, je dis en articulant, mon 9mm contre sa tempe.

- Okay... il dit doucement avant de laisser tomber son arme à terre et que je la balaie du pied.

- Maintenant à genou, les mains derrière la tête.



Il s'exécute silencieusement. Je n'aurais jamais pensé qu'apprendre à lire les émotions des gens me serait aussi utile, heureusement que je n'avais rien de mieux à faire en prison.



- Très bien, maintenant tu vas me dire exactement la sortie que je peux emprunter pour éviter tes acolytes et sortir Shiloh d'ici tout en sécurité.

- Je ne suis pas un traître.

- Pour une sortie, tu me parles de trahison ?

- Je ne me laisserais pas faire.

- T'es prêt à rendre l'âme pour une stupide sortie ? je demande en riant nerveusement. C'est juste un enfant comme les autres. Laisse-le vivre, putain ! Vous n'avez pas de famille pour agir comme ça ?! Aucuns petits frères, neveux ou enfants ?!

- Ça n'a rien avoir.

- Je ne ris plus avec toi ! je cris en chargeant mon arme. Si tu bouges, je te tue. Tu ne réponds pas correctement, pareil. Si t'as compris, ferme les yeux et hoche doucement la tête.

- O... il hoche doucement la tête en se retenant de dire quoi que ce soit qui à mon avis serait idiot de toute façon. La seule sortie c'est l'entrée.

- Ne mens pas, je dis en agitant mon arme.

- Lay, la voie est libre ! cri Niklaus en arrivant.

- Enflures, il dit en crachant.



Cette grosse salive écœurante et dégoulinante a été comme la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je sens que si je ne le tabasse pas correctement, je ne pourrais pas dormir ce soir.

Niklaus sort de je ne sais où et plaque le gars contre le mur. Je crois que je le déteste encore plus que d'habitude quand il tente de jouer aux super héros et que les pleurs de Shiloh sont en fond sonore.



- Ce n'est pas grave... pleure Shiloh.

- Crache encore une fois sur cet enfant, ou sur n'importe lequel d'entre nous et t'es un homme mort !

- J'ai été trop gentil, je t'avais pourtant dit que si tu bougeais, j'allais te tuer ! j'hurle en appuyant sur la cachette mais mon coup fit dévier à cause de Shiloh.

- Non noko !

- Tu fais quoi ? je lui demande d'un ton glacial avec un regard qui pourrait presque le tuer.

- Ce n'est pas bien de tuer les gens, noko ! Je veux qu'on sort, s'il te plait ! Je ne veux plus revenir ici !

- On y va Layvin, il dit en laissant tomber l'autre rigolo avant de s'en aller suivi de Shiloh.



Etant donné que je suis à présent seul avec lui et que j'estime avoir le droit de lui faire du mal, je ne vais pas me gêner. De mon point de vue, Niklaus a seulement éloigné Shiloh de la scène du crime que je vais commettre parce qu'il sait que ce sera interdit au moins de dix-huit ans.

Je crois qu'aujourd'hui, même sa mère ne va pas le reconnaitre.





Ça ne fait pas encore une heure que nous sommes rentrés chez Niklaus mais nous avons déjà mangés et Shiloh est sous la douche. Il n'a pas fait de chichis aujourd'hui, tant mieux, je suis complètement fatigué, exténué mais soulagé que la récupération de Phil se soit finalement bien terminée. 

Devant la télé avec Niklaus, je lui laisse le choix complet du programme étant donné que je lisais Erased.



- Niklaus ?

- Ouais ?

- Neha t'a déjà appelé pour te plaindre de moi ? Elle t'a déjà dit que je la rendais malheureuse ou quoi que ce soit ? je demande à cause des mots qu'il m'a dit un peu plus tôt et qui me trotte encore dans la tête.

- Jamais. Je sais que tu la rendais heureuse, elle le criait sur tous les toits.

- J'ai tout fait pour qu'elle soit heureuse, du début jusqu'à la fin, je ne l'ai pas tué... je dis doucement. Je ne suis pas un poison, je rajoute comme pour me convaincre. Ce jour-là, j'aurais préféré que ce soit moi qui aie perdu la vie et pas elle.

- Je sais.



Je suis conscient de l'avoir laissé mourir. Je m'en veux chaque jour un peu plus, j'y pense sans cesse. J'essaie d'apaiser mon âme en me vengeant mais j'ignore si ça réussira à combler ce vide quelle m'a laissé. Je sens malgré moi que je serais hanté par son souvenir pour toujours.



- C'est bon, dit Shiloh en sortant de la chambre.

- Tu t'es lavé tout seul ? demande Klaus.

- Oui !

- Je suis sûr qu'il a laissé couler l'eau, je dis en bâillant.

- Ce n'est pas vrai, regarde mes cheveux, ils sont mouillés !

- Tu peux très bien avoir pensé à ça.

- C'est vrai que t'en as dans le crâne, se souvient Klaus.

- Il en a même plus que toi, je chuchote.

- Mais...

- T'es un vrai petit Assaillant Armé, tu ne tu n'es pas laissé faire.

- Oulah, et moi qui pensais que t'avais arrêté de dire ça, me dit Niklaus.

- Je suis heureux que tu ne te sois pas fait tué, je dis avant de le porter sur mes genoux en souriant à ce sale gosse.

- Je ne voulais pas qu'ils me mangent.

- Ils n'allaient pas le faire, rit Klaus.

- Ils allaient me faire quoi alors ? Pourquoi ils voulaient me tuer ?

- Pour vendre tes organes.

- Aaaah... 

- Ils ne les vendent pas pour qu'on les mange mais pour qu'on les mette dans un autre corps, je lui explique.

- Mais c'est à moi !

- Pas si t'es mort, répond Klaus.

- Argh... Noko Layvin ? il dit doucement.

- Oui ?

- Pardon, je me suis éloigné de toi quand on était au magasin et c'est comme ça qu'ils m'ont pris... Pardon, j'ai sali la veste que tu m'as acheté... Pardon, il dit une dernière fois avant de se mettre à pleurer.

- Tu ne l'as pas sali, on t'a craché dessus, précise Niklaus.

- Tu n'as pas à t'excuser, ne pleure pas pour ça.

- On ne crache pas sur l'un des nôtres.

- Vous êtes trop gentils.

- Arrête, tu me flattes, dit Klaus en riant.

Il a l'air bien heureux aujourd'hui, lui. Il a repris contact avec Annie ?

- Noko Layvin ?

- Mmh ?

- Blood Print, c'est ton ennemi ?

- Comment...

- Il a tout lu malgré mes interdictions, je coupe Niklaus pour qu'il ne gaspille pas sa salive à poser une question inutile. 

- Je sais qui est le chef, je l'ai vu.

- Nail ?

- Qu'est-ce qu'il foutait là-bas ? demande Klaus.

- Elle est venue chercher Francky, un garçon qui était avec moi. Nail, c'est un surnom, je crois, parce qu'elle a dit s'appeler Nayla.



Mon regard croise immédiatement celui de Niklaus alors que je me mets à rire nerveusement, les sourcils froncés au maximum. J'ai envie d'aller la retrouver maintenant et de lui casser ses 206 os, un par un tout en la gardant éveillé pour qu'elle ressente le quart de la douleur que j'ai ressenti quand ma femme est morte.

« Ma Bonnie sur le plan d'action » se trouve en réalité être ma pire ennemie et je ne l'avais même pas réalisé. Elle passe au-dessus de tous dans ma liste de personne à exterminer.

On ne se moque pas de moi impudemment.

 























Nayla



Assise à mon bureau, j'élaborais un plan pour éliminer la Brigade Ecarlate. Non seulement ils étaient déjà sur ma ligne de mire mais en plus, ils m'ont manqué de respect. C'est inacceptable. J'avais envoyé Francky en tant qu'espion parce qu'ils me paraissaient assez louche et il s'avère que la Brigade fait du trafic d'organe. Ce n'est pas si surprenant maintenant que j'y pense.

C'était assez risqué d'y envoyer Francky tout compte fait mais je savais qu'il n'allait rien lui arriver. Alors que Francky avait l'air perdu, ils lui ont gentiment proposé de les suivre. Je les ai ensuite appelés pour leur signaler que mon cousin avait disparu, le petit a parlé derrière et donc, c'était impossible de le tuer. Sachant qui je suis, ils n'auraient pas risqué de lui faire ne serait-ce qu'une égratignure.

Mais mon influence n'a pas été suffisante pour récupérer le neveu de Layvin et je déteste sérieusement manquer de pouvoir. J'aurais aimé être celle qui me ramène à la maison, de cette manière Layvin m'aurait été redevable et qui sait ? Nous aurions peut-être dîné ensemble.

Mon rêve ultime serait que je sois la femme de Layvin, que je sois Nayla Kadiri. Je voudrais qu'on crée un gang dont les membres ne seront ni plus ni moins que nos enfants. J'imagine déjà la puissance et la prestance que nous dégagerons, c'est tout juste incroyable.

J'ai eu le coup de foudre pour Layvin dès le premier regard, des le premier jour à cette réception. Il y avait énormément de monde mais c'est comme si je ne voyais que lui. Il illuminait la pièce, sa barbe noire était sublime, elle laissait apparaître quelques mèches brunes semblable à de l'or et puis ses cheveux, sa tenue ainsi que sa montre, son nœud papillon et son alliance en or... Il était beau, parfait en tout point. Il était... sans défauts.



- Chef, on se casse.

- Où ?

- Le cambriolage, me rappelle Iker.

- On y va dans 30 minutes, les policiers tournent trop à cette heure-ci.

- Okay, je préviens les autres.



Être la chef de Blood Print est vraiment une corvée. Je voulais juste vivre une vie paisible, moi, mais j'ai été forcé de succéder à mon père lorsqu'il est mort. Je n'ai pas pu me résoudre à refuser ses dernières volontés alors qu'il est mort dans d'atroces souffrances.

Maintenant que je me suis habitué à cette vie, j'avoue que je ne peux plus m'en passer. Je suis à l'aise financièrement de façon assez facile, je ne vends pas mon corps, je suis chef et en plus de tout ça, je suis indépendante. Que demandez de plus ?

Et bien, mon moi intérieur réclame satisfaction et paix interne. Ce que je n'aurais pas si je n'ai pas tué toutes les Empreintes. Je m'efforce de vivre avec eux depuis quatre ans maintenant, ça fait quatre ans que tous les jours je réprime mon envie de les assassiner et c'est de plus en plus dur de garder patience. Je n'en peux plus. Je veux détruire Blood Print.

Je comptais en finir avec eux cet été mais je n'ai été capable que de tuer Dereck ce mois-ci. Je ne sais pas comment m'approcher des autres, ils sont tous trop méfiants et mis à part les samedis ou encore une réunion d'urgence, on ne se voit jamais tous ensemble. Une bombe serait plus efficace pour les tuer tous en même temps mais comment les réunir puis-je les réunir ?

Ça fait quatre ans que j'y pense et déjà trois ans que j'y travaille. Quand Hidan est mort, j'aurais dû en profiter pour faire passer Hinaki mais ce n'était pas possible sur le coup. Même si il était devenu fou, il ne laissait personne le voir en état de faiblesse. J'aurais fait passer mon assassinat pour un suicide mais je n'étais pas aussi astucieuse qu'aujourd'hui à l'époque.

Repenser au passé me fait soupirer, cette vengeance est bien trop longue à mon goût. Je ne peux pas tuer tout le monde d'un seul coup et les tuer un par un ne ferait que augmenter la vigilance et la méfiance des autres. Il me faut un plan mieux organisé que la mort de Dereck.

Je ne sais pas encore quoi mais je trouverais. Ce n'est que comme ça que j'arriverais de nouveau à dormir confortablement. Je n'en peux plus de rêver d'Aylone tout les soirs depuis quatre ans, je sais que comme moi, il réclame vengeance.

Pablo et Iker ne devraient pas être inclus dans le lot étant donné qu'ils n'étaient pas là ce soir-là et j'aimerais bien qu'ils fassent partis de mon futur gang. Ce sont les deux seuls qui me respectent même si je suis jeune, même si je suis une femme. D'après les autres membres, j'ai la vie facile et je ne mérite pas ma place de chef, c'est tout à fait vrai d'ailleurs mais je ne céderais jamais ma place.

Concernant les deux exceptions, je doute qu'ils me jureront fidélité en sachant pertinemment que j'ai tué tout les autres membres... Mmh, ça me pose une colle. Au fond, ils ne seront que des membres que je tuerais une fois que mes enfants seront en âge de les succéder.

Enfin bref, je pense devoir quelques explications au sujet de mon comportement concernant Layvin et le début de toute cette histoire.

Le premier samedi, j'étais déjà en colère à cause de cette période de l'année. Je déteste cette tradition de faire une fête tous les samedis pour essayer de créer de nouveau liens ou encore démontrer mon pouvoir. Je pensais m'enfermer dans une chambre jusqu'à ce que la fête se termine et c'est là que j'ai fallu renverser un verre sur Layvin.



- Je suis désolé, je terminai ma phrase le regard à terre après avoir vu son regard noir. Tes chaussures sont mouillées à cause de mon verre. Je peux me faire pardonner ? je dis après avoir constaté la prestance incroyable qu'il dégage malgré la peur qui l'accompagne.

- Non merci.

- Si, j'insiste. Je m'appelle Nayla, je dis malgré moi. Je suis encore une fois désolé.

- Je ne t'ai rien demandé.



Cet homme dégageait quelque chose de familier. Je ne sais pas pourquoi mais il me fait penser à Aylone, il a exactement les mêmes aspects que lui.





Les fêtes hebdomadaires sont une tradition que j'essaie d'annuler depuis un bon moment déjà mais les garçons ne veulent pas sous prétexte qu'elles sont très utiles pour agrandir notre réseau. Je suis bien d'accord pour ce point là et c'est pour ça que je me suis laissé faire quand Iker m'a forcé à apprendre la liste des invités par cœur sauf qu'il y avait deux hommes qui n'étaient pas censés être là et si j'en ai épargné un parce qu'il ressemble à Aylone, l'autre n'allait pas s'en sortir aussi facilement.  

J'avais tenté de prévenir les autres Empreintes mais personne ne me prend jamais au sérieux et Iker n'était malheureusement pas là. Cependant, essayer de me débrouiller seule était une grosse erreur puisque l'homme a ensuite essayé d'abuser de moi.

Ce jour là et jusqu'aujourd'hui, je crois encore que c'est Blood Print qui voulait mon affaiblissement, c'est sûrement pour ça qu'ils n'avaient pas fait attention à mes remarques. La chambre au rez de chaussé est une chambre qui ne peut être ouvert que par un membre de Blood Print, ce n'était donc pas une coïncidence que je me trouve là. On veut ma peau.



- AU SECOURS ! QUELQU'UN, A L'AI...

- Il n'y a personne, dit-il en plaquant sa main contre ma bouche avant de rire sadiquement. Cris encore et je te coupe la tête.



Mes larmes se déclenchèrent sans que je ne puisse les contrôler, comment avais-je pu oublier mes seringues ? J'étais si étourdi, si bête qu'ils ont réussi à me presser au point que je sorte sans mon arme de prédilection. Je ne saurais exprimer ma colère d'une autre manière que des pleures alors qu'habituellement, cet homme serait déjà mort empoisonné. 

Et dire que j'ai une arme cachée sous le bureau mais que je suis trop loin pour y accéder...



- Lâche-là ! apparaît l'homme mystérieux de nulle part.

- Aide-moi s'il te plaît ! Il veut me violer !



L'homme mystérieux ne me connaissait que depuis trente minutes mais il n'avait pas hésiter à me secourir. Devant moi, il frappait mon agresseur encore et encore sans même lui laisser le temps de riposter. C'était un massacre, un combat à sens unique mais le spectacle me laissait insignifiante.



- Tu vas mieux ? il me demanda en sortant de la chambre.

- Oui, merci...



J'ai préféré continuer à faire la faiblarde avec lui si ça me permettait de passer un peu de temps ensemble. Il a l'air intéressant.





C'est le samedi suivant que j'ai pu mettre ma vengeance en pratique. La préparation mentale n'était pas totalement au point mais il était hors de question que je recule. L'idée était claire : Je devais tuer Dereck.

Même s'il était membre de Blood Print et donc sous mes ordres, c'est lui qui avait envoyé le violeur à ma rencontre. J'en ai la certitude. Dereck n'était pas très malin alors je pense qu'ils devaient être plusieurs dans le coup. De toute façon, ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils n'essaient tous de me détruire.

Enfin bref, avant toute chose, allons voir l'homme mystérieux.



- Bonsoir, homme mystérieux.

- Ouais, bonsoir.

- J'ai été obligé de revenir aujourd'hui, mon gang ne m'a pas laissé le choix, mentais-je encore une fois.

- Merde.



Je tentai de continuer la conversation malgré lui en lui expliquant que je possède des seringues et suis d'ailleurs une spécialiste en substances illicites.

Sans grande impression, il se mit à me parler de mangas et d'animes. Mon intérêt s'envola aussi vite. Ça me fatigue toujours autant de parler de ces moyens de diversions irréalistes ou personne ne meurt jamais. Enfin bref, même en faisant semblant de m'y intéresser, je n'ai réussi qu'à le repousser. Beaucoup trop fatigué pour prêter attention à sa déception, je m'en allai commencer ma mission du jour.





- Je sais que c'est toi.

- N'importe quoi, je n'en savais rien.

- Ça ne sert à rien de mentir, Dereck. De toute façon, tu vas mourir.

- Tu ne mérites pas ta place ! Tu n'es qu'une incapable ! C'est Pablo qui aurait dû devenir notre chef !

- Tu crois sérieusement que je voulais le devenir ? je dis calmement mais complètement folle de rage, je lui implantai mon poignard en plein cœur.



Voici comment s'est déroulé mon premier meurtre. L'action s'est faite tellement rapidement que je n'avais rien senti, ni remords, ni hésitation. On dirait que ma préparation mentale avait fonctionné au final. Enfin, tant pis et tant mieux, j'avais d'autres choses à faire pour l'instant.



- Ne t'inquiète pas, Dereck. Les autres te rejoindront bientôt.



Je soufflai un grand coup avant de sortir de la salle, l'air apeuré. Malheureusement, j'étais couverte de sang et n'importe qui à cette fête aurait pu m'ignorer ou encore mieux, m'aider. Le pire aurait été qu'une personne aille en parler à une des Empreints mais qui en serait capable ? I faut être fou pour « oser les déranger. »

J'espérais rapidement trouver de l'aide, j'espérais trouver Iker car c'est le seul à qui je peux faire confiance, je sais qu'il me soutiendra toujours.

Je ne marchais que depuis quelques secondes mais personne n'avait encore croisé mon chemin. Mis à part lui. L'homme mystérieux. Je suis encore désolé de l'avoir impliquer dans de telles affaires mais il m'a vu et même si ce n'est pas celui que je voulais, j'ai dû m'en contenter.

J'osa poser ma main sur son épaule mais reçu comme réponse un regard répugné. Je ne me permis aucun commentaire étant donné que je suis dans mon personnage de fille fragile et apeuré mais j'aimerais tellement, tellement, qu'il me regarde différemment.



- Qu'est-ce que t'as fait, encore ?

- J'ai besoin de toi... S'il te plaît homme mystérieux, j'ai besoin de ton aide... je dis de ma voix la plus cassée pour l'attrister. Je viens de tuer un homme... j'ajoute avant d'éclater en sanglots.



J'écoutais silencieusement sa leçon de morale malgré moi et la seconde d'après, je ne m'en souvenais déjà plus. Comme on dit, c'est rentré dans une oreille pour sortir immédiatement dans l'autre. Au final, l'homme mystérieux a accepté de m'aider.

C'est un homme froid à ce que j'ai pu voir mais je suppose qu'il peut également être attentionné quand il se sent proche de certaines personnes. C'est donc à moi de faire en sorte de lui plaire.



- Je ne veux plus jamais te voir après cette soirée, c'est clair ? Tu vas aller vivre ta vie de dealeuse très loin de moi et ne plus jamais revenir pleurer dans mes oreilles parce que cette soirée est remplie de pédophile.

- Après ça on sera lié, tu sais. Le secret de la mort nous liera à jamais et on sera forcé de se re...



Mes pieds ne touchaient plus le sol et l'information n'avait pas encore atteint mon cerveau que je commençais déjà à tousser comme une personne atteinte de grippe A. Layvin m'étranglait violement avec un regard encore plus noir que d'ordinaire, tout ça pour une petite phrase de rien du tout. On aurait dit qu'il voulait réellement me tuer.

De son point de vue, il était peut-être en position de force car comme les autres, il ne réalisait pas que je pouvais enfaite le tuer à ce moment même où il a osé poser ses mains sur mon coup et me défaire du sol.

Mes nerfs sont tendus au maximum et pourtant, j'essaie de reprendre mon souffle et de me calmer car ce genre de situations ne m'aies pas inconnues. Aylone avait quelques troubles, lui aussi, même si j'avais réussi à les vaincre au final. Je ferais face à Layvin plus tard.



- Tu fais la maline avec moi, là ? C'est hors de question qu'on soit lié, Nayla. Tu n'es qu'un démon qui me tire vers le bas à chaque fois que je le croise. Il n'y aura jamais rien de plus. Remercie Dieu que je ne me salisse pas les mains pour toi et tâche de ne plus jamais m'énerver.

- Excuse-moi... S'il te plaît, lâche-moi...



Il me lâche violemment après avoir entendu frapper à la porte. Encore une fois, ses mots entrent par une oreille et sortent par l'autre, je ne sais déjà plus ce qu'il bafouillait mais une chose est sûre : Je ne le laisserais plus jamais faire. A ce train-là, il finira vraiment par me tuer et c'est hors de question.

Ce soir-là, ce n'est pas seulement cette leçon que j'ai retenue et encore moins son nom, non, c'est son sourire sadique qu'il avait quand il a appris que Dereck faisait partie de Blood Print ou encore quand il a plongé dans la piscine. Sa curiosité soudaine quant à ma rencontre avec l'Empreinte m'a intrigué et la manière dont il tenait fermement sa chaîne comme si elle était liée à une chose importante.

Layvin dit qu'il attend sa mort depuis longtemps mais s'il n'a pas encore renoncé à la vie, je suppose que comme moi, il lui reste une dernière chose à faire : Une vengeance.

Cependant, plusieurs points restent encore à éclaircir. Le cadavre de Dereck dans l'eau le laisse complètement indifférent, au contraire, il ne cesse de le fixer comme si le spectacle lui plaisait. On aurait dit un criminel expérimenté.





Layvin m'avait contacté par je ne sais quel moyen pour que je lui procure du matériel d'espionnage. Notre relation s'améliore à vue d'œil, c'est agréable.

Hinaki, qui m'avait surpris avec Layvin, n'arrêtait pas de me poser des tonnes de questions suivis de menace qui n'ont aucun fondement, comme d'habitude. Qui y prête encore attention, de toute façon ? C'est d'un ridicule.

J'ai tenté d'avouer mes sentiments à Layvin. Je voulais tout lui dire, lui révéler ma vraie personnalité ainsi que ma position de chef de gang mais Annie m'en a empêché et la seconde fois, au parc, il a coupé court à la discussion en refusant d'en entendre plus. Je suppose qu'Annie n'a pas tort quand elle dit que c'est toujours celui qui t'aime qui ne te regarde jamais. 

Il lui faut peut-être encore un peu de temps étant donné qu'il est veuf depuis seulement quatre ans. Je pense que depuis, il ne s'est sûrement pas engagé dans une relation sérieuse mais j'ai foi, il reviendra vers moi un jour. Nous sommes pareil après tout, moi aussi, je vis toujours dans le deuil d'Aylone.

Je sens mes ambitions grandirent et je ne sais pas si c'est mauvais signe. Je veux créer un gang qui sera notre famille de façon à ce qu'il n'y ait jamais de trahison, jamais de problème. Je veux porter son nom en toute légitimité.

Si le deuil de sa femme lui fait encore mal, il n'y a pas de problème, je soignerais ses plaies. J'illuminerais son lendemain s'il le faut et même son avenir tout entier. Peu m'importe qu'il soit plus âgé que moi ou qu'il ait besoin de temps, peu importe qu'on ne se connaissent pas encore tout à fait pour l'instant, je serais toujours prête à l'accueillir parce que si demain le monde venait à disparaître, je voudrais qu'il soit là, près de moi.

Pour moi, une seule personne suffit et c'est lui.

C'est Layvin.




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@_Loyaliste

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