L • II.
Layvin
Une voix féminine m'interrompt, un cri de détresse plus précisément, le genre de choses que je ne peux pas ignorer. Ils émanent de la chambre en face de l'escalier, loin de la salle principale et de la musique. Là où personne n'aurait pu entendre ou y prêter attention.
Je dois y entrer pour défendre cette femme mais mon corps refuse de répondre, j'ai peur de revoir une scène similaire à celle que j'ai vécu il y a quatre ans mais il faut que j'y aille. Je ne peux pas laisser faire ce genre de chose alors qu'une femme cri au secours. J'ouvre la porte malgré moi et Dieu merci, rien n'a encore commencé. La « femme » qui se débattait devant moi est la même que celle que j'ai croisé plutôt, celle qui a presque le même nom que Neha.
- Lâche-là ! je cri en m'approchant d'eux malgré moi et lui donne un coup de poing.
- Aide-moi ! Il veut me violer ! elle cri en pleurant.
Il essaie de riposter mais j'esquive avant de lui mettre un nouveau coup de poing mais dans le ventre cette fois-ci. En prison, la bagarre est différente et beaucoup plus violente. A côté, cet homme a juste l'air d'une loque humaine. Il n'a même pas su se défendre après mon coup et se tord maintenant de douleur par terre. Il n'a sûrement pas moins de 40 ans alors que cette femme ressemble à une gamine.
- Pédophile va, je dis avant de lui cracher à la face et emmener Nayla à l'extérieur.
- Merci beaucoup, elle dit une fois que nous sommes dehors.
- Tu vas mieux ? elle a l'air apeuré.
- Oui, merci...
- Rentre chez toi. Ce monde est trop dangereux pour toi,
- Et toi, alors ? C'est ton monde ?
- Je n'ai pas de monde, je réponds sans hésitation. Je n'ai même plus de chez moi, je n'ai nulle part où aller, je pense misérablement.
- Il fait froid... elle dit en soufflant sur ses mains après un silence qu'elle trouve sûrement gênant.
- Pas vraiment, c'est juste ta tenue qui n'est pas appropriée, dis-je en observant ses bras à l'air. Ce n'est pas moi qui vais lui donner ma veste, pensais-je assez fort pour qu'elle n'ose pas me la demander. Prend ta voiture et rentre chez toi si tu sais conduire.
- Comment ça « si je sais » ? Bien sûr que je sais.
- Tant mieux.
- Dis, tu me donnes quel âge ?
- Je n'ai pas le temps de penser à ton âge, je ne sais même pas à quoi tu ressembles.
- T'es trop agressif.
- Et alors ?
Elle croit que je vais sympathiser avec elle, ou quoi ? Je ne sais même pas pourquoi on converse déjà, j'aurais dû partir directement après l'avoir aidé. D'ailleurs, elle devrait être dégoûté des hommes à cause du salaud que je viens de frapper. Je la trouve beaucoup trop naïve avec sa mine de sale gosse insupportable.
- Tu fais parti de quel gang ?
- Un gang, comme ça, dis-je en réalisant que je ne connais même pas son nom.
- Ah, et t'as un prénom ? Je pense déjà t'avoir dit le mien tout à l'heure.
- Tu ne veux plus me lâcher ? Je n'ai pas envie de faire connaissance avec toi.
- Je vois... elle dit avant de souffler sur ses mains pour les réchauffer.
- Mmh, fais-je avant d'appeler Niklaus.
La sonnerie retentit une fois avant que ça ne raccroche. Je décide de ne pas rappeler, ne voulant pas le déranger encore une fois, croyant deviner ce qu'il fait. Tant pis pour lui, je ne rentrerais pas à la maison avec sa vielle voiture mais plutôt avec ma Mercedes Classe A. Il voulait peut-être impressionner sa compagne mais ça ne sera pas pour aujourd'hui.
Les fards s'allument quand j'active le contact, me faisant afficher un grand sourire. Elle est tellement belle cette voiture, j'ai toujours rêvé d'avoir une Mercedes. J'ai envie de la chouchouter, c'est mon nouveau bijou. J'en prendrais soin jusqu'à ma mort.
- Tu pars ? insiste Nayla.
- Ouais, dis-je avant de démarrer tel une voiture de course. Je me sens trop gang, pensais-je avec mes lunettes de soleil sur le nez.
Aujourd'hui est un jour de fête et de réjouissance, le premier pas de la vengeance a été réalisé. La clé est en ma possession.
❧
- Réveille-toi ! j'entends alors que mon corps ne cesse de bouger de gauche à droite à cause des secouements de Niklaus.
- Mmh... Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il n'y a rien dans cette putain de clé ! Merde ! Elle est vide !
- Quoi ? je demande a moitié endormi.
- Il n'y a pas les photos !
- Ce qu'elle est nulle ton informatrice, dis-je entre deux ronflements.
- Pourquoi tu n'as pas pris la BM, toi ?!
- T'étais occupé hier, t'as raccroché quand je t'ai appelé. J'avais aucune envie d'insister.
- Sheyla ! il cri à moitié en mangeant son poing.
- C'est qui ça ? La pute avec qui t'étais hier ? Arrête de crier, t'es chiant, je dis en mettant mon oreiller sur ma tête.
- Ce n'est pas une pute. Je vais la défoncer.
- Retourne où tu étais, je dors.
- Non t'as dormi assez longtemps comme ça. On doit analyser les nouvelles informations, tout mettre dans la troisième chambre et il nous faut une stratégie. Il nous faut une tête, seulement une tête...
- Vois ça avec ton informatrice.
- Arrête de me parler d'elle, elle m'énerve !
- Pourquoi tu cris comme ça, tonton ? Je suis exténué, je n'arriverai plus à dormir après.
- Lève-toi, il dit en soufflant.
- Je vais prendre ma douche, je dis sinon il ne va pas me lâcher.
Je traîne mes pieds aux toilettes. J'ai l'impression d'être complètement martyrisé par ce tyran de Niklaus et je ne supporte pas ça, à ce rythme là, je vais bientôt finir par le tuer. Il pense que je ne veux pas me venger ? Ce n'est pas parce que j'ai l'air d'un flemmard que je ne suis pas déterminé. Je veux me venger plus que tout, j'ai énormément envie de les exterminer. J'ai vu la mort me la prendre devant moi, j'ai vu ses yeux se fermer doucement, je l'ai entendu me dire « je t'aime » une dernière fois et me demander de protéger Jadina dans son dernier souffle. Après avoir vécu une telle situation, qui ne rêverait pas d'en finir avec ces pourritures ?
Sous la douche, mes nerfs s'apaisent petit à petit. La clé est vide apparement, je suppose qu'il fallait s'y attendre d'une clé USB rose qui appartient à une informatrice qui donne son corps. Comme n'importe quelle femme, elle mélange sûrement amour et professionnalisme, voilà ce que ça donne au final. C'était peut-être une petite vengeance personnelle contre Niklaus qui est allé voir ailleurs à un moment.
Cet imbécile n'a d'ailleurs rien trouvé de mieux que de me réveiller alors que je n'ai rien avoir avec toute cette histoire. Je n'ai même pas pu dormir six heures alors que même en prison, je dormais plus. Pour qui il se prend, cette enflure ? Il croit que je vais faire son putain de récap toute la journée ou quoi ? Il est coincé dans ses putains de documents, c'est sur le terrain qu'il faut agir, tout ce qu'il fait ne sert à rien. Et personnellement tant qu'il n'y a pas de photo, je ne vois aucun intérêt à écouter son long baratin.
J'en ai déjà assez de vivre avec lui, il est invivable et ne respecte en rien mon intimité, certes ce n'est pas pire qu'en prison mais je déteste le fait qu'il entre dans ma chambre comme dans un moulin alors que quand c'est moi, il hurle comme une vielle prostituée !
Mon manque d'argent me force à habiter sous son toit mais je tâcherais tout de même à m'acheter une serrure.
- Je te déteste.
- Tu dormiras plus tard, il faut que je te parle de la clé.
- Je n'en ai rien à foutre. Ça aurait pu attendre mon réveil.
- Du coup...
Sans même me prêter attention, il se lance dans un grand discours inintéressant, insignifiant et inutile. C'est seulement suite à ça qu'il m'accorde enfin le repos mais c'est déjà trop tard, je n'arrive plus à dormir même si je suis épuisé. Je le déteste.
Je m'allonge sur le canapé et me décide enfin à rattraper mes quatre ans de retard sur Shingeki no kyojin.
- Ne bouge pas, j'arrive ! hurle-t-il encore une fois au téléphone.
- Tu n'as pas fini de me casser les oreilles aujourd'hui ?!
- À qui tu parles, toi ?!
- A toi, ça ne se voit pas ? Tu me déranges là, j'en ai marre !
- La ferme ! il cri en claquant la porte.
Je fais abstraction de son insulte, profitant du calme qu'il a laissé en s'en allant. Ça fait du bien d'être de nouveau seul.
Niklaus
Je sors de mon appartement que Layvin a pris sous son emprise. Il se prend pour un monarque, faisant des propriétés des autres, les siennes. J'hésite entre le comparer à Staline sans son culte de la personnalité ou à Louis XIV et sa monarchie absolue. En bref, il est impossible à vivre.
Enfin, il y a plus urgent que ça. Il faut que je parle à Sheyla tout de suite. Elle a sérieusement eu le culot de m'arnaquer alors que je devais prouver à Layvin que c'était quelqu'un de confiance. Je l'avais prévenu de ce détail mais elle n'en a clairement rien à foutre de ça avec sa clé rose et vide, là. Pour quoi je passe, moi, maintenant ? Absolument rien du tout. Déjà qu'hier quand Layvin m'a appelé, elle a raccroché alors que j'attendais son appel, plus ça va et plus j'ai l'impression qu'elle cherche à me mettre des bâtons dans les roues. C'est un agent double de toute façon. Ça fait un peu plus d'un an que c'est une infiltrée mais je commence à penser qu'elle est nulle à chier. Je ne sais pas à quoi ressemble les membres de Blood Print, c'est frustrant. L'un d'eux vit peut-être au-dessus de chez moi !
Devant chez Sheyla, je frappe à la porte depuis près de cinq minutes. Encore une fois et comme toujours, madame se fait désirer. Elle doit sûrement penser que c'est un de ses clients étant donné qu'elle ne me croit pas capable de venir sans autorisation à cause de ses voisins qui parlent un peu trop d'après elle. Habiter dans une résidence n'a pas l'air de tout repos même si le quartier n'a pas mauvaise réputation, ça doit lui coûter une fortune.
- C'est Niklaus.
- J'arrive !
- Ouvre la porte.
- Je cherche la clé !
Tu m'étonnes que sa clé USB soit vide, elle est complètement désordonnée.
- Oui, Niklaus ? dit-elle une fois la porte ouverte en essayant de cacher toutes ses formes apparentes. Je suis là, elle ajoute après avoir vu mes mains sur ma face enjouée, elle va me rendre complètement fou.
- Annie, je l'appelle par son surnom car ce n'est pas cette femme que je connais.
- Il y a un problème ?
- Tu me rends fou, je dis avant de la porter et claquer la porte derrière moi.
❧
Allongé avec Annie logé dans mes bras, elle s'est assoupie comme à son habitude pour « reprendre des forces. » C'est le terme qu'elle préfère utiliser pour ne pas dire dormir ou encore tomber de fatigue. Annie dit souvent qu'elle ne s'endort qu'à mes côtés parce qu'elle ne fait confiance qu'à moi et non aux autres. Pourtant, elle devrait également se méfier de moi, c'est bête. Elle est beaucoup trop naïve à mon goût, elle ne se rend pas compte que je pourrais lui faire du mal, à elle, qui est si fragile.
Je devais l'embrouiller mais je n'ai pas su résister à son charme. Comment pouvais-je rester stoïque face à cette femme semblable à une déesse grecque qui m'a accueillie vêtu d'un simple peignoir satiné en disant mon nom d'une manière si sexy que mon souffle ait été coupé ? Mes réflexes d'enfants m'ont rattrapé, essayant de garder ma colère en moi et m'ont forcé à cacher mon visage rougi grâce à mes grandes mains mais je pouvais quand même apercevoir qu'elle n'avait pas de dessous et qu'elle tenait son soutien gorge à la main comme pour m'attirer dans ses filets.
J'aurais beau ne jamais l'insulter de pute, j'ai beaucoup de mal à croire qu'un homme la veuille pour femme.
- Niklaus ? T'es encore là ? elle dit endormi.
- Ouais.
- Je suis fatiguée.
- Tant mieux, dis-je en riant.
- Il y a une question qui me tourmente depuis un moment.
- Dis-moi.
- Pourquoi tu cherches tant après Blood Print ?
Pourquoi me pose-t-elle cette question ? Elle enquête sur moi ? N'est-elle pas de mon côté ? Non, impossible.
- Ce sont mes affaires.
- Ton manque de confiance me blesse.
- La vie n'est pas un cadeau.
- Tu vas partir ? elle me demande après que je me suis levé.
- Ouais. Je suis venu pour te parler de la clé, il n'y a rien dedans.
- Il y a les photos.
- Non.
- Comment ça se fait ?
- Qu'est-ce que j'en sais ? Je veux des photos, Annie.
Quatre années sont passés depuis que Neha est morte et ça fait quatre années que je ne fais que rassembler des informations en attendant la sortie de Layvin. Dans cette suite de malheureux événements, j'ai retrouvé Sheyla il y a un an. C'est elle qui m'a fourni la quasi-totalité de mes informations et m'a permis de constater que sous-estimer une femme est une erreur de débutant. Sheyla a beau avoir été rejetée et maltraitée, elle s'est toujours relevée et elle peut maintenant user de la liberté qu'elle n'avait pas il y a longtemps.
Tout ce temps où elle souffrait pendant que moi je m'étais réfugié au Canada et à cause de ça, je n'étais pas là quand ma sœur s'est fait attaquer, je n'étais pas là quand ma sœur est morte.
A mon retour en France, j'ai osé douter de l'innocence de Layvin et pourtant il a tout fait pour la protéger. Je n'avais passé que peu de temps avec eux mais j'avais vu à quel point il l'aimait. La mort de Neha l'avait complètement anéanti, on aurait dit qu'il était mort en même temps qu'elle et comme si ça ne suffisait pas, il a été incarcéré non pas pour le meurtre de sa femme mais pour le viol de sa fille.
Il a finalement passé quatre ans de sa vie derrière les barreaux pour un crime qu'il n'a pas commis et il est de mon devoir de l'aider à en finir avec ses bourreaux.
Layvin
J'entends la porte claquer, signe que Niklaus vient enfin de rentrer. Il était temps, j'attendais depuis un moment l'occasion d'avoir une discussion sérieuse avec lui.
- Je suis de retour ! Tu fais quoi ?! Tu regardes encore des animés ?! il cri plein de joie.
- Non, je t'attendais. Pourquoi t'es de bonne humeur ?
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il faut qu'on parle de Jadina.
- Je sais, il s'assoit face à moi en soupirant. Je ne pouvais pas te le cacher éternellement, c'est normal.
- Elle est où ?
- Je n'en sais rien. J'ai perdu sa trace du jour au lendemain. Elle, et tantine aussi, elles ont déménagé sans me prévenir. Leur appartement est encore inhabité. Je te disais qu'elles allaient bien mais je n'en ai strictement aucune idée. Je suis désolé.
- Je vois, ce n'est pas de ta faute.
Pourquoi me disputer avec la seule personne en qui je peux avoir confiance ? D'après ses dires, ce n'est pas de sa faute et ça s'entend à sa voix qu'il s'en veut. D'une certaine manière, c'est mieux comme ça. Je reverrais ma fille une fois que toute cette histoire sera terminée. Elle pourrait être en danger en cas contraire.
Je ne le fais pas par plaisir mais la raison se doit d'être plus forte que mon coeur. J'ai tout de même besoin de sa présence, ça fait maintenant quatre ans que je n'ai pas vu mon bébé. Elle a déjà huit ans maintenant, elle doit avoir bien grandi et elle me manque tellement. Elle se croit sûrement orpheline, on lui a peut-être menti que j'étais mort ou que j'étais un assassin, dans tout le cas c'est un mensonge.
Aujourd'hui, ma présence pourrait lui être néfaste. La vie que je m'apprête à commencer ne fera que la mettre en danger inutilement et il se peut probablement que mes empreintes deviennent aussi sales que les leurs.
- Tu regardes quoi ? il dit pour changer de sujet.
- Quantico.
- Avec ma copine Alex ?! il cri enthousiaste avant de bondir sur le canapé. Je veux une asiat' comme elle dans ma vie !
- Ta copine ne te suffit plus ?
- Ce n'est pas ma copine.
- Ta...
- Ni ma pute, il me coupe la parole.
- Okay alors, mais qu'est-elle ?
- Une ex amie.
- C'est elle, ton informatrice ?
- Ouais.
- C'est quelqu'un de confiance au moins ?
- Tu me prends pour un con ou quoi ?
- Tu la payes ?
- Ça ne va pas ?
- C'est une femme, qui plus est, une pute.
- Ce n'est...
- Je m'en fous, elle ne se limite pas qu'à toi. Tu ne la payes pas, enfin, tu la payes en nature, à vrai dire, je chuchote assez fort. Qui te dit qu'elle est digne de confiance ? Qu'elle ne livre pas tes informations à autrui ?
- Quelles informations tu veux que je divulgue, t'es malade ou quoi ? Je ne suis pas idiot, Layvin. Je la connais depuis longtemps.
- Une femme ne se contente jamais de ce qu'elle a. Elle ne te donnerait pas autant sans une part équivalente. Il y a sûrement quelque chose derrière tout ça, à moins que... Elle t'aime ?
A ma connaissance, il n'y a que l'amour qui peut atténuer le vice d'une femme.
- Tu ne dis que de la merde.
- Elle s'appelle comment ?
- Annie.
- Eh Seigneur ! je m'écris en forçant sur ma voix. Comme Annie Leonhart de SNK !
- Mais qu'est-ce que...
- Annie c'est une traîtresse ! Je te spoile mais je m'en fous, c'est le titan féminin et même si elle fait ça pour son père, c'est quand même un agent double ! Armin était choqué et Eren ne voulait pas y croire mais ça n'a absolument rien changé, c'est une infiltrée et elle avait son camp dès le début, hors de question de le trahir ! Moi, je t'aurais prévenu ! criais-je en articulant bien chaque syllabe.
- Tu racontes n'importe quoi, je ne comprends rien en plus. La ferme.
- Pas du tout, observes et constates, je te dis la vérité. J'ai toujours raison et tu le comprendras plus tard. Je n'ai d'ailleurs jamais regretté l'une de mes décisions.
- C'est très bien. J'espère que t'es conscient que c'est juste mon informatrice ?
- Menteur, dis-je en toussant. Quand on en aura fini avec les Empreintes, tu lui diras de chercher Jadina.
- Mmh.
Klaus a l'air très en colère de mes affirmations mais honnêtement, je n'en ai rien à foutre. Je ne vais pas me gêner de dire ce que je pense. Certes, j'ai insulté cette femme mais je ne l'ai pas critiqué. Je suis en droit de demander à Niklaus d'être vigilant. Son informatrice est louche ET elle s'appelle Annie, il y a seulement 1% de chance qu'elle soit quelqu'un de bien ou de bénéfique pour nous mais peut-être en fait-elle partie, qui sait ?
J'en doute fort.
- Tu comptes commencer à travailler quand, toi ? dit-il comme pour m'attaquer.
- Ah oui, le travail...
- T'as oublié comment fonctionne la vie, ou quoi ?
- Je pensais qu'on était des dealeurs et qu'on ne travaillait pas.
- Jamais de ma vie ça n'arrivera après toutes les études que j'ai faites. Je suis toujours avocat mais j'ai pris un congé. On n'est pas des dealeurs, juste des infiltrés, ne confond pas. Trouve-toi vite un travail.
- Eh Dieu, vais-je redevenir comptable ? dis-je en soupirant.
- Bien sur, t'as choisi ton métier et tu ne vas pas flemmarder jusqu'à ta mort. Je te chasserais une fois que cette histoire sera terminée.
- Mais je suis utile !
- Inutile, me corrige-t-il. Pense à postuler.
- Qui va prendre un ex-prisonnier comme moi, dis-moi ? Déjà que je suis noir !
- Va postuler lundi !
- Okay !
Moi qui pensais être un dealeur inexpérimenté, je ne suis finalement qu'un infiltré. Ma vie de comptable doit recommencer, quel fléau. Heureusement, la semaine passe vite et voilà que nous sommes déjà samedi !
Dans ce monde, samedi rime avec soirée et je me retrouve encore une fois forcé de porter un smoking avec un nœud papillon... J'ignore si c'est une tradition mais moi, ça m'épuise. Je ne suis pas quelqu'un de très fêtard, pas du tout même. Je ne sors que par occasion, le reste est une perte de temps pour moi. Je suis là juste histoire de, il n'y a aucune mission pour moi ce soir. Klaus doit récupérer la bonne clé USB mais je doute fort que cette femme soit sincère avec lui. Cette espèce de catin se fout ouvertement de sa gueule mais l'amour de mon beau frère le rend aveugle, c'est dommage.
Je soupire en voyant la silhouette d'une petite fille s'approcher de moi. Elle revient tranquillement, comme s'il ne s'était rien passé la semaine dernière. Ne me dites pas qu'elle pense que je la sauverais encore en cas de problème ?
Je l'ai aidé une fois mais je ne suis pas assez gentil pour renouveler cet acte. C'est chacun sa vie et chacun sa tombe, si elle se fait violer c'est son problème. Je ne suis ni son ami, ni un super héros et encore moins un gars de son gang. Elle n'a pas intérêt à venir me voir si elle a un souci.
- Bonsoir homme mystérieux, dit-elle l'air de rien.
- Ouais, bonsoir.
- J'ai été obligé de revenir aujourd'hui, mon gang ne m'a pas laissé le choix.
- Merde.
- Du coup j'ai ramené des seringues.
- Ah, tu penses qu'une piqûre pourra t'aider ?
- Un somnifère, oui, je pense. Du poison, très certainement.
- Tu pourrais le tuer.
- C'est en cas d'extrême urgence seulement.
- Mais t'es terrible.
- Mais non, dit-elle en riant doucement.
Je n'en ai rien à foutre d'elle et de cette conversation à un point inimaginable. La seule chose qui m'intrigue un temps soit peu, ce sont ses seringues, où les a-t-elle trouvés ? Ce n'est pas quelque chose qu'elle peut se procurer au magasin, son gang est sûrement spécialisé dans les préparations mortelles. Mieux vaut ne pas me demander avant qu'elle ne se mette à me raconter sa vie.
Je suis tellement épuisé, je veux rejoindre mon canapé et lire Blue Exorcist ou Noragami. Et puis qui sait, peut-être pourra-t-elle me réveiller en me parlant de manga ? Elle s'y connaît peut être un peu, ne la jugeons pas sans la connaître.
- Tu regardes des animés ?
- Du genre Naruto ?
- Ouais.
- Je m'y connais un peu. Il veut devenir le roi des pirates, c'est ça ?
Seigneur, je n'aurais jamais cru entendre ça de mes propres oreilles. Je pensais pourtant pouvoir me divertir avec cette sous-merde mais je l'ai sur-estimé. Il faut que je m'éloigne d'elle tout de suite avant qu'elle pourrisse mon âme.
- Ignorante, que Dieu te pardonne.
- Mais... elle rit un peu l'air de rien, comme si la situation n'avait rien de choquant ou de grave.
- Chut, tu pourris mon âme.
Je m'éloigne de cette enfant néfaste pour aller boire quelques verres au bar alors Niklaus a disparu de la salle depuis quelques temps, il est sûrement avec sa copine et cette situation aussi me fatigue.
Le temps passe pendant que j'observe cette animation ennuyeuse et machinale. Klaus m'a expliqué que c'est une fête de négociation, qu'elle était hebdomadaire pendant un certain temps et que tout ces samedis s'arrêteront dans trois semaines sans compter celle-ci étant donné qu'il y en a 5 au total. Je n'attends que leur arrêt, cette vie m'étouffe actuellement mais ces semaines hebdomadaires semblent aussi être un compte à rebours pour ma vengeance.
Le temps passe, les femmes aussi. Je les renvoie toutes par respect pour Neha, je céderais peut être à mes pulsions sexuelles un jour mais je m'efforce à faire en sorte que ce soit le plus tard possible en respect pour sa mémoire. Tant que je ne l'ai pas vengé en tout cas, il m'est impossible de vivre pour moi.
Je m'éloigne de tout pour aller pisser. Après m'être laver les mains, j'avance en direction de la salle principal quand une main tremblante m'arrête sur ma lancée. Cette petite main sur mon épaule me permettait parfaitement de ressentir cette peur et cette angoisse que l'individu derrière moi ressentait. L'odeur du sang qui en émane empli mes narines alors que je m'éloigne rapidement d'elle. Cet instant, cette femme ou même cette odeur, cette situation entière me donne la beauté.
- Qu'est-ce que t'as fait, encore ?
- J'ai besoin de toi... S'il te plaît homme mystérieux, j'ai besoin de ton aide... elle dit d'une voix cassée en se retenant de pleurer. Pourquoi est-elle à bout de souffle ? je me demande intérieurement. Je viens de tuer un homme... ajoute-t-elle avant d'éclater en sanglots, ce qui répond à ma question.
Elle a donc commis un homicide.
___________
@_Loyaliste
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