L • IX.
Nayla
Iker récapitule encore une fois l'opération de ce soir pendant que je mange mes riz soufflés au chocolat. Je ne sais pas si les autres sont bêtes ou tout simplement imbécile mais ce n'est pas possible de ne comprendre des ordres tels que : Volez, ne vous faites pas attraper et revenez !
- Vous avez enfin compris ? je demande en soupirant.
- La ferme, dit Kisay.
- Ce n'est pas plutôt toi qui avais besoin de plus de détails ? demande Hinaki.
- Tu te fous de moi ? C'est de ta faute si on n'a pas encore terminé, tu ne fais que de parler avec Annie !
- T'es jalouse ?
- Ça suffit, souffle Iker.
- Faut que j'aille pisser, demande Kisay.
- Retiens-toi, t'es un grand garçon.
- Ferme ta gueule.
- Répète ? je demande en sortant ma seringue.
- Ce n'est rien, chef ! il cri en riant.
- Descends, maintenant.
Il s'exécute tout en riant grossièrement suivi d'Hinaki. Iker me fait un bisou sur le front avant de les rejoindre, il est tellement gentil comparé aux deux autres. On ne dirait même pas qu'ils sont amis.
- Vous pouvez entrer, je dis à l'oreillette après avoir pris le contrôle des caméras.
- Bien reçu, répond Iker.
Pendant que les garçons font tout le sale travail, moi, je n'ai qu'à faire le guet tout en piratant quelques systèmes de sécurité pour qu'ils passent tranquillement. Ils sont un peu comme des marionnettes que je contrôle à distance et c'est d'ailleurs pour ça que Kisay déteste quand je suis aux commandes, il sait que c'est le seul moment où je le manipule.
J'aurais quand même aimé être un peu plus stupide, ça m'aurait permis de manger mes céréales devant Netflix et pas devant différents angles de caméras de surveillance. Ce genre de mission ne m'excite même plus.
- A combien vendez-vous la boutique ? demande Kisay à la vendeuse.
- Ce que t'es stupide, toi, dis-je en soufflant.
Il retire violemment son oreillette avant de l'écraser contre le sol. En plus d'être un frustré de la vie, c'est vraiment une enflure.
- On va se servir ! cri Hinaki.
Lorsque les gens comprennent enfin qu'ils ont affaire à des cambrioleurs, ils se mettent à crier et quelques pleurs se font entendre également lorsqu'ils réalisent que j'ai bloqué la porte d'entrée. Le volume sonore devient de plus en plus désagréable mais je ne peux pas me permettre de le baisser plus que ça parce que sinon, je n'entendrais plus les garçons, c'est chiant.
- Iker, je dis après avoir activé uniquement son oreillette, j'ai mal aux oreilles, je dis doucement.
- Ça ne sert à rien de crier, alors vous ferez mieux de la fermer si vous ne voulez pas qu'il arrive un malheureux accident ! il dit avant que le silence règne.
- Merci.
- Je voudrais la totalité des caisses, des bijoux et de tout ce que vous avez, demande Iker, le flingue posé sur la tempe de la caissière.
- On vous laisse l'argenterie, précise Hinaki.
- Vous êtes... tremble la vendeuse.
- Des cambrioleurs ? Des braqueurs ? Des bandits ?
- On est juste des aventuriers en quête d'argent, tu connais, ajoute Kisay en riant un peu.
- Au lieu de dire des bêtises, va surveiller le petit monde.
« J'aime bien être omnisciente, on dirait une série. » pensais-je en manger mes chips.
- Allez remplie le sac, remplie le sac, répète Iker en bougeant son arme.
- Vous allez bien, mademoiselle ? demande Hinaki qui ne peut pas s'empêcher de parler avec chaque jolie fille qu'il croise.
- Vous paierez tout ce que vous faites...
- Vous me souhaitez le malheur ? A moi ? C'est méchant. Je ne vous ai rien fait de mal pourtant, j'ai tué votre mère, peut-être ? Ou alors voler votre sac à main ?
- Je...
- Chut, laissez. Je vais justifier votre pensée.
Super, la folie d'Hinaki est de nouveau de retour !
- Pa... Pardon ? elle commence à bégayer.
- Donnez-moi de quoi écrire, il dit en l'entaillant l'avant-bras.
Il m'effraie quand il est dans cet état que je n'ose même pas lui faire de reproche. Je crois que je déteste cette partie de lui encore plus que toutes les autres, je ne sais vraiment pas ce que Annie lui trouve.
- Amène-moi à la réserve, demande Iker.
J'observe Iker suivre la dame qui l'emmène à l'arrière de la boutique sous la menace. Elle marchait doucement, surement en pensant qu'elle était au bout de sa vie étant donné que l'arme d'Iker était sur le bas de son dos depuis un moment déjà.
Je me demande ce que j'aurais fait à sa place. A vraie dire, c'est quitte ou double. Soit on tombe sur un « bon » cambrioleur et dans ce cas, il ne fait rien d'autres que de nous menacer, soit on tombe sur un « mauvais » et là, il nous tuera peu importe le résultat. Heureusement pour elle, là, c'est Iker.
- Ne me tuez pas, elle demande en sanglots.
- Ce n'est pas sûr que je vous laisse vivre. Vous avez vu mes yeux.
- Mais vous... C'est vous qui avez... elle commence à parler avant que je n'entende un « smack. »
Comme par hasard, ils sont dans un angle mort. J'aurais bien aimé voir Iker en mode « loveur. »
- Ça me faisait trop envie. Vous avez les lèvres bien douces, elles auraient été parfaites si elles étaient un peu plus pulpeuses, c'est dommage.
- Je...
- Merci pour votre coopération, il dit avant que je n'entende la dame tomber par terre.
- Alors comme ça tu ne peux pas t'empêcher de flirter même quand tu cambrioles la plus grande bijouterie des Champs, Iker ?
- Quoi ?! Nayla, tu m'entends toujours ?!
- Mes appareils sont faits pour fonctionner n'importe où, je ne m'en servirais pas sinon. Tu crois que c'est parce qu'il n'y a pas de réseau là où tu trouves qu'ils vont être défaillants ?
- Ce n'est pas ce que tu crois.
- Je crois que t'as tout ce qu'il faut maintenant et qu'il est temps de rentrer. D'après mes calculs, la police arrive dans exactement 3 minutes et 17 secondes. Dépêchez-vous, je dis après avoir activer le micro pour tout le monde.
- Sabri.
- Je suis là, il dit en sortant des cages d'aération pour aider Iker.
- Et les autres ?
- Ils sont de l'autre côté. Il y a un corps là, fait gaffe.
- Mmh, n'ouvre pas le placard à balai, il y a deux agents de sécurité dedans.
- Eh ! je cris dans leurs oreilles parce qu'ils sont beaucoup trop à l'aise à mon goût. Il ne reste plus que deux minutes, je n'attendrais personne alors dépêchez vous !
- Sabri, grouille.
- J'ai fini, on se casse.
Cherchant désespérément à observer Iker et sa petite dame, j'avais complètement oublié Hinaki qui, après avoir entaillé la pauvre femme, s'était amusé à se servir de son sang comme d'une encre pour écrire ses initiales et un smiley tout sourire. Comment peut-il être aussi cruel ?
J'aimerais vraiment partir sans lui mais je sais que j'en paierais les conséquences plus tard alors il vaut mieux que je ne tente rien pour l'instant.
Pendant qu'Iker rappelle tout le monde, je sors de la camionnette pour m'installer dans la voiture volée avec laquelle nous allons fuir. Ce serait vraiment idiot de nous en aller avec le camion, il y a quasiment plus de 93% de chance qu'on se fasse contrôler avant même que les policiers n'entrent dans la bijouterie.
Au lieu de ça, une Clio 3 qui n'attire pas trop l'attention est ce qu'il y a de mieux. Si en plus elle est volée, on ne peut pas retrouver notre trace, c'est parfait. Le camion a bien sûr été loué avec une fausse carte d'identité. Iker a envoyé l'un de ses nombreuses connaissances SDF en échange de quelques billets et le tour était joué.
C'est encore une mission accomplie.
Layvin
Aujourd'hui est un grand jour. C'est officiellement le dernier samedi, le dernier jour de cette stupide fête hebdomadaire et cerise sur le gâteau, je n'y vais pas. A ma plus grande joie, ce soir, je m'infiltre en territoire ennemi.
Aussi surprenant soit-il, c'est Annie qui va me guider. Je ne suis pas le mieux placé pour fournir quelques explications et pour dire la vérité, je n'y comprends rien moi-même, ils sont toujours en contact ? C'est une traîtresse ou un agent double ? Enfin, je vais essayer de ne plus m'en mêler pendant un certain temps. J'ai déjà assez à faire comme ça avec Nayla.
Je suis encore un peu surpris mais si je me débrouille bien, je pourrais me servir d'elle. Il faut juste que je garde en tête le fait que ce n'est pas une fille faible et qu'elle ment toujours, tout le temps.
Cette fillette est tellement vicieuse qu'elle a tué un membre de son propre gang tout en pleurant par peur que celui-ci vienne l'interroger dans son Q.G. Je repense au mois passé et tout mes souvenirs deviennent douteux, est-ce que la première fois que l'on s'est vu, elle allait vraiment se faire violer ? Je ne sais même pas !
Bordel, j'aurais dû être davantage intriguer par le fait qu'elle connaisse plusieurs membres de ce gang. Il y a encore trop de point à éclaircir, il faut que je reste méfiant.
Les femmes sont vraiment des plaies.
- Noko !
- Ouais ?
- Je veux venir !
- Tu me soules, tu sais ?
- Non, je ne sais pas, il dit en croisant ses bras sur son gros ventre.
- Il serait temps que tu le saches, je t'ai dit que tu ne pouvais pas venir.
- Je veux être un agent secret, moi aussi.
- Je ne suis pas un agent secret.
- Je veux venir !
- Déjà que là, tu viens avec moi. Ça ne te suffit pas ?
- Non !
- Je m'en fous, je dis avant d'entrer dans le magasin.
Je me dirige à la caisse sans même faire semblant de prendre un fruit ou une boîte de thon. Je ne suis pas venu acheter à manger et peu importe si je suis suspect, j'ai autre chose à faire que sauver les apparences.
Je donne le petit papier au vendeur comme Niklaus m'a dit de faire mais au lieu de simplement me donner mes armes, il a préféré hurler :
- ALERTE MARTINE, Y'A LES FLICS !
- Qu'est-ce que vous foutez ?
- N'essaies même pas de bouger ! cri une femme en sortant de nulle part avec un enfant accroché à sa jambe.
- Ça, c'est ma femme.
Elle lui lance un regard mielleux avant de l'assombrir la seconde d'après quand elle croise le mien. J'ai trouvé cette scène particulièrement écœurante, j'espère réellement que Neha et moi ne ressemblions pas à ça avant.
- Eh mais c'est Shiloh ! cri le petit garçon.
- Francky ! cri Shiloh.
- Shiloh, tu ne bouges pas, je lui dis avant qu'il ne s'élance.
- Retourne là-bas, Francky, demande la femme en dirigent son arme vers moi.
- La comédie a assez duré, je ne suis pas un flic. Je ne compte pas non plus faire le moindre geste qui pourrais traumatiser votre enfant. Si vous le voulez bien, donnez-moi un sniper et un 9mm.
Martine charge son arme et se redresse, sûrement pour mieux tirer. Je n'ai pas envie de dire qu'ils sont bêtes mais je trouve leur comportement complètement inapproprié devant autant d'enfants. Son action me force à dégainer mon poignard qui se retrouve instantanément sous le cou de son mari.
- Je veux des armes, dis-je en soupirant.
La tension qui était lourde jusqu'à présent s'est apaisé d'un coup quand le couple a commencé à rire. Mon corps a basculé sans que je ne comprenne comment pour être à la portée de celui du gérant qui avait à présent son arme posé sur ma tempe.
- Noko Layvin !
- Pas très discret de faire ça à la vue de tous, soufflais-je encore une fois.
- C'était un simple test, il dit en retirant son arme.
- T'as un peu réussi, ajoute sa femme.
- Vraiment un peu, il en rajoute.
- Pourquoi tu ne nous as pas attaqué directement ?
- C'était quoi ça ? Tu n'as pas l'étoffe pour tenir une arme.
- Il te faut un peu plus de cran, un peu plus de...
- Plus de quoi ? je demande agacer. J'aurais dû tuer deux adultes devant leur enfant ? Et puis tant qu'on y est, je le tue aussi parce qu'il en a trop vu, c'est ça ? Je demande à mon neveu de garder un secret aussi lourd malgré son bas âge et tout en sachant que les enfants ne savent pas tenir leur langue ?
- Oh, Francky, dit Martine, les larmes aux yeux. T'as vu ça ? Il a un cœur !
- Ça fait longtemps que je n'avais pas entendu ça, je réponds un peu surpris. Il y a des personnes que je dois exterminer et sauf preuve du contraire, vous n'en faites pas parti alors bon.
- On dirait que notre nouvel ami n'a aucune de joie de vivre, dit le grand Francky.
- C'est parce que ça ne me procure aucune joie de vivre ici.
- Dans cette ville ?
- Dans ce monde.
- Ça va être difficile, il n'y en a pas vraiment d'autre, rit Martine.
- Ramène-nous une bière.
- Non merci, je ne suis pas venu boire.
Je me vois très mal boire avec ceux qui se permettent de me juger après avoir essayé de me tuer.
- Mais si ! Laissons les enfants parler un peu, ils ont l'air de se connaître. Ce n'est pas souvent que le petit Kyto a de la visite.
- Kyto ? répète Shiloh.
- Moi c'est Francky et lui aussi, donc je l'appelle Franckyto ou Kyto pour les intimes, il dit en riant sur son fils qui est gêné.
- Lui, c'est Phil, je dis en caressant les cheveux de Shiloh.
- Mais n'importe quoi ! Pourquoi tu ne me donnes pas un beau surnom ?!
- Mais c'est beau, peut-être pas autant que Lay ou Klaus mais le tien fait référence à quelqu'un de super beau et intelligent, comme toi. Alors hoche la tête Shiloh, accepte de t'appeler Phil.
- Mais... il dit doucement en hochant la tête.
Saleté de gosse, il n'est vraiment jamais content.
Sheyla
Je me parfume une dernière fois avant de prendre les escaliers. J'avais déjà assez fait attendre Hinaki comme ça et je l'entendais devenir impatient. La quasi-totalité des Empreintes était réuni mis sauf Iker et Nayla qui gèrent sûrement une affaire dont personne ne connaît le but.
- Waouw, t'es toujours aussi belle ma femme.
- Ça ne te fait pas bizarre de ne plus avoir de cheveux ? me demande Kisay.
- Mets une perruque, non ? dit Kézian.
- Non, je réponds sèchement.
Après qu'Hinaki ait coupé trois quarts de mes cheveux, j'ai décidé de faire des waves. Non seulement c'est une coupe que j'ai toujours voulu essayer mais en plus je ne pouvais rien faire d'autre avec la longueur qu'il m'avait laissée. De cette manière, Niklaus pourrait dire que je suis son Amber Rose.
D'ailleurs, aujourd'hui je suis censé lui fournir les dernières informations dont je dispose. J'ai tellement pleuré quand on s'est séparé la dernière fois, je ne pensais plus le revoir mais il réclame un dernier service étant donné que j'ai passé mon anniversaire avec lui « à cause » d'une mission.
Honnêtement, je ne pense que nous pourrions nous lâcher un jour. Si au début, je ne voulais plus qu'on se parle par peur qu'Hinaki le tue, maintenant je dois le rencontrer au moins une dernière fois pour lui présenter Lheïra. Il est possible qu'Hinaki m'assassine un jour et à ce moment, il faudra que Niklaus puisse fuir avec notre fille.
- C'est dérangeant, j'ai plus de cheveux que toi, dit Sabri.
- T'as qu'à regarder par terre.
- Bien vu ! rit Hinaki à gorge déployé alors que je le regarde presque en le toisant tellement je ne supporte plus sa présence. Allez, on se casse, il dit en prenant le chemin de la sortie et je le suis naturellement. Annie, on monte ensemble aujourd'hui ?
- T'es sûr ?
- Ouais, à moins que t'aies prévu de me tromper ?
- Non, c'est toi qui fais ce genre de chose le samedi.
- Pas aujourd'hui. On repart de zéro ? il s'approche doucement de moi et prend ma main pour la caresser. Je ne veux plus que tu t'approches de qui que ce soit, il chuchote près de mon oreille avant de mordre celle-ci et de déposer un baiser sur mon cou contre mon gré.
- D'accord., je dis en me détachant délicatement.
Ça s'annonce très, très compliqué.
- On n'est pas obligé d'y aller, tu sais. Ça te dit d'aller à l'hôtel ou quelque part ? il demande l'air de rien. On peut y aller au sud, là. Je sais que tu voulais y aller la dernière fois.
- Oui mais en ce moment, ce n'est pas trop possible à cause de la fille, peut-être plus tard ? Et puis on ne sait jamais avec Nayla, mieux vaut être présent pour le dernier samedi, on ira à l'hôtel vers une heure du matin.
- Ça mache, il dit avant de me smacker, la main sur mon postérieur.
- On y va ?
Je soupire discrètement après qu'il soit monté dans la voiture. J'ai l'impression que ma réponse n'avait même pas de sens, j'ai répondu rapidement et dit tout ce qui me passait par la tête. Heureusement que je m'en suis sortie indemne.
En ce moment, il est encore plus sur mon dos que d'habitude. Je ne sais pas encore comment je vais faire pour aider Layvin ce soir mais j'espère vraiment qu'Hinaki ira voir ailleurs. Il dit toujours des belles paroles mais au final, il ne résistera même pas deux minutes aux avances d'une jolie femme.
❧
Ça fait à peine vingt minutes que nous sommes arrivés à la villa et Hinaki m'a déjà lâché pour une femme aux formes plus volumineuses que les miennes. Je crois qu'ils sont déjà montés dans une chambre d'ailleurs.
Je pensais à demander à une de mes connaissances de séduire Hinaki ce soir mais j'ai vite réalisé que ce n'était pas utile. Il est assez séduisant pour attirer n'importe quelle femme à vrai dire et comme il n'a pas besoin de mon aide en général pour me « tromper » et qu'en plus de ça, il est assez simpliste pour penser que « c'est le dernier samedi donc c'est la dernière fois que je vais voir ailleurs » et bien c'était assez facile de m'en débarrasser.
J'attends encore que Klaus me contacte. C'est bizarre qu'il ne soit pas encore arrivé, d'habitude il est assez « ponctuel » malgré qu'il n'y ait pas d'heure précise pour arriver. Enfaite, je crois même que c'est la première fois que j'arrive avant lui.
Je noie le temps dans l'alcool mais en particulier dans les glaçons qui m'empêchent de me bourrer. Enfin, d'habitude ça marche mais aujourd'hui, ça n'a pas l'air de fonctionner étant donné que je commence à avoir des hallucinations.
- Tu penses que j'ai abusé de l'alcool ? je demande au barman.
- Pas vraiment. Dis-moi, Annie, qu'est-ce que t'as foutu à tes cheveux ?
- Laisse-moi tranquille.
Dites-moi que je rêve, il a vraiment osé emmener une femme avec lui en sachant pertinemment qu'on devait se parler ce soir. Il n'a vraiment aucun tact, je le déteste.
- Espèce d'incapable, flemmard incompétent... Je le déteste.
- Tu parles à un bracelet, là ?
- C'est une chaîne !
- Okay, calme-toi
Comment il a pu me donner sa chaîne si facilement ? Elle représente tellement. J'ai économisé des mois pour la lui offrir et je sais qu'il l'a conservé précieusement pendant toutes ces années... Niklaus, tu es tellement cruel.
- Un verre de Jack s'il te plaît, demande Niklaus en s'asseyant près de moi.
Je ne prête pas attention à mon ex mais regarde malgré moi sa nouvelle conquête de haut en bas. C'est donc ce genre de femme qui l'attire, maintenant ? Une latina aussi simple ne vaut sincèrement pas le coup, enfin, elle ne sort pas du lot comparé à moi.
- Annie ?
- Ouais, je réponds sèchement.
- Viens.
- Pas envie.
- Répète ?
- T'as des problèmes de compréhension ?
- Parle-lui autrement, dit l'autre cruche espagnole qui se croit sûrement autoritaire.
- Ferme ta gueule. Jonas, je peux avoir un verre ?
- De glaçons ? demande le barman.
- Bien sûr.
Je prends rapidement un glaçon pour me rafraichir les idées mais alors même que je voulais croquer le premier, je sens ma tête basculer contre le bar. Plutôt que la douleur, c'est le choc qui me met en rogne. Comment ose-t-elle essayer de me faire du mal, ici, devant tout le monde, devant Niklaus ?!
Elle ose me toucher pour défendre une personne sur qui j'ai une totale maîtrise, c'est carrément affligeant. Rien que pour ce qu'elle vient de faire, j'ai envie de récupérer Niklaus maintenant juste pour lui rire au nez mais au lieu de ça, je préfère la tabasser ici et maintenant.
Je prends la carafe de glaçons pour la frapper puis passe ma main sur mes cheveux, histoire de me recoiffer pendant qu'elle hurle dans les oreilles de tout le monde. D'ailleurs, heureusement que je n'ai plus de longs cheveux sinon je suis sûre qu'elle me les aurait tirés.
Alors que je massais mes tempes pour atténuer la douleur, je vois l'idiote du village revenir avec une sorte de bar en fer. J'espère qu'elle ne cherche pas réellement à se battre, là ?
Elle est complètement timbrée, elle a un tempérament malade ! Elle pense réellement qu'elle a une chance contre moi ?! Si elle posait ne serait-ce qu'un doigt sur ma peau, je serais forcée de l'anéantir et que personne ne vienne me faire de reproches !
J'évite son coup sans difficulté mais Niklaus m'empêche de riposter alors que je m'apprêtais à la gifler. Je rêve ou il prend sa défense, là ? Il fait exprès de me tenir le bras aussi fort, il fait exprès de me regarder aussi mal, tout ça, il le fait exprès !
Je suppose que c'est compréhensible qu'il défende sa nouvelle petite amie plutôt qu'une vulgaire femme comme moi, même si en réalité je vaux beaucoup mieux qu'elle, mais sérieusement ? Plus que de la colère, il me dégoûte. Elle est réellement devenue plus importante que moi en à peine une semaine ? C'est incroyable !
Oh, Shadary, réveilles-toi, on a quand même une fille ensemble !
- Arrête de te faire remarquer, j'ai dit que j'avais à te parler.
Niklaus, c'est vraiment pour moi que tu as toute cette haine dans les yeux ? Qu'est-ce que cette sorcière a bien pu faire ? Je ne le reconnais pas là, il y a un problème !
Je conçois qu'il n'y ait plus rien entre nous, soit, c'est moi qui l'aie proposé mais c'est hors de question qu'il vienne ensuite se faire pardonner en disant que c'était une stratégie ou je ne sais quoi. Il n'a pas intérêt à s'opposer quand je serais avec un autre.
- C'est une raison pour me tenir le bras de cette manière ? je demande insolemment.
- T'es un peu trop excité à mon goût.
- Dit-il, je réponds en le toisant.
Je me défais rapidement de son emprise avant de ramasser la carafe vide pour la rendre à Jonas. J'en profite pour m'excuser discrètement et sortir de la salle tant l'humiliation est grande. Dire que cette imbécile a osé me toucher, qu'elle a essayé de me frapper et le pire dans tout ça, c'est que Niklaus l'a défendu, elle et pas moi.
Je ne sais pas ce qui m'accable le plus entre cette humiliation totale ou encore le fait que je suis autant affecté par le comportement de Niklaus. Quand l'a-t-il rencontré pour qu'il devienne la plus importante à ses yeux ? Ce n'est pas possible que ça fasse plus longtemps que moi.
- Enfin, cesse de te tourmenter Sheyla ! Et puis tu sais que le temps importe peu dans une relation ! me dis-je à moi-même.
- Pas dans la nôtre ! Les circonstances nous avaient séparés mais même si des années ont fini par passer, nous n'avons jamais arrêté de nous aimer ! Je suis sûre que cette femme est un pansement de toute façon, il ne peut pas m'oublier aussi facilement.
- A trop penser que tu le contrôles, il va vraiment finir par s'en aller.
- Et alors ? Il fait ce qu'il veut de toute façon, il ne m'appartient pas.
- Sheyla, j'entends la voix du père de Lheïra qui me sort de ma dispute interne.
- Niklaus, je réponds bêtement.
- Tu...
- Laisse-moi tranquille, je dis en lui montrant la note que j'avais préparé plutôt.
Je suis quasiment sûr d'avoir un micro sur moi alors il vaut mieux qu'on fasse attention à nos paroles. J'aimerais que ça ne soit pas le cas mais c'est plus prudent d'agir comme je le fais.
- Je veux qu'on passe une dernière nuit ensemble.
- Je ne peux pas... je dis doucement, les mains posées sur me joues rouges, réellement gêné par sa proposition.
Calme-toi Sheyla, Niklaus est un homme intelligent, il pense sûrement à autre chose, il pense sûrement à...
- Une dernière fois, il dit en m'embrassant le coup. Tu sais que je ne peux pas me passer de toi, n'est-ce pas ? Accorde-moi cette nuit, s'il te plaît.
- Je ne dois pas, je dis entre deux gémissements.
Cet idiot sait ce qu'il fait et c'est précisément la raison pour laquelle je le déteste en ce moment même. Je ne dois pas succomber à ses avances, c'est une stratégie. Pitié Seigneur, faites qu'il n'y ait réellement aucun micro sur moi parce que si Hinaki entend ça, il va vraiment me tuer.
- Ce sera notre dernière nuit.
- Je n'ai pas ma voiture, je finis par avouer.
- Ce n'est pas un problème, il dit avant de m'embrasser comme si je le lui avais permis et faire balader ses mains sur mes hanches assez naturellement. J'ai la mienne, allons-y.
Je monte dans sa voiture tout en sachant pertinemment qu'on ne fera rien ce soir.
❧
J'enfile un jean avant de mettre ma robe à la machine. Apparemment ma sœur m'a laissé un mot pour me confirmer qu'elle amènerait bien Lheïra prochainement. Parfait, je vais enfin pouvoir accomplir ma dernière et plus grande tâche.
- T'as toujours pas fini ?
- Ça fait à peine cinq minutes que je suis là ! je cri.
- Layvin est prêt !
- Ne me soule pas !
- T'as même pas trouvé de micro, il dit en soupirant.
- Tant mieux, soupirais-je en pensant à toute cette stupide comédie. J'étais sûre qu'Hinaki me surveillait à distance mais je n'ai jamais parlé de caméra, Niklaus. Ce n'était pas la peine de me balader tes mains aussi joyeusement et d'ailleurs, m'embrasser n'était pas nécessaire non plus, répliquais-je fière de ne pas avoir répondu à son baiser tout à l'heure.
- Dépêche-toi, Tina m'attend.
Je rêve il m'ignore complètement, là ?!
- Elle n'a qu'à attendre, je réponds tout en réalisant que son nom est vraiment affreux.
- Je n'en ai pas envie, dépêche-toi !
- Depuis quand cœur de pierre a de la compassion ? je demande en faisant référence à la période de notre relation où Klaus a refusé de fuguer à mes côtés.
- Ce cœur de pierre, je ne l'avais qu'avec toi.
- Ah c'est vrai, j'avais oublié ce détail.
Je crois que je ne le déteste plus, c'est au-delà de ça. Je le méprise.
❧
Niklaus était retourné à ses affaires pendant que j'attendais Layvin en bas de chez lui. Je n'ai pas eu le temps de repenser à mon ex, interrompu par les fards d'une belle et luxueuse voiture qui s'est mise à m'illuminer. L'imposante silhouette derrière était évidemment celle de Layvin qui m'invite rapidement a monté.
Je note l'adresse sur mon téléphone qui sert ensuite de GPS. Perdu dans mes pensées, je ne prête pas attention au blanc qui s'est installé depuis déjà quelques minutes.
- Ça s'est arrangé avec Klaus ?
- Non, je rends juste le dernier service que je lui dois.
- Quels idiots, il soupire avant de poser sa tête sur le volant.
- Eh, je ne veux pas mourir. Regardes la route.
- Pourquoi vous faites ça ? Je suis conscient que c'est en partie de ma faute si vous en êtes mais je ne m'excuserais pas.
- Euh... Super ?
- La vérité devait éclater et je ne pense pas abuser si je dis que c'est pour le bien de tous. Maintenant, le fait est que vous vous aimez toujours alors pourquoi ne pas simplement sortir ensemble ? Enfin, vous êtes déjà tellement vieux qu'il faudra aller directement à la case mariage. D'ailleurs, à ce rythme là, vous allez mourir avant de prendre une décision.
- C'est fini.
- Comme si toi, avec ta petite voix là, tu penses vraiment que c'est fini, il dit insolemment.
- Il y a cette fille, Tina.
- Et alors ? Donc toi, tu ne fais pas les courses tant que le magasin n'est pas vide ? Tu n'essaies même pas de marquer un but sous prétexte qu'il y a un gardien, c'est ça ? souffle-t-il. Tss, t'as tellement peu de volonté. Heureusement que Neha n'était pas comme ça.
- Je n'ai pas peu de volonté, je dis en soufflant. C'est juste que les choses sont compliqués même si toute la vérité a été dévoilé. Il avait décidé de ne plus me voir mais ensuite, il est intervenu quand j'avais besoin de lui et à mon tour, je l'ai repoussé. Je ne peux pas me permettre de revenir une nouvelle fois comme une fleur juste pour l'empêcher d'être avec une autre.
- Vous êtes vraiment pareils enfaite, complètement contradictoire avec vous-même, il soupire encore. Un jour ce sera trop tard, peut être parce qu'il aura une famille, peut être parce qu'il sera mort. Vous regretterez mais il n'y aura plus rien à faire.
C'est seulement maintenant que je remarque l'alliance à son annulaire gauche. Je n'aurais jamais cru qu'un homme comme lui était marié et encore moins qu'il me parlerait comme ça un jour. Apparemment, tout peut arriver.
- Je lui ai demandé qu'on passe une journée ensemble prochainement parce que j'ai des choses à lui dire mais ce sera vraiment la dernière fois.
- C'est ça, il soupire comme à son habitude.
Je ne peux pas faire confiance à Sharona pour garder ma fille jusqu'à sa majorité alors il faut que Niklaus puisse la prendre en charge si jamais je venais à disparaître. Je vais enfin présenter son père à Lheïra, elle qui me posait tant de questions sur lui avant. J'aurais aimé le faire dans un meilleur cas que celui-ci mais la situation devient de plus en plus urgente.
Après cette journée, on ne se reverra pas avant un long moment. Hinaki me surveillera plus que d'ordinaire en apprenant que je l'ai revu et je me ferais sûrement frapper une énième fois avant de lui jurer fidélité comme d'habitude pour qu'il ne s'attaque pas à Niklaus.
Je ne sais pas si j'ai assez de courage pour continuer à vivre comme ça. Combien de fois ai-je caché mes bleus avec du maquillage pour que Niklaus ne se rende compte de rien ? Combien de fois j'ai simulé avoir mes menstruations pendant deux semaines pour ne pas qu'il voit mon corps nue couvert de récentes cicatrices et lorsqu'elles devenaient anciennes, j'accusais mon frère qui me frappait quand j'étais adolescente.
Quand Klaus me dit qu'il connaît mon corps par cœur, je sais que c'est une manière de me dire qu'il ne me croit pas toujours. Quand Hinaki me frappe sans retenue pour que les hommes soient dégoûtés de moi mais que je sais que Niklaus sera toujours près de moi, ça m'apporte un peu de réconfort mais je suis désolée... Ce n'est pas assez pour que je vive.
Niklaus
De retour à la villa, j'aperçois directement Valentina assise sur les marches de l'entrée. Vu son l'état dans lequel elle regarde son épaule, elle a sûrement été blessé par Sheyla. Enfin, je m'en fous pas mal de toute façon. Pour dire la vérité, je trouvais ça drôle et amusant de voir ma Sheyla dans cet état.
- Klaus ?
- Donne-moi ça, je dis en jetant son espèce de mouchoir.
Je l'emmène dans ma voiture pour désinfecter sa plaie avec le peu de matériel que j'ai. Elle grimace de douleur mais je n'ai aucun remord en repensant à la honte qu'elle a fiait subir à Sheyla. A vraie dire, j'ai même envie de lui faire encore plus de mal.
- Tu me fais mal...
- Dommage.
- Tu l'aimes encore, c'est ça ?
- Est-ce que je l'ai déjà aimé un jour.
- Ne mens pas.
- Sinon ? je soupire après un long moment sans réponse.
Cette fille est affreusement fatigante et s'en contenter a de plus en plus l'air d'être une mauvaise idée mais plus que mes sentiments personnels, je suis obligé de la côtoyer un certain temps. Je sais qu'elle contient quelques informations importantes.
C'est vrai que j'en profite en même temps pour essayer d'oublier Annie parce que je sais que notre relation peut la détruire et je ne veux pas lui faire du mal, même indirectement.
Je voudrais tout arrêter.
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@_Loyaliste
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